Guerre en Ukraine: les chefs de la diplomatie des Etats-Unis et de la Russie se sont entretenus pour la première fois depuis le conflit

Typiquement, l’Ukraine, simple prétexte, n’était pas invitée…

Blinken et Lavrov

Les chefs de la diplomatie des Etats-Unis et de la Russie se sont entretenus vendredi pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, décrivant une discussion « franche » notamment au sujet de prisonniers américains détenus par Moscou. A. Blinken avait annoncé mercredi qu’il prévoyait de contacter son homologue russe Sergueï Lavrov pour discuter d’une offre des Etats-Unis pour libérer la basketteuse Brittney Griner et l’ex-soldat Paul Whelan.

Il pourrait s’agir d’un échange contre Viktor Bout, un trafiquant d’armes russe emprisonné aux Etats-Unis.

« Nous avons eu une discussion franche et directe », a déclaré le secrétaire d’Etat américain au cours d’une conférence de presse. « J’ai appelé le Kremlin à accepter l’offre conséquente que nous leur avons faite » concernant Paul Whelan et Brittney Griner.

Brittney Griner, star internationale de basket, est détenue depuis février en Russie. Elle a été arrêtée en possession d’un liquide de vapoteuse à base de cannabis.

Paul Whelan, ancien responsable de la sécurité d’une entreprise de pièces automobiles, emprisonné depuis 2018, continue de clamer son innocence après avoir été condamné à 16 ans de détention en Russie pour espionnage.

« Je ne peux pas vous dire si je pense que les choses sont plus ou moins probables », a-t-il dit. « Mais il était important qu’il l’entende directement. »

Les Russes refusent une diplomatie médiatisée

Blinken n’a pas souhaité décrire la réaction de Lavrov à cette proposition. De son côté, la diplomatie russe a indiqué que Les deux ministres ont « échangé leurs avis sur le problème des relations bilatérales qui ont besoin fortement d’être normalisées ».

« En ce qui concerne un éventuel échange de prisonniers russes et américains, la partie russe a insisté pour qu’on revienne au régime d’un dialogue professionnel, libre des spéculations médiatiques, dans le cadre d’une +diplomatie discrète+ », a-t-elle dit dans un communiqué.

S. Lavrov a également dénoncé la poursuite de la livraison « d’armes américaines et par l’OTAN aux forces armées ukrainiennes et aux bataillons nationalistes. Elles sont utilisées largement contre la population civile, en prolongeant l’agonie du régime de Kiev, en faisant durer le conflit et en multipliant les victimes », souligne la diplomatie russe.

Croyant pouvoir parler au nom de la société internationale, Blinken a estimé auprès de Lavrov que le monde ne reconnaîtra « jamais » l’annexion de territoires ukrainiens par la Russie. « Il était très important que les Russes entendent directement de notre part que cela ne sera pas accepté et, non seulement cela ne sera pas accepté, mais cela entraînera des coûts supplémentaires importants imposés à la Russie », a-t-il déclaré.

Le responsable américain a aussi accusé la Russie de préparer des « référendums truqués » pour tenter de « démontrer faussement » que les personnes vivant dans ces territoires ukrainiens « cherchent à faire partie de la Russie ».

Blinken a également exhorté Moscou à honorer l’accord sur les céréales ukrainiennes bloquées dans des ports d’Ukraine et négocié avec l’aide de la Turquie.

La dernière conversation téléphonique entre les deux hommes remontait au 15 février, quand l’arrogant Blinken avait mis la Russie en garde contre une invasion de l’Ukraine sous influence occidentale, à la fois européenne et américaine: Joe Biden tentait pourtant de s’assurer un poste avancé en Ukraine à la frontière russe. Leur dernière rencontre en personne date du 21 janvier, lorsque les deux hommes s’étaient retrouvés à Genève.

Né d’une mère juive, ancien élève de l’Ecole Jeannine-Manuel à Paris, comme Jean-François Copé, Charlotte Gainsbourg ou Louis Sarkozy, Blinken a soigneusement évité Lavrov, un diplomate chevronné connu pour son esprit vif et mordant, lors de la dernière réunion du G20 début juillet à Bali.