Réactions politiques à la constitution du gouvernement Attal

La droite et la gauche critiquent les choix de Gabriel Attal et Macron

Elu à gauche, Macron,
entouré de ministres de droite:
Le Maire, Vautrin et Lecornu

Les premiers noms du nouveau gouvernement de Gabriel Attal sortis du chapeau de Macron ont été annoncés jeudi.

En faisant le choix de composer un gouvernement resserré mais aussi plus politique, sans femmes aux postes régaliens ni aucune pioche dans la société civile ou ultra-marine et penchant plus à droite que par le passé, Macron et Attal ont déclenché les critiques à gauche comme à droite, des féministes et de la diversité ou des entrepreneurs.

Alors que des ministres délégués et des secrétaires d’Etat doivent encore être greffés aux quinze nommés formant le noyau dur, dans l’attente d’un ministre des transports et d’un ministre du logement, un premier Conseil des ministres se tient ce vendredi à l’Elysée à partir de 11 heures, après deux semaines blanches.

La gauche ironise sur le gouvernement « Sarkozy IV »

Sans grande surprise, la gauche critique la formation d’ un gouvernement crypto-Sarkoziste. Constatant que plusieurs ministres ont conservé leur portefeuille, le premier secrétaire du PS Olivier Faure, interrogé jeudi soir, dénonce ainsi « un coup de com’ ». Avant de dénoncer que « la régénération, ce sont tous des ministres issus du gouvernement Sarkozy », à l’image de Rachida Dati qui arrive au ministère de la Culture. La gauche raille ce choix d’une femme issue de l’immigration et symbole d’ascension sociale réussie, la jugeant inappropriée à ce poste, bien que profondément républicaine et sincèrement assimilée. Cette gauche dévoile ainsi son vrai visage, xénophobe et raciste.

La patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, et le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, ont eu tous deux la même expression. Sur X (ex-Twitter), ils ont salué « le gouvernement Sarkozy IV ».

Pour la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, « ce remaniement sent l’agonie de l’entre-soi et une attaque sans précédent de nos droits. Nous les combattrons sans faillir », a-t-elle écrit, dénonçant la « concentration des portefeuilles », la « relégation des femmes » et le « recyclage interminable du premier cercle du monarque ». Quant au député LFI François Ruffin, il estime que « l’alliance des droites est scellée » et appelle à « l’union de la gauche, vite ! ».

Le choix pour l’Education sous le feu des critiques

Outre que certains dénoncent un pouvoir qui se droitise, à l’image de la population, d’autres critiquent aussi les choix faits pour obtenir un gouvernement resserré, au prix de la création de ministères aux compétences très élargies. L’une des principales cibles des critiques à cet égard est le choix de d’Amélie Oudéa-Castéra au poste de ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques, même si, invité du 20H de TF1, Gabriel Attal a souligné la « synergie » des Sports et de l’Education, dont a hérité Amélie Oudéa-Castéra, bien que l’EPS soit l’un des parents pauvres de l’école. Et à la différence du prédécesseur d’ Oudéa-Castéra, Attal a été député et, à l’Assemblée, il a été membre de la commission des Affaires culturelles et de l’Education et rapporteur duprojet de loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE).

« Macron méprise tellement l’Education nationale qu’après y avoir placé un pur produit du privé, il y nomme la ministre des Sports, qui n’a rien de moins que les JO 2024 à organiser », a ainsi fustigé sur X Mathilde Panot. « La Macronie rabougrie ne se donne même plus la peine de faire semblant. »

Après l’annonce de cette nomination, les syndicats d’enseignants se disent entre « colère » et « inquiétude » et reprochent au gouvernement de faire passer l’éducation « au second plan ». La FSU déplore être dotée d’une ministre à mi-temps.

La droite partagée

A droite, les réactions sont plus partagées, oscillant entre une certaine reconnaissance et la critique que suscite l’arrivée de Rachida Dati qui a été, dans la foulée de sa nomination, exclue de LR par Eric Ciotti.

Si le porte-parole des Républicains, Guilhem Carayon, soutient sans surprise une exclusion justifiée par la clarté et la cohérence, en revanche, Franck Louvrier, le maire LR de La Baule et ancien responsable de la communication de Nicolas Sarkozy, affiche sa satisfaction. « Bien évidemment que je ne suis pas d’accord avec son exclusion. Les Républicains continuent de s’isoler et vont finir dans une cabine téléphonique si ça continue », réagit-il, y voyant « peut-être aussi l’annonce d’une prochaine majorité de droite et du centre pour l’avenir », sans soupçonner la tentative de Macron de déstabiliser LR et d’en faire pour la présidentielle de 2027 un parti satellite, en lieu et place du MoDem, grand perdant du changement de gouvernement.

Du côté de la droite nationaliste, les réactions sont aussi partagées. Le RN dénonce ainsi un « jeu de chaises musicales où les ministres retombent sur le même siège » et un « remaniement sans changement », comme l’a résumé sur X Laure Lavalette, porte-parole du RN à l’Assemblée nationale.

De son côté, le président de Reconquête, Eric Zemmour, a ironisé, soulignant qu’il « y aura bientôt plus d’électeurs des Républicains chez Reconquête qu’aux Républicains. » Avant d’ajouter que « nous accueillons ces Français sincères avec joie ».

Amertumes suscitées par l’absence de nomination au ministère du Logement

Enfin, gouvernement resserré oblige, certains ministères ont disparu de la scène. C’est le cas du Logement, ce qui a suscité de nombreuses réactions d’incompréhension jeudi soir, alors que ce secteur connaît une grave crise en France. « Je déplore l’absence d’un ministre du Logement de plein exercice, doté des moyens nécessaires pour lutter contre la crise dure qui pèse sur nos concitoyens et menace l’emploi », a ainsi tweeté Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui fédère les acteurs du logement social.

A l’extrême gauche, le député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu (PCF) a tweeté : « Incroyable d’inconséquence ! » et évoque « une déconnexion totale avec la réalité ». « A nouveau, le ministère du Logement passe à la trappe. Ce devrait être la priorité des priorités, et ce remaniement l’oublie », a également tweeté le député écologiste Julien Bayou.