Téléphones portables en prison: Dupond-Moretti « envisage » des fouilles « plus systématiques »

Belloubet désavouée: elle les avait développés

L’idée d’autoriser les détenus à utiliser un téléphone portable n’a « rien d’absurde », avait estimé la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, en visite au centre pénitentiaire de La Farlède, près de Toulon, Var, en août 2017. Une petite phrase qui avait déclenché une tempête politique.

« Il faut donner aux détenus des moyens de communication… Des portables contrôlés ou des lignes fixes. Une expérience en ce sens a lieu dans la Meuse », a ajouté la garde des Sceaux  sous influence de Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

Avant de lâcher la bride, elle préconisait la fourniture aux détenus de portables « bridés » et « achetés » en prison, ainsi qu’un accès à Internet « contrôlé ». « Avant d’autoriser les téléphones bridés, il faudrait… endiguer les téléphones portables non contrôlés en prison, » avaient riposté de nombreux syndicats de surveillants pénitentiaires.

Selon la ministre, la mise à la disposition des détenus, dans leur cellule, de téléphones fixes avec lesquels ils pourront appeler quatre numéros définis par l’administration pénitentiaire ou un magistrat aura trois avantages. « Nous avons considéré qu’il y avait (…) un avantage de socialisation pour les détenus puisqu’ils pourront joindre leur famille, notamment à des heures où les enfants ou les parents sont là », a-t-elle expliqué.

Le second avantage, selon Belloubet première formule, est que cela réduira la circulation illégale en prison de téléphones portables, avait-elle avancé…

Belloubet avait également annoncé la récente signature d’un marché public pour des brouilleurs de téléphones portables adaptés à l’évolution des technologies dans les prisons. Or, on sait aujourd’hui que cet investissement a été une gabegie, puisque les brouilleurs se sont révélés un enfer pour les riverains des prisons, comme pour l’administration locale des prisons.

Dupond-Moretti pousse des coups de gueule, mais sait-il faire preuve d’autorité ?

Dupond-Moretti et Belloubet

Le second mandat de Macron défait ce que le premier avait installé.

Les vidéos prises par des détenus font régulièrement le tour des réseaux sociaux. Pour lutter contre la présence de téléphones portables, pourtant interdits, dans les cellules de prison, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a déclaré ce dimanche 2 juin sur RTL que le gouvernement Attal « envisage » de permettre des fouilles « plus systématiques » des détenus, avec d’autres mesures consécutives à l’évasion mi-mai d’un détenu, Mohamed Amra (toujours recherché !), lors d’un guet-apens ultra-violent.

Portables « interdits »,
mais ce sont 53.000 téléphones et accessoires qui ont été saisis en 2023.

Questionné lors du Grand Jury RTL, Le Figaro, Paris Première, M6, Eric Dupond-Moretti a affirmé qu’il a « acté » une « trentaine de mesures » discutées avec l’intersyndicale des gardiens de prison et les directeurs d’établissements pénitentiaires.

« Il y a notamment la question des fouilles. Les fouilles aujourd’hui ne sont pas autorisées quand elles sont systématiques, donc j’envisage une modification possible à venir (…) pour des fouilles qui soient plus systématiques », a déclaré le garde des Sceaux.

Belloubet encore responsable. Dans une note du 15 novembre 2013 relative aux moyens de contrôle des personnes détenues, la ministre rappela en effet les principes de nécessité et de proportionnalité qui s’imposent à l’administration en matière de fouilles et la « prohibition du caractère systématique des fouilles ».

« Quand un détenu récupère d’un drone un téléphone portable, il faut pouvoir le fouiller pour le trouver, la législation ne le permet pas (…) et ce depuis 2009″, a-t-il ajouté.

Cette modification, comme d’autres devant passer par le Parlement, seront « raccrochées au texte sur la grand banditisme et le narcotrafic » qui doit être présenté à l’automne.

Parmi les autres mesures « d’application immédiate » auxquelles le ministre a « fait droit immédiatement », il a cité la possibilité de « transférer des détenus sans logo de l’administration pénitentiaire » (!), le « holster de poitrine » (une arme placée sur la poitrine), le « gyrophare sur tous les véhicules ». Il n’est toujours pas fait mention du de la mise à disposition de forces de police, comme par le passé, lors de transfèrements.

Le garde des Sceaux a aussi évoqué une plus grande utilisation de la comparution via visioconférence, qui devrait être évoquée « lundi » 3 juin avec les syndicats de magistrats.

