« Convoi de l’eau » : le Conseil d’Etat a-t-il conforté la désobéissance civile?

Le Conseil d’Etat est-il infiltré ?

Un cortège de militants à vélo ou en tracteurs s’élance, ce vendredi 18 août de Lezay (Deux-Sèvres), pour dénoncer les projets de méga-bassines. C’est la première manifestation d’ampleur depuis les évènements du 25 mars, qui ont poussé Gérald Darmanin à demander la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre. Un acte qui, paradoxalement, a fait tourner le vent en faveur des partisans de la désobéissance civile.

Pendant huit jours, entre 300 et des milliers de personnes sont attendues sur les différentes étapes du parcours du convoi de l’eau jusqu’à l’arrivée le 25 août à Orléans. Ensuite, direction Paris pour « un final surprise » entre le 26 et le 27 août. L’objectif est d’obtenir un « moratoire sur les méga-bassines dans l’ensemble du pays » et la mise en place de projets « qui assurent le partage de l’eau et une agriculture qui protège les sols, les nappes et les cours d’eau ».

Ils sont nombreux derrière cette initiative : les comités locaux du collectif Bassine Non Merci, la Confédération Paysanne, mais aussi… Les Soulèvements de la Terre, partie prenante au départ, avant une mise en retrait forcée.

« Face à la tentative de dissolution, le maintien de la manifestation a d’autant plus de sens »

L’idée d’un « convoi de l’eau » a émergé immédiatement après la manifestation – interdite – de Sainte-Soline qui s’est achevé par de violents affrontements. « Dès le lendemain, il y a eu des échanges sur la nécessité de réinventer notre façon d’agir », explique Benoît Biteau, eurodéputé EELV et militant historique contre ces projets de retenues d’eau.

Mais les stigmates de Sainte-Soline perdurent : deux manifestants sont grièvement blessés et des polémiques éclatent sur la doctrine du maintien de l’ordre et l’intervention des secours. Le 28 mars, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dit sa volonté de dissoudre Les Soulèvements de la Terre qu’il estime être « à l’origine » des violences.

L’annonce de Beauvau ne dissuade pas les militants d’organiser le convoi de l’eau : début juin, la campagne de communication est lancée, en même temps que l’ouverture des inscriptions.

La dissolution effective des Soulèvements de la Terre est finalement prononcée trois mois plus tard, le 21 juin. Le 16 juillet, les Soulèvements de la Terre annoncent leur mise en retrait des organisateurs, « le temps de recours à la procédure de dissolution » qu’ils ont engagée devant le Conseil d’Etat. Mais la mobilisation ne s’essouffle pas, bien au contraire. Le 21 juillet, dans le canal Telegram dédié, les organisateurs martèlent que « face à la tentative de dissolution, le maintien de la manifestation a d’autant plus de sens. »

« Ça nous donne de l’espoir »

Début août, les inscriptions au convoi affichent complet et les organisateurs crient « victoire ». Une plus grande les attend le 11 août : le Conseil d’Etat suspend la procédure de dissolution, estimant que « les actions promues par les Soulèvements de la Terre ayant conduit à des atteintes à des biens, qui se sont inscrites dans les prises de position de ce collectif en faveur d’initiatives de désobéissance civile, dont il revendique le caractère symbolique, ont été… en nombre limité » et donc insuffisantes pour caractériser le trouble à l’ordre public évoqué par Gérald Darmanin.

La dissolution effective des Soulèvements de la Terre est finalement prononcée trois mois plus tard, le 21 juin. Le 16 juillet, les Soulèvements de la Terre annoncent leur mise en retrait des organisateurs, « le temps de recours à la procédure de dissolution » qu’ils ont engagée devant le Conseil d’Etat. Mais la mobilisation ne s’essouffle pas, bien au contraire. Le 21 juillet, dans le canal Telegram dédié, les organisateurs assènent que, « face à la tentative de dissolution, le maintien de la manifestation a d’autant plus de sens. »

Les mouvements de défense de l’environnement exultent. « La décision du Conseil d’Etat est une vraie grande victoire pour la désobéissance civile non violente, parce qu’il la reconnaît plus ou moins comme une forme d’action politique légitime. C’est quelque chose d’assez nouveau », salue Nicolas Turcev, représentant de Dernière Rénovation. Même si une deuxième décision est attendue à l’automne, il assure qu’« évidemment », les militants feront valoir ce premier avis devant la justice. « Ça nous donne de l’espoir pour obtenir d’autres victoires plus grandes », assure-t-il.

