Ado à la Mercedes jaune: Loopsider monte un compte-rendu totalement à charge

Le parti-parti pris du site engage sa responsabilité dans les troubles à l’ordre public

Le policier est déséquilibré dans le départ en trombe de l’autombiliste

Loopsider est un medium vidéo français lancé en janvier 2018 par Giuseppe de Martino, Arnaud Maillard, Johan Hufnagel, et engagé.

Giuseppe de Martino, qui travailka pour Arte, est un lobbyiste et ancien directeur général de Dailymotion.

Johan Hufnagel est un activiste sans diplôme de journalisme, mais qui cofonda la version française et africaine du magazine en ligne Slate, et travailla ainsi pour Libération, en doublon de Laurent Joffrin. Pratiquant une politique de « discrimination positive » au quotidien composé presque uniquement de journalistes « blancs », il fit l’aveu décomplexé : « Je préfère, à compétence équivalente, prendre un Noir ou une Arabe ».

Loopsider se fit d’ailleurs connaître en réalisant régulièrement des testings avec l’association SOS Racisme.

Une enquête parallèle fondée sur un montage d’extraits de trois videos, assorti de commentaires tendancieux, constitue-t-elle une enquête ou une arme politique ? On l’entend avec cet exemple grossier, on peut faire tout dire à des images. Interpréter une sélection d’images, c’est bafouer la liberté d’expression en la détournant à des fins de sédition.

Des véhicules, des arrêts de bus ou encore un centre de loisirs ont été incendiés à Nanterre.

La désinformation est punissable. D’autant qu’elle peut être criminelle en incitant à la haine, à la vengeance et à la viokence.

Daniel Kretinsky voudrait prendre une part majoritaire dans Loopsider et ‘aseptiser

L’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, à la tête du groupe de presse CMI France (Marianne, Elle, Public), souhaite investir dans le medium vidéo spécialiste des réseaux sociaux Loopsider, ont indiqué jeudi des sources concordantes, confirmant une information de la Lettre A.

Selon ces sources, CMI France négocie avec le banquier d’affaires Bernard Mourad, co-fondateur et président de Loopsider, qui a récemment révélé être atteint d’un cancer.

Ce medium a récemment fait parler de lui en révélant, avec Le Monde, un enregistrement sonore dans lequel on entend des policiers, présentés comme des membres de la BRAV-M, tenir des propos insultants et humiliants envers sept jeunes manifestants qu’ils venaient d’interpeller à l’occasion d’une manifestation sauvage à Paris. Loopsider aurait-il pour cible privilégiée les forces de l’ordre ?

Le groupe de Daniel Kretinsky discuterait du rachat de 30% à 40% de l’entreprise, mais les discussions sur la valorisation de celle-ci ne seraient pas abouties, écrit la Lettre A.

Le magnat tchèque du charbon, dont la fortune s’élève à 7,8 milliards d’euros d’après Forbes, a accéléré ces dernières années ses investissements dans les media français, via CMI France.

Il est notamment co-actionnaire du journal Le Monde, a renfloué Libération sans en devenir actionnaire et possède plus de 5% du groupe audiovisuel TF1. En décembre, CMI France est entré au capital du studio de podcast Louie Media.

Plus récemment, Kretinsky est entré en négociations exclusives avec Vivendi pour racheter 100% d’Editis, le numéro deux de l’édition française, et investit également dans la distribution en France, avec 10% de Casino et 25% de Fnac Darty.

Son profil et ses capacités financières pourraient convaincre les actuels dirigeants de Loopsider (Guiseppe de Martino, Arnaud Maillard et Johan Hunagel), qui détiennent ensemble près de 60% du capital, d’apporter une partie de leurs titres à l’opération.

Ceux-ci ont présenté mi-mars leur plan pour louer le logiciel d’analyse des réseaux sociaux développé par Loopsider, et souhaitent également lancer une nouvelle rubrique sur « l’économie de la création », qui regroupera des contenus sur la technologie, le marketing, la publicité, les jeux vidéo ou encore les NFT.

En 2022, le medium gratuit financé par ses contenus sponsorisés, qui édite également des sites en marque blanche pour des entreprises, a enregistré un chiffre d’affaires de plus de 4 millions d’euros pour un bénéfice net de près de 200.000 euros, son deuxième exercice bénéficiaire consécutif.

« Pap Ndiaye a inventé le “wokisme de salon » », une mise en garde de Pierre-André Taguieff

Le successeur de Blanquer est l’antithèse du premier choix de Macron, président binaire dont la « pensée complexe » alarme

[Pierre-André Taguieff, « Pap Ndiaye a inventé le “”wokisme de salon » (propos recueillis par le rédacteur en chef adjoint des pages Débats du Figaro, Alexandre Devecchio), Le Figaro Magazine, 3-4 juin 2022, pp. 40-44. 

Version complète de l’entretien, qui a dû être coupé pour être publié. L’ouvrage de Pierre-André Taguieff – philosophe, politologue et historien des idées (directeur de recherche honoraire au CNRS, auteur classé   » anarcho-situationnisme » aussi bien que « néoconservateur » – cité dans l’entretien est Le Retour de la décadence. Penser l’époque postprogressiste (Paris, PUF, 2022) ], ci-contre.

La nomination de Pap Ndiaye au poste de ministre de l’Education nationale a fait couler beaucoup d’encre. Que vous inspire-t-elle ?

Pierre-André Taguieff. J’ai tout d’abord éprouvé un sentiment de stupéfaction, voire de sidération. J’aurais compris qu’un Jean-Luc Mélenchon au pouvoir nomme Pap Ndiaye à ce poste. Mais comment comprendre que le président Macron puisse attendre d’un chantre de la « diversité », d’un dénonciateur des « violences policières » et d’un partisan de la discrimination positive à l’américaine qu’il poursuive les nécessaires réformes engagées par son prédécesseur Jean-Michel Blanquer ? Il s’agissait, pour ce dernier, de redonner son sens à l’école républicaine, en se réclamant sans ambiguïté des valeurs universalistes, en défendant le principe de laïcité et en réaffirmant l’autorité des professeurs. Son projet était de rétablir les conditions de l’égalité des chances et d’assurer ainsi le bon fonctionnement de la méritocratie républicaine. 

