Manifestations anti-passe sanitaire: la mayonnaise prend?

Les libertaires croient à une « montée en puissance »

A Paris, quatre cortèges défilent ce samedi contre le pass sanitaire, alors que l’épidémie de Covid-19 a repris en France. « Ça monte, c’est monté en puissance. J’ai confiance », a affirmé au micro d’Europe 1 l’un des contestataires. Dans la capitale, environ 10.000 personnes sont attendues par les autorités.

Ce weekend est marqué par le troisième samedi de manifestations contre le passe sanitaire obligatoire étendu en France. Les autorités s’attendent à ce que 160.000 réfractaires à toute obligation défilent dans 150 villes de France pour protester contre ce qu’ils estiment être une restriction de liberté malgré le contexte létal d’épidémie de Covid-19.

L’un des principaux cortèges parisiens emprunté par les Gilets jaunes et les syndicalistes allait du Nord-Est de la capitale et la Bastille. « Ça monte, c’est monté en puissance. J’ai confiance. Il y aura du monde », affirmait l’un des manifestants, Khaled, au micro d’Europe 1, quelques instants avant le début du rassemblement.

Macron cristalise les revendications hétéroclites des rebelles de tout poil

A Paris, quatre marches se sont déroulées ce samedi après-midi avec l’ambition de faire une démonstration de force qui ferait aterrir Macron. La marche organisée à l’appel de Florian Philippot, le président du parti Les Patriotes, a, elle, démarré à 14h30 de Montparnasse en direction du ministère de la Santé. Dans la manifestation, quelque 200 personnes étaient déjà présentes deux heures avant le départ. La « Marseillaise » se mêlait aux slogans réclamant plus de liberté, ainsi qu’aux arguments jugés complotistes, le terme rédhibitoire disqualifiant.

Pour tel manifestant qui, ces dernières semaines, a franchi le périphérique à chaque sollicitation contre le passe sanitaire, les quatre manifestations dans la capitale doivent permettre au mouvement de se faire entendre. « Les quatre vont en faire une. Cela mettra du temps mais on va en faire une« , espére-t-il. « Il faut compter partout en France. Il ne faut pas compter que Paris », ajoutait-il à propos du comptage des manifestants. « Il y en a plein qui sont en vacances. Nous, il y a deux semaines, on était à Montpellier et on a manifesté à Montpellier. »

« Il y a plein de choses à faire pour se fasse entendre ! »

« Dans toute la France, ça va bouger. Tout le monde peut venir, aller à la préfecture, aller à sa mairie, se réunir… Il y a plein de choses à faire pour qu’on se fasse entendre !, » insiste ce Maghrébin, partisan de la subversion. Rêve d’automne arabe?

A Paris, 10.000 manifestants sont attendus. 3.000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour suivre les différentes manifestations.

Passe sanitaire: Macron passe outre les craintes de la Défenseure des droits

Claire Hedon, ex-présidente de l’ONG ATD Quart-Monde, a succédé à Jacques Toubon à la fin du mois de juillet 2020.

Quels étaient les risques énoncés par Claire Hédon, la Défenseure des droits, mais des mises en garde dont Macron n’a rien eu à faire, lundi soir, dans son allocution télévisée ?

Si la volonté du Gouvernement de lever progressivement les restrictions de libertés peut être saluée, la Défenseure des droits a alerté, dans un avis du 17 mai 2021 adressé au Parlement, sur plusieurs dispositions figurant dans le texte adopté par l’Assemblée nationale et qui sont susceptibles de porter atteinte aux droits et libertés, à l’égalité de tous devant la loi, et à l’intérêt supérieur de l’enfant.

La Défenseure des droits rappelle que les atteintes portées aux droits et libertés doivent être temporaires et encadrées, strictement limitées et proportionnées à l’objectif poursuivi, à savoir la protection de la santé publique et la lutte contre la pandémie de Covid-19.

En premier lieu, la Défenseure des droits regrette vivement que le Gouvernement ait présenté par voie d’amendement, dans des délais particulièrement brefs et sans concertation, la possibilité d’instaurer un « pass sanitaire » sur le territoire national, compte tenu des restrictions des droits et des libertés fondamentales qu’il est susceptible de produire.

Le texte adopté en première lecture par l’Assemblée nationale comportait de nombreuses dispositions susceptibles de renforcer le caractère inapplicable et inégalitaire de certaines mesures et de laisser place à des interprétations divergentes et à des décisions discrétionnaires. Le renvoi au pouvoir réglementaire sur des questions aussi fondamentales constitue pour la Défenseure des droits un point d’alerte majeur.

Le projet de loi a fait l’objet de modifications par le Sénat, maintenues par la commission mixte paritaire, dont certaines vont dans le sens des recommandations de la Défenseure des droits, en particulier l’intégration dans le texte de garanties complémentaires concernant le « pass sanitaire », en vue de protéger les droits et libertés, notamment les données de santé.

