Ré-élection de Macron, ce président « obligé »

Réélu avec 58%, mais à 40% anti-Le Pen et sans 26% d’abstentionnistes

Le statut de Macron passe
de président « protecteur » à président « obligé »

« Je ne suis plus le candidat d’un camp mais le président de tous », a annoncé Macron à Paris, sur le Champ-de-Mars vidé de ses vendeurs à la sauvette, après avoir remporté la présidentielle sur Marine Le Pen au second tour, le soir du dimanche 24 avril. L’Elysée ne change pas de locataire.

Une victoire à la Pyrrhus. Macron a été réélu président de la République avec 58,54% des voix face à Marine Le Pen, qui totalise 41,46% des suffrages, selon les résultats définitifs publiés par le ministère de l’Intéreur.

Une première depuis vingt ans. La réélection de Macron pour un second mandat, hors cohabitation, constitue une première depuis la victoire de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen en 2002. Le plus cynique président de la Ve République réussit, à la faveur de la pandémie de covid, là où ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy (2007-2012) et François Hollande (qui renoncé en 2017) ont échoué.

Il peut se targuer d’avoir été reconduit hors période de cohabitation, contrairement à François Mitterrand (réélu en 1988) et Jacques Chirac (réélu en 2002). Une réussite que le général de Gaulle avait obtenue en 1965, mais sa première élection en 1958 n’avait pas eu lieu dans le cadre du suffrage universel direct mais à la proportionnelle, que Macron promet sans cesse d’introduire sans jamais en consentir une once.

Marine Le Pen évoque son « éclatante victoire », malgré un nouvel échec, puisqu’elle a progressé de 2 millions de voix en cinq ans. Le match retour de 2017 a désigné le même vainqueur, mais avec des scores bien plus serrés : Marine Le Pen a progressé de près de 7,55 points par rapport au second tour il y a cinq ans (33,9%), selon une estimation Ipsos-Sopra Steria. « Les idées que nous représentons arrivent à des sommets un soir de second tour de l’élection présidentielle ».

Le RN, premier parti d’opposition ? Dans les jours qui suivront son investiture officielle, d’ici le 13 mai, Macron devra choisir un nouveau premier ministre et nommer un nouveau gouvernement. Le locataire de Matignon ne sera qu’un super ministre de la transition écologique, façon Nicolas Hulot, puisque Macron restera le premier ministre réel: l’exécutif sera monocéphale à l’Elysée.

Un nouveau combat s’ouvrira alors avec la campagne pour les élections législatives des 12 et 19 juin, une étape indispensable si le nouveau président veut disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale pour faire passer ses réformes. 

Le troisième tour est ouvert

Vote avec les pieds

« Le troisième tour commence ce soir », a commenté Jean-Luc Mélenchon, qui espère fédérer la gauche avec son Union populaire. « Les 12 et 19 juin ont lieu les législatives, vous pouvez battre monsieur Macron et choisir un autre chemin. »  Fort de près de 22% des voix au premier tour de la présidentielle, Mélenchon a demandé mardi 12 « aux Français de (l)’élire premier ministre » en votant pour une « majorité d’Insoumis » et de « membres de l’Union populaire » aux élections législatives des 12 et 19 juin.

Eric Zemmour, de son côté, a réclamé « une union des droites et des patriotes » en vue du prochain scrutin.

Une abstention très élevée. Ce second tour de l’élection présidentielle est une fois de plus marqué par l’abstention. Selon l’estimation Ipsos-Sopra Steria, 28,01% des électeurs inscrits ne sont pas allés voter, soit une hausse de près de 2,8 points par rapport à 2017 (25,44%). Au premier tour, l’abstention s’établissait à 26,31% des électeurs inscrits, soit une baisse de la participation de quatre points par rapport à 2017.

Analyse de la RTBF sur la motivation française à voter: https://vm.tiktok.com/ZMLpEwTpD/