      [Noir comme peut l’être Obama, un métis qui rejette sa part de blanchité] Pap Ndiaye [56 ans], quant à lui, a des convictions idéologiques bien différentes qu’il a rendues publiques par ses livres (comme La Condition noire. Essai sur une minorité française, publié en 2008) et ses interviews. Elles témoignent notamment d’un intérêt particulier pour les minorités qu’il suppose discriminées (les « minorités visibles »), d’une vision raciale de la société française (composée de « Noirs », de Blancs », etc.) et de prises de position favorables à des mobilisations s’inspirant de l’antiracisme décolonial, comme celles du comité « La Vérité pour Abama », dénonçant le « racisme d’Etat » et les « violences policières » censées le traduire dans la rue.  On trouve certes chez cet intellectuel engagé certaines nuances. Il dénonce, dans la société française, un « racisme structurel » et non pas, comme Rokhaya Diallo ou Assa Traoré, un « racisme d’Etat ». A propos des militants « woke », il confie à M le magazine du Monde en juin 2021 : « Je partage la plupart de leurs causes, comme le féminisme, la lutte pour la protection de l’environnement ou l’antiracisme, mais je n’approuve pas les discours moralisateurs ou sectaires de certains d’entre eux. Je me sens plus cool que “woke”. » Notre nouveau ministre a inventé le décolonialisme de bonne compagnie, ainsi que le « wokisme » de salon, « convenable » et pour tout dire institutionnel. 

      Dans La Condition noire, Pap Ndiaye ne cache pas la « dimension franco-américaine » de ses réflexions, manière élégante et allusive de reconnaître sa dette envers les studies fortement idéologisées qui fleurissent dans les universités anglo-saxonnes : African American StudiesBlack StudiesPostcolonial Studies, etc. Il a rejoint la cohorte des universitaires militants qui, depuis les années 1990, ont trouvé dans l’antiracisme identitaire à l’américaine un substitut au marxisme : les « races » discriminées ont remplacé les prolétaires exploités. En se proposant d’ouvrir un « champ d’étude qui pourrait devenir celui des Black Studies à la française », Pap Ndiaye s’est risqué à transposer en France des modèles d’analyse empruntés à la boite à outils étatsunienne impliquant des engagements politiques « radicaux » dont il s’est efforcé d’arrondir les angles. Comme l’a dit de lui dans Le Monde (4 juin 2021) l’entrepreneur en postcolonialisme Pascal Blanchard, « Pap est un super diplomate ».       

Il est soupçonné par toute une partie de la droite, mais aussi de la gauche républicaine, de vouloir faire entrer la pensée décoloniale à l’école. Comment définiriez-vous cette pensée ?

PAT. Prise au sens large, la « pensée décoloniale » repose sur onze piliers : 1° tout est « construction sociale » ; 2° tout doit être « déconstruit » ; 3° tout doit être « décolonisé », étant entendu que la « décolonisation » doit s’appliquer à toutes les institutions des « sociétés blanches » et à tous les domaines de la culture occidentale ; 4° toutes les « sociétés blanches » sont racistes et tous les « Blancs » bénéficient du « privilège blanc » ; 5° le racisme, qui est « systémique », est l’héritage de la traite atlantique, du colonialisme, du capitalisme et de l’impérialisme du monde dit occidental ou « blanc » ; 6° « l’hégémonie blanche » va de pair avec l’« hétéro-patriarcat » ; 7° « l’intersectionnalité » conceptualise la situation de personnes qui, appartenant à des « minorités », sont censées subir simultanément plusieurs formes de discrimination (de race, de genre, de classe) en toute « société blanche » ; 8° tout nationalisme, y compris le patriotisme républicain à la française, est porteur de racisme, donc de « discriminations systémiques » ; 9° le sionisme est une forme de racisme [déni d’antisémitisme] et Israël est un « Etat d’apartheid » qu’il faut démanteler ; 10° l’« antiracisme politique » consiste avant tout à lutter contre l’islamophobie et la négrophobie ; 11° ce que les islamophobes appellent « l’islamisme » n’existe pas plus que « l’islamo-gauchisme » : il n’y a que des musulmans qui souffrent de « discriminations systémiques » et sont victimes, dans les pays occidentaux, d’une islamophobie d’Etat [mise en question de la laïcité].  

Pap Ndiaye s’inscrit-il réellement dans ce courant idéologique ?

PAT. On trouve dans ses publications comme dans ses prises de position publiques de nombreux emprunts à cette configuration idéologique à bords flous, mais on doit reconnaître qu’il ne coche pas toutes les cases. Pour comprendre son itinéraire, il faut rappeler que, grâce à la bourse [un « privilège blanc »] qui lui a été octroyée en 1991 [par la « société blanche », l’Etat français gangréné par un « racisme structurel » pour étudier un an à l’université de Virginie] au nom de la politique américaine de discrimination positive, il a pu poursuivre ses études à l’université de Virginie [ancien état esclavagiste] où il a préparé sa thèse d’histoire : « Je suis donc un produit de l’école républicaine française et de l’affirmative action américaine », a-t-il déclaré au Monde en 2009. Mais c’est à cette occasion qu’il a découvert le racisme et l’importance accordée aux identités raciales par les intellectuels antiracistes étatsuniens, comme il l’a reconnu en juin 2021 : « Mon passage aux États-Unis m’a permis de penser la question raciale. Ce fut une forme de révélation. »  Il n’y a certes rien de honteux à se découvrir « Noir » sur le tard. 

Echo au slogan « Black is beautiful »,
mouvement d’assertion militante de la fierté afro-américaine dans les années 60

      Son engagement politique le plus clair à cet égard a été le rôle qu’il a joué dans la création du Cercle d’action pour la promotion de la diversité en France (Capvid), puis dans la fondation du CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France), fin novembre 2006. On le trouve au bureau du Conseil scientifique (créé en mars 2007) de cette étrange organisation, qui justifie son existence en référence à une appartenance raciale marquée par une couleur de peau. Il reste que le CRAN s’est lancé dans la cancel culture, en exigeant notamment des déboulonnages de statues mémorielles. Autre indice de proximité de Pap Ndiaye vis-à-vis de l’antiracisme racialiste de la nouvelle extrême gauche : ses prises de position en faveur des statistiques ethniques. Dans La Condition noire, il « rend compte du déplacement de la lutte antiraciste vers la politique antidiscriminatoire » et « plaide pour l’utilisation de techniques statistiques afin d’établir la discrimination comme un fait social ».  