Eric Dupond-Moretti a aussi affirmé avoir, avant l’attaque, mis en place « des systèmes anti-drones », qui seront « doublés », ainsi qu’une « vingtaine » de brouilleurs, un dispositif empêchant les communications téléphoniques, un chiffre qui va « doubler d’ici 2025 ».

Il a aussi déclaré que « 6.000 agents pénitentiaires de plus » ont été embauchés grâce aux hausses budgétaires.

Toujours recherché par les services de police, en France et à l’étranger, Mohamed Amra, un détenu multirécidiviste impliqué dans le trafic de stupéfiants, s’est évadé au cours de l’attaque d’un fourgon de l’administration pénitentiaire qui le transportait au péage d’Incarville, dans Eure. L’attaque a causé la mort de deux agents et trois autres ont été blessés.

Elle a entraîné une mobilisation de la profession et un blocage des prisons pendant plusieurs jours, avant qu’un accord ne soit trouvé avec le ministère, portant notamment sur la sécurisation des missions de transfèrement.

Détention de Mohamed Amra : Dupond-Moretti avoue qu’il ignore les dysfonctionnement de son administration

Le ministre de la Justice ordonne une mission d’inspection: faute de remontées d’information de ses services ?

Interpellé au Sénat, sur le quotidien du détenu le plus recherché de France, qui continuait de gérer ses activités criminelles depuis sa cellule, le garde des Sceaux veut « faire la lumière » sur la prise en charge de Mohamed Amra.

« C’est la prise de conscience que les narcotrafiquants ont pris pied dans nos prisons, c’est la pieuvre qui a gagné du terrain ! » Le sénateur UDI (partenaire de l’alliance présidentielle) Olivier Henno a fait part de sa stupéfaction ce 29 mai aux questions d’actualité au gouvernement, une semaine après les révélations du journal Le Parisien sur le passé de Mohamed Amra, le détenu libéré, voire kidnappé, par un commando lors d’un transfèrementt, au péage d’Incarville (Eure). Deux agents pénitentiaires ont été executés dans cette « évasion », et trois autres ont été blessés.

Selon le quotidien, la sonorisation de la cellule du prisonnier entre 2022 et 2023, lorsqu’il été incarcéré à la Santé, sont éloquentes. Elle a appris que, grâce à plusieurs téléphones portables, le détenu continuait de gérer ses réseaux à distance, son trafic de stupéfiant, allant même jusqu’à organiser depuis sa cellule des enlèvements ou des séquestrations et même au moins une exécution de personne. Mais le ministre n’aurait pas été informé…

« Cette audace, cette violence est tout à fait nouvelle. N’y a-t-il pas urgence d’une remise à plat », a insisté le sénateur Olivier Henno. Une question « parfaitement légitime », a approuvé le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti dans ce qui semble être un souci de dégager sa responsabilité en ciblant implicitement un défaut de remontées d’information, mais en avouant sa déconnection de son administration pénitentiaire.

Le garde des Sceaux a admis que ces écoutes font état d’une « dangerosité certaine qui ne semblait pas avoir été prise en considération », malgré ces écoutes… « J’ai la ferme intention de faire la lumière sur la prise en charge du détenu Amra et notamment ce qui concerne le partage d’informations », a-t-il ajouté. Il a annoncé le lancement d’une enquête, confiée à l’Inspection générale de la Justice.

Eric Dupond-Moretti  partage « l’interrogation » du sénateur sur « l’adaptation de notre modèle carcéral à ces détenus particulièrement violents et sans aucune limites », a-t-il confessé. Ce mercredi à 17 heures, le ministre va réunir tous les directeurs interrégionaux des services pénitentiaires pour mettre en œuvre l’accord conclu avec les organisations syndicales pénitentiaires, mais aussi pour trouver de « nouvelles mesures structurelles » concernant la prise en charge des détenus les plus dangereux. « J’entends mettre en œuvre ces mesures le plus rapidement possible », s’est-il engagé, après quatre années au gouvernement.

D’autres réponses seront apportées dans le cadre du projet de loi contre la grande criminalité, présenté cet automne.

Mais au moins une question reste sans réponse : si EDM n’a pas été destinataire de remontées d’informations de ses services, qui gère le secteur pénitentiaire, lequel a décidé de faire encadrer le transfèrement de Amra par cinq agents et non les trois coutumiers ?

Réservez dès aujourd’hui vos vacances à la prison de Fresnes !

