Le grand banditisme a infiltré le marché du déchet en France

Le Parti socialiste s’intéresse toujours de très prêt à verdir les déchets

Le Parti socialiste s’intéresse de très prêt à verdir les déchets. On a gardé en mémoire l’affaire des frères Guérini à Marseille. Cette affaire politico-financière, entre 2009 et 2021, touche à l’exploitation frauduleuse de décharges et à l’obtention de marchés publics auprès de collectivités par des sociétés soupçonnées de blanchiment d’argent et de liens avec le grand banditisme.

Sont alors notamment mis en cause l’homme d’affaires Alexandre Guérini et sa société, son frère Jean-Noël Guérini, homme politique, ainsi que d’autres personnalités locales, comme Michel Ducros, PDG de Fauchon et de Monaco Marine. Jean-Noël Guérini, alors président socialiste du Conseil général des Bouches-du-Rhône, est soupçonné d’avoir favorisé les activités de son frère, qui possède des sociétés de gestion des déchets en contrat avec des collectivités territoriales, dans l’attribution de marchés publics.

En mars 2022, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence condamne Jean-Noël Guérini, à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis et cinq ans d’inéligibilité, pour le trucage de marchés publics. Elle confirme ainsi pour l’essentiel les peines prononcées en première instance par le tribunal correctionnel de Marseille. Les deux frères se pourvoient en cassation.

Une «menace élevée», observe la police

Jeudi dernier, l’ancien maire socialiste de Fleury-Mérogis, David Derrouet, a été mis en examen dans une affaire de trafic de déchets en région parisienne. L’enquête a révélé que des membres du grand banditisme ont blanchi des sommes importantes dans la filière du traitement des déchets. Les autorités considèrent cette menace comme « élevée » en France. 

Les revenus annuels générés par le trafic de déchets avoisinent les 12 milliards d’euros. Soit le même montant que le trafic de cannabis dans l’Union européenne. Les criminels récupèrent les déchets issus du BTP et des terres excavées. Ensuite, ils facturent aux grands groupes de construction le prix coûteux du recyclage, mais déversent illégalement dans les champs agricoles ces milliers de tonnes de terres polluées. Les propriétaires terriens récalcitrants sont menacés, intimidés, parfois même éliminés.

L’affaire Guérini n’a rien appris.

Un juteux business et un risque pénal faible : deux ans de prison, sept si le délit a été commis en bande organisée. Dans une note de la police judiciaire, les enquêteurs pointent « l’infiltration du grand banditisme traditionnel sur ce marché », dont le clan Hornec, du nom de cette famille de gitans sédentarisés, qui s’est fait une place au sommet de la pègre parisienne depuis le début des années 1990. 

Les chantiers du Grand Paris et des Jeux olympiques ont « multiplié les marchés de déconstruction et haussé, écrivent les analystes, le volume de déchets à retraiter ». Les principales régions impliquées sur le territoire sont l’Ile-de-France, la Corse et le… Sud-Est, comme au beau temps des frères Guérini.

Loi immigration : des députés pétitionnaires réclament la régularisation des travailleurs sans papiers

Ces législateurs vertueux prônent des mesures « urgentes, humanistes et concrètes »…

Sacha Houlié (député Renaissance), Marie-Pierre de La Gontrie (sénatrice PS), Stella Dupont (députée Renaissance), Amadou Ba (cuisinier), Manuel Heurtier (chef du Mendi Gorria); Fabien Roussel (député PCF), Julien Bayou (député EELV). 

Ils souhaitent travailler sans papiers. Dans une tribune transpartisane, à l’initiative du haut fonctionnaire Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), après avoir dirigé l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) de 2012 à 2018, 35 parlementaires allant du MoDem à EELV proposent trois mesures pour la régularisation des travailleurs sans papiers, souvent en première ligne dans des secteurs en tension. Nous portons un projet humaniste et concret. Nous souhaitonsrice, l’adoption de trois mesures urgentes pour l’accès des personnes étrangères au travail.

Tout d’abord, nous assumons la nécessité d’une régularisation de travailleuses et de travailleurs sans papiers [des clandestins], dans tous ces métiers qui connaissent une forte proportion de personnes [qui se sont] placées en situation irrégulière. Ce sont bien souvent ceux que l’on retrouve en première ligne dans les secteurs en tension comme le BTP, l’hôtellerie-restauration, la propreté, la manutention, l’aide à la personne. Des milliers de personnes [illégaux] sont maintenues dans la précarité, a fortiori les vrais-faux indépendants comme auto-entrepreneurs, dans les métiers les plus pénibles comme les plus utiles socialement.

Ces travailleurs sans papiers contribuent à l’économie et à la vie sociale de notre pays [et du leur]. Sans eux, ces secteurs et des pans entiers de notre pays ne pourraient fonctionner. La France qui se lève tôt, ce sont aussi elles et eux, si utiles, si nécessaires. Et pourtant ils n’ont pas officiellement le droit de travailler faute de pouvoir disposer d’un titre de séjour [ils alimentent le marché noir, au détriment de Français sans emploi].