     Mais il est vrai que Pap Ndiaye n’a jamais été en pointe dans les milieux intersectionnalistes et décoloniaux, car il se souciait avant tout de sa carrière universitaire, ce qui l’obligeait à se montrer stratège et prudent. Pour reprendre les propos louangeurs tenus sur lui par sa sœur Marie Ndiaye, romancière devenue célèbre dans une société française supposée pourtant soumise à un impitoyable « racisme structurel », il s’est efforcé de se fabriquer une image attrayante de « conciliateur » et de « pacificateur », convenant à ses ambitions institutionnelles – accéder avant tout à des postes de direction, ce qu’il a parfaitement réussi à faire, à Sciences Po Paris (directeur du département d’histoire), au Musée national de l’histoire de l’immigration (directeur général du Palais de la Porte-Dorée, 1er mars 2021) et au Centre national du cinéma et de l’image (président de la « commission images de la diversité », janvier 2022), avant d’être nommé le 20 mai 2022 ministre de l’Education nationale [par le cynique Macron]. Tout en donnant des gages aux militants décoloniaux, il tenait à se démarquer des figures médiatiques les plus caricaturales du décolonialisme, telles que l’indigéniste et islamo-gauchiste Houria Bouteldja ou Rokhaya Diallo, qui se définissait en janvier 2017 comme « féministe intersectionnelle et décoloniale ». 

     Il est venu cependant au secours de l’exaltée Assa Traoré aux propos accusateurs et incendiaires, en déclarant avec complaisance et peut-être empathie en juillet 2020 : « Au fond, quand on la lit, quand on l’écoute, son discours est rassembleur. J’entends un discours de convergence plutôt qu’un discours de clivage et de séparation, un discours qui réclame l’égalité. » Il légitimait ainsi le pseudo-antiracisme fondé sur la dénonciation litanique des « violences policières », autre importation des radicaux étatsuniens. Car la militante décoloniale Assa Traoré désignait clairement l’« ennemi commun : le système », le « système » criminel qui, selon elle, « tue » les jeunes issus de l’immigration. Elle précisait ainsi, en 2018, sa vision intrinsèquement négative de la société française : « En France, la ségrégation sociale est doublée d’une ségrégation raciale : ce qui se passe aujourd’hui dans les quartiers s’inscrit dans la suite de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. » [Ca valait bien un maroquin !] On reconnaît la thèse du « racisme systémique ». Comment, lorsqu’on prétend être, une fois nommé ministre, un « pur produit de la méritocratie républicaine », peut-on assumer d’avoir attribué à l’agitatrice Traoré, entourée de dénonciateurs de l’universalisme républicain en tant que masque du racisme, un « discours rassembleur » ?  [une illustration de la « pensée complexe » macronarde »]

     Impressionné par la meute des gauchistes islamismophiles qui pétitionnaient avec indignation contre l’emploi de l’expression « islamo-gauchisme », Pap Ndiaye a prudemment pris ses distances le 19 février 2021, sur France Inter, vis-à-vis des positions prises sur le sujet par Jean-Michel Blanquer et  Frédérique Vidal – laquelle avait le 14 février 2021 demandé de mener une enquête sur l’islamo-gauchisme à l’université –, en déclarant avec sa seule autorité d’un spécialiste des minorités « de couleur » aux Etats-Unis : 

« Ce terme [d’islamo-gauchisme] ne désigne aucune réalité, bien entendu, dans l’université. C’est plutôt une manière de stigmatiser des courants de recherche (…) [des travaux sur] l’intersectionnalité, [c’est-à-dire] une manière de croiser des approches antiracistes, antisexistes, par exemple, de considérer que les situations sociales sont le fruit d’entrecroisements, qui sont le fruit de discriminations diverses, si vous voulez. Ça, ce sont des recherches tout à fait importantes, qui irriguent la recherche internationale. Et donc il serait évidemment catastrophique de les mettre à l’index. » 

Et de préciser, non sans une certaine morgue : « Ce qui me frappe, c’est plutôt le degré de méconnaissance, dans le monde politique en général, des recherches qui sont menées à l’université en sciences sociales et en sciences humaines(…) Ils n’ont qu’une idée extrêmement vague de ce qu’on appelle la recherche universitaire. » Quant à Pap Ndiaye, « intellectuel internationalement reconnu » (selon ses laudateurs), auteur d’une œuvre considérable (sa thèse et quatre livres, dont deux petits ouvrages scolaires et un recueil d’articles), il sait ce qu’est la recherche « en sciences sociales et en sciences humaines » : études de genre,  « théorie critique de la race », intersectionnalité, postcolonialisme et décolonialisme. 

Ne faut-il pas attendre avant de le juger ?

PAT. Il faut en effet éviter tout procès d’intention sur la base de ce que nous connaissons de ses orientations idéologico-politiques. D’abord parce que, comme tout acteur politique, il peut en changer ou les corriger selon les contextes. Et l’homme a montré qu’il était particulièrement souple.  Ensuite, en raison de l’importance de l’administration de l’éducation, puissante organisation impersonnelle qui absorbe les chocs idéologiques au nom de la « continuité du service », devant gérer en permanence un million de personnels et douze millions d’élèves. Enfin, parce que le citoyen engagé dans l’antiracisme à l’américaine, impliquant une centration sur la race marquée par la couleur de peau et le prétendu « racisme structurel », devra compter, en tant que ministre, avec la tradition républicaine à la française qui, conformément à ses valeurs et à ses normes universalistes, prône l’indifférence à la couleur et ne réduit pas les identités individuelles à des échantillons d’identités ethno-raciales. L’essentialisme racial et l’identitarisme ethnique à base victimaire sont des produits idéologiques importés principalement des campus étatsuniens aux mains d’organisations néo-gauchistes radicales. Mais, compte tenu de son « ouverture » à ces courants idéologiques, on peut craindre que Pap Ndiaye [comme ministre] ne compose avec les syndicats, les groupes de pression et les mouvements politiques ralliés au wokisme et à la cancel culture Ce qui serait une catastrophe pour le système d’enseignement français. 

Votre nouveau livre s’intitule Le Retour de la décadence. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? 