Vos activités scénarisées, filmées et diffusées feront le buzz sur YouTube…

Des karts électriques (?)
pour respecter
la transition écologique de Macron
(si, si : on est des humains responsables,
avec, certes, des faiblesses humaines qui nous font plus humains que les autres !)

Amateurs de sensations (très) fortes – karting endiablé en roue arrière, élection de Mr Maillot mouillé et création de lien chaud (si affinité ou non) -, Dupond-Moretti vous y réserve le meilleur accueil à des prix défiant toute concurrence:  » Ça ne coûte rien, c’est l’Etat qui paie « , comme dirait le capitaine de pédalo, remplacé au pied levé par de grands gaillards, garantis Noirs par Me Alain Jakubowicz. L’ex-président de la LDH – ô combien humaine – n’a d’yeux que pour eux. Et en prison, école de la vie, la chair est faible, même très faible pour les plus faibles.

Comme l’humaniste au faciès, estampillé LDH, Manuel Valls, alors député-maire d’Evry déambulant sur un marché de sa commune multiculturelle, s’adressa à son directeur de cabinet : « Belle image de la ville d’Evry… Tu me mets quelques blancs, quelques whites, quelques blancos ! » 

Vous pourrez tirer sur la ficelle ,
en toute ‘libertad’…

La prison de Fresnes manque en effet cruellement de mâles blancs, de whites et de blancos hétéros (et violeurs ?), selon Alain Jakubowic. Et Sandrine Rousseau ou Caroline de Haas ?

Fort de cette expérimentation réussie, la start-up nation Macron étend le format. De source proche du dossier, dès la rentrée de septembre, les rectorats organiseraient , en cachette du ministre Pap Ndiaye – dont on ne sait où il est, s’il existe ou si c’est un black face de Benoît Teste (secrétaire général de la FSU, co-gestionnaire dominant de l’Education nationale), un Kohlantess des collèges et des lycées défavorisés.

Viol en pleine rue à Nancy : un individu – déjà condamné pour meurtre – mis en examen

Le violeur est un barbare, meurtrier d’une vieille dame

Nancy-Maxeville remplace depuis juin 2009 la vétuste prison Charles III située au centre de Nancy

Pour le viol d’une jeune femme de 22 ans, un suspect de 37 ans a été placé en détention provisoire, mercredi 4 mai.

Agé de 37 ans, Nicolas A., a été mis en examen mercredi 4 mai pour «viol sous la menace d’une arme et menaces de mort réitérées», a-t-on appris du Parquet de Nancy. Le suspect a été placé en détention provisoire dans l’attente de son procès.

Les faits ont eu lieu mercredi 27 avril aux alentours de 22h30. Une jeune femme de 22 ans rentre chez elle après sa journée de travail. A l’approche du pont de Malzéville (Meurthe-et-Moselle), qui relie la commune de Malzéville à Nancy, un individu l’entraîne à l’abri des regards et la viole sous la menace d’un couteau. Avant de partir, l’agresseur menace de la tuer, ainsi que sa famille, si elle porte plainte.

Des analyses génétiques sont rapidement ordonnées. Dès le lundi 2 mai, un ADN masculin est découvert sur l’écharpe de la victime et sur les prélèvements effectués lors de l’examen médico-légal. «Cet ADN correspondait à celui d’un homme déjà enregistré au FNAEG [fichier national automatisé des empreintes génétiques]», indique François Pérain, procureur de la République de Nancy.

Il s’agit de Nicolas A., 37 ans, jardinier auprès d’une association d’insertion. Interpellé lundi 2 mai en début de soirée à Nancy, à proximité de son domicile, le suspect nie dans un premier temps les faits : il n’explique pas la présence de son ADN sur l’écharpe de la victime. Puis, confronté aux résultats des prélèvements médico-légaux, il indique n’avoir aucun souvenir des faits mais «regretter ce qu’il s’est passé avec cette demoiselle».

Un individu déjà condamné pour meurtre en 2010

Moderne, chère et déshumanisée,
la prison de Nancy-Maxeville a ouvert ses portes en juin… 2009.

Nicolas A. est déjà connu de la justice. En mai 2010, il a été condamné par la cour d’assises du Nord à 20 ans de réclusion criminelle pour «des faits de meurtre ayant pour objet la préparation d’un délit», indique le Parquet de Nancy. Sous l’emprise de divers stupéfiants, il avait poignardé à 82 reprises une femme de 79 ans, alitée, alors qu’il cambriolait son domicile à Bourbourg, près de Dunkerque, détaille L’Est Républicain«Ce soir-là, j’avais pris des cachets. J’ai pété les plombs (…) Depuis que Brandon, mon neveu, a été tué (en janvier 2008), j’ai toujours eu la haine. Toute la colère qui était en moi est ressortie, j’ai pas réussi à maîtriser», avait-il avoué lors de son procès, comme l’avait relaté à l’époque La Voix du Nord .

