Féminicide d’Hayange: Libé ne dit pas que l’assassin de sa compagne ne partage pas notre culture

« Tout le monde savait qu’il la battait», mais Libé ne dit pas que le concubin était protégé par ses origines

Mercredi, des centaines de personnes se sont réunies pour une marche blanche à la mémoire de Stéphanie, devant l'hôtel de ville de Hayange.
Des centaines de personnes se sont réunies pour une marche blanche à la mémoire de Stéphanie, devant l’hôtel de ville de Hayange, mercredi.

Plus d’une centaine de personnes s’est rassemblée à Hayange (Moselle) mercredi soir pour rendre hommage à Stéphanie, tuée en pleine rue par son ex-compagnon, contre qui elle avait porté plainte pour des violences, en vain.

«Je suis là pour toutes les femmes victimes de violences conjugales. Ce qui est arrivé à Stéphanie aurait encore une fois pu être évité.» Habitante d’Hayange (Moselle) depuis de nombreuses années, Farida connaissait Stéphanie «de loin». La voix enrouée et les mains nerveuses, elle se souvient d’une jeune femme «gentille» et «discrète», à qui elle faisait timidement coucou depuis l’autre bout du trottoir.

Comme plus d’une centaine de personnes, Farida a décidé d’être présente au rassemblement organisé mercredi en fin d’après-midi par la mairie pour rendre hommage à la jeune femme âgée de 22 ans, morte dans la nuit de dimanche à lundi sous les coups de son ex-compagnon. Les faits se sont déroulés en pleine rue de cette ville ouvrière, peu avant 1h00 du matin, et à quelques mètres du domicile conjugal. Après une violente dispute, son ancien compagnon, âgé de 23 ans, l’a poignardée de cinq coups de couteau alors que la jeune femme tentait de s’échapper, le tout sous le regard de Mia, leur fille âgée de moins de 4 ans.

Sur le parvis de l'hôtel de ville de Hayange, mercredi.
Sur le parvis de l’hôtel de ville de Hayange, mercredi.

Il est 18 heures et déjà la grande place de l’hôtel de ville est noire de monde. «C’est le cœur lourd que nous sommes réunis ce soir», a entamé Fabien Engelmann, maire Rassemblement national (RN) de Hayange, aux côtés de la famille de la victime. La voix étranglée, la grand-mère de Stéphanie peine à trouver ses mots. «C’était un homme violent; un homme comme ça ne doit plus sortir de prison», a-t-elle néanmoins dénoncé devant la foule. 

Le suspect était connu des services de police pour des faits de violences remontant à 2015, alors qu’il était encore mineur. Incarcéré depuis novembre 2020 pour des délits routiers, il venait de bénéficier d’un aménagement de peine sous bracelet électronique et avait été autorisé à retourner au domicile familial.

La justice avait connaissance des violences conjugales»

Proche de la cousine de Stéphanie, Audrey s’indigne de cette décision. «La justice avait connaissance des violences conjugales, tout le monde savait qu’il la battait. C’était déjà le cas quand elle était enceinte.» «La police connaissait la situation de Stéphanie mais ils n’ont rien fait, ajoute Johanna, une amie proche de la victime. Les signalements à la police sont partis à la poubelle et je ne comprends même pas comment on a pu autoriser le retour au domicile de son compagnon.»

Une main courante en janvier 2020, puis une plainte pour des faits «de violences verbales, de harcèlement ou de menaces de mort» en novembre 2020, ont bien été déposées par la jeune femme. Cette dernière initiative n’est pas restée «lettre morte», selon le procureur de Metz, Christian Mercuri, et aurait donné lieu à la saisine de l’intervenant social du commissariat. Celui-ci serait alors entré en contact avec la jeune femme, mais elle n’aurait «pas donné suite», selon le procureur. S’il a écarté tout «dysfonctionnement judiciaire» lors d’une conférence de presse organisée mardi, le représentant du gouvernement a toutefois reconnu que la main courante et la plainte n’ont pas été portées à la connaissance du Parquet. De quoi soulever de nombreuses interrogations sur la réponse des autorités face aux violences conjugales, alors que le pouvoir clame que tout est mis en oeuvre pour libérer la parole.

Hayange, 26 mai 2021. Parvis de l’hôtel de ville. Marche blanche suite au féminicide de Stéphanie tuée dans la rue par son conjoint. La grand mère la famille
  Marche blanche suite au féminicide de Stéphanie tuée dans la rue par son concubin: la grand mère de la victime, entourée de la famille, à Hayange, le 26 mai 2021, sur le parvis de l’Hôtel de ville.