PAT. Une approche philosophique du déclin et de la décadence ne peut se passer d’analyses préliminaires relevant d’une sémantique historique. Le mot « déclin » enveloppe les représentations d’un processus naturel comme « vieillissement », « sénescence » et « fin de » (ou « mort naturelle »), métaphorisé notamment par le mot « crépuscule ». C’est en ce sens que Spengler emploie le terme dans Le Déclin de l’Occident (1918 et 1922). Le mot « décadence », quant à lui, implique les représentations de processus pathologiques polymorphes (à fortes connotations théologiques ou morales), tels que la « dégénérescence », la « déchéance », la « décrépitude », la « dégradation », la « maladie », l’« écroulement », l’« effondrement », l’« acheminement vers la ruine » ou la « désintégration ». Il faut y ajouter la métaphore du « naufrage ». Les visions naturalistes et « rassuristes » du déclin se distinguent des visions catastrophistes ou apocalyptiques de la décadence. Cependant, dans bien des cas, il est impossible de trancher entre la thèse d’une mort naturelle et celle d’une mort violente. Si l’on peut retarder un déclin, on peut éviter un naufrage, voire remonter la pente d’une décadence. 

Le terme « décliniste » a longtemps visé une partie de la droite. Vous montrez qu’il existe un déclinisme de gauche, voire d’extrême gauche à travers l’ « écologisme » ?

PAT. Je souligne en effet que les prophètes de déclin ou décadence, voire de fin du monde ou de chaos final, surgissent aujourd’hui surtout dans les milieux écologistes. C’est sur ces thèmes apocalyptiques qu’ils mobilisent. Le malheur de la pensée écologique tient à ce qu’elle est trop souvent instrumentalisée et exploitée par des illuminés sectaires et des démagogues cyniques, qui prétendent monopoliser les « bonnes » positions, c’est-à-dire celles qui relèvent des modes idéologiques mondialisées se nourrissant de grandes peurs collectives. C’est pourquoi leur rhétorique est manichéenne. Même un supposé « modéré » comme Yannick Jadot s’exprime comme un extrémiste fanatique : « On a un choix entre deux options : l’écologie et la barbarie » (16 mars 2022).

      L’écologisme est devenu une gnose, c’est-à-dire un savoir qui sauve, mais qui n’est plus réservé à un petit nombre. A l’âge démocratique, les gnoses perdent leur caractère ésotérique pour faire l’objet d’un endoctrinement de masse.  L’écologisme fonctionne comme une religion de salut à laquelle se sont converties toutes les mouvances de gauche et d’extrême gauche, y compris les décoloniales, qui y voient une manière particulièrement efficace et consensuelle de diaboliser la civilisation occidentale, source à leurs yeux de tous les maux.  Les militants écologistes rejoignent donc logiquement le camp bariolé des ennemis de l’Occident, un Occident maudit et prédateur qu’ils réduisent au productivisme, au capitalisme ou au néolibéralisme.  

Pour autant, ne faut-il pas prendre au sérieux l’enjeu écologique ?

PAT. Bien entendu, mais après l’avoir arraché des mains douteuses des faux prophètes, des marchands d’apocalypse et des histrions idéologiques qui se multiplient dans le champ des « nouvelles radicalités ». Mais je reste lucide : la « dégauchisation » de l’écologie durera longtemps. On n’effacera pas facilement un processus d’appropriation culturelle et politique qui a si bien marché.   

Votre critique du progressisme ne vous conduit donc pas à donner dans le déclinisme ? 

PAT. Je suis trop sceptique pour être un adepte du déclinisme, qui n’est après tout que le produit d’une inversion simple de l’optimisme progressiste le plus sommaire. Passer de la prédiction béate « ce sera mieux demain » à la lamentation nostalgique du type « c’était mieux avant », c’est tourner en rond.  La grande illusion est aujourd’hui de croire qu’on ne peut en finir avec le catéchisme progressiste qu’en adoptant le catéchisme décliniste. 

     Il faut poser le problème au niveau du destin des civilisations. Ma thèse est que lorsqu’une civilisation perd confiance en elle-même, elle est vouée à consentir à son effondrement. La question de la perte de confiance en soi, face à une crise comme face à une menace, est déterminante. Dans son bel essai sur « les religions meurtrières » paru en 2006, l’historien israélien Elie Barnavi, faisant référence à la menace islamiste, n’hésitait pas à lancer avec lucidité : « Une civilisation qui perd confiance en elle-même jusqu’à perdre le goût de se défendre, entame sa décadence. » Or, l’individualisme hédoniste et consumériste, qui est l’idéologie dominante de la civilisation occidentale moderne, paralyse la volonté et neutralise le courage, ouvrant la voie à la soumission. La fierté civilisationnelle est en baisse dans les pays occidentaux, en même temps que s’accroît la culpabilité de « l’homme blanc », ce malheureux bénéficiaire principal du prétendu « privilège blanc » saisi par une haine de soi doublée d’une honte de soi, devenu la cible principale de l’activisme décolonial et « wokiste ». 

      L’idée d’une re-barbarisation de telle ou telle civilisation est à prendre au sérieux. Elle nous rappelle qu’une civilisation est une longue construction sociohistorique qui reste fragile, même et peut-être surtout lorsqu’elle parvient au faîte de sa puissance. Les civilisés trop satisfaits sont des proies faciles. En outre, étant déçus, voire désespérés à la moindre averse, ils peuvent se métamorphoser en ennemis internes de leur culture ou de leur civilisation, comme nous le montrent aujourd’hui le mouvement décolonial et le néo-antiracisme « wokiste », dont la cible commune est la civilisation occidentale tout entière. 

Diriez-vous que la percée de l’idéologie décoloniale à l’université, dans le monde de la culture et peut-être demain à l’éducation nationale est un symptôme de décadence ?

PAT.  Si l’on entend par décadence une rupture de transmission d’un ensemble de valeurs et un processus de décomposition d’une civilisation ou d’une culture nationale, alors l’imprégnation décoloniale croissante qu’on observe peut être interprétée comme un indice de décadence. Ce qui est sûr, c’est que, pour ceux qui croient d’abord qu’il existe une culture française et qu’il faut la transmettre et la faire fructifier plutôt que la déconstruire, ensuite que l’héritage des Lumières, toujours certes à repenser, doit être défendu et illustré, ce à quoi nous assistons apparaît comme une régression qui, plus profondément, pourrait être une décivilisation. Husserl notait que « le monde la culture, sous toutes ses formes, existe par la tradition ». Et il n’y a pas de tradition sans héritage ni transmission. Les interruptions violentes de transmission produisent des déculturations parfois irrémédiables. L’avenir répulsif que nous entrevoyons, c’est l’invention d’un nouveau tribalisme, un tribalisme postnational, fondé notamment sur la racialisation de divers groupes identitaires en conflit permanent. [En février 2017 à Lyon, Macron a lancé : « Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse »].

