Pourquoi des chiites yémenites ont-ils pris d’assaut un navire dans la Mer Rouge ?

Un imbroglio impliquant l’Iran et l’Arabie saoudite

Au large de la Mer Rouge, un hélicoptère, équipé d’une caméra embarquée, atterrit sur un immense navire appartenant à un homme d’affaires israélien. Très vite, plusieurs hommes, lourdement armés, en sortent pour prendre le bateau d’assaut et mettre l’équipage hors d’état de nuire. L’arraisonnage s’est déroulée dimanche, très vite revendiqué par les Houthis, une faction rebelle yéménite, soutenue par l’Iran. « Les forces navales des forces armées yéménites ont mené une opération militaire en mer Rouge, dont le résultat est la saisie d’un navire israélien et son transfert vers la côte yéménite », a notamment indiqué le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, sur X.

Des alliés de résolus de l’Iran

Issus d’une branche chiite de l’Islam, les Houthis représentent à peu près 40 % de la population yéménite. Le coup d’éclat surréaliste de ce commando survient un peu moins de trois semaines après que les Houthis ont annoncé leur ralliement à « l’axe de la résistance » des ennemis d’Israël, mené par l’Iran, aux côtés des terroristes du Hamas ou encore du Hezbollah libanais, aussi appelé le Parti de Dieu, mais terroristes, parfois qualifiés de « djihadistes chiites ».

Les images sont celles diffusées par les Houtchis

Une opération militaire de la guerre opposant l’Arabie saoudite et l’Iran, doublée d’une action de communication

Les Houthis, qui contrôlent une bonne partie du Yémen en guerre, « vont continuer de mener des opérations militaires contre l’ennemi israélien jusqu’à ce que l’agression contre Gaza et que les crimes odieux contre nos frères palestiniens à Gaza et en Cisjordanie occupée s’arrêtent », a averti le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, sur X.

Selon leur Premier ministre Abdelaziz ben Habtour, le groupe yéménite compte bien se battre « par les mots et par les drones ». L’arsenal des Houthis comprend des Typhoon, une version remodelée des missiles à moyenne portée iraniens Qadr, d’une portée de 1600 à 1900 km, explique Fabian Hinz, spécialiste de l’armement au sein de l’International Institute for Strategic Studies : « Ils ne sont pas du tout précis, au moins les versions qui ont été montrées, mais ils peuvent atteindre Israël ».

Aucun Israélien à bord, micmac international

Mais ces calculs restent jusqu’ici purement théoriques, puisqu’aucune salve de missiles lancés depuis le Yemen n’a atteint le sol israélien. « Le fait que huit vagues de missiles et drones lancés par les Houthis depuis le Yémen n’ont pas réussi à atteindre leurs cibles en territoire israélien a peut-être poussé (les rebelles) à se focaliser à nouveau sur la Mer Rouge », a déclaré Mohammed Al-Basha, spécialiste du Moyen-Orient au centre d’analyse américain Navanti Group.

Aussi spectaculaire qu’elle soit, cette prise de contrôle d’un navire n’a pour autant presque aucune incidence sur Israël. En effet, si le bateau a pour propriétaire Ray Car Carriers, société britannique dont la maison mère appartient à l’homme d’affaires israélien Abraham Rami Ungar, c’est son seul lien avec l’Etat hébreu. Pour le reste, le navire est exploité par une société japonaise, et aucun des 25 membres d’équipage n’est Israélien.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de condamner « fermement » l’attaque qu’il a qualifiée « d’agression » contre « le monde libre », ayant des conséquences sur « la sécurité des voies maritimes mondiales », et pointant du doigt l’Iran. Netanyahu a également précisé les nationalités des 25 membres d’équipage de diverses nationalités – ukrainienne, bulgare, philippine et mexicaine – qui se trouvaient à bord.

De son côté, le Japon a par ailleurs annoncé qu’il communique « avec Israël et, outre les contacts directs avec les Houthis », qu’il demande « instamment à l’Arabie saoudite, à Oman, à l’Iran et aux autres pays concernés d’insister auprès des Houthis pour qu’ils libèrent rapidement le navire et les membres de l’équipage », via une déclaration du ministre japonais des Affaires étrangères, Yoko Kamikawa, lundi.

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