Après avoir observé une minute de silence, le cortège s’est élancé pour une marche blanche sous un ciel de plomb. Après une brève procession, les marcheurs s’arrêtèrent devant une petite porte blanche située en face du commissariat municipal. «C’est ici qu’elle est morte», souffle-t-on. Devant les gerbes de fleurs déposées sur le pas de la porte, on se presse, les enfants dans la poussette, parfois une rose à la main, pour se recueillir devant la photo de la jeune maman.

«Il faut attendre un drame pour rouvrir le commissariat ?»

Pourquoi le commissariat n’était-il pas ouvert ce soir-là ? Situé à quelques mètres seulement du lieu où Stéphanie a été poignardée à mort, l’établissement était fermé depuis 18 heures ce soir-là, selon la mairie d’Hayange. «Si les flics avaient été présents, elle serait encore en vie», maugrée une habitante. «C’est inadmissible qu’aucune permanence ne soit ouverte, il faut attendre un drame pour le rouvrir ?» interroge une autre.

Malgré des demandes répétées du maire RN, qui dit «avoir dû se battre» pour maintenir le commissariat ouvert, l’établissement ne propose d’aucune permanence de nuit. La jeune femme aurait même tenté de s’y réfugier, sans succès.

Hayange, 26 mai 2021. Lieu du meutre. Marche blanche suite au féminicide de Stéphanie tuée dans la rue par son conjoint.
Lieu du meutre. Marche blanche, suite au féminicide de Stéphanie tuée dans la rue par le père de son enfant.

«En France, ça ne devrait plus arriver ce genre de choses et malheureusement c’est tous les jours», s’est indignée son amie Johanna. Il s’agit du 43e féminicide enregistré en France depuis le début de l’année 2021, moins d’un mois après la mort de Chahinez assassinée à Mérignac par son mari alors qu’elle avait déposé plainte contre lui. Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti et Marlène Schiappa ont annoncé mercredi la mise en place d’une mission d’inspection de fonctionnement pour faire «toute la lumière» sur les faits, selon la formule consacrée.

En attendant, sur place, la solidarité s’organise. Une cagnotte Leetchi a été ouverte pour financer les funérailles et venir en aide à Mia, sa fille, actuellement placée dans un foyer à Metz.

Que les hommes de France ne se laissent pas salir

Le compagnon de la femme de 21 ans tuée de plusieurs coups de couteau en pleine rue lundi matin a été interpellé ce lundi à Hayange (Moselle), dans un appartement de cette même ville, au domicile d’un des membres de sa communauté.

L’homme a été placé en garde à vue pour « homicide par conjoint », et la personne qui l’hébergeait a aussi été placée en garde à vue pour « recel de malfaiteurs ». La police judicaire de Metz s’est saisie de l’enquête.

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Son bracelet électronique retrouvé coupé

L’assassin est un homme de nationalité kosovare bénéficiant du statut de réfugié politique. L’homme de 23 ans est connu des services de police et avait été condamné en comparution immédiate à un an de prison ferme avec mandat de dépot, le 26 novembre 2020, pour une somme de délits routiers graves (conduite sans permis, en état d’ivresse, excès de vitesse…).

La presse française a présenté le barbare comme serbe. Une approximation idéologique: le Kosovo est un territoire à majorité albanaise dans les Balkans, en ex-Yougoslavie.

Au Kosovo, l’islam (1.800 000, pour la plupart sunnites) est la religion dominante (90%), professée par la population à majorité albanaise.

Après une première demande d’aménagement de peine refusée par la justice, la fin de sa peine de prison avait finalement été aménagée, et il se trouvait donc sous bracelet électronique à domicile depuis le 12 mai dernier. Ce bracelet a été retrouvé coupé au domicile du couple.

Ca se passe en France, mais l’horreur du crime et des insultes qui l’ont accompagné ne sont pas représentatives d’un pays de culture chrétienne.

Reprise de France Rail Industry par une entreprise… britannique

Il faut oser le dire.

Comme souhaitée par Bercy, la création d’« une filière franco-française » de rails, comme souhaitée par Bercy, aura bien lieu. Jeudi 23 juillet, la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg a autorisé… l’indo-britannique Liberty Steel à reprendre France Rail Industry (FRI), principal fournisseur de rails de la SNCF établi à Hayange (Moselle), ainsi que l’un de ses fournisseurs d’acier, l’usine Ascoval de Saint-Saulve (Nord).