Si ces immigrés travaillent tout de même, c’est pour survivre [et adresser une partie de leur revenus à leurs familles restées au pays] et parce que les employeurs ont besoin de salariés. Les pouvoirs publics ferment les yeux ou ignorent leur situation en raison du caractère indispensable de ces travailleurs pour notre économie et pour répondre aux besoins sociaux. Leur précarisation est le résultat d’une hypocrisie collective : ne pas les autoriser légalement à travailler mais continuer à solliciter leurs concours. Sans papiers, sans reconnaissance, ils éprouvent les plus grandes difficultés pour se nourrir, se loger, se soigner et accéder à une vie sociale normale [ils ont droit à l’assistance sociale]. La clandestinité les invisibilise, les fragilise et les condamne à la précarisation et à la désocialisation. Faute de pouvoir faire valoir leurs droits [mise en accusation des associations], ils acceptent de faibles salaires qui pèsent sur le niveau des rémunérations dans certains secteurs.

A cela s’ajoutent toutes celles et ceux qui sont présents sur le territoire national et qui sont empêchés de travailler faute de papiers [faute de qualification et de détermination]. Ils n’ont d’autres solutions que de recourir à l’hébergement d’urgence ou à d’autres solutions de fortune [délinquance ?]. Alors qu’ils ne demandent qu’à travailler [affirmation gratuite]. Ils pourraient le faire directement ou après une formation que de nombreuses branches professionnelles et des centres de formation publics sont prêts à développer. L’accent doit être en particulier mis sur l’accès des femmes étrangères au travail, l’un des plus faibles de l’OCDE.

La régularisation de leurs situations, demande de longue date des associations qui les accueillent dans la précarité, émane tout autant des organisations syndicales et patronales [et subventionnées par les collectivités territoriales, via les contribuables].

Il s’agit également de rétablir le droit au travail pour les demandeurs d’asile. La loi leur impose six mois d’attente avant de pouvoir demander une autorisation de travail. Cette règle a pour conséquence d’augmenter à la fois le coût budgétaire de l’allocation pour demandeur d’asile [pas sûr: l’appel d’air assure leur renouvellement] et le recours à l’emploi non déclaré pour pouvoir survivre [un risque assumé par leur entrée clandestine]. Cette logique nuit considérablement à leur autonomie et donc à leurs facultés ultérieures d’intégration [si jamais ils le souhaitaient: les enterrements au pays démontrent le contraire].

Enfin, il faut d’urgence remédier à la situation d’embolie des préfectures qui conduit à fabriquer chaque jour de nouveaux sans-papiers [renversement des valeurs !].

Pas une semaine, pas une journée sans que nos permanences de parlementaires ne soient sollicitées pour un titre de séjour dont le renouvellement est compromis faute de rendez-vous en préfecture. Le rapport de l’Assemblée nationale sur «les moyens des préfectures pour l’instruction des demandes de séjour» de 2021 décrit très précisément une situation qui a encore empiré depuis lors : du jour au lendemain, faute de rendez-vous, des personnes en situation parfaitement régulière, insérées professionnellement et socialement, basculent en situation irrégulière entre deux titres et perdent leurs droits [leur devoir est de respecter les lois votées par une majorité parlementaire]. Leurs employeurs sont quant à eux confrontés à un dilemme : perdre un employé qui répond pourtant à leurs attentes ou basculer dans le travail non déclaré pour garder cet employé [l’exception ?]. Cette situation kafkaïenne est à l’origine d’un contentieux de masse qui engorge les tribunaux administratifs [provoqué par l’extrême gauche racoleuse] sous les référés «mesures-utiles» visant [par des minorités méprisant la volonté de la majorité] à contraindre l’administration à accorder un rendez-vous en préfecture.

Il est temps de fixer un délai maximal à l’administration pour accorder un rendez-vous en préfecture, comme c’est la règle pour les passeports «talent», et d’augmenter considérablement le nombre de rendez-vous y compris en présentiel en affectant davantage de moyens aux services chargés du séjour des étrangers au sein des préfectures.

Ces trois mesures sont à la fois urgentes, humanistes et concrètes. Si le gouvernement n’est pas en mesure de les faire rapidement adopter par le Parlement, nous en prendrons l’initiative.

Signataires

Julien Bayou (député EE-LV) ; Mélanie Vogel (sénatrice EE-LV) ; Guillaume Gontard (sénateur EE-LV) ; Sabrina Sebaihi (députée EE-LV); Guy Benarroche (sénateur EE-LV) ; Francesca Pasquini (députée EE-LV) ; Maud Gatel (députée Modem) ; Elodie Jacquier-Laforge (députée Modem) ; Erwan Balanant (député Modem) ; Mathilde Desjonquères (députée Modem) ; Eric Martineau (député Modem) ; Jimmy Pahun (député Modem) ; Fabien Roussel (député PCF) ; André Chassaigne (député PCF) ; Marie-Claude Varaillas (sénatrice PCF) ; Stéphane Peu (député PCF) ; Davy Rimane (député PCF) ; Gérard Lahellec (sénateur PCF) ; Boris Vallaud (député PS et époux Vallau-Belkacem) ; Marie-Pierre de La Gontrie (sénatrice PS) ; