Covid-19 : les chiffres alertent sur le redécollage de l’épidémie

Contre-offensive du virus sur les libertaires et les autres ?

Depuis quelques jours et malgré plus de 80% de vaccinés – mais la propagande de la macronie se satisfait d’une couverture faible avec une seule dose – la diffusion du virus recommence à reprendre le dessus, selon plusieurs indicateurs. Le gouvernement incite donc à accélérer sur la troisième dose de vaccin pour les personnes fragiles, alors que moins de 50 millions de personnes ont reçu deux sur 67,4 millions dhabitants

C’est reparti pour un tour ? Après une accalmie depuis le milieu de l’été, la propagation du Covid-19 semble reprendre de la vitesse. «Depuis une semaine, l’épidémie recommence à gagner du terrain. On parle d’un niveau très faible mais il faut être vigilant», a alerté Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement ce mardi matin sur RTL«En France, le rebond survient alors que la décrue (4 234 cas le 6 octobre) n’avait pas atteint le niveau du 25 juin (1 900 cas)», a noté dimanche l’épidémiologiste suisse Antoine Flahault, sur Twitter.

«En hausse pour la troisième semaine»

Infographie : Covid-19, un redémarrage de l’épidémie ?

Selon les travaux de son laboratoire, la bascule s’est effectuée au début du mois d’octobre. Le nombre de reproduction, qui définit le nombre moyen de personnes infectées par un malade, est repassé au-dessus de 1, le 4 octobre. Ce qui signifie donc que le virus recommence à gagner du terrain.

(Alice Clair/Savinien de Rivet)

Antoine Flahault fonde son calcul sur le nombre de cas en France qui est bien en hausse depuis le 5 octobre. Il existe plusieurs méthodes pour calculer le nombre de reproduction. Mircea Sofonea, modélisateur des maladies infectieuses à Montpellier, voit aussi ses indicateurs frôler avec le fameux seuil d’une personne infectée par chaque malade, voir le dépasser.

De son côté, Santé publique France, dans son point épidémiologique du 14 octobre, note un nombre de reproductions inférieur à 1«mais en hausse pour la troisième semaine consécutive, reflétant une augmentation de la circulation du virus».

Cette tendance pourrait inciter le gouvernement à agir, lui qui n’excluait pas la levée du passe sanitaire après le 15 novembre… «Les autorités françaises ne manquent-elles pas de l’agilité nécessaire à la gestion de cette pandémie, lorsqu’elles envisagent la levée des mesures le 15 novembre ? Car le pays sera peut-être alors en plein rebond (si la tendance à sept jours se confirme sur le mois à venir)», s’est interrogé Antoine Flahault sur Twitter

Le pouvoir se défend

«Cette pandémie ne peut pas se gérer avec le calendrier, mais sur la base d’indicateurs sanitaires pertinents. Lors des accalmies, on peut relâcher la pression sur la population. Lors des rebonds, on doit réinstaurer les mesures», a souligné l’épidémiologiste. Une mise en garde que l’exécutif, à la traîne, s’efforce d’intégrer, puisqu’il navigue à la godille, prévoit d’adapter un nouveau projet de loi qui laisserait la possibilité d’activer le passe sanitaire jusqu’en …juillet 2022.

En parallèle, pour éviter une baisse de la protection des publics les plus fragiles, Gabriel Attal les a incités ce mardi matin à aller se faire injecter une troisième dose. S’ils ont déjà commençé par accepter la deuxième.

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En effet, grâce à dix mois de campagne vaccinale – partielle mais vantée par la presse -, la prochaine vague de Covid devrait moins mettre en tension le système hospitalier, selon l’avis du 5 octobre du Conseil scientifique. «Les modélisations poussent à un optimisme prudent. Grâce à la couverture vaccinale élevée et encore améliorable [euphémisme], il ne sera a priori pas nécessaire de réinstaurer des mesures très contraignantes type couvre-feu ou confinement», notent les scientifiques, qui raisonnent en l’absence d’apparition d’un nouveau variant. Les savants croisent les doigts?

Le Royaume-Uni connaît d’ailleurs depuis plusieurs semaines des niveaux élevés de contaminations, qui ne se traduisent toutefois pas – encore – par une hausse des hospitalisations et des morts. Circulez, il n’y a rien à voir Outre-Manche.

Le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale s’interroge sur une 3e dose en Ehpad

Après les Ehpad, les autres: et aussi les non-vaccinés complets ?

Depuis mai (2021, les clusters en Ehpad alertent sur la nécessité d’administrer une troisième dose de vaccin aux personnes âgées « immuno-sénescentes » à l’instar des personnes immunodéprimées. Après bientôt trois mois, difficile d’affirmer que Macron serait pro-actif !

