Présidentielle 2022 : les programmes des candidats font une place à l’islam

Tous ne sont pas séparatistes, mais…

La charte de la laïcité a été publiée le 9 septembre 2013 par le ministre de l’Education nationale, le socialiste Vincent Peillon.

Sur la place de l’islam, les candidats à la présidentielle s’opposent sur des principes. Mais aussi sur la sémantique: musulman, islamiste, islamiste radical, islamiste séparatiste, terroriste, etc. Sur la lutte contre l’islamisme, c’est une question de degré.

A grands coups de phrases-chocs sur le « grand remplacement », les prénoms arabes ou les musulmans, invités à choisir entre la France et leur religion, Eric Zemmour a fait de l’islam un sujet phare de la campagne présidentielle, dès l’automne 2021. Pour l’essayiste, cette religion est incompatible avec la République car elle est à la fois « une foi et un projet juridico-politique » qui l’oblige à se constituer en « contre-société » soumise au Coran, contre les lois de la République et à la charia. Condamné en 2019 pour « provocation à la haine religieuse », le candidat de Reconquête ! décline donc un programme radical : interdictions du port du voile et de mosquées radicalisées ou mise en place d’un « strict contrôle des imams ». Autant de pratiques qui sont contraires à la loi de 1905 sur la laïcité et qui irritent et agressent la population européenne majoritairement hostile à la radicalité des prosélytes, séparatistes et conquérants.

Quelles que soient les critiques fustigeant la détermination du journaliste, la place de l’islam est devenue depuis des années un marqueur politique qui se vérifie avec cette campagne présidentielle. Une succession de lois, celle de 2004 sur les signes religieux à l’école, celle de 2010 sur la dissimulation du visage et celle de 2021 contre le séparatisme, n’a pas mis un terme à deux problématiques qui se chevauchent sans se confondre : celle de l’intégration de cette religion dominatrice dans le cadre républicain et le paysage culturel, et celle de la lutte contre le radicalisme islamiste. Sur le premier sujet, le clivage droite-gauche est net, reposant sur de profonds désaccords. Sur le second, il s’agit surtout d’une différence de degré dans la réponse à apporter.

Valérie Pécresse veut interdire le « voile forcé » comme le burkini et le revoi des délinquants

Présidentielle 2022 : place de l’islam, les programmes des candidats à la loupe

Concernant la place de l’islam, le Rassemblement national et une partie de la droite s’en tiennent au modèle classique d’assimilation pour opposer un refus catégorique aux provocations des activistes musulmans fanatiques et politisés. En particulier le port du voile, qui est interprété d’abord comme un instrument politique de réseaux fondamentalistes pour tester la République. « J’interdirai le port du voile forcé, le port du voile pour les accompagnatrices scolaires, assure Valérie Pécresse, et le port du burkini dans tous les espaces de baignade. » Le voile est pour elle, comme pour tous les républicains et laïcs, une pratique contraire à l’égalité des sexes en même temps qu’un symbole de différence. C’est « la pire chose que l’on puisse faire en 2022 à une femme en termes de liberté », affirmait la candidate RN en février sur LCI.

Marine Le Pen n‘est pas comme la candidate LR une convertie de fraîche date à la fermeté et propose de l’interdire sur la voie publique. Elle renvoie à la proposition de loi qu’elle a déposée en janvier 2021. Le texte vise notamment à proscrire « les signes ou tenues constituant par eux-mêmes une affirmation sans équivoque et ostentatoire » des idéologies islamistes.

Une stigmatisation de l’islam

A l’autre bout de l’échiquier politique, la gauche révolutionnaire, anticapitaliste et islamo-gauchiste, dénonce depuis des années toute intransigeance face à cette religion étrangère à notre Histoire. Les programmes des candidats communiste, Fabien Roussel, et La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ne mentionnent pas les mots « islam » ou « islamisme ». Fabien Roussel amalgame, au pluriel, « les intégrismes » qui entendent faire prévaloir leurs préceptes sur la loi commune. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il estime que la laïcité « ne doit jamais servir à montrer du doigt les croyants d’une religion, comme, dans la période récente, cela a été fait contre les musulmans », ce qui en fait ke candidat du vote musulman. Lors des débats sur le projet de loi séparatisme, les députés LFI – ils ont voté contre le texte – se sont fermement opposés à l’opposition de droite, qui a tenté de durcir le projet de la majorité avec maints amendements contre le port du voile.

