Moselle: pendant que les variants explosent, Véran fait des promesses de tests et de vaccins

Les vaccins existants apparaissent pourtant inadaptés au variant sud-africain du coronavirus

Olivier Véran lors de sa visite en Moselle, vendredi.
Olivier Véran lors de sa visite en Moselle, vendredi

Tandis que les hôpitaux de Brest et Morlaix suspendent la vaccination AstraZeneca (Oxford) des soignants à la suite de nombreux effets secondaires (des syndromes de type grippal: maux de tête et fortes fièvres à 40° et plus, qui ont obligé 20 à 25 % des personnels vaccinés à se mettre en arrêt maladie), Olivier Véran, le ministre de la Santé, arrive en Moselle pour de nouvelles promesses qu’il n’est pas sûr de tenir dans une situation sanitaire plus grave qu’ailleurs. Ainsi promet-il des vaccins qui n’arrivent pas: de nombreux centres de vaccination sont bloqués sans espoir d’injection, pour les « prioritaires » de plus de 75 ans, avant 28 jours…

Le premier test positif au variant sud-africain du coronavirus a été détecté le mardi 9 février sur un jeune homme de 28 ans vivant à Juan-les-Pins, Alpes-Maritimes, confirme ce mardi l’Agence régionale de Santé. Ce jeune homme a passé quelques jours en vacances avec ses proches, dont l’un a ensuite été testé positif au variant. A son tour, le Juanais a été testé, puis le criblage a confirmé qu’il était positif au variant sud-africain. D’autres suspicions de variants sud-africains et brésiliens sont en cours de vérifications dans les Alpes-Maritimes, indique l’ARS, mais, en Moselle, Véran se refuse à parler de « cluster » foyer de contamination.

Selon les nouvelles consignes données par la DGS, tout test antigénique positif ou PCR doit désormais donner lieu à un deuxième test « réalisée dans un délai de 36 heures maximum » afin de déterminer qu’il s’agit d’une contamination par le variant britannique, sud-africain ou brésilien. Par ailleurs, l’isolement des personnes contaminées par le variant sud-africain ou brésilien va passer à 10 jours, contre 7 habituellement, et un test PCR négatif sera nécessaire pour en sortir. Enfin, une classe entière pourra être fermée si un enfant, ou même un membre de sa famille, est contaminé par le variant sud-africain ou brésilien. Ce message de la DGS intervient alors qu’une étude publiée dimanche 7 février sur l’efficacité du vaccin AstraZeneca-Oxford contre le variant sud-africain a soulevé beaucoup d’inquiétude. Les autorités sanitaires craignent la diffusion dans le pays des deux variants (brésilien et sud-africain) « qui présentent un risque d’échappement immunitaire et vaccinal » même si leur « circulation est aujourd’hui minoritaire ».

Vendredi 12 à Metz, Olivier Véran n’a pourtant pas hésité à encore annoncer un renforcement de la politique de tests et de vaccination en Moselle, département qui connaît actuellement une incidence du coronavirus plus élevée que sur d’autres régions du territoire, notamment avec une progression du variant sud-africain. « Tout cas positif de coronavirus sera désormais considéré dans ce département comme suspect de variant jusqu’à preuve du contraire, c’est-à-dire qu’il bénéficiera d’un contact tracing immédiat, d’une mise à l’abri accompagnée immédiate, d’un isolement porté à dix jours contre sept », a déclaré Olivier Véran qui court loin derrière le virus, sans parvenir à le dépasser, si ce n’est par des annonces et de la désinformation.

Le premier variant identifié, britannique (suspecté de représenter 15% du total des cas positifs il y a encore une semaine, est probablement « responsable de 20% à 25% des infections » aujourd’hui) , renforcerait la contagiosité du virus, tandis que les variants sud-africain et brésilien pourraient mettre à mal l’immunité développée par les personnes ayant déjà contracté la maladie et celle développée par les vaccins. En Moselle, où ont été identifiés plus de 300 cas de mutations de variants sud-africain et brésilien « ces quatre derniers jours » (200 cas supplémentaires identifiés pendant la période précédente d’observation) , Véran a donc alerté jeudi soir sur la « situation inquiétante » dans ce département de l’Est de la France, où il s’est rendu vendredi. « Il nous faut être prêts à agir évidemment, si la situation devait le nécessiter, afin de protéger la population dans un territoire qui a déjà payé un lourd tribut à la pandémie, a-t-il dit, pour ne rien dire. Nous espérons gagner assez de temps pour éviter un confinement. » Selon lui, agir, c’est donc confiner. Les autres départements français sont relativement moins touchés par ces deux variants, avec entre zéro et « près de 40 cas » (en Dordogne), et une proportion « de l’ordre de 4% à 5% » de l’ensemble des cas positifs à l’échelle du pays. 