Le 15 décembre 2020, il avait bénéficié d’un placement extérieur en quartier de semi-liberté probatoire à une libération conditionnelle alors qu’il était incarcéré à la prison de Nancy-Maxéville. Une double expertise psychiatrique avait en effet pointé «un risque de récidive pas avéré», confirmant les conclusions d’une précédente expertise psychiatrique de 2017. Une évaluation du centre national d’évaluation pointait de son côté «un risque de récidive faible» tout en notant «l’existence de plusieurs facteurs de réinsertion». Enfin, l’administration pénitentiaire avait souligné «un parcours pénitentiaire sans aucune difficulté».

Après une année de placement probatoire, pendant laquelle toutes les obligations – notamment de soins – imposées par la justice avaient été respectées, Nicolas A. avait bénéficié d’une libération conditionnelle le 15 décembre 2021. Sa fin de peine était fixée au 27 novembre 2023 grâce aux réductions de peines dont il avait pu bénéficier.

Quinze ans et c’est bon: les violeurs sont relâchés dans la nature

L’anonymat est levé aussi dans cet autre cas local… L’Est Républicain souligne que le criminel est Bisontin:  » jugé pour viol en récidive par la cour d’Assises de Nancy, Frédéric Durieux, un Bisontin de 41 ans, a été reconnu coupable » en octobre 2020.

En juillet 2018, Frédéric Durieux avait abusé d’une étudiante nancéienne. « Ce Franc-Comtois de 41 ans avait déjà été condamné pour un viol commis en 2009 à Besançon ». Défendu par Me Jean Kopf, il avait alors écopé de six ans ferme.

Aux Assises de Meurthe-et-Moselle, « le coup de théâtre survient très souvent quand l’accusé craque, longuement cuisiné par le président ou poussé à bout par un avocat, » raconte L’Est Républicain. Il n’a pas fallu attendre si longtemps ce jeudi matin, lors du procès de Frédéric Durieux… Alors qu’il avait toujours nié, durant la garde à vue et l’instruction, le viol pour lequel il comparaît, il a, d’entrée, mis les cartes sur la table : « Oui, je reconnais les faits… ».

Déjà condamné pour le viol d’une femme à Besançon en 2009

En septembre 2009, à Besançon, il avait assommé une jeune femme de 29 ans et l’avait violée digitalement dans des bosquets. Les jurés du Doubs avaient été sensibles à son enfance saccagée et à la misère sociale à laquelle il était confronté. Il avait écopé de 6 ans ferme avec un suivi socio-judiciaire de 5 ans.

« Il m’a demandé un verre d’eau »

Le 17 juillet 2018, peu après 23 h, Frédéric Durieux a suivi une jeune étudiante dans le hall de son immeuble rue de Metz, à Nancy. « Il faisait très chaud, c’était la canicule, il m’a demandé un verre d’eau », explique la victime à la barre. « Il m’a alors poussée sur le lit ». Frédéric Durieux l’aurait alors pénétrée digitalement. L’homme aurait ensuite quitté la résidence en lâchant ces mots : « Je te laisse mais, la prochaine fois, sois davantage prudente… ».

L’avocat général Nicolas Pages avait requis une peine de 15 années de réclusion criminelle. 


PLUS – Libère-t-on trop vite les criminels en France? LIEN

Macron va lancer des Etats généraux de la justice, preuve qu’il n’a aucun projet personnel

Macron est un fruit sec

Le président sorti de nulle part n’en finit plus d’organiser des tables rondes, croyant avoir trouvé un « truc politique » qui masquerait le néant qui le caractérise, quand les mots ne comblent aucun vide.

