Lescure offre de recruter (« à la marge » ?), des travailleurs étrangers dans certains secteurs de l’industrie

Le ministre de l’industrie fait s’étrangler les droites et leurs électorats

Lescure

Le gouvernement fait-il tout pour rapprocher Les Républicains et le Rassemblement national sur l’immigration. Le plan de LR sur le sujet affiche des similitudes avec le programme du RN et la droite républicaine n’a pas besoin du coup de pouce de Lescure, ministre de l’Industrie, qui vient encore de relancer l’idée d’une régularisation des clandestins dans les « métiers en tension, » en gonflant les chiffres.

Alors que le chef de l’Etat fait de la réindustrialisation de la France l’une de ses marottes du moment, tout en accusant les patrons de s’endormir sur la tâche, Roland Lescure a fait l’état des lieux des besoins de main d’œuvre sur franceinfo. « On va avoir 1,3 million d’emplois à remplir dans l’industrie dans les dix années qui viennent », a-t-il annoncé, précisant à la louche que, dans le même temps, entre 800.000 et 900.000 personnes partiront à la retraite sur la même période.

« Il va sans doute falloir avoir recours à l’immigration. Il va falloir faire feu de tout bois pour que la nation française soit à nouveau une nation industrielle, écologique et souveraine », a-t-il découvert, tout en se défendant d’ouvrir « grandes les vannes de l’immigration économique ».

« Capitulation en rase campagne »

Cette idée anti-républicaine, consistant à recourir aux migrants en situation irrégulière pour environ 10 % des besoins sur dix années, a fait hurler les droites : à l’arrivée, on n’est plus à 10% ! « La France compte 5 millions de chômeurs (5.076.600, sans les Outre-mer)… Mais Roland Lescure appelle à accueillir des migrants [illégaux] dans l’industrie », fait valoir Alexandre Loubet, vice-président du groupe RN à l’Assemblée nationale et directeur de la communication du Rassemblement national, alors que le chiffre cité par le ministre de l’Industrie correspond à 4 % de celui total des chômeurs, et sur une décennie. « Au RN nous croyons que la réindustrialisation de la France passera par la formation des Français sans-emploi et la mobilisation de toute la nation ! », a-t-il insisté sur le réseau social X.

Une analyse de bon sens que partage le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau. « C’est ce qu’on appelle une capitulation en rase campagne. Avec un taux de chômage de 7,4 %, la priorité du gouvernement devrait être de permettre à chaque Français de trouver un travail », a réagi l’élu vendéen.

Des positions – en soutien des naufragés français de sept ans de gouvernance macronienne – qui mettent en évidence la préoccupation nationale des droites face au projet de loi immigration, qui néglige les chômeurs legaux, et dont l’examen débutera en commission des Lois ce lundi 27 novembre. Un texte que le RN et LR entendent renforcer à l’Assemblée nationale, en partageant notamment des objectifs communs, comme la suppression de l’article 2 interdisant le placement en centre de rétention des étrangers accompagnés de mineurs de 16 ans ou le renforcement (voire la suppression pure et simple) de l’article 3 relatif à la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension.

Le laboratoire danois Novo Nordisk va investir plus de deux milliards d’euros sur son site de Chartres

Ni relocalisation, ni création d’entreprise francaises: Macron fait de la récup’

Macron fait le déplacement à ce jeudi à Chartres pour un investissement de plus de deux milliards d’euros du danois Novo Nordisk dans la production de médicaments pour le diabète et l’obésité. Ce que la presse aux ordres appelle un nouvel (?) ajout à la « réindustrialisation du pays« , mais par un état européen. 500 nouveaux emplois vont être créés par le laboratoire danois qui devient ainsi le premier employeur privé de l’Eure-et-Loire. Youpie !…

Novo Nordisk va étendre à des traitements contre l’obésité la production du site de Chartres, spécialisée aujourd’hui dans les cartouches et flacons d’insuline.

Après le lancement par le taïwanais ProLogium d’un plan de fabrication de batteries électriques en mai pour 2026 à Dunkerque – 6,7 milliards d’euros d’investissements étrangers – Macron, accompagné des ministres de la Santé Aurélien Rousseau et de l’Industrie Roland Lescure, est attendu ce jeudi à 16h00 sur le site de Novo Nordisk à Chartres, pour se féliciter de cet investissement danois, à défaut d’annonce d’un investissement français équivalent (ou même moitié moindre) au Danemark…

La superficie de l’usine de Chartres va être doublée

Le laboratoire Novo Nordisk va doubler la superficie de son usine de Chartres à 230.000 m2 et créer « plus de 500 nouveaux emplois », qui s’ajouteront aux 1.600 déjà existants. Le chantier a débuté et le projet devrait être finalisé en 2028. Le site de production de Novo Nordisk à Chartres date de 1961 et emploie aujourd’hui quelque 1.600 personnes -, ce qui en fait le premier employeur privé du département. Les cartouches et flacons d’insuline et les traitements agissant sur l’obésité sont en forte demande mondiale et ne devraient pas subir les contre-coups de la conjoncture de fin d’épidémie de Covid-19, comme avec le Suédois Recipharm à Monts. Lien PaSiDupes

Ces médicaments appartiennent à la classe des analogues du GLP-1, une hormone qui a des actions sur le pancréas pour favoriser la sécrétion d’insuline dans le cas du diabète, mais qui agit aussi sur le système digestif et nerveux central, en réfrénant l’appétit et en combattant l’obésité.

