La fonderie MBF Aluminium liquidée dans le Jura

284 salariés sont privés d’emplois entre les deux tours des régionales.

Le tribunal de commerce de Dijon a prononcé la liquidation judiciaire de la fonderie MBF Aluminium installée à Saint-Claude (Jura). 284 salariés sont privés d’emplois.

Après des mois de mobilisation, les salariés de la fonderie MBF Aluminium ont pris connaissance de la décision du tribunal de commerce de Dijon, en Côte-d’Or. Mardi 22 juin, il a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise. En fermant l’usine, la justice entraîne le licenciement de 284 salariés.

Renault et Peugeot délocalisent
en dépit de Macron, président inaudible, qui avait promis, dans l’épidémie de Covid-19, de relocaliser

Le 28 août dernier, en déplacement chez le groupe pharmaceutique Seqens, Macron avait annoncé 15 milliards d’euros pour la relocalisation dans le plan de relance. Ils seraient consacrés à l’innovation et à la relocalisation industrielle. Mais cette nouvelle fonderie n’est pas innovante et les drames humains ne suscitent aucune compassion dans la macronie… A Paris, on est content avec un « accompagnement social » des licenciés: combien d’entre eux la majorité présidentielle laissera-t-elle une deuxième fois sur le bord de la route ?

Depuis le 4 novembre 2020, le site était en redressement judiciaire tandis que les candidats à la reprise ont bénéficié de délais supplémentaires pour affiner leur offre. Le plan de reprise de l’entrepreneur lyonnais Mikaël Azoulay qui prévoyait de maintenir 210 salariés a été écarté. « Cette offre permettait de ne pas mourir mais elle n’a pas suffi » regrette Nail Yalcin, délégué syndical CGT.

« On n’a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues. (Koray Sukran, délégué syndical SUD de l’usine MBF Aluminium)

Le tribunal a opté pour la liquidation du fait du manque de trésorerie de la fonderie, bien que le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ait voté une aide de 500 000 euros en ce sens pour payer les salaires et donner un délai supplémentaire au candidat à la reprise.

Lien Le Monde: Renault met en vente la Fonderie de Bretagne, les salariés « ne se laisseront pas faire »

Des salariés « dépités » (France 3 Bourgogne-Franche Comté)

Dépités? Vendredi 21 mai, les salariés de la fonderie MBF Aluminium avaient menacé de faire sauter leur entreprise à Saint-Claude dans le Jura. LIEN

« Les salariés de la fonderie MBF Aluminium menacent de faire sauter leur entreprise à Saint-Claude dans le Jura.

Pour sauver leur entreprise, les salariés de MBF Aluminium avaient déjà lancé une grève de la faim. Ce vendredi 21 mai, ils ont installé des bouteilles de gaz et d’oxygène dans leur usine, à Saint-Claude dans le Jura. Ils menacent de la faire sauter si l’offre du seul repreneur n’est pas acceptée.

Voilà des semaines qu’ils se mobilisent, enchaînant les actions, pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le sort de leur fonderie, qui emploie 280 personnes, et qui est sérieusement menacée de fermeture. Ce vendredi 21 mai, des salariés de MBF Aluminum, à Saint-Claude dans le Jura, ont disposé des bouteilles d’oxygène et de gaz dans leur usine. Alors que le tribunal de commerce de Dijon s’est donné jusqu’au 25 mai pour se prononcer sur l’unique offre de reprise, arrivée tardivement, ils menacent de faire sauter le bâtiment. “On est prêts à tout sacrifier”, affirme Koray Sukran, délégué SUD. “Aujourd’hui, on voit les signaux au rouge”, explique-t-il, “On demande que ça se décante, que les signaux passent au vert, sinon, on reste là”

La fonderie MBF Aluminium liquidée dans le Jura
MBF Aluminium, fabricant de carters de moteurs et d’éléments de boites de vitesse pour le secteur automobile basé à Saint-Claude (Jura).