     Le paradoxe est que ce néo-tribalisme coexiste et interfère avec les produits de la corruption idéologique de l’universalisme occidental d’origine chrétienne, représenté par la célébration des droits de l’homme [de l’Humain, désormais ! ] (de partout et nulle part) au détriment des droits et des devoirs du citoyen (toujours de quelque part). Ces croyances et ces valeurs néo-chrétiennes concentrées dans un cosmopolitisme moral devenu un catéchisme ne font plus rêver qu’une poignée de prédicateurs sans autre auditoire universel que l’écho de leurs prières et de leurs prêches en faveur du relativisme ou du pluralisme, de l’ouverture, de la tolérance et de la « bienveillance », du « care », de la « diversité » et de l’« inclusivité ». En ce qu’elle était censée annoncer l’unification, l’uniformisation et l’égalisation des pensées et des styles de vie, l’occidentalisation juridico-politico-morale du monde a échoué. On connaît le mot apocryphe attribué à Aristote : « La tolérance et l’apathie sont les dernières vertus d’une société mourante. » Mais l’agonie peut durer longtemps, sur le mode d’une euthanasie lente.

Peut-on, dès lors, échapper au déclinisme et au pessimisme ? 

PAT. Le sentiment qu’on vit l’époque de la fin des grands espoirs collectifs n’a cessé de nourrir les visions modernes et postmodernes de la décadence. Et ce, qu’on la pense classiquement comme fin de l’âge des héros ou, à la manière moderne, comme fin des promesses de libération ou d’émancipation, engluées dans le culte de la consommation qui accompagne l’émergence des sociétés d’abondance. Peut-être le sentiment d’assister à une décadence finale et de vivre les « derniers jours de l’humanité » relève-t-il d’une esthétisation du déclin, qui se traduit régulièrement par la contemplation d’une « apocalypse joyeuse », produit d’une transfiguration festive du taedium vitae, ce dégoût de la vie qui peut donner paradoxalement des raisons de vivre. Cioran a noté sobrement : « Dans l’histoire, seules les périodes de déclin sont captivantes. » Et Nietzsche [mort en 1900] , persuadé que « l’Europe est un monde qui s’effondre », célébrait en 1884 la contemplation esthétique de l’agonie européenne : « Un monde qui s’effondre est un plaisir non seulement pour le spectateur, mais aussi pour le destructeur. »

      On ne peut vraiment échapper au pessimisme radical qu’en s’installant inconfortablement dans le tragique. Il est envisageable de le faire sans s’abandonner aux passions tristes. Le héros tragique est gai, suggérait Nietzsche. Giono, pour sa part, indiquait la voie avec simplicité : « Je crois que ce qui importe, c’est d’être un joyeux pessimiste. » On peut cependant hésiter entre le pessimisme joyeux (la gaieté sans illusions) et « l’optimisme tragique » évoqué par Emmanuel Mounier. 

       La situation n’est peut-être pas sans espoir. On peut s’en tenir à ce « peut-être ». La peur du déclin, voire de la fin, pourrait être un moteur du progrès, mais d’un progrès qui n’aurait plus rien à voir avec l’idole abstraite dont le culte a constitué le cœur de la religion des Modernes. Un progrès qui reste à imaginer, par-delà toute forme de nécessitarisme. Je l’ai baptisé « méliorisme » dans les années 1990. C’est le meilleur usage imaginable de la peur et du sentiment de déclin ou de décadence. Car, après tout, l’espèce humaine est inventive, elle a montré dans l’histoire qu’elle pouvait trouver des solutions aux problèmes les plus épineux. L’inconséquence serait de sortir de la vision nécessitariste du Progrès sans fin pour sombrer dans une vision fataliste du déclin final. Dans les deux cas, on se laisse porter par la vague, celle qui conduit au meilleur ou celle qui mène au pire. Deux visions également paresseuses, et qui alimentent la paresse, l’une comme l’autre nous assurant que nous n’avons rien à faire qu’à attendre. La passivité n’est pas une vertu. Elle inspire l’attentisme et l’opportunisme.   

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L’homme, objet sexuel
dans la pub sexiste et grivoise

Comment parvenir à une égalité professionnelle entre femmes et hommes dans les entreprises ? On voit que Delphine Ernotte – qui a succédé à un homme pour remplacer Rémy Pflimlin à la présidence de France Télévisions – reste la marionnette des syndicats, véritables maîtres de la maison, mais le service public est intouchable et n’est pas mis en cause: la menace de l’épée de Damoclès d’une grève est permanente. Ainsi la question reste-t-elle non résolue. Les avancées législatives de la loi Copé-Zimmerman, ne résolvent-elles rien? Cette loi du 27 janvier 2001 a permis à la France de prendre la première place en Europe et la seconde place dans le monde, en matière de représentation des femmes dans les organismes de direction (conseils d’administration et conseils de surveillance des société cotées), vanité, mais peut-on observer un mieux réel? L’égalité ne se règle pas par une loi mais, pour sa co-rapporteure et présidente de la Délégation aux droits des femmes, Annick Billon (UDI), première femme sénatrice de Vendée: « La loi Copé-Zimmermann qui a imposé des quotas de femmes dans les conseils d’administration a été une réelle victoire à l’époque ».

Egalité femmes hommes
Egalité femmes hommes

Trop peu de femmes aux postes de direction

Mais la persistance des inégalités salariales et le faible taux d’occupation des postes de direction par des femmes ont conduit à la rédaction d’une nouvelle proposition de loi, rédigée par la députée Marie-Pierre Rixain. Selon le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, les comités exécutifs et les comités de direction affichent des taux de présence de femmes de seulement 19% en 2019 et 22% en 2020.

« Il faut des mesures contraignantes »

« Pour faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes, il est nécessaire de créer des mesures contraignantes », estime Annick Billon. Alors que la loi Copé-Zimmermann a eu des effets positifs, elle n’a pas entraîné de progrès notables dans la répartition des postes à responsabilité au sein des entreprises. « La stratégie du ruissellement n’a pas fonctionné comme on l’espérait », affirme la présidente de la Délégation aux droits des femmes du Sénat.