Rien qu’en 2023, Novo Nordisk dit avoir investi 10 milliards d’euros sur l’ensemble de son outil de production à travers le monde, en incluant l’usine « stratégique » de Chartres d’où sortent des traitements pris par plus de 10 millions de diabétiques dans le monde chaque jour. En janvier, le groupe y avait déjà annoncé un investissement de 130 millions d’euros pour tripler la capacité d’assemblage et de conditionnement de stylos injecteurs d’insuline, promettant une centaine de recrutements. Des emplois à qualification faible, qui peuvent séduire a la fois des Français répugnant à accepter des métiers en tension, et des migrants en situation irrégulière, au risque qu’ils entrent en compétition.

L’obésité, une opportunité de taille pour les acteurs pharmaceutiques

L’obésité représente un enjeu sociétal et une opportunité de poids pour les acteurs pharmaceutiques les plus avancés dans ce domaine. « Elle ne se résume pas à manger trop et ne pas bouger assez. Cela devient au cours du temps une vraie maladie chronique avec des résistances à la perte de poids », explique Karine Clément, professeure en nutrition à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière.

Novo Nordisk est devenue première capitalisation boursière européenne devant le géant du luxe LVMH depuis septembre, grâce au succès de ses produits dérivés utilisés contre cette maladie difficile à soigner. Il va aussi contribuer à la « bataille du commerce extérieur », car 90 à 95% de sa production est exportée, souligne l’Elysée, sans embarras face à la domination scientifique et commerciale suédoise. La France n’a plus connu d’excédent commercial pour les échanges de biens depuis 2002 et le déficit s’établissait à 54 milliards d’euros sur le premier semestre 2023. Le médicament précurseur de Novo Nordisk dans l’obésité (« Wegovy ») est commercialisé aux Etats-Unis, au Danemark, en Norvège, au Royaume-Uni et depuis peu en Suisse. Le laboratoire compte demander sa certification en France en 2024. L’apport suédois va permettre à Macron de bercer les Français d’illusions sur le dynamisme de son action.

« Un investissement nouveau ne change pas la donne »

Macron, qui traite les entrepreneurs français d’endormus et les appelle à se réveiller (lien PaSiDupes), soigne en revanche ses contacts avec les PDG des grandes compagnies internationales, engrangeant ainsi une victoire dans la bataille de « l’attractivité » sur l’échiquier européen au détriment de LVMH…

Si sa politique ne profite pas aux entreprises françaises, Macron n’a pas non plus de quoi être triomphant à l’internationnal : le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly vient en effet d’annoncer un investissement de 2,3 milliards d’euros en Allemagne pour élargir sa production de médicaments contre le diabète.

Le chemin reste donc sinueux et long dans un contexte international agité et un environnement national qu’il n’a pas libéré, pour des motifs idéologiques, de ses contraintes. « Ce n’est pas en faisant d’un investissement nouveau un événement médiatique que cela change la donne », lance Frédéric Bizard, spécialiste des questions de santé et professeur d’économie affilié à l’ESCP Europe. Le frein principal aux investissements étrangers en France reste « l’écosystème administratif et réglementaire » de la filière du médicament, selon lui. Pour Patrick Biecheler, associé de la société de conseil Bain and Company, ces traitements pourraient néanmoins être étendus à d’autres maladies comme le foie gras et Alzheimer et offrent donc de multiples « perspectives de croissance ».

Diabète : l’Outre-mer bien plus touché que la métropole

Selon une étude publiée mi-novembre par Santé Publique France, les principaux départements d’outre-mer sont bien plus touchés par le diabète que la métropole. Cette étude estime que 12,0% des Guadeloupéens, 11,5% des Martiniquais, 11,6% des Guyanais et 13,6% des Réunionnais sont diabétiques – de type 1 ou type 2, le plus fréquent, confondus, à comparer avec une proportion de 5,7% en métropole. Cette proportion élevée de diabétiques n’est pas une surprise car elle va dans le sens d’observations déjà faites sur la population d’outre-mer. Cette situation pourrait être due à des « mécanismes physiopathologiques spécifiques du diabète de type 2 dans ces territoires », avancent les auteurs de l’étude. Ces mécanismes pourraient favoriser un risque de diabète chez un individu au poids relativement peu élevé, ce qui n’est pas le cas chez les habitants d’autres régions comme en métropole. Les auteurs pointent par ailleurs le manque de suivi médical des habitants d’outremer, que ce soient des niveaux de glycémie mal contrôlés ou, une fois le diabète déclaré, un traitement absent ou inadéquat.