Alors qu’en juin dernier il clamait sa volonté de relocaliser l’automobile française, Bruno Le Maire applaudit en juillet à la vente à l’étranger d’un fournisseur de rails pour la SNCF, ainsi rendue dépendante de deux pays hors Union européenne.

« C’est une bonne nouvelle [sic] et une étape importante pour les sites d’Hayange et Ascoval », s’est félicité Le Maire, tout en rappelant qu’« il reste néanmoins quelques éléments importants à régler avec Liberty avant que le ministre [de l’Economie] puisse formellement autoriser cet investissement », FRI étant considéré comme une entreprise « stratégique ».

Le gouvernement positive cet échec.

Aucun repreneur français ne s’est manifesté et Bercy raconte donc qu’il souhaitait réunir à l’occasion de la restructuration – à l’avantage d’étrangers – l’aciérie de Saint-Saulve et le laminoir d’Hayange pour former une entité unique de production de rails, en France, mais détenu par Liberty Steel. Les deux sites sont déjà liés par un contrat pour la fourniture de 140.000 tonnes par an pendant quatre ans de blooms (barres d’acier) par Ascoval à Hayange, destinés à la fabrication de rails pour SNCF Réseau. « C’est cohérent [de réunir Ascoval et FRI], on recrée une filière franco-française, on peut s’en réjouir », a estimé Gérard Glas, président du site mosellan, rappelant que le pays « n’avait plus de filière de produits longs depuis 2006 ». Il n’en a pas davantage maintenant…

Réactions contrastées

Du côté des syndicats, les réactions sont contrastées. Nacim Bardi, délégué CGT à Ascoval, qui compte un peu plus de 260 salariés, s’est, pour sa part, félicité : « C’est une excellente nouvelle […]. A partir du moment où l’aciérie rentre dans une filière intégrée en amont et en aval, il y a plus de stabilité au niveau financier, on va chercher le point d’équilibre beaucoup plus facilement, et cela nous permet après d’avoir des perspectives et d’anticiper sur d’autres marchés », a approuvé M. Bardi, tant que les emplois sont sauvés.

A Hayange, site sidérurgique mosellan qui emploie environ 450 personnes, Djamal Hamdani, représentant CFDT, s’est montré plus nuancé : « On avait le choix entre ArcelorMittal et Liberty, entre la peste et le choléra, et le moins pire des deux, c’était Liberty. » « On souhaite que l’Etat s’engage. On veut des garanties sur les investissements et sur le maintien des salariés », a nuancé le syndicat réformiste, très mitigé

L’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC et FO) de FRI était en faveur d’une reprise par le chinois Jingye, également dans la course à la reprise avec l’indien Arcelor-Mittal. Pas très européen, ni sur la ligne officielle du refus des délocalisations.

Les syndicats auraient lâché la proie pour l’ombre. En mars, Jingye avait repris British Steel, en faillite, mais n’avait pas pu reprendre son usine mosellane, le ministère de l’Economie n’ayant pas rendu son avis.

Croissance forte

Le projet industriel de Liberty, huitième producteur d’acier mondial hors Chine, prévoit le maintien de la capacité de production, des emplois et des accords sociaux, avec 31 millions d’euros d’investissement, a rappelé M. Glas. « Liberty a une croissance assez forte, ce qui doit représenter pour nous des opportunités pour livrer nos produits à des usines du groupe, en aval de notre aciérie », s’est félicité Cédric Orban, directeur d’Ascoval.

« Cette acquisition est une bonne nouvelle », ont abondé dans un communiqué commun Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, et Laurent Degallais, président de Valenciennes Métropole, rappelant la mobilisation « depuis plusieurs années pour pérenniser l’activité de l’aciérie Saint-Saulve ».

Un pis-aller que chacun la sidérurgie européenne accepte, menacée par les surcapacités de production, la concurrence de la Chine, de la Russie et de la Turquie (insuffisamment contenue par les quotas européens) et trois mois de crise sanitaire, qui ont entraîné une chute de plus de 50 % de la production d’acier. A croire que la crise sanitaire n’a frappé ni la Grande-Bretagne, ni l’Inde…

La mauvaise foi n’est pas en recul en France; à la différence de son industrie.