Objectif : 40% de femmes aux postes de direction

Cette fois, la proposition de loi à travers son article 7 prévoit d’étendre l’objectif de représentation équilibrée entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants des entreprises de plus de 1.000 salariés. Il fixe l’objectif d’atteindre une proportion minimale de femmes parmi ces postes de 30% d’ici à 2027, et de 40% d’ici à 2030. Les entreprises auront ensuite deux ans à compter de 2030 pour se mettre en conformité avec la loi. A défaut, elles pourront se voir appliquer une pénalité financière représentant au maximum 1% de sa masse salariale.

« Name and shame »

Escalade de la vulgarité

Faisant sienne la malveillance du « name and shame », le texte prévoyait que dès l’année suivant l’entrée en vigueur de la loi, les écarts de représentation seraient publiés sur le site du ministère du Travail. Mais la commission des affaires sociales du Sénat, estimant que cette publicité ne devait pas être vécue « comme une sanction par les entreprises », a opté pour qu’elle soit mise en œuvre au bout d’un délai de cinq ans, soit en même temps que l’entrée en vigueur du premier quota de 30%. Cette publicité des écarts de représentation permettra de faciliter les comparaisons entre les entreprises.

Plus de transparence

Si la loi du 5 septembre 2018 a imposé aux entreprises de plus de 250 salariés depuis 2019, puis de 50 salariés depuis 2020, de publier un index de l’égalité professionnelle matérialisé par un score sur 100, (cet index est calculé sur la base de cinq indicateurs), la proposition de loi prévoit d’aller plus loin dans la transparence en imposant aux entreprises de ne plus publier leur score global mais de rendre également public les résultats de chacun des cinq indicateurs.

Favoriser l’entreprenariat féminin

Enfin pour encourager les femmes à entreprendre, l’article 8 introduit des objectifs de mixité dans la politique de soutien à la création et au développement d’entreprises menées par BpiFrance, la Banque publique d’investissement. La proposition de loi fixe un quota de 30% de femmes au sein des comités d’investissement de Bpifrance afin de lutter contre les biais de sélection. En outre, le texte conditionne les financements en prêts ou en fonds propres de Bpifrance pour les entreprises de plus de 50 salariés, au respect de l’obligation de publication annuelle de l’index de l’égalité professionnelle. Mais la commission des affaires sociales du Sénat a prévu de différer son entrée en vigueur, craignant que son application immédiate porte préjudice aux petites et moyennes entreprises qui ne disposent pas forcément des moyens de s’approprier l’index.

L’autonomie financière « est majeure »

La femme ne paie toujours pas l’addition: intolérable ?

Si la présidente de la Délégation aux droits des femmes Annick Billon aurait aimé « aller plus loin », elle estime que « cette proposition de loi est un texte important car de toutes les problématiques dans l’égalité entre femmes et hommes, celle de l’autonomie financière est majeure ». La proposition de loi sur l’économie et l’égalité sera examinée en séance publique le 27 octobre.

Discrimination positive et inégalitarisme vertueux

Le processus de discrimination a déjà été inversé.

Patrick Weil légitime la discrimination positive qui penalise les hommes, inversant la tendance : « Un droit pour les élèves méritants d’accéder aux filières sélectives n’est pas de la discrimination positive » Les meilleurs élèves de chaque lycée pourront accéder directement aux filières sélectives de l’enseignement supérieur.

Une diversité maintenant… « trop homogène » à Science Po !

Au début des années 2000, Richard Descoings, le patron de l’école, mort aux Etats-Unis dans des conditions suspectes sensibles aux LGBT, s’inquiéta de voir des élèves tous pareils, venant des mêmes établissements, situés dans les mêmes quartiers parisiens. Une analyse dans l’esprit de Pierre Bourdieu, l’auteur de la Reproduction, qui dénonçait en 1970 une société figée dans laquelle les fils de prof deviennent profs, sans reconnaître leur investissement dans la réussite scolaire de leur rejetons.

Des conventions signées avec sept lycées à Aulnay-sous-Bois, Saint-Ouen, tous deux en Seine-Saint-Denis, ou le lycée Maupassant de Colombes (Hauts-de-Seine) officialisèrent la préference sociale. L’examen écrit et le grand oral sont remplacés par la présentation d’un mémoire d’une quarantaine de pages portant sur une question d’actualité (validé par un jury au sein du lycée) et un oral d’une vingtaine de minutes passé en juin dans les locaux de l’IEP, à Paris. A charge pour les établissements scolaires de mettre en place des ateliers Sciences-Po pour préparer les candidats pendant la terminale. 

Il y a quinze ans, l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris mettait en place une filière specifiquement réservée aux élèves venus de lycées en ZEP. Mais dès 2016, plus de 40 % des élèves admis par cette filière étaient issus de familles CSP +. L’établissement prit aussitôt des mesures pour tendre vers 100 % de boursiers. Et 50% de femmes dont une majorité de femmes de couleur: discrimination au faciès en faveur des femmes de couleur… Les européénnes n’y ont pas trouvé leur place. A la Sorbonne, les femmes ont pris le pouvoir, via l’UNEF socialo-communiste, et les femmes décoloniales sur les femmes blanches. Sans parler de « grand remplacement » !

Alain Weil a exercé la fonction de chef de cabinet du secrétariat d’Etat aux immigrés en 1981 et 1982 et a été membre du Parti socialiste jusqu’en 1985. Depuis, il intervient régulièrement dans le débat public sur les questions d’immigration. Toutes les femmes sont-elles donc bénéficiaires ou les femmes blanches écartées du favoritisme d’Etat au profit de la diversité?

Bilan: Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations pendant trois ans (2017-2020) n’a pas fait avancer le schmilblick.

Quand Libération niait toute discrimination raciale d’universités américaines

La fact-checkeuse [CheckNews] du journal socialiste, Pauline Moullot, avait fait preuve de sa mauvaise foi militante habituelle, que met aujourd’hui au jour le résultat d’une enquête de justice américaine concernant l’université Yale, accusée de discrimination raciale par plusieurs groupes d’étudiants asiatiques.

Les candidats à l’université ont-ils un «bonus» ou un «malus» de points selon leur origine ? (Libération)

La justicière parlait d’emblée « d’origine » innommable: géographique, sociale ou raciale? La peur des mots est le signal d’un loup… Alors, quel était la démonstration fallacieuse? Voici son texte, en date de 2018:

Cette formulation, issue d’un reportage de France 2, provient d’une mauvaise interprétation [selon la juge Moullot, ci-dessus] d’une étude, qui aborde notamment la discrimination positive dans les facs américaines.