Cette loi ambitionne d’etablir un équilibre que Macron avait ébauché lors de son discours des Mureaux, en octobre 2020. Le président avait clairement annoncé son intention d’« isoler le problème, celui de l’islamisme radical », comme si la ligne de démarquation entre l’islam radical et l’islam modéré n’était pas floue. Celui qui déclarait, en 2019, que « le port du voile, ce n’est pas mon affaire », rejette l’amalgame entre islamisme et islam. Jeudi 17 mars, lors de la présentation de son programme présidentiel, Macron a balayé d’une petite phrase le sujet, en renvoyant au discours des Mureaux. Signe que selon lui, l’enjeu d’un second quinquennat, s’il est réélu, ne sera pas de légiférer une nouvelle fois, mais de mettre en application la loi séparatisme et de faire aboutir la construction de l’islam de France. Chantier institutionnel sur lequel il n’a, pour l’instant, pas plus réussi que ses prédécesseurs. Et pas davantage que sur le dossier des retraites.

Le « combat de civilisation » de Marine Le Pen

Le deuxième sujet concerne le terrorisme islamiste, qui aura encore marqué le quinquennat, notamment avec l’assassinat du professeur Samuel Paty. Sur le fond, tous les candidats sont d’accord sur le fait de lutter contre cette menace. A gauche, Mélenchon promet cependant « une politique antiterroriste rationnelle » qui reviendrait sur « toutes les dispositions liberticides qui ont instauré un état d’urgence permanent », tandis que l’écologiste Yannick Jadot s’engage, sans préciser comment, à lutter « efficacement contre la radicalisation et le terrorisme ». Les mentions de la rationalité et de l’efficacité signifient que, pour ces deux candidats de gauche radicale, le quinquennat Macron serait allé trop loin avec de simples mesures purement symboliques ou d’affichages dans les diverses lois de sécurité ou sur le séparatisme.

Les droites fs’accordent sur une analyse inverse. Pour lutter contre le terrorisme, l’actuelle majorité n’est pas allée assez loin dans la maîtrise de l’islam.

Valérie Pécresse fermera « toute mosquée où un prédicateur tient un discours hostile à la France et aux valeurs de la République ». Formulation claire pour les juristes. Elle s’engage aussi à mettre en place « des mesures de rétention pour maintenir enfermés les terroristes radicalisés à l’issue de leurs peines de prison ». Elle veillerait aussi au retour au pays des délinquants en situation irrégulière.

Marine Le Pen observe que « l’islamisme (…) et le terrorisme djihadiste poursuivent les mêmes buts » et veut, comme Zemmour, mener « un combat de civilisation ». Elle prévoit notamment « l’interdiction de la publication des écrits » diffusant l’idéologie islamiste ou de « retirer la nationalité française aux individus qui l’avaient acquise s’ils manifestent ou diffusent l’idéologie islamiste ».

Les propositions de l’une comme de l’autre supposent une mise en adéquation des textes et conventions obsolètes inappropriés à notre époque de flux migratoires massifs et incontrolés. Le Conseil constitutionnel qui vérifie la constitutionnalité des lois a dû censurer en 2020 un projet de loi instaurant des peines de sûreté. Valérie Pécresse se dit donc prête sur ce point à « changer la Constitution ».

Une réflexion sur “Présidentielle 2022 : les programmes des candidats font une place à l’islam

  1. Anonyme 4 avril 2022 / 08:14

    Article difficile d’accès avec Google.

    J’aime

Laissez un commentaire (il sera "modéré)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.