Un test PCR sera réalisé avant la levée de l’isolement pour les cas positifs et un test PCR sera effectué dès le premier jour sur tous les cas contacts éventuels, a-t-il ajouté à l’issue d’une réunion avec des élus mosellans. « La Moselle bénéficiera pour cela de l’aide de l’équipe du ministère et des autres » agences régionales de santé (ARS), a simplement rappelé le ministre, alors que les premières analyses sur les cas positifs « tendent à prouver l’hypothèse qu’il s’agit bien de variants d’origine sud-africaine ». L’estimation actuelle porte sur plus de 100 cas par jour en Moselle, a précisé Olivier Véran, qui s’est également rendu à l’ARS à Metz.

Les élus locaux en ont besoin de plus

En Moselle, « 75 % des personnes âgées » en Ehpad ont déjà reçu à ce jour au moins une dose de vaccin, a assuré le ministre.

De plus, « à la demande des élus locaux », Véran veut encore « renforcer » la politique de vaccination dans le département. « 2.000 doses de vaccin Moderna pourront [encore un futur indéterminé dont la proximité reste floue] être mises à la disposition de la population, notamment les personnes âgées de 75 ans et plus dans les tout prochains jours » [encore un futur indéterminé dont la proximité reste floue]. On ignore aussi si cette annonce inclut ou non une autre, celle de l’« augmentation du nombre de doses de vaccins Pfizer dès la semaine prochaine ». Lundi ou dimanche prochain n’est pas la même chose pour quiconque se sait vulnérable.

Pour les autres mesures réclamées par les élus, il faudra attendre la suite des concertations, a prévenu Olivier Véran.

« Plusieurs propositions ont été faites », sans consensus, comme un confinement local sans délai ou une fermeture anticipée des écoles, a-t-il rapporté. Le maire LR de Metz François Grosdidier, qui plaide pour « un confinement de courte durée » et « la fermeture des écoles », s’est dit déçu de l’absence de décision immédiate : « Il y a une véritable explosion (d’incidence) chez les jeunes de 10 à 20 ans. J’espère effectivement qu’ils décideront d’avancer (la fermeture des écoles) d’une semaine. On aurait aimé avoir cette décision maintenant pour se préparer ».

Le maire (LR) de Metz François Grosdidier s’est lui prononcé en faveur d’un reconfinement local. « Si ça se confirme avec ces centaines de cas et en plus avec ces variants africains, brésiliens sur lesquels le vaccin est manifestement inopérant, oui il faut prendre ces mesures », a-t-il insisté. 

Selon le président (LR) de la région Grand-Est Jean Rottner, « la Moselle a déjà beaucoup souffert il y a un an. Prenons les bonnes décisions ! », a-t-il écrit sur Twitter. « Faut-il anticiper les congés ? Faut-il confiner le weekend ? », demande-t-il. 

Selon le professeur Benoit Gallix, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Strasbourg et coordinateur scientifique de la plateforme régionale de suivi de l’évolution de l’épidémie « Predict’Est », la trajectoire en Moselle est « différente » du reste du Grand-Est « depuis quinze jours », avec une « atteinte plus forte » des jeunes. « Chez les 10-19 ans notamment, on est beaucoup plus élevé que la moyenne, avec une incidence hebdomadaire » de 368, « alors que l’incidence moyenne (toutes tranches d’âge du département), c’est 290 », a-t-il indiqué. « Nous n’avons pas à ce stade d’explication de la diffusion de ces variants » dans le département, « où l’incidence est plus élevée que la moyenne », a souligné Olivier Véran.

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