Pays-Bas: la nouvelle coalition promet la politique d’asile «la plus stricte»

Le nouveau gouvernement ne se laissera pas limiter par des règles européennes.

Quatre partis néerlandais ont trouvé un accord de gouvernement. A la suite des élections du 22 novembre 2023, qui avaient donné la victoire au Parti pour la liberté (PVV, extrême droite), un accord de coalition a été trouvé au bout de six mois de tractations.

Outre le PVV, participeront à cette coalition le Mouvement paysan citoyen (BBB), le parti libéral VVD (de l’ancien Premier ministre Mark Rutte) et le nouveau parti anticorruption NSC. Le nom du premier ministre qui remplacera Mark Rutte, candidat au poste de secrétaire général de l’OTAN, n’est pas connu, mais les quatre partis ont d’ores et déjà “annoncé un programme de gouvernement en dix points, qui sera axé sur ‘la sécurité de l’existence et le pouvoir d’achat’, ‘le contrôle de l’asile et de la migration et l’abandon des mesures environnementales impopulaires”, rapporte The Times.

Des mesures concrètes seront prises pour mettre en place les règles d’entrée en matière d’asile les plus strictes jamais vues et le paquet le plus complet jamais conçu pour contrôler la migration”, peut-on lire dans le texte relayé par le quotidien britannique, qui anticipe des conflits à venir avec Bruxelles, et pour cause. “Une clause de non-participation aux politiques européennes d’asile et de migration sera soumise dès que possible à la Commission européenne”, affirme le texte dévoilé aujourd’hui. Toujours au chapitre immigration : “Les demandeurs d’asile dont la demande a été refusée ou sans papiers seront ‘expulsés dans les plus brefs délais, y compris de force’”, note le quotidien conservateur.

Limiter l’arrivée d’étrangers non désirés semble l’objectif principal des électeurs de ce nouveau gouvernement très ancré à droite, mais ce n’est pas le seul. Probablement sous l’impulsion du Mouvement paysan citoyen (BBB), souligne de son côté le site d’information Dutch News, les Pays-Bas entendent freiner leurs efforts en matière de changement climatique”.

Cela passera notamment par “la diminution des incitations fiscales à l’achat de voitures électriques”, précise le site d’information anglophone, ou encore par la limitation à la construction “de nouveaux parcs éoliens, qui ne seront construits qu’en offshore – et seulement s’ils ne perturbent pas le secteur de la pêche”. Un domaine sur lequel l’exécutif entend faire pression sur Bruxelles pour revenir sur certaines limitations.

Nouveauté singulière, pour parvenir à cet accord, les leaders des quatre partis impliqués s’étaient entendus pour ne pas participer en personne à l’exécutif. Une volonté de renforcer les liens entre ces formations, où chacune a présenté séparément ses priorités. 

Retrait du Nexit des accords

Le dirigeant néerlandais Geert Wilders.

La coalition de gouvernement veut engager les politiques « les plus strictes jamais adoptées en matière d’asile », avec possibilité de sortir des règles européennes. Elle a aussi promis d’examiner un transfert à Jérusalem de l’ambassade néerlandaise en Israël.

L’accord de coalition de 26 pages a été validé tôt dans la matinée du 16 mai,  à la suite de la victoire électorale du leader d’extrême droite Geert Wilders. « Quiconque lit ce document peut voir que beaucoup de choses vont changer aux Pays-Bas », a déclaré M. Wilders à la presse lors de la présentation officielle du texte.

Il a qualifié « d’historique » le fait que sa formation, le PVV, soit désormais « au centre du pouvoir » et a assuré que « le soleil va briller à nouveau sur les Pays-Bas ».

L’accord stipule notamment que « des dispositions concrètes seront prises pour aller vers des règles les plus strictes jamais adoptées en matière d’asile et un paquet de mesures le plus large jamais pris pour contrôler les migrations ».

Les signataires écrivent aussi qu’ils transmettront « le plus tôt possible » à la Commission européenne une demande de dérogation (« opt-out ») à la politique européenne d’asile.

Les personnes sans permis de résidence valide seront expulsées « par la force si nécessaire », ajoute l’accord, intitulé « espoir, courage et fierté ».

« Politiques alternatives »

En matière de politique étrangère, les signataires s’engagent à ce que les Pays-Bas soient un « partenaire constructif » dans l’Union européenne et soutiennent l’Ukraine « politiquement, militairement, financièrement et moralement ».

Le texte appelle également à examiner l’idée de transférer l’ambassade néerlandaise de Tel-Aviv à Jérusalem, comme le souhaitent les autorités israéliennes qui en ont fait leur capitale, un sujet rendu encore plus sensible par le conflit en cours dans la bande de Gaza.

La plupart des gouvernements évitent d’évoquer un tel transfert avant un accord de paix définitif entre Israël et les Palestiniens qui revendiquent aussi la ville comme capitale, estimant que cela pourrait préjuger du résultat de ces négociations. « Prenant en considération les solutions au conflit israélo-palestinien et les intérêts diplomatiques, nous examinerons quand l’ambassade peut être déplacée à Jérusalem à un moment approprié », est-il écrit.

L’accord assure aussi que les Pays-Bas vont continuer « d’adhérer aux accords existants » sur le climat, mais prévient que « si nous ne réalisons pas les objectifs, nous aurons des politiques alternatives ».

L’accord a été trouvé entre quatre partis, le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, le parti pro-agriculteurs Mouvement agriculteur-citoyen Mouvement agriculteur-citoyen (BBB), le parti libéral Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) et le nouveau parti anti-corruption Nouveau Contrat social (NSC).

Pour remplacer Mark Rutte,  ex-cadre des ressources humaines chez Unilever et membre du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD, centre droit), le nom de son ancien ministre de l’Education et de l’Intérieur, Ronald Plasterk, qui a également joué un rôle clé dans la supervision des premières négociations, est celui qui circule le plus.

Un haut fonctionnaire, Richard van Zwol, a été désigné comme « formateur » chargé de superviser la constitution d’un cabinet, mais sans vocation à être candidat pour diriger le gouvernement.

La droite a progressé en Europe lors de récentes élections et dans la perspective du scrutin européen de juin et peine de moins en moins à accéder au pouvoir du fait du refus de partis anti-démocratiques de gouverner avec elle.

« C’est un jour inquiétant. Nous avons maintenant un parti de droite radicale sous la direction de M. Wilders qui se retrouve au centre du pouvoir aux Pays-Bas », a déclaré Frans Timmermans, chef de file de l’opposition et membre de l’alliance des Verts et de la gauche que le libre fonctionnement des institutions embarrasse.

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