Au-delà des militants, les élus de gauche, vent debout contre la dissolution, font la même lecture. Une source écologiste assure que le parti « soutient » le convoi de l’eau, rappelant – dans un lien direct entre la décision du Conseil d’Etat et le mode d’action des activistes — qu’« en plus, les Soulèvements de la Terre sont légaux ».

« Si le ministre de l’Intérieur continue de vouloir insister sur cette voie-là, ils vont vraiment perdre en crédibilité » (Benoît Biteau, eurodéputé EELV)

Les soutiens du convoi de l’eau sont d’autant plus tranquilles que, contrairement à Sainte-Soline, le mouvement a été déclaré et autorisé presque partout, à l’exception de Sainte-Soline et Rom, localité voisine jugée trop proches de la zone des réserves d’eau. Les préfectures des Deux-Sèvres et de la Vienne vont recourir à des drones et des aéronefs pour la « sécurisation » du convoi. Mais selon une source sécuritaire, l’événement s’apparente à « un rendez-vous familial (…) plutôt qu’une véritable démonstration de force même si les organisateurs annoncent eux-mêmes quelques surprises ».

Diffuseur de messages contre le port du masque pendant la pandémie de Covid-19 et dénonçant la nature vaccinale des injections contre le virus, Benoît Biteau, conseiller du candidat Yannick Jzdot à la présidentielle, sera au départ du convoi, tout comme les élus locaux et départementaux. Interrogé sur le dispositif policier, il dit « espérer » qu’il ne sera pas démesuré. « Monsieur Darmanin a intérêt à faire profil bas maintenant. Tout ce qu’il a raconté sur les Soulèvement de la Terre se révèle parfaitement faux » . Et l’eurodéputé d’ajouter : « s’il continue de vouloir insister sur cette voie-là, ils vont vraiment perdre en crédibilité. Après, ça nous permettra de gagner encore plus confortablement le recours sur le fond. » 

« Ligue de Défense noire africaine »: procédure lancée de dissolution

Gérald Darmanin se décide à dissoudre cette milice victimaire

La Ligue de Défense Noire Africaine (LDNA) s’est distinguée par des offensives violentes

Gérald Darmanin a demandé la dissolution de la Ligue de Défense Noire Africaine (LDNA), a annoncé le ministre de l’Intérieur.

«Les discours de cette structure raciste appellent à la haine et à la discrimination. Ses actions causent des troubles à l’ordre public, comme ce week-end à Val-de-Rueil», s’est justifié le membre du gouvernement sur le réseau social Twitter.

Il réagit ainsi aux violences physiques et matérielles contre des symboles républicains intervenus samedi, dans cette ville de l’Eure, dans le canton des Andelys.

Or, ce canton et ce département sont ceux de Sébastien Lecornu, lequel y a été président du Conseil départemental, avant de devenir ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, et actuellement ministre des… Outre-Mer, ce qui a, semble-t-il, échappé aux journalistes partisans de gauche ou serviles (Patrick Cohen, Jean-Michel Aphatie, Thomas Legrand, Benjamin Duhamel, Nicolas Demorand, Bruce Toussaint, Laurent Neumann et Thomas Sotto ou Léa Salamé et Natacha Polony), dont leurs chaînes nous assurent de leurs « éclairages » !

Une cinquantaine d’extrémistes décoloniaux anti-Blanc, voire une centaine, selon les sources et d’une semaine à l’autre, ont fait intrusion par la force dans la mairie, dont ces machos noirs ont fracassé une porte pour s’en prendre au maire, ainsi qu’à une femme, une de ses adjointes, qu’ils ont bousculée. Des activistes anti-racistes racisés qui étaient venus manifester à l’appel de la Ligue de Défense Noire Africaine.

Or, ce n’est pas la première fois que le mouvement exerce des intimidations et des violences. Ces derniers mois, il a notamment été à l’initiative de plusieurs manifestations panafricaines, à chaque fois interdites par les autorités, pour dénoncer une soi-disant « négrophobie » ou appeler à «l’émancipation de l’Afrique» (en France ?).