Question posée par Sophie [?], le 06/07/2018

Bonjour [Sophie],

Dans votre question d’origine, vous nous renvoyez vers un tweet, en nous demandant: «Obama a-t-il vraiment fait ça?»

Voici le tweet en question, qui s’appuie sur une capture d’écran du JT de France 2 diffusé mercredi 4 juillet:

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L’administration Trump vient en effet de révoquer plusieurs directives sur la discrimination positive. Mais la conclusion de ce tweet est fausse [jugement péremptoire]: Obama n’avait pas de facto instauré un système de points selon l’origine raciale des étudiants. C’est un peu plus complexe [elle va noyer le poisson!].

Le ministre de la justice américain, Jeff Sessions, a annulé 24 directives sur la discrimination positive, dont sept étaient issues conjointement du ministère de la Justice et de l’Education, entre 2011 et 2016 [présidence du métis Obama: 2009-2017], concernant directement les critères d’admission dans les universités. Ces règles étaient «inutiles, dépassées, incohérentes avec les lois existantes», a-t-il affirmé.

Que vient de faire Trump?

La première directive, publiée en 2011, notait ainsi:

Ces règles concernent le degré de flexibilité dont bénéficient les institutions du supérieur pour prendre des mesures proactives, d’une manière qui soit consistante [‘cohérente’, pour améliorer la traduction] avec les principes énoncés par la Cour suprême, pour satisfaire cet objectif indéniable [avoir un corps étudiant divers, ndlr]. Comme la Cour suprême l’a affirmé, de telles mesures peuvent prendre en compte la race des étudiants d’une manière étroitement circonscrite [c’est précisément l’ampleur de la préférence raciale qui est en question], comme il est décrit ci-dessous.

Ces directives supprimées, l’administration Trump a de nouveau publié les règles prévalant sous l’administration Bush, incitant les universités à adopter des critères d’admission non fondés sur la race («race-neutral»). Que risquent celles qui ne s’y plieront pas et continueront à pratiquer la discrimination positive [en contrevenant aux réserves énoncées par la Cour suprême]? Selon le New York Times et le Wall Street Journal, ces nouvelles règles n’ont pas force de loi mais «les écoles qui garderaient des politiques d’admissions prenant en compte la race agiraient ainsi en sachant qu’elles pourraient faire l’objet d’une enquête du ministère de la Justice ou d’un procès, ou perdre les financements du ministère».

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[A propos du New York Times, quelques mois seulement après sa prise de fonctions, le jeune patron du New York Times, A.G. Sulzberger, n’a pas hésité à contredire le président Donald Trump, une attaque frontale très inhabituelle qui a réaffirmé le rôle d’opposant démocrate du quotidien.

Jurisprudence de la Cour suprême

Cette décision de l’administration Trump intervient alors que l’université d’Harvard, accusée de discrimination contre des étudiants d’origine asiatique, fait justement l’objet de poursuites fédérales et d’une enquête du ministère de la Justice. Une organisation, «Étudiants pour une admission équitable», a porté plainte contre l’université en l’accusant d’instaurer des quotas d’admission selon la race des élèves [étudiants?] et, ainsi, de discriminer les personnes d’origine asiatique. En 2017, selon l’université (précisons qu’aux Etats-Unis, au contraire de la France [où la transparence dérange les activistes honteux], les statistiques ethniques sont autorisées), 22,2% des élèves admis étaient d’origine asiatique, contre 14,6% d’Afro-américains [ils sont 12,3% de la population…], 11,6% de latinos [16,7% de la population] et 1,9% d’Amérindiens [ils ne sont pourtant que 0,7% de la population totale, en 2010].

Ces dernières années, plusieurs décisions de la Cour suprême ont validé le principe de la discrimination positive… tout en jugeant les quotas inconstitutionnels. «Une université ne peut imposer de quota fixe ou définir de quelque manière la diversité en fonction d’un pourcentage spécifique d’un groupe particulier en fonction de sa race ou de son origine ethnique», dispose le dernier arrêt de la Cour suprême sur le sujet. Mais donnant raison à l’université du Texas contre une jeune fille qui assurait avoir été refusée de l’université parce qu’elle était blanche, les juges ont répété que «la diversité du corps étudiant fait partie de [des qualités fondant une université] qui sont cruciales pour son identité et sa mission éducative». [L’étudiante blanche n’a pourtant pas obtenu gain de cause: la notion de diversité exclut le Blanc.] Tout en prenant quelques précautions: «C’est le défi éternel de notre système éducatif que de concilier la poursuite de la diversité avec la promesse constitutionnelle d’un traitement égal et digne», avaient-ils nuancé [banalisé]. [On aurait pu s’en tenir là, mais Mme Moullot entend faire pression.]

Le juge Kennedy, qui a pris sa retraite il y a quelques semaines, avait justement fait pencher la balance en ce sens. Les partisans de la discrimination positive [ces défenseurs de l’essentialisation de la race, piteusement appelée « origine », militent pour la racialisation de notre société [au détriment des Blancs et des Asiatiques], craignent que l’élection d’un juge plus conservateur fasse changer la jurisprudence de la Cour suprême lors des prochains recours [assurant une plus grande équité dans un pays à plus de 80% blanc].

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Il est donc interdit pour les universités d’instaurer des quotas fixes d’étudiants en fonction de leur origine. L’infographie de France 2 reprise dans le tweet de votre question, et le reportage qui l’accompagne, font en fait une mauvaise interprétation d’une étude sur le sujet.

Voici ce qui est expliqué dans le reportage:

Pour comprendre [sic] le principe de la discrimination positive, voilà comment fonctionne un examen d’entrée en mathématiques à Harvard. Les blancs n’ont ni bonus ni malus, les asiatiques qui, selon l’université, réussissent mieux en maths partent avec un handicap de moins 140 points, les hispaniques à l’inverse avec un bonus de 130 points et les Afro-Américains avec un bonus de 310 points.

Ceci est faux [assène la journaliste de Libération, parce qu’elle sait mieux que quiconque…]. Les admissions dans les universités américaines se font sur dossier. Et s’il y a bel et bien des examens – le SAT et l’ACT, qui sont communs à toutes les universités —, c’est à partir du score reçu à ces examens, mais aussi de la moyenne au lycée (le GPA, grade point average) et d’un dossier personnel que les candidatures sont étudiées [étude qui permet de s’affranchir des faits et de s’enfoncer dans l’arbitraire]. Ce score SAT est donc l’un des critères parmi d’autres pris en compte par les universités, au même titre que les activités extrascolaires, les appréciations des professeurs, la classe sociale ou encore l’origine des candidats [C’est dit, mais, atrention, nous avons affaire à des « vertueux »!]. Mais en aucun cas, on ne retire des points à des candidats [la bonne blague: il suffit d’en ajouter à qui on veut !].

