Evacuation de l’Afghanistan : les talibans imposent leurs conditions aux Occidentaux

Les Talibans imposent leurs conditions

« S’ils ont l’intention de continuer l’occupation, cela provoquera une réaction », a menacé un porte-parole des talibans. 

Environ 16.000 personnes ont été évacuées pendant les dernières 24h, selon le Pentagone, à l’approche de la date butoir afghane du 31 août qui provoque une accélération des opérations.

Les talibans ont mis en garde lundi 23 août les Etats-Unis contre le maintien envisagé de forces américaines en Afghanistan au-delà de la date prévue du 31 août, réclamé notamment par la France, mais une nécessité logistique pour permettre la poursuite des évacuations.

A Kaboul, la situation restait désordonnée et à risques dans et autour de l’aéroport, où des milliers d’Afghans effrayés par le retour des islamistes au pouvoir attendent d’être en mesure de quitter leur pays à bord des avions affrétés par les Occidentaux. A l’aéroport de Kaboul, un garde afghan a été tué et trois blessés lundi matin dans les fusillades survenues avec des inconnus, a annoncé l’armée allemande sur Twitter.

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Le président Joe Biden a annoncé ce week-end son intention de prolonger au-delà du 31 août la présence américaine à l’aéroport de Kaboul, où sont retranchés les derniers soldats, diplomates occidentaux qui coordonnent les évacuations, et les collaborateurs afghans des pays et journaux occidentaux. Il avait auparavant fixé cette date pour l’achèvement du retrait des forces américaines d’Afghanistan et donc la fin d’une guerre de 20 ans, la plus longue qu’aient connue les Etats-Unis. Mais les demandeurs d’asile qui fuient les islamistes talibans continuent d’affluer?

Mais les talibans ont haussé le ton lundi contre un possible allongement de ce délai. « La réponse est non », sinon « il y aura des conséquences », a réagi un porte-parole des talibans, Suhail Shaheen, auprès de la chaîne de télévision britannique Sky News.

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Deux sources au sein du nouveau régime ont ensuite affirmé que les talibans n’annonceront pas la constitution d’un gouvernement tant qu’il restera des militaires américains en Afghanistan.

Depuis leur soudaine reconquête victorieuse du pouvoir en Afghanistan le 15 août, les talibans tentent de convaincre la population qu’ils ont changé et que leur régime sera moins brutal que le précédent, entre 1996 et 2001. Mais cela n’endigue pas le flot de ceux qui ne croient pas en leurs promesses et veulent à tout prix partir.

Les Etats-Unis annonçaient lundi avoir évacué 16.000 personnes lors des dernières 24 heures, portant à 42.000 leur nombre d’évacués depuis juillet, dont 37.000 depuis l’intensification de ces opérations le 14 août, veille de la prise de Kaboul par les talibans. La Maison-Blanche espère ainsi exfiltrer jusqu’à 15.000 Américains, mais aussi 50.000 à 60.000 Afghans et leurs familles ce que les talibans condamnent en tant que fuite des cerveaux

L’Allemagne a, elle, aidé plus de 2.500 personnes à partir, le Royaume-Uni plus de 5.700. La France a indiqué avoir mis à l’abri près de 1.200 personnes, dont « près d’un millier d’Afghanes et d’Afghans menacés », entre le 17 et le 22 août.

Sanctions au menu du G7

Mais, comme les Etats-Unis improvisent, ils se laissent déborder par les demandes d’exfiltration, d’où l’idée de repousser l’échéance du 31 août de quelques jours pour finir d’évacuer les Afghans « libéraux », mais aussi bien d’autres qui fuient vers le monde libre.

Le gouvernement allemand a de son côté indiqué être en discussion avec les Etats-Unis, la Turquie et d’autres partenaires pour garder l’aéroport de Kaboul ouvert aux évacuations après le 31 août, estimant qu’il faudra « continuer à discuter avec les talibans » pour le faire fonctionner après le retrait des troupes américaines.

Londres a annoncé lundi qu’il plaidera aussi pour une prolongation des évacuations au-delà du 31 août mardi lors d’un sommet virtuel du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) consacré à l’Afghanistan, où il sera notamment question d’imposer des sanctions aux talibans, comme le souhaite notamment le Canada.

Les images fortes de gens écrasés dans la mêlée, de jeunes hommes accrochés au fuselage d’un avion américain sur le départ ou de ce bébé passé à bout de bras au-dessus d’un mur à des soldats américains, ont fait le tour du monde. Joe Biden a reconnu la douleur provoquée par la vision de ces scènes. Mais « il n’y a aucun moyen d’évacuer autant de gens, sans causer de peine ni de pertes, ni les images déchirantes que vous voyez », a-t-il estimé.

Poche de résistance

Les islamistes sont entrés le 15 août dans la capitale sans rencontrer de résistance, à l’issue d’une offensive éclair entamée en mai à la faveur du début du retrait des forces américaines et de l’OTAN. Mais une poche de résistance s’est formée dans la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul, autour du Front National de Résistance (FNR), principal groupe d’opposition aux talibans, emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud assassiné en 2001 par Al-Qaïda, et d’Amrullah Saleh, vice-président du gouvernement déchu.

Les talibans ont affirmé lundi avoir encerclé les forces de la résistance dans le Panchir, mais privilégier la négociation aux combats. Des soutiens de la résistance ont affirmé que les talibans avaient été stoppés par des embuscades, des informations difficiles à confirmer de manière indépendante à propos de cette région, un bastion antitaliban de longue date enclavé et difficile d’accès.

De son côté, un porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, a affirmé que le Front se prépare à « un conflit de longue durée » avec les talibans, si aucun compromis ne peut être trouvé avec eux sur un système de gouvernement décentralisé.