Des poursuites pour viol ont également conduit à la condamnation (à 7 ans en 2014 -> 2021 ?) de son président.

Dernièrement, alors que la procédure de dissolution de Génération identitaire était lancée, David Rachline, le maire RN de Fréjus (Var) avait interpellé Gérald Darmanin au sujet de la Ligue de Défense Noire Africaine.

En janvier 2021, Rachline avait placé Gérald Darmanin devant ses responsabilités, soulignant que le ministre « veut la dissolution de #GenerationIdentitaire ! Et la LDNA (Ligue de défense noire africaine) qui qualifiait il y a peu les militaires Français morts au Mali de’’terroristes’’ vous comptez la dissoudre ? Ou bien vous faites juste de la communication politique ? », avait tweeté le maire ré-élu de Fréjus.

Il aura fallu neuf mois et une nouvelle demande de dissolution réclamée par Julien Odoul, autre membre du Rassemblement national, ce matin sur CNews, pour que Macron pousse Darmanin à l’action.

Paris: des ultra de gauche vont à l’affrontement avec Génération identitaire

Forte de la condamnation de GI par Darmanin, l’extrême gauche va au contact des manifestants

L’ultra gauche avait organisé une contre-manifestation
où le gilet jaune Jérôme Rodrigues a été brièvement interpellé.

Plusieurs centaines de militants se sont rassemblées, ce samedi 20 février sur la place Denfert-Rochereau à Paris, pour protester contre la dissolution annoncée du mouvement Génération identitaire, classé à l’extrême droite pacifiste.

Réclamée de longue date par plusieurs associations de gauche, qui soutiennent en revanche ‘Extinction rebellion’ (XR, mouvement social écologiste international qui revendique l’usage de la désobéissance civile) , La Horde (Réseau d’étude, de formation et de lutte contre l’extrême droite et la xénophobie (REFLEXes) est un « mouvement « antifasciste » radical », accusés par la CNT-AIT et un article d’Indymedia d’avoir des liens avec les services de police), ‘Génération ingouvernable’ (activistes anti-républicains refusant le vote et les « solutions miracle » et revendiquant l’’autodétermination) ou ‘La Fabrique’ (éditions anti-capitalistes), elle a été annoncée le 13 février par Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur. Le RN, qui n’était pas officiellement représenté à la manifestation, avait dénoncé le 14 février, une décision “politique” et “une dangereuse atteinte aux libertés fondamentales”.

“La décision de dissoudre Génération identitaire ne tient pas la route. A aucun moment, ils n’ont violé la loi. C’est de la gesticulation politique”, a déclaré Patrick Hays, vice-président de l’“Institution Jean-Marie Le Pen” toujours en cours de création. Patrick Hays, qui représentait Jean-Marie Le Pen dans la manifestation, estime que “2000 personnes” étaient présentes sur la place, ceinturée par les forces de police et un service d’ordre très visibles, du fait de l’annonce de la contre-manifestation d’une gauche offensive. Les chiffres de la Préfecture de police n’étaient pas encore disponibles à 17h30.

Le HuffPost diffuse un reportage partisan,
au côté des manifestants violents de la gauche ultra

“On est chez nous!”

Des manifestants scandaient “On est chez nous!”, d’autres arboraient des pancartes “Dissous car identitaire”, alors que certains portaient des casquettes avec le slogan “Make America Great Again”, semblables à celles portées lors de la campagne de Donald Trump aux Etats-Unis.

A la tribune, les orateurs ont “remercié” entre autres le essayiste Eric “Zemmour de défendre nos idées”, ainsi que l’ancienne députée FN, Marion Maréchal, pour son soutien.

Militants de Génération identitaire (Place Denfert-Rochereau, Paris
20 février 2921)

Les décisions de justice l’attestent,“à aucun moment, Génération Identitaire n’a violé la loi. C’est totalement illogique de les dissoudre et c’est un risque en terme de liberté d’expression”, a fait valoir Jean-Frédéric Poisson, qui avait participé à la primaire de la droite en 2017 et qui a succédé à Christine Boutin (ex-présidente du parti Chrétien-démocrate et ex-ministre du Logement de 2007 à 2009) à la tête d’un nouveau parti, ‘VIA, la voie du peuple’ (2013).