Dans une note du 7 mai, le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, présidé par l’immunologiste Alain Fischer, s’interroge sur la question d’administrer une troisième dose de vaccin aux personnes âgées résidant en Ehpad. « La couverture vaccinale en Ehpad est très élevée, c’est une réussite importante de la campagne de vaccination », se félicite-t-il, mais des clusters survenus dans une trentaine d’établissements créent « un signal d’alerte sur la protection conférée par la vaccination chez les personnes très âgées ».

Et de citer une étude réalisée à Montpellier qui montre que la vaccination des personnes en Ehpad permet de réduire la sévérité des cas de Covid-19 mais n’empêche pas l’infection et la survenue de clusters. Il ajoute encore qu’une étude danoise en vie réelle a de plus démontré une efficacité vaccinale de 64% seulement en Ehpad.

Enfin, d’après une étude menée par le professeur de gériatrie à la Sorbonne et chef du pôle de gériatrie de l’hôpital Charles-Foix à Ivry-sur-Seine, Joël Belmin, et s’appuyant sur 27 clusters recensés en mars et avril 2021, l’efficacité du vaccin Pfizer chez les résidents d’Ehpad serait de 35% pour la prévention de l’infection, 59% pour la prévention des formes graves, et 75% pour la prévention des décès (résultats non publiés en cours de soumission).

« Ce signal d’alerte n’appelle pas une intervention immédiate mais pose la question d’administrer une troisième dose de vaccin aux personnes âgées résidant en Ehpad, qui sont « immuno-sénescentes », sur un rationnel comparable à celui de la troisième dose destinée aux personnes profondément immunodéprimées », résume le Conseil.

Il y a trois mois, il formulait les recommandations suivantes :

– poursuivre le recueil de données concernant l’efficacité de la vaccination chez les personnes âgées ;

– s’assurer du statut vaccinal des nouveaux entrants en Ehpad avant l’admission ;

– continuer à inciter les professionnels travaillant à se faire vacciner, « pour corriger la situation actuelle anormale de couverture vaccinale ne s’élevant qu’à 60% environ » ;

– mettre en place des stratégies de vaccination « en anneau » dans les Ehpad dès le premier cas confirmé : vaccination des résidents et des soignants non encore vaccinés, administration d’une 3e dose aux résidents déjà vaccinés, et vaccination des familles des résidents et des soignants.

Quelles sont les différences entre les vaccins Moderna et Pfizer ?

C’est le sujet de la technologie de l’ARN messager

C’est l’histoire d’un concept scientifique qui a débouché, en un temps record, sur le développement et la production à grande échelle de préparations vaccinales qui seront pour la première fois administrées chez l’homme dans un contexte très particulier, celui d’une maladie infectieuse pandémique. Or, ces deux firmes pharmaceutiques américaines ont parié sur la technologie de l’ARN messager pour protéger les populations contre les formes symptomatiques de la maladie et font actuellement la course en tête des vaccins contre la Covid-19. Qu’est-ce qui distingue ces deux vaccins ?

Plus de 47 vaccins contre le coronavirus sont en cours d’essai clinique dans le monde. Certains ont déjà avancé des résultats préliminaires encourageants. Alors que peut-on espérer de ces futurs vaccins ? Vont-ils nous permettre de retrouver une vie normale ? Cinq questions pour y voir plus clair. 

La France a fait l’annonce de sa campagne de vaccination le 27 décembre dernier, comme partout en Europe, à un jour près, tandis que les USA avait réagi plus précocement et même le Royaume-Uni. Pour le moment, seuls sont concernés les résidents des Ephad et les soignants âgés de plus de 50 ans. Selon le site CovidTracker, qui utilise les données du ministère des Solidarités et de la Santé pour suivre la couverture vaccinale, en France, très en retard – d’une semaine sur les autres pays en Europe -, officiellement 516 personnes ont reçu la première dose du vaccin Pfizer-BioNTech au 1er janvier 2021, et la polémique enfle sur ce démarrage poussif. A la mi-décembre, des doses des vaccins élaborés par Pfizer/BioNTech d’une part, Moderna d’autre part, ont commencé à être administrées au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Canada.

Les autres firmes pharmaceutiques restent dans la course à la conception de leur propre formule vaccinale. L’Américain Moderna a publié les résultats concernant l’efficacité et la sûreté de son vaccin mRNA-1273 dans The New England Journal of Medicine, le 30 décembre 2020. Pfizer avait fait de même trois semaines plus tôt, le 10 décembre dernier.

Tout comme le vaccin BNT162b2 (développé par BioNTech, Fosun Pharma), il est basé sur la technologie innovante des ARN messagers (ARNm). Sur le papier, ces deux vaccins se ressemblent beaucoup mais voyons précisément leurs points communs et leurs différences, selon les données publiées dans la littérature scientifique.

Le contenu de la seringue

Moderna et Pfizer ont opté pour la technologie à ARNm, une technologie récente mais néanmoins sûre, et qui permet de produire un grand nombre de doses à faible coût en peu de temps. Des rumeurs indiquent que l’ARNm peut entrer en contact avec le génome des cellules : c’est faux ! Tous les processus biologiques que subit l’ARNm après l’injection se déroulent dans le cytoplasme des cellules. L’ARN messager n’entre jamais en contact avec le noyau, et donc notre ADN.

