« Voter Reconquête, c’est choisir l’antidote au poison islamogauchiste de LFI » (Marion Maréchal)

Un entretien de la tête de liste Reconquête avec le JDD

A une semaine des élections européennes, la candidate de Reconquête durcit encore son discours et concentre ses derniers coups sur LFI et LR.

Le JDD. A quoi ressemblera la dernière semaine de campagne européenne de Marion Maréchal ?

Marion Maréchal. Aux quarante-deux semaines de campagne précédentes ! Je continuerai à porter le projet d’une Europe au service de notre civilisation : qui protège ses frontières, qui nous arme et défend nos entreprises dans la guerre économique, qui soutient ses paysans, la natalité, qui préfère une écologie de l’adaptation, de l’innovation et de l’incitation, qui résiste face à l’islamisation du continent.

Dans cette campagne, La France insoumise semble être la seule force politique qui s’attache activement à rallier les abstentionnistes – en l’occurrence, les banlieues. Comment expliquez-vous cette stratégie ?

Nous faisons le même constat : en France, il y a désormais deux peuples, et une civilisation islamique est progressivement en train de se substituer à la nôtre. LFI et Jean-Luc Mélenchon parlent de « créolisation » et trouvent ça formidable. Nous appelons ça le grand remplacement, et nous disons que c’est un drame. Ils voient dans ce remplacement une opportunité électorale, nous y voyons une menace vitale.

Est-ce seulement un pari électoral ?

Qui en doute ? Le grand basculement islamogauchiste de LFI s’est produit en 2019, lorsque Mélenchon et les siens ont marché aux côtés des islamistes. Et depuis, ça n’a jamais cessé ! On le voit aujourd’hui dans leur calcul électoral cynique et dangereux autour du conflit israélo-palestinien.

Vous pensez au drapeau palestinien à l’Assemblée ou encore à Rima Hassan ?

Quand Rima Hassan souffle sur les braises du ressentiment des Algériens envers la France, quand elle appelle à marcher sur l’ambassade d’Israël, à saboter TF1, et menace même l’Élysée, je suis pour ma part certaine d’une chose : ils savent très bien ce qu’ils font. Je considère que LFI est devenu le poison de la démocratie française. C’est un parti dangereux : l’agitation et la haine entretenues par LFI sont une menace pour la paix civile dans notre pays, pour les Français et en particulier pour nos compatriotes juifs, bien sûr. Face à ce poison islamogauchiste, c’est Reconquête qui est l’antidote. La défaite de Macron aux européennes est déjà largement acquise ; en votant pour notre liste le 9 juin, les électeurs de droite peuvent aussi battre Mélenchon et LFI !

Plusieurs plaintes ont été déposées contre vous suite à vos commentaires sur le Festival de Cannes et le prix d’interprétation féminine décerné à une actrice transgenre. Est-ce que vous maintenez vos propos ?

Ces plaintes ne visent qu’un objectif militant : museler la parole et tordre le réel. Moi, j’assume de dire la vérité et de décrire le réel. J’assume de ne pas me coucher devant la gauche morale, l’idéologie du genre et les activistes LGBT (que je ne confonds pas d’ailleurs avec les homosexuels qui vivent leur intimité sans en faire un étendard politique). Je refuse la déconstruction de tous nos repères, je refuse la confusion des sexes, je refuse l’effacement des femmes et des mères. Je refuse que mes deux filles grandissent dans un monde où plus rien n’a de sens.

Sur France Inter, face à une question concernant les divergences entre votre conception de la famille et celle du maréchal Pétain, vous avez évoqué la privatisation de l’audiovisuel public. Y êtes-vous favorable ?

