7.000 clandestins à la fois à Lampedusa: opération concertée de déstabilisation ? 

Le soutien de l’UE à l’Italie est-il à la hauteur de la provocation?

Ne nous faisons pas d’illusions sur l’amour pour la France

«C’est l’apocalypse» : entre mardi et mercredi, 6.000 migrants en 48 heures ont débarqué sur l’île italienne de Lampedusa, 10.000 en une seule semaine. Une opération d’envergure, malveillante, de quelque point de vue qu’on se place, puisque ce surnombre est préjudiciable aux arrivants comme aux accueillants.

Si l’île italienne voit regulièrement débarquer des bateaux de fortune, jamais autant d’embarcations n’étaient arrivées en même temps. L’état d’urgence a été déclaré sur place, où le maire de l’île et les habitants se sentent abandonnés de l’Union européenne et, par ricochet, du gouvernement de Giorgia Meloni, laissée seule.

La situation est intenable aux portes de l’Europe et bientôt à celles de la France, à Menton et à travers la vallée de la Roya. L’île de Lampedusa fait face à une vague migratoire sans précédent : avec plus de 6.000 migrants arrivés en deux jours, c’est autant que le nombre d’habitants de cette île italienne au sud de la Sicile.

Etat d’urgence

Mauvais goût et
bon sens populaires

Jamais l’île de Lampedusa n’avait connu une situation aussi chaotique en si peu de temps. Des dizaines d’embarcations parties de Tunisie et de Libye sont arrivées quasiment en même temps sur les plages italiennes et non pas au Maroc qui a besoin de bras depuis le tremblement de terre : plus de 5.000 personnes ont débarqué mardi, 1.000 autres mercredi. Le centre d’accueil est débordé, tout comme le sont les forces de l’ordre. « C’est l’apocalypse », voilà comment le prêtre de l’île résume la situation.

Macron rappelle l’UE à son « devoir de solidarité européenne »

Face au déferlement de plus de 7.000 sans papiers cette semaine sur l’île italienne, Gérald Darmanin a convoqué une réunion d’urgence Place Beauvau, ce vendredi, après que Macron a annoncé qu’un travail était en cours entre les deux gouvernements et que « des décisions seront prises ». La situation sur l’île italienne montre que « les approches strictement nationalistes [« nationales » suffisait.. ] ont leurs limites », a-t-il estimé, lors d’un déplacement dans le département de Côte d’Or. Le chef de l’Etat ne veut pas « laisser seule l’Italie avec ce qu’elle vit aujourd’hui ».

Le « point de situation » de Darmanin doit réunir les services concernés de la police, de la gendarmerie, de l’immigration et des renseignements intérieurs, ainsi que les préfets des Bouches-du-Rhône, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes, ces deux derniers départements étant frontaliers de l’Italie. Le ministre de l’Intérieur doit également « échanger » dans la journée « avec ses homologues allemand et italien », a-t-on souligné vendredi Place Beauvau, où une nouvelle réunion aura lieu samedi matin sur le sujet.

Darmanin n’a pas indiqué, à ce stade, si la France envisage de s’aligner sur la décision de l’Allemagne, qui a annoncé mercredi qu’elle suspend l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie, prévu par les accords européens, en raison d’une « forte pression migratoire » et du refus de Rome d’appliquer ces mêmes accords.

Lors d’un déplacement à Menton (Alpes-Maritimes) mardi, Gérald Darmanin avait annoncé des renforts dans la lutte contre l’immigration irrégulière à la frontière italienne, où la France constate « une augmentation de 100 % des flux », avait-il dit.

Le RN appellent Macron à ne pas accueillir « un seul migrant »

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a demandé vendredi à Emmanuel Macron de prendre l’engagement de ne pas accueillir « un seul migrant » en provenance de l’île de Lampedusa. « Emmanuel Macron doit prendre solennellement cet engagement : la France n’accueillera pas un seul migrant issu de l’opération concertée de Lampedusa », a déclaré la tête de liste du parti d’extrême droite pour les élections européennes de juin 2024 sur X (anciennement Twitter). « Pour lui qui a dit vouloir “réduire significativement” l’immigration, c’est le moment de vérité. Fermeté ou impuissance ? »

Présente à Lampedusa, la tête de liste de Reconquête ! Marion Maréchal a expliqué de son côté, vendredi sur BFMTV, qu’elle veut « apporter un soutien au peuple italien [et] au gouvernement italien qui est abandonné par l’Union européenne, abandonné aussi par la France, et qui se retrouve seul à gérer cette situation alors même que les frontières italiennes ne sont pas seulement les frontières de l’Italie, elles sont les frontières de l’Europe entière ».

Chez Les Républicains (LR), l’eurodéputé François-Xavier Bellamy a également critiqué, sur BFMTV, une politique européenne « en faillite sur la question migratoire, parce que le droit européen a pendant longtemps désarmé nos Etats dans leur capacité, leur volonté de maîtriser leurs frontières ».

La NUPES est-elle à la manoeuvre ?

Des milliers de sans papiers ont été conduits sur l’île de Lampedusa, proche de la Tunisie. Faut-il les renvoyer vers leur port d’origine ? a demandé finement Jean-Jacques Bourdin (Sud Radio) à Sacha Houlié, député écologiste du Val-d’Oise, après avoir été PS (jusqu’en 2017), LREM (2017-2020), LND (2020-2022)
EELV (depuis 2022), en six ans… Pas bien stable ! « Surtout pas ! » estime Aurélien Taché. Pour lui, « il faut avoir le courage de mettre en place une vraie politique européenne« . « L’action européenne et de Madame von der Leyen depuis quelques mois sur la question migratoire s’est résumée à donner de l’argent à un dictateur en Tunisie pour gérer le problème à notre place. Il a été envoyé des milliers de personnes dans le Sahara » polémique le député. « Ça n’a servi à rien, les bateaux sont là ! Cet accord a été négocié par Madame Méloni et les ultranationalistes, ça ne marche pas, » bave le sectaire.

« Ce qui marche [cet expert en géographie ou en sociologie de l’accueil des réfugiés [en provenance de Côte d’Ivoire et de Guinée, ce ne sont pas des réfugiés politiques, cette semaine, ce sont des demandeurs d’asile économique] a même des exemples], c’est de créer des centres européens d’accueil des réfugiés et les répartir en Europe » affirme Aurélien Taché. Il acte l’échec des acteurs privés (bénévoles individuels, associations, mais aussi entreprises) et publics (collectivités territoriales, élus) contribuent, sur le terrain, à pallier les carences ou impuissances des Etats-membres et de l’Union européenne. Ce visionnaire méconnu propose néanmoins que « la France dise, nous on est prêts à prendre un centre européen d’accueil à Marseille par exemple. Parce qu’il n’y a pas de raison que ce soit que l’Italie ou la Grèce qui le fasse« . Et parce que Marseille n’en a pas déjà assez avec ses quartiers Nord…

« Il faut être un peu courageux, insiste ce politicien qui vient tout juste de signer une tribune de la NUPES publiée sur les sites de Libération et de Franceinfo qui exige « des mesures urgentes, humanistes et concrètes pour la régularisation des travailleurs sans papiers ». « Donnons l’exemple, remettons une vraie politique européenne en place. Ce centre européen à Marseille, c’est pas pour que tout le monde vienne en France. C’est pour que les gens soient répartis dans les différents pays« . Et y en aura-t-il assez pour tout le monde ? Il faut être confiant, selon Houlié: on en dénombre déjà quelque 11.000, rien que cette semaine.

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