Mélenchon s’enfonce dans le communautarisme

Enième symbole du glissement communautariste de LFI, l’abaya

Le parcours de Mélenchon est un virage à 180°: il part de vraiment très loin pour arriver à sa dérive communautariste et séparatiste actuelle:

La VIe République qu’il appelle de ses voeux serait-elle islamique? Il fut un temps où Mélenchon fustigeait l’accoutrement religieux militant, d’où qu’il vienne. Ce temps n’est plus, depuis plusieurs années déjà.

«Comme chaque année, on cherche à inventer une nouvelle polémique pour s’en prendre aux musulmans.» Sur BFM, jeudi, le député Insoumis Manuel Bompard a dénoncé la polémique sur l’abaya, ce vêtement religieux porté par certaines femmes musulmanes, suscitant des crispations ces dernières semaines dans au moins plusieurs lycées du sud de la France. Il a répété le mantra de leur formation politique: la présumée victime aux revendications identitaires minoritaires a raison par principe. Député de Marseille dans l’ancienne circonscription de Jean-Luc Mélenchon, le numéro deux des Insoumis a pointé «un écho médiatique disproportionné». Et insisté: «Les musulmans de ce pays en ont marre de servir de chair à canon médiatique.» «Vous crèverez la gueule ouverte de votre racisme rance», s’est emporté la veille le député LFI de Seine-Saint-Denis, Thomas Portes. Une attaque contre ceux qui sortent «la carte du musulman, de l’étranger», pour distraire de la lutte sociale. «Le Parisien fait sa une sur…la marche contre l’islamophobie de novembre 2019 à laquelle il a participé est considérée – à gros traits, car la CGT, le PCF et des écologistes y étaient aussi – comme un signe de basculement. Son discours en privé, loin des enjeux électoraux des quartiers urbains populaires qu’il drague et qu’il draine, reste-t-il laïc ? A entendre Sophia Chikirou, députée LFI de Paris, très proche de Mélenchon et peu encline aux communautarismes – religieux ou non -, monter au créneau contre le député François Ruffin pour défendre les droits des LGBT et le changement de genre chez les mineurs, on saisit leur sens de l’opportunisme.

Quoi qu’il en soit, la ligne laïque chez LFI, si elle existe encore, est silencieuse. En son temps influent, le député Adrien Quatennens en était. Comme en sont Alexis Corbière ou Raquel Garrido. Député européen, Emmanuel Maurel ne le dira jamais mais s’il a pris ses distances avec LFI pour créer sa formation – la Gauche républicaine et socialiste – avec la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, c’est en partie pour ce changement de cap. « On peut juger qu’il y a une manœuvre de diversion avec l’abaya mais on ne peut pas nier un phénomène d’offensive religieuse rigoriste qui prend diverses formes, dont celle du vêtement, pour imposer une vision de la femme et du monde », admet Maurel, pour qui la radicalisation concerne « tous les monothéismes ». Lienemann pointe sans fard « un islam politique qui cherche sans arrêt à déplacer les lignes de front ». Elle juge les propos de certains chez LFI « dangereusement naïfs, voire bassement électoralistes ». « Pas très astucieux », non plus, vis-à-vis des « catégories populaires qui vivent dans les quartiers et refusent d’être assimilées à ces offensives de l’islam politique ». Ces députés, dit-elle, « contribuent à discréditer la gauche et rendent difficile l’élargissement indispensable à toute reconquête d’une majorité ».

L’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker, qui vient de publier une enquête sur Le Frérisme et ses réseaux (Odile Jacob), va jusqu’à considérer qu’il existe « un deal tacite entre LFI et l’islam frériste, qui a pris en main le vote musulman en jouant sur la peur de l’islamophobie. Tous les partis seraient ainsi hostiles aux musulmans, excepté les Insoumis. » Dans l’affaire de l’abaya, elle voit chez LFI « la défense d’une spécificité culturelle » quand il s’agit, dit-elle, « d’une revendication d’ordre religieux ». « Ils ne se rendent pas compte qu’ils jouent le jeu de théocrates qui auront raison d’eux à la fin, prévient l’anthropologue. En Iran, dans les années 1970, c’est la gauche révolutionnaire qui a actionné le mouvement avant d’être pendue par les mollahs. » »