Une étude sur les inégalités à l’université

En réalité, l’étude régulièrement citée comme la plus complète sur le sujet (et d’où sont issus les chiffres de France 2) a été réalisée par des chercheurs de Princeton, qui ont calculé que les étudiants acceptés dans les meilleures universités américaines avaient obtenu des résultats au SAT (l’un des critères pris en compte dans les candidatures) très différents selon leur «race». Ainsi, les personnes d’origine asiatique avaient en général un score supérieur de 140 points (sur 1.600) au SAT par rapport aux blancs, tandis que les hispaniques étaient acceptés avec 130 points de moins, et les Afro-Américains avec 310 points de moins. Cela signifie que la note qu’ils avaient obtenue à cet examen avait été tempérée [gonflée] par d’autres critères.

Le reportage de France 2 est donc erroné, et il est encore plus faux de dire qu’Obama avait instauré ces bonus-malus [Cette polémique importe peu: elle ne résout pas le problème de fond du favoritisme racial. La juge au tribunal de Libération se disperse: croit-elle aussi nous balader?]. L’ancien président avait simplement incité les universités à mettre en place la discrimination positive [nuance, en effet: en dehors de tout cadre légal, c’est lâche et vicieux…]. Par ailleurs, dans une infographie publiée l’été dernier, le New York Times notait que, malgré cette politique, les noirs [Noirs] et les hispaniques [Hispaniques] étaient encore plus sous-représentés dans les meilleures universités américaines qu’il y a 35 ans [subjectivité de ce classement].

En résumé, si selon une étude, les personnes d’origine asiatique qui intègrent les meilleures universités sont reçues, en moyenne, avec 140 points de plus que les blancs [Blancs] sur un des critères retenus, cela ne signifie pas pour autant que l’administration Obama avait mis en place des bonus et malus appliqués automatiquement aux étudiants selon leur origine [ke sujet, c’est de démontrer que les universités US ne pratiquent pas une discrimination raciale anti-Blancs ou Asiatiques].

Interpelée par cette Sophie, la journaliste poursuit sur la défense de l’honneur du président démocrate de couleur, mais élude le vrai sujet [‘problématique’, pour les intellos-bobos parisiens]. L’ancien président avait publié plusieurs directives incitant les universités à instaurer des politiques de discrimination positive [Moullot nie pourtant le système de bonus-malus], et qui viennent d’être annulées par le ministre de la justice de Trump [élu en 2016 avec 56% des votes des « grands électeurs » (42% à Hillary Clinton), Obama ayant été ré-élu en 2012 avec un score plus faible qu’en 2008] .

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CordialementPauline Moullot

Yale, université pointée pour discrimination anti-Blancs et Asiatiques

L’enquête sur l’université Yale a été ouverte par le gouvernement Trump il y a deux ans, faisant suite à une plainte par des groupes d’étudiants asiatiques.

L’enquête sur l’université Yale a été ouverte par le gouvernement Trump il y a deux ans, à la suite d’une plainte par des groupes d’étudiants asiatiques.
Université Yale

Les Asiatiques et les Blancs ont quatre à dix fois moins de chance d’être admis” dans cette université privée de la Côte Est américaine, selon le gouvernement américain qui accuse l’université Yale de discrimination envers les Blancs et les Asiatiques.

Une enquête du ministère de la justice conclut que « les Asiatiques et les Blancs ont de quatre à dix fois moins de chance d’être admis, à dossier comparable, que des candidats afro-américains » dans le prestigieux établissement de New Haven.

Le ministère américain de la justice a dénoncé, jeudi 13 août, le viol des droits civiques par la prestigieuse université Yale en pratiquant une discrimination contre les candidats blancs et asiatiques.

Les conclusions du ministère sont qualifiées de « sans fondement » par Yale, malgré deux années d’enquête sur le processus d’admission en licence de cet université membre de l’Ivy League, club ultra-sélect regroupant huit excellentes universités du nord-est du pays.

Face aux abus, le ministère de la justice souhaite que l’autorisation par la Cour suprême américaine a aux universités de prendre en considération l’origine ethnique des candidats, soit appliquée « dans des circonstances limitées ».

« L’usage de la race [dans le processus d’admission] à Yale est tout sauf limité », observe le ministère: « la race est le facteur déterminant dans des centaines d’admissions chaque année »« Les Asiatiques et les Blancs ont de quatre à dix fois moins de chance d’être admis, à dossier comparable, que des candidats afro-américains. »

Discrimination positive ?

La pratique de Yale pourrait avoir un impact sur les politiques de discrimination positive mises en place pour favoriser la minorité, comme les Noirs américains.

« Les bonnes formes de discrimination raciale, ça n’existe pas », a asséné l’adjoint du ministre de la justice, Eric Dreiband. 

« Diviser de manière illégale les Américains en catégories raciales et ethniques encourage les stéréotypes, l’amertume et la division », a-t-il ajouté.

Yale rejette « catégoriquement » ces accusations

L’enquête sur Yale na pas été initiée par le gouvernement Trump presenté comme accusateur par l’AFP ou Le Monde, mais par des groupes d’étudiants asiatiques. Il faut le répéter, puisque deux raccourcis partisans énoncés conjointement par deux organes de presse font une vérité.

La pratique de Yale pourrait avoir un impact sur les politiques de discrimination positive mises en place pour favoriser la minorité afro-américaine privilégiée par le parti démocrate, puissant sur la Côte Est.

Yale nie « catégoriquement » ses discriminations raciales

Dans un communiqué, Yale a rejeté « catégoriquement » ces accusations. « Nous nous intéressons à l’ensemble de la personne quand nous choisissons qui nous admettons », a affirmé la faculté, se disant « fière » de ses critères de sélection.

Comme Yale, d’autres universités des Etats-Unis sont accusées de discrimination anti-asiatique. L’une d’entre elles, Harvard, revendique des critères plus larges que l’excellence académique, y compris des critères de personnalité, au nom du maintien de la « diversité » de son campus.