Au centre de la colère des salariés : le sentiment que le projet de Mickaël Azoulay, le seul à vouloir reprendre la fonderie, n’est pas sérieusement étudié. “ Il est arrivé en disant ‘J’ai une certaine somme’, et là on lui en demande le double, en disant ‘Si vous n’avez pas, ça va coincer’, mais il y a d’autres repreneurs qui avaient beaucoup moins”, s’énerve Koray Sukran. “Sous prétexte qu’il n’a aucune connaissance du milieu, et, je crois, surtout qu’il ferait partir un peu trop de l’encadrement, ça ne va pas”, souffle le représentant dy syndicat révolutionnzire trotskiste. Pour les salariés, si Mickaël Azoulay n’est pas un spécialiste de la fonderie, et que son projet ne sauverait que 229 des 280 emplois, son offre devrait être acceptée. « L’expérience et le professionnalisme, ce sont ceux qui sont dans les ateliers, ceux qui se démènent qui les ont !”. “Même si l’équipe dirigeante ou proche de l’ancienne direction s’en va, la boutique tournera quand même”, affirme Koray Sukran. 

« On n’a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues. »

(Koray Sukran, délégué syndical SUD de l’usine MBF Aluminium)

Le sort de MBF Aluminium doit être scellé ce mardi 25 mai. Les salariés qui occupent l’usine craignent que le tribunal de commerce de Dijon préfère liquider les actifs de l’entreprise, plutôt que de donner une chance au repreneur. Le représentant dénonce “tous les vautours, tous ceux qui veulent faire les fossoyeurs en attendant que MBF se casse la gueule, et qui veulent venir récupérer les outils de production et les murs”.

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Des salariés en grève de la faim 

Depuis une cinquantaine de jours, les salariés de MBF sont largement mobilisés. Ils ont organisé des manifestations, des opérations escargot, un tour de France des fonderies, un blocage de péage, et quatre d’entre eux ont même déjà commencé une grève de la faim. Leurs représentants accusent notamment Stellantis (ex PSA) d’avoir diminué les commandes prévues à leur entreprise, et de les mettre en difficulté. Ces actions visaient notamment à attirer l’attention du gouvernement, actionnaire de Stellantis.

Depuis le mardi 18 mai, quatre salariés mènent donc une grève de la faim. “On a quatre camarades qui risquent leur vie, et apparemment ça ne choque personne”, tacle Koray Sukran, “on ne voulait pas rester inactifs, alors qu’eux risquent leur vie là-bas”. Ils ont d’abord été devant le ministère de l’Economie, en espèrant pouvoir rencontrer Bruno Le Maire. « On pensait qu’avec l’initiative de la grève de la faim, on aurait pu être reçu », explique Naïl Yalcin, représentant CGT et gréviste de la faim, « mais non, ça n’a rien changé, il n’en a rien à foutre ».

Ce vendredi, ils se sont rendus à Nevers, dans la Nièvre, dans l’espoir de rencontrer le président de la République qui y était en déplacement. « On a essayé de voir notre président de l’interpeller » raconte le délégué CGT, « J’ai l’impression qu’il n’y a que le chef de l’Etat qui pourrait demander à Renault et à PSA de garder une filière fonderie en France et MBF dans ce giron-là ». Mais ils ont dû se contenter d’une réunion avec l’un de ses représentants, à la préfecture. « Jusqu’à maintenant, on était dans une logique de construction, de dialogue et de discussion. Mais s’il faut en arriver là, ben on y arrive. »

Après la grève de la faim de plusieurs salariés pour attirer l’attention du président de la République et du premier ministre, un entretien avec le ministre de l’Economie n’a pas non plus abouti au soutien politique escompté. « Selon moi, les fonds de l’Etat ne servent à rien et les ministres peuvent se reconvertir en chauffeurs de corbillard », n’hésite pas à dire Nail Yalcin.

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A l’annonce du jugement, les salariés qui s’étaient déplacés à Dijon se sont laissé gagner par la tristesse et la colère en taguant, retournant et incendiant un véhicule siglé MBF Aluminium devant la cité judiciaire. « La colère s’exprime. On privilégie le dialogue depuis 83 jours mais la stratégie opérée est politique. Je suppose qu’il y a eu des discussions entre l’Etat et les constructeurs qui veulent délocaliser en Europe car MBF Aluminium est la troisième fonderie à fermer en quelques semaines. » Lors de l’assemblée générale qui réunira les salariés, le délégué syndical consultera ses collègues et son avocat pour activer tous les leviers à sa disposition. « Il y a toujours un recours possible » conclut Nail Yalcin.

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