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Réforme des retraites : le Sénat vote la fin progressive de quelques régimes spéciaux

Cinq sur quarante-deux: il en reste trente-sept pour l’Assemblée, dont celui des parlementaires

Première disposition forte du texte, elle prévoit la mise en extinction progressive des principaux régimes spéciaux de retraites : celui de la RATP, celui des industries électriques et gazières (IEG), celui des clercs et employés de notaire, celui de la Banque de France, et le régime du Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Selon les termes de l’article, les personnes recrutées à partir du 1er septembre 2023 seront affiliées au régime général des retraites. C’est la fameuse clause du grand-père. « Nous considérons que la fermeture des régimes spéciaux est une question d’équité », a fait savoir le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

L’article 1 du projet de loi de réforme des retraites, qui propose la mise en extinction des principaux régimes spéciaux de retraite, a été adopté par les sénateurs, ce 4 mars.

Au terme de trois jours de bras de fer et d’une longue séance marquée par l’examen fastidieux de plus de 300 amendements de l’opposition de gauche, la majorité sénatoriale de droite et du centre a adopté en première lecture l’article 1er du projet de loi, par 233 voix pour et 99 contre.

#Retraites : le Sénat vote l’extinction de cinq régimes spéciaux (RATP, IEG, Banque de France, Cese et clercs de notaires), par 233 voix pour et 99 voix contre#directSénat pic.twitter.com/7aTy1FZ72g— Public Sénat (@publicsenat) March 4, 2023

« Prolixes pour certains, patients pour d’autres »

Du début de la matinée jusqu’à la nuit, les groupes de gauche ont bataillé pour contester les premières mesures du projet de loi, qu’ils ont qualifié de « stratégie de diversion » ou de mesures « démagogiques ». Près de 350 amendements des socialistes, des communistes et des écologistes, étaient en discussion. Les parlementaires de la gauche du Sénat ont enchaîné les prises de parole, tantôt pour défendre des amendements de suppression, tantôt pour retarder l’entrée en application des dispositions, en multipliant tous les calendriers possibles. Comme la veille, les membres de la majorité sénatoriale de droite et du centre sont restés en réaction sur leur ligne de conduite, déjà éprouvée la veille, à savoir : rendre aussi rare que possible leurs interventions pour ne pas rallonger la durée des débats.

Malgré la récurrence des argumentations qui a souvent viré au monologue, l’ambiance est restée courtoise et sereine. « Je vous remercie tous d’avoir été nombreux, prolixes pour certains, patients pour d’autres. Enfin… ça nous a permis d’avoir un débat », a même conclu dans la légèreté Gérard Larcher, à la seconde coupure de la séance, à 20 heures.

« Monsieur le ministre, vous avez décidé de bordéliser un secteur majeur de notre souveraineté énergétique »

Au gré de leurs interventions, les sénateurs de gauche ont défendu l’idée que les différents régimes spéciaux découlaient d’anciens acquis sociaux, pouvant compenser la pénibilité des métiers concernés. « Je vous invite à prendre un bus de la RATP », a par exemple enjoint la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (rattachée au groupe communiste) vers les bancs de droite et du gouvernement. Beaucoup de sénateurs dans la gauche de l’hémicycle se sont inquiétés des conséquences du projet de loi sur l’attractivité de ces métiers. La RATP, pour ne citer qu’elle, fait face à des difficultés de pénurie de main-d’œuvre depuis plusieurs mois. L’argument n’a pas convaincu la rapporteure Elisabeth Doineau (Union centriste). « Malgré un régime de retraite spécial à la RATP il y a un problème de recrutement d’agents », a-t-elle soulevé.

Au moment des discussions sur la fin du régime de retraite spécial pour les nouveaux entrants des industries électriques et gazières, la gauche a également mentionné la crise énergétique que traversait la France. « Monsieur le ministre, pour reprendre une expression consacrée par l’un de vos collègues, vous avez décidé de bordéliser un secteur majeur de notre souveraineté énergétique », s’est écrié le président du groupe socialiste Patrick Kanner. En référence aux propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui reprochait fin janvier à la NUPES, de ne chercher « qu’à bordéliser le pays ».