Toutefois, la Défenseure des droits réitère ses préoccupations quant à certaines dispositions qui auraient nécessité davantage de précisions :

  • Tout d’abord, le projet de « pass sanitaire » ne précise pas si celui-ci s’applique ou non aux enfants. Si le souhait est de ne pas inclure les enfants dans ce dispositif, ce que préconise la Défenseure des droits, cela supposerait d’être indiqué de manière claire, soit en exemptant explicitement les mineurs du « pass sanitaire », soit en fixant une limite d’âge raisonnable et des modalités adaptées ;
  • ce texte ne précise pas non plus les obligations faites aux professionnels et aux bénévoles œuvrant dans les lieux et les établissements accueillant du public, ce qui peut soulever des risques de discrimination.
  • Enfin, de nombreuses questions sont encore en suspens comme, par exemple, la durée de validité du « pass sanitaire » en cas d’immunité reconnue après une infection à la Covid-19.  

En outre, eu égard au caractère exceptionnel de ce dispositif, la Défenseure des droits recommande, à l’instar de la CNIL dans son avis du 12 mai 2021, de préciser les modalités d’évaluation de celui-ci. Ce dispositif exceptionnel appelle un renforcement du contrôle de sa mise en œuvre afin de protéger les individus de toute atteinte disproportionnée à leurs droits et libertés. Elle note à cet égard que la CNIL contrôlera les modalités concrètes de mise en œuvre du dispositif et s’assurera que les droits et libertés des personnes seront respectés, notamment en faisant usage de son pouvoir de contrôle. La Défenseure des droits exercera également son contrôle au titre de ses compétences en cas de saisine.

Enfin, la Défenseure des droits appelle les autorités à une extrême prudence dans la mise en place du dispositif du « pass sanitaire » qui n’aura vocation à être utilisé que le temps strictement nécessaire pour répondre à la situation sanitaire. »

Le 12 juillet, Macron a évacué la CNIL et tout contrôle des risques attachés à la mise en oeuvre de ce passe sanitaire visant à contraindre les récalcitrants et pomme de discorde entre vaccinés et non vaccinés.

Mardi matin, Macron a-t-il trouvé sur son bureau la lettre de démission signée de Claire Hédon ?

Etat d’urgence sanitaire: prolongation probable jusqu’au 31 octobre

Macron prend goût à l’état d’exception

Voulu par Macron et créé par la loi du 23 mars 2020, au prétexte de l’épidémie de covid, ce régime juridique suspend le droit commun. Il donne des pouvoirs exceptionnels au gouvernement, comme la possibilité d’interdire des déplacements et des réunions. Or, depuis décembre 2019 et la pandémie de Covid-19, l’état d’urgence sanitaire a déjà été prorogé une fois: instauré le 24 mars 2020 jusqu’au 10 juillet 2020, il a été reconduit (en deux fois) du 17 octobre 2020 pour une fin prévue le 1er juin 2021, soit déjà dix mois de pleins pouvoirs, et donc la possibilité de prendre des mesures sans les faire entériner par le Parlement.

Sommes-nous condamnés à l’état d’urgence jusqu’en mai 2022 ?

En même temps qu’il prépare le déconfinement progressif du pays, à partir de début mai, en toute incohérence, Macron prémédite ce nouveau coup. Son intention revient au premier plan: l’avant-projet de loi « relatif à la sortie de la crise sanitaire » a été rendu public par Contexte, medium web français spécialisé dans les institutions, les politiques publiques et la fabrique de la loi lancé le 11 septembre 2013. Le site a été fondé par trois anciens salariés d’Euractiv.fr, réseau d’une douzaine de media européens (sociétés indépendantes) spécialisés dans la publication d’articles sur l’actualité et les grandes questions européennes.

Le texte doit être examiné à l’Assemblée nationale le 10 mai, après une présentation en Conseil des ministres le 28 avril.

Le danger réside dans la possibilité de prendre des mesures privatives de liberté, à l’image du couvre-feu ou des restrictions de déplacement, sans passer préalablement par le Parlement. Dès juillet 2017, il a eu recours aux ordonnances (SNCF, loi Pacte, projet de loi santé), » puis à l' »arme nucléaire législative», l’article 49 alinéa 3, pour imposer sa réforme des retraites, Macron passe le Rubicon.

Le projet de loi, censé lever « progressivement » (sic) cet état d’urgence en entamant une période de transition, prolongerait en vérité l’attribution des mêmes pouvoirs au gouvernement jusqu’au 31 octobre 2021.

Le texte explique que le chef du gouvernement pourra, à compter de cette date, « réglementer ou, dans certaines parties du territoire dans lesquelles est constatée une circulation active du virus, interdire la circulation des personnes et des véhicules, ainsi que l’accès aux moyens de transport collectif », « réglementer l’ouverture au public (…) d’une ou de plusieurs catégories d’établissements recevant du public », décider de « la fermeture provisoire d’une ou de plusieurs catégories d’établissements recevant du public, ainsi que des lieux de réunions », et « réglementer les rassemblements de personnes ». Réglementer, encadrer, fermer, interdire pour garantir nos libertés?

Pas vraiment de différences, donc, avec les mesures en cours: juste plus longtemps. Quatre mois de plus, c’est négligeable..

Le gouvernement pourra toujours interdire les rassemblements, restreindre les déplacements, fermer les restaurants, théâtres et cinémas. La seule différence réside dans l’instauration d’un confinement généralisé, chose que le Président Macron aurait prémédité dès le 29 janvier.