Oui. En ce moment même, les Français remplissent leur déclaration d’impôt. Ont-ils vraiment envie de continuer à payer pour un service public audiovisuel devenu le bastion de la gauche la plus caricaturale ? L’émission dont vous parlez est la matinale radio la plus écoutée de France : est-ce que la question de la famille, de la natalité, c’est-à-dire de l’avenir de notre pays, ne méritait pas mieux que ça ? Alors qu’une récente étude de l’Institut Thomas-More démontre le biais politique évident dans l’audiovisuel public, que la directrice de France Inter déclarait elle-même dans Le Figaro voici un mois : « Les faits, c’est que nous sommes une radio progressiste, et nous l’assumons », je pense en effet qu’il est grand temps que ces gens « assument » sans que les impôts des Français financent leur militantisme. On économisera 4 milliards d’euros !

Aujourd’hui, vous êtes entre 6 et 8 % dans les sondages, en concurrence avec François-Xavier Bellamy. Pourquoi les électeurs de droite devraient-ils vous choisir vous ?

Les électeurs de droite souhaitent-ils être trahis une énième fois par LR, dont les principaux dirigeants préparent des accords gouvernementaux avec les macronistes ou une candidature unique en 2027 ? Je parle de Gérard Larcher bien sûr, mais aussi de Valérie Pécresse, que M. Bellamy a soutenue et avec qui il était encore en meeting cette semaine. Veulent-ils continuer avec un parti qui fournit des nouveaux ministres à Macron à chaque remaniement ? Veulent-ils voter pour un parti qui, au niveau européen, fait partie de la grande alliance cogérant l’Union européenne avec les socialistes et les macronistes, derrière Ursula von der Leyen ? Les électeurs de droite veulent-ils voter pour des candidates, en bonnes places sur la liste LR, comme Anne Sander ou Nathalie Collin, qui se sont affichées avec des organisations islamistes, ou pour Nadine Morano, qui est favorable à la GPA ? S’ils refusent tout cela, s’ils en ont assez des reniements et des compromissions, alors je leur propose de choisir des élus qui ne les trahiront pas, en votant pour la liste Reconquête que je conduis.

Des rumeurs disent que vous pourriez quitter Reconquête après les élections. Où continuerez-vous le combat politique ?

J’ai rejoint Eric Zemmour et Reconquête pour bâtir la force de droite qui fait tant défaut aujourd’hui dans notre pays. Je n’ai pas changé d’objectif. Je veux offrir une alternative aux électeurs qui ne veulent plus des trahisons de LR mais ne se retrouvent pas dans le programme du RN, en particulier sur les questions économiques (nous refusons l’assistanat, dénonçons l’enfer fiscal et défendons le sérieux budgétaire), et souhaitent une réponse forte sur la menace civilisationnelle. Voter pour notre liste, renforcer Reconquête, c’est voter pour un parti qui préfère les alliances avec la droite à la soumission à la gauche, c’est non seulement utile sur le plan européen – nous allons jouer un rôle central à Bruxelles avec nos 17 alliés du groupe des Conservateurs – et indispensable dans la politique française. Donner des élus à Reconquête sera bien plus utile qu’un 35e député européen RN. Voter pour notre liste le 9 juin, c’est faire un vote d’avenir pour la France.

Etats généraux de l’information: lancement, enfin, en septembre

Macron nomme un délégué général partisan du comité, Christophe Deloire

Fake news, intelligence artificielle, concentration des media seront au coeur des « Etats généraux de l’information », annoncés pour septembre par l’Elysée après un an d’attente, sous la houlette d’un comité « indépendant » qui rendra ses conclusions d’ici à l’été prochain.

Promesse du candidat Macron, ces états généraux « ne sont pas une réponse à l’actualité », précise Christophe Deloire, le délégué général du comité.

« C’est un processus qui a une visée de long terme », la « question de l’indépendance de l’information » figurant parmi « beaucoup d’autres questions », dit ce président de RSF, en pleine crise au JDD.

Qu’importe, la rédaction du journal dominical, qui entame sa quatrième semaine de grève, a salué l’annonce dans un communiqué, précisant avoir interpellé Macron sur le sujet. Mais ce comité ne serait pourtant pas « une réponse à l’actualité »…

Selon l’Elysée, ces travaux visent à trouver de « nouveaux équilibres » dans un paysage médiatique en pleine mutation et dans un contexte de « défiance globale ». Ils devront ainsi permettre de proposer des actions concrètes qui pourront se déployer au plan national, européen et international, selon le communiqué de l’exécutif. Ambitieux, mais irréaliste et appelé à faire pschiiittt.

