Covid-19: les voyageurs venant d’Inde seront soumis à un isolement obligatoire

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Face à la flambée épidémique due à la Covid-19, les voyageurs en provenance d’Inde seront soumis en France à un isolement obligatoire de dix jours, a annoncé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal ce mercredi à l’issue du Conseil de défense sanitaire et du Conseil des ministres.

Le sous-continent indien rejoint ainsi le Brésil, le Chili, l’Argentine et l’Afrique du Sud, concernés par ces restrictions depuis le week-end passé.

« Pour quelques pays où la situation sanitaire est gravissime et particulièrement inquiétante et préoccupante, nous serrons encore la vis« , a indiqué Gabriel Attal.

Contrôles systématisés

« Nous avons décidé ce matin en Conseil de défense d’ajouter l’Inde à la liste de ces pays, selon des modalités qui seront annoncées très prochainement [elles restent à définir…], mais bien évidemment la systématisation des contrôles, notamment via des tests antigéniques à l’arrivée, se met en place dès à présent, et pour le reste le protocole précis et des règles précises seront annoncées prochainement, d’autres pays pourraient compléter cette liste si cela s’avérait nécessaire », a détaillé le secrétaire d’Etat.

Ces mesures consistent en un « renforcement des exigences des tests au départ et à l’arrivée, et un isolement de dix jours pour toute personne arrivant sur notre territoire depuis ces pays« , a-t-il poursuivi.

Les frontières extérieures de l’Union européenne sont fermées depuis près d’un an, mais il est toujours possible pour les ressortissants français, ainsi que les résidents permanents sur le territoire national de revenir en France.

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Dans son allocution sa déclaration du mardi 24, le président a souhaité que « le gouvernement et le Parlement organisent les conditions de l’isolement des personnes contaminées, y compris de manière plus contraignante« , taisant d’éventuelles sanctions ou amendes ou un isolement obligatoire. 

Le groupe Agir! a soulevé la question de la contrainte à l’isolement à imposer aux cas positifs à la Covid-19: cet allié du parti du président à l’Assemblée nationale réclame que leur quarantaine de sept jours soit contrôlée et passible d’une amende de 10.000 euros en cas d’infraction. Le sujet a été repris par des associations et des professionnels de santé.  « Tous ensemble, évitons un nouveau confinement ! », lance le collectif France Assos Santé, qui fédère 85 associations d’usagers de la santé, dans une tribune publiée en ligne par le journal Le Parisien« Mieux vaut une restriction stricte individuelle des déplacements et des contacts, assortie d’une bonne protection de quelques jours, dans un cadre sécurisé, adapté et accepté, qu’un nouveau confinement généralisé et long de toute une population face à des risques collectifs élevés », estiment les signataires en interpellant le Conseil de défense, l’instance gouvernementale qui prend les décisions pour lutter contre l’épidémie.

Cet appel est notamment soutenu par Axel Kahn, le président de la Ligue contre le cancer, et William Dab, ancien Directeur général de la santé (le N.2 du ministère). Les signataires réclament quatre mesures en particulier. D’abord, le « développement des tests de dépistage antigéniques ». Deuxièmement, « la mise en place d’une restriction complète de déplacement et de visite » pour les personnes positives et leurs cas-contacts, « sous contrôle et réduite au temps de la contagiosité (de 7 à 15 jours maximum selon les cas), avec isolement en conditions adaptées ».

« Je suis plutôt favorable à mettre le paquet sur l’accompagnement: on doit convaincre de l’intérêt », nuance – dès le lendemain – Stanislas Guerini, délégué général de La République en marche et député LREM de Paris. « On doit inciter tout le monde, dès les premiers symptômes, à pouvoir s’isoler [inciter à pouvoir !]. Je pense qu’il y a d’autres étapes avant l’amende », tempère le pare-feu de l’Elysée. « Si on veut donner une chance à nos stratégies de dépistage et de vaccination d’aboutir, on doit apporter de l’accompagnement », a-t-il souligné. 

Même état d’esprit donc concernant la vaccination – obligatoire ou non – pour le député de Paris « Le vrai sujet sur le vaccin, là aussi, c’est celui de la confiance. Quand je vois que quasiment la moitié de nos concitoyens ne souhaitent pas se faire vacciner, c’est ça la grande question. Comment on donne toutes les conditions de transparence sur les rapports entre les bénéfices et les risques de ce vaccin. »
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal de Couriss avait affirmé dès vendredi que l’isolement obligatoire est « une piste » qui doit faire l’objet d’un « débat démocratique », y voyant « à titre personnel » une « piste intéressante ». « C’est une possibilité », a-t-il réitéré mercredi matin sur Europe1.

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« Je suis pour (l’isolement) si l’on arrive à garantir (…) le secret médical, qui relève de l’Assurance maladie. Il faut que les contrôles se fassent dans ce cadre-là », a de son côté insisté le président du groupe LREM à l’Assemblée Christophe Castaner, sur LCI.

« Si, par contre, c’est un fichier où vous et moi si on a la Covid (…),  on se retrouve dans un fichier qui est diffusé largement, y compris aux forces de sécurité intérieure, à la police, à la gendarmerie pour faire des contrôles dans la rue, je suis contre« , a ajouté l’ancien ministre de l’Intérieur de Macron. 

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