Les deux firmes pharmaceutiques ont conçu un ARNm synthétique qui code pour la protéine S du coronavirus SARS-CoV-2. Elles ont chacune choisi leur propre technique pour concevoir cette molécule mais le résultat est le même : après traduction, les cellules exprimeront une protéine S stabilisée sous sa forme de préfusion

Pour que le coronavirus puisse entrer dans la cellule, il doit fusionner sa membrane avec celle de la cellule. Cette étape est rendue possible grâce à la protéine S. Mais pour cela, elle doit subir deux étapes de maturation qui changent sa structure. La protéine S « vaccinale » possède la même forme que la protéine S avant ces changements. Or, les ARNm sont protégés dans des gouttelettes composées de lipides dont la taille est de l’ordre du nanomètre. Elles évitent la dégradation prématurée des ARN et améliorent leur pénétration dans les cellules.

Concrètement, lorsqu’une personne est vaccinée avec la formule de Pfizer, elle reçoit 30 µg d’ARNm dans 0,3 ml de solution saline. Pour la formule de Moderna, c’est 100 µg dans 0,5 ml de solution saline. La formule de Moderna (0,2 mg/ml) est donc deux fois plus concentrée que celle de Pfizer (0,1 mg/ml).

Caractéristiques des essais cliniques

Moderna et Pfizer ont tous les deux testé leur formule sur plusieurs milliers de personnes dans plusieurs centres de test indépendants, uniquement aux Etats-Unis pour le premier, et aux Etats-Unis, au Brésil, en Argentine, en Afrique du Sud, en Allemagne et en Turquie pour le second.

Ce sont 30.420 personnes de dix-huit ans et plus qui ont été enrôlées dans l’essai clinique de Moderna, et 43.548 personnes de seize ans et plus pour Pfizer. Elles ont été assignées au hasard et en nombre égal (ratio 1:1) dans le groupe placebo ou le groupe vaccinal. Celles du groupe vaccinal ont reçu deux doses espacées de 28 jours selon le protocole Moderna et de 21 jours selon celui de Pfizer.

Les scientifiques aux commandes des essais cliniques pour chaque firme pharmaceutique ont consigné la survenue de cas de Covid-19 symptomatiques et sévères dans chaque groupe pour estimer l’efficacité de leur formule.

Efficacité et sécurité des deux vaccins contre la Covid-19

Avant d’en venir au sujet de l’efficacité, parlons d’abord des effets secondaires. Ils sont plus fréquents dans le groupe vaccinal, ce qui témoigne de la bonne stimulation du système immunitaire par ces vaccins. Tous les deux présentent un profil de sûreté similaire : une douleur localisée au site de l’injection concomitante à la vaccination, puis des effets secondaires systémiques classiques comme une fatigue, des maux de tête et des douleurs musculaires (myalgie) qui disparaissent en moyenne après deux ou trois jours.

Le point sur lequel les deux vaccins divergent le plus est l’efficacité. Le mRNA-1273 de Moderna présente une efficacité globale de 94,1 %, mais celle-ci diminue quand on considère les personnes de plus de 65 ans. Elle est alors seulement de 86,4 %. Du côté de Pfizer, l’efficacité globale de BNT162b2 est de 95 % et de 94,7 % pour les plus de 65 ans. Pour mémoire, ces deux vaccins ont été mis au point pour limiter l’apparition des formes symptomatiques de la Covid-19. Par exemple, un vaccin efficace à 95 % signifie qu’il permet d’empêcher l’apparition de la maladie à 95 %. Moderna-Pfizer Efficacité globale: 94,1 % (IC de 95 % : 89,3 à 96,8 %)95 % (IC de 95 % : 90,3 à 97,6 %) Efficacité pour les ≥ 65 ans: 86,4 % (IC de 95 % : 61,4 à 95,2 %) 94,7 % (IC de 95 % : 66,7 à 99,9 %) Effets secondaires systémiques les plus fréquents : fatigue, maux de tête, myalgie.

En conclusion, les deux vaccins se ressemblent mais la formule de Pfizer a une petite longueur d’avance, notamment grâce à son efficacité toujours importante chez les personnes de plus de 65 ans qui sont les plus à risque de développer des formes graves de la maladie. 

Mais le vaccin de Moderna nécessite une organisation logistique moins complexe, puisqu’il peut être conservé à – 20 °C pendant le transport, contre – 71 °C pour celui de Pfizer, avant d’être placé au frigo les jours précédents l’injection. La FDA a autorisé le vaccin de Moderna pour une utilisation d’urgence le 18 décembre 2020 ; de son côté, l’Agence européenne du Médicament devrait rendre son verdict concernant une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’Europe le 6 janvier prochain.