Si Génération Identitaire est dissous, eh bien demain, n’importe quel mouvement d’opposition pourra être dissous au bon vouloir du pouvoir. C’est extrêmement problématique ça s’appelle la tyrannie”, a souligné Florian Philippot (les Patriotes), et ex-membre du RN.

Jérôme Rodrigues, figure des “Gilets jaunes”, placé en garde à vue quelques heures

A la même heure, dans le quartier de Montparnasse, a moins d’un kilomètre de là, une centaine de manifestants étaient rassemblée à l’appel des révolutionnaires trotskistes de l’Union syndicale Solidaires Paris (SUD), dont la représentativité est faible (3,47 % en 2013), notamment, avec pour mot d’ordre la “riposte antifasciste sociale”.

Ce rassemblement des amis d’Olivier Besancenot et Mediapart avait été interdit par la préfecture de police, au motif que le rassemblement a été déclaré “hors délai”.

Jérôme Rodrigues, l’un des animateurs du mouvement des Gilets jaunes, présent parmi les activistes ultra, a été interpellé et détenu pendant la durée de la manifestation.

LAMEUTE.INFO

Vers 14h30, la police a demandé aux manifestants de libérer la place, juste après que Jérôme Rodrigues a été interpellé, selon un photoreporter non agréé par la profession. Des militants “antifa” ont alors tenté de provoquer le rassemblement de Génération Identitaire: arrivé au contact malgré les forces de police, ils ont créé sur place un bref moment de tension avec les pacifistes. 

Le tweet ci-dessous est publié par le collectif de La Meute, mouvement de gauche ultra

Propagande de ces « antifa » : Depuis 2011, le Collectif de la Meute rassemble des individus qui ont le désir d’inventer en groupe, de mettre en mouvement leurs idées et leurs rêves.
Basé à Douarnenez, il met en place des projets à la croisée des disciplines et des collaborations (architecture, danse, arts plastiques, vidéos) dans une démarche créatrice axées sur l’interrogation de l’espace public.
Fortement ancré au territoire du Finistère, le Collectif de la Meute n’est pas moins par essence nomade. Cette dimension ouverte trouve son incarnation spontanée dans la création de la Bulle d’Air, architecture gonflable mobile et base naturelle à partir de laquelle toutes expériences, rencontres et les ramifications expérimentales sont possibles.
Le Collectif de la Meute affiche haut et fort une volonté fédératrice : le partage des expériences et des idées, le croisement des gestes et des regards, s’affichent comme des désirs nécessaires.
​Merci aux techniciens, amis, familles et tous les aventuriers passés, présents et à venir.​
Nous sommes soutenus par la ville de Douarnenez [LR depuis 2008] , le conseil départemental du Finistère [PS] et par la région Bretagne [PS].

La garde à vue du “chef de rébellion” Jérôme Rodrigues a été levée en fin d’après-midi, a indiqué le Parquet de Paris, précisant que “les investigations se poursuivent”. L’avocat Arié Alimi a ensuite indiqué sur Twitter qu’elle avait duré “trois heures et demie”, annonçant également qu’“une plainte a été déposée”.

24 personnes en garde à vue

“C’est scandaleux d’avoir interdit un pauvre rassemblement pacifique comme le nôtre, il y a plus de forces de l’ordre que de manifestants alors que là-bas les néonazis manifestent tranquillement”,  s’est victimisée une contre-manifestante de 36 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille et qui juge « républicain » d’aller à l’affrontement « en marge » (bien sûr) d’une manifestation interdite.

A 18h30, “24 personnes avaient été placées en garde à vue en marge des manifestations de ce jour”, a annoncé le Parquet de Paris, donnant à penser que des pacifistes de la manifestation autorisée auraient pu être interpellés.

Créé en 2012, Génération identitaire, dont le siège historique est installé à Lyon, revendique 2800 adhérents mais le nombre de ses militants et sympathisants est plutôt estimé « par les spécialistes » (anonymes) à 800 « tout au plus », selon la presse du Groupe Le Monde. Pas de quoi faire tout un pataquès, donc!

Le 26 janvier, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’était dit “scandalisé” par une opération anti-migrants clandestins, une simple sensibilisation médiatique et pacifiste, de Génération identitaire dans les Pyrénées. Le 13 février, Gérald Darmanin a annoncé avoir pourtant engagé la procédure de dissolution du groupe, donnant 10 jours à l’organisation pour faire valoir ses arguments.