Education aux media, sans manichéisme partisan, autre défi hors de portée : « conditions d’exercice du métier de journaliste », modèle économique et régulation du secteur ou encore « rôle des différents acteurs, sur les ingérences et les manipulations » de l’information seront également au menu du machin, selon le communiqué de l’Elysée.

Le comité de pilotage sera présidé par Bruno Lasserre, président de la Cada (commission d’accès aux documents administratifs) et ancien vice-président du Conseil d’Etat, entouré de quatre autre membres, dont la directrice générale adjointe de La Poste et ancienne dirigeante de presse (Libération, Le Nouvel observateur, détenus par le groupe Le Monde, pour preuve de l’impartialité du comité?) Nathalie Collin (accusée de caviardage de son article Wikipédia), la chercheuse Camille François, spécialiste des conflits cyber et des droits numériques en ligne, autrice d’un rapport sur les métavers, et l’inspectrice générale des finances Anne Perrot, spécialiste de la concurrence et de la régulation, Une parité manquée…

Christophe Deloire « officiera à titre personnel comme délégué général » en conservant sa casquette de secrétaire général de Reporters sans frontières, RSF, que « cette mission bénévole n’engagera pas », a précisé l’ONG dans un communiqué.

« Transpartisan » ?

Le comité travaillera par ailleurs en liaison avec la journaliste philippine Maria Ressa, Prix Nobel de la Paix 2021. Son comité a distingué Yasser Arafat ou Barack Obama, choix sulfureux ou discutabkes. Donc partisan : en 2020, déjà en lien avec Reporters sans frontières, Maria Ressa a pu avoir un entretien avec le président de Freedom of the Press, Edward Snowden, informaticien, lanceur d’alerte américano-russe et ancien employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA), qui a révélé l’existence de plusieurs programmes de surveillance de masse américain et britannique.

« Il y avait une demande forte », a estimé Christophe Deloire, alors que la ministre de la Culture Rima Abdul Malak avait évoqué, il y a un an, une ouverture des débats en novembre 2022.

Surtout, le sujet est revenu sur le devant de la scène avec le mouvement des journalistes du JDD, opposés à l’arrivée à leur tête de l’ancien directeur de la rédaction de Valeurs actuelles Geoffroy Lejeune et demandeurs de garanties concernant leur indépendance éditoriale. Mais, encore une fois, sans pression du moment…

De nombreux observateurs voient dans la nomination du journaliste, marqué à l’extrême droite, la main du milliardaire ultra-conservateur Vincent Bolloré, dont le groupe Vivendi doit avaler Lagardère, le propriétaire du JDD, et sauver le journal d’une mort annoncée et, avec lui, ses journalistes non compétitifs, mais susceptibles. A l’instar de ceux du site web crasse LePost, disparu, où brillait le socialiste et conseiller politique d’Arnaud Montebourg, Bruno Roger-Petit, qui a rejoint Macron, comme porte-parole de l’Elysée (qui a foiré l’affaire Benalla), puis « conseiller mémoire » de l’Elysée, chargé de certaines commémorations et futures panthéonisations (la prochaine serait celle de Jane Birkin…)

Dans ce contexte, le sénateur PS David Assouline a déposé mercredi une proposition de loi, soutenue par le groupe socialiste, visant à garantir « l’indépendance des rédactions ».

Malgré la polarisation du débat public, la « question de l’indépendance éditoriale » des rédactions et du droit à l’information sont des enjeux majeurs à « droite, au centre et à gauche », insiste Christophe Deloire, tout en garantissant l’aspect… « transpartisan » gauche-gauche de ces états généraux .

Ce processus sera « beaucoup plus large » que les états généraux de la presse lancés en 2008 sous la présidence de Nicolas Sarkozy pour remédier à la crise du secteur, s’est hasardé Ch. Deloire. Un marronnier ?