Après son Grand débat itinérant et ses Grenelle stériles – le Grenelle des violences conjugales (voulu par Marlène Schiappa, 3 septembre-25 novembre 2019) ou de l’Education (annoncé le 30 août 2020 par le ministre Blanquer et consacré à la hausse des rémunérations pour 2021), puis des Etats généraux des festivals (à Avignon, par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, en octobre 2020) ou, avant l’été, le Ségur de la Santé, sans oublier le Beauvau de la sécurité (engagé en décembre 2020) – , le président-diseur à court d’idées compte cette fois organiser des Etats généraux de la Justice, à la rentrée, dans trois mois. C’est son modus operandi à chaque fois qu’il est dans le brouillard: l’exécutif recourt au fumigène, le mot ‘concertation’. Le commercial change l’étiquette, mais le produit reste à l’identique, jusqu’à l’emballage qui ne trompe plus personne en cinquième année de faux-semblants. En novembre 2018, alors que le mouvement des gilets jaunes venait de débuter, l’indécis Macron avait même refusé la proposition de Laurent Berger (CFDT) d’un Grenelle du pouvoir de vivre. 

Des Etats généraux de la Justice sont donc jugés utiles et nécessaires, le ministre fût-il un juriste: que serait-ce s’il était éleveur de bétail? Ce nouveau Grenelle devrait se tenir sur plusieurs semaines et sur plusieurs territoires et faire participer les magistrats, greffiers, mais également les avocats et les notaires.

Macron « a décidé de lancer les Etats généraux de la justice » à la rentrée, a annoncé, samedi 5 juin, un communiqué de l’Elysée. Le chef de l’Etat souligne son « profond attachement » à « la séparation des pouvoirs », alors que l’institution judiciaire est vivement critiquée par des élus politiques et des syndicats policiers. Le président de la République souhaite notamment que « le garde des Sceaux rende compte chaque année au Parlement de la politique pénale du gouvernement », précise l’Elysée, ce qui constituerait une si petit pas en avant que la grande marche de Macron ne mènera pas loin.

L’annonce a été faite à l’issue d’un entretien, à leur demande  avec Chantal Arens, la première présidente de la Cour de cassation, et avec François Molins, le procureur général de la Cour de cassation, en présence d’Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux: C. Arens et F. Molins avaient écrit lundi au chef de l’Etat. Cette rencontre a eu lieu « afin d’échanger sur la situation de la justice dans notre pays, notamment au regard des préoccupations de nos concitoyens sur la sécurité », précise le communiqué de l’Elysée.

Une justice inappropriée d’idéologues

L’idée de réunir des Etats généraux de la justice a été formulée par C. Arens au cours de la réunion et rapidement acceptée par Macron. Après des semaines de feux croisés sur la justice, tant par certains responsables politiques que par les syndicats de policiers, les deux hauts magistrats  brossent un tableau inquiétant de la situation, entre une certaine désespérance collective, des moyens informatiques obsolètes ou les effets d’une prévalence grandissante de la justice pénale au détriment de ses fonctions civiles.

Devant les deux magistrats, le chef de l’Etat a, « durant cet échange apaisé et constructif, rappelé son profond attachement au principe de la séparation des pouvoirs et au principe de l’indépendance de l’autorité judiciaire dont il est le garant », selon l’Elysée. De même source, ce sont C. Arens et F. Molins qui ont eux-mêmes suggéré au président l’organisation de ces états généraux, ce « qui n’était pas prévu » avant la rencontre. Les deux magistrats disent, samedi, avoir voulu « tirer un signal d’alarme » face aux « mises en cause systématiques de la justice » et accueillir « avec optimisme » l’annonce présidentielle.

M. Molins s’était insurgé, fin avril, dans un entretien avec Le Monde, contre le procès en « laxisme » fait, selon lui, à la justice, face à la colère l’indignation suscitée par la décision de déclarer pénalement irresponsable l’assassin antisémite de Sarah Halimi. Dans cette affaire, Macron avait souhaité un changement de la loi pour que l’abolition du discernement causé par une prise de stupéfiants n’exonère pas de la responsabilité pénale.

Le lancement de ces états généraux intervient également sous la pression de l’ensemble des syndicats policiers lors d’un rassemblement de milliers d’entre eux devant l’Assemblée nationale, le 19 mai, en présence notamment du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et de nombreux élus. Le secrétaire national du syndicat Alliance y avait ainsi affirmé que « le problème de la police, c’est la justice » ou la législation, telle que les juges l’appliquent. Cette critique a été reprise à leur compte par le Rassemblement national et de nombreuses voix parmi Les Républicains. Le 25 mai, à l’Assemblée nationale, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, avait appelé à ne pas « opposer la justice et la police », alors que la préoccupation sécuritaire est, selon les sondages, une des principales inquiétudes des Français.

Des états généraux dépassant le cadre des débats en cours

Les Etats généraux de la justice se dérouleront « sur plusieurs semaines à partir de la rentrée de septembre » et « sans autocensure », a indiqué l’entourage du garde des Sceaux, samedi. « Tous les acteurs de la justice y seront conviés », ainsi que les personnels pénitentiaires, les forces de sécurité intérieures et des citoyens.

Avec ces états généraux, il ne s’agit pas de faire l’équivalent du « Beauvau de la sécurité » – engagé pour répondre à la grogne dans la police –, mais de remettre à plat un modèle à bout de souffle et de questionner la place du juge dans la société, avant de pouvoir établir les priorités en termes d’investissement.

A un an de l’élection présidentielle, le président sortant cherche-t-il à faire illusion sur un futur programme de campagne ? Son entourage s’en défend, d’autant que Macron ne se sent jamais engagé par rien, évoquant même la volonté d’engager un travail trans-partisan qui ferait notamment appel à des personnalités de droite et de gauche.

Organisés à la rentrée, ces états généraux ambitionnent de mettre tout le monde d’accord sur un même constat, jusqu’aux avocats et aux notaires, mais aussi les citoyens et les forces de sécurité, avant la fin de l’automne. Une véritable gageure, promesse d’une foire d’empoigne dans une période d’insécurité gallopante.

Seuls acteurs exclus, les élus !

Ces états généraux dépasseront donc largement le débat sur les relations entre la police et la justice. Dans une tribune publiée sur le site de L’Obs, le 21 mai, la conférence des premiers présidents de Cours d’appel avait annoncé sa volonté de convoquer dans les prochains mois des assises de la justice pénale rassemblant « tous ceux (parlementaires, élus, policiers, gendarmes, avocats, journalistes, représentants d’associations) désireux d’un dialogue sincère, serein et constructif avec les magistrats et fonctionnaires de justice »« Les juges sont habitués à être présentés comme les boucs émissaires d’une délinquance qu’aucune société n’a jamais réussi à éradiquer », affirmait ce texte proclamant : « Il est temps de dire : ça suffit ! »

Plusieurs réactions

Ces états généraux « n’étaient pas une demande » des principaux syndicats de magistrats, qui appellent « le président de la République depuis plusieurs mois à se positionner pour que la séparation des pouvoirs soit respectée », a réagi Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature, SM, marqué à l’extrême gauche. « Pourquoi pas [des états généraux], mais il faut voir les modalités et qu’il y ait une réelle volonté d’écouter », a-t-elle également commenté, soulignant le nouveau flou de cette dernière annonce en date, estimant que « cela fait quatre ans que les professionnels de la justice ne sont pas du tout entendus ». Avocats, magistrats et greffiers avaient notamment vivement combattu, y compris dans la rue, la réforme de la justice promulguée il y a seulement deux ans, en mars 2019 sous Macron et Belloubet. « Ce dont la justice a besoin, insiste la syndicaliste et idéologue, c’est d’arrêter les réformes incessantes, et de moyens. »

Le Conseil national des barreaux, qui regroupe les 70.000 avocats français, réagit, lui, « favorablement » au lancement d’états généraux, qui « devenaient nécessaires dans le contexte d’accusations de laxisme de la justice et dans un contexte d’accumulation de réformes », selon son président, Jérôme Gavaudan, 55 ans, ancien bâtonnier du barreau de Marseille. « Ce que nous ne voulons pas, et on sera très vigilants sur ce point, c’est que ça puisse devenir un lieu de pugilat politique ou électoraliste » à l’approche de l’élection présidentielle de 2022, a-t-il poursuivi.

Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO-Pénitentiaire, voit dans l’annonce présidentielle « plutôt une bonne chose. Mais on attend de voir ce qui va être mis dedans. (…) Il ne faut pas que ce soit [seulement] les magistrats, il y a un vrai sujet sur la prison ». FO-Pénitentiaire avait écrit le 12 mai à Macron, après les condamnations de la justice par des policiers rassemblés devant l’Assemblée nationale, lui demandant « d’acter l’ouverture d’états généraux de l’administration pénitentiaire sous la responsabilité du garde des sceaux ».

Didier Baichère, diplômé en chimie physique et biologie et … DRH à France Télécom, puis Akka Technologies (et des licenciements abusifs), parle de président réformiste: il est député LREM. Sous ce quinquennat, la technique dite de la table ronde est devenu une manière de ne pas répondre tout de suite aux problèmes urgents, mais en tentant de gagner du temps: voyez la conférence sur le financement des retraites qui avait à sauver la réforme défendue par le gouvernement Philippe), Macron n’apaise pas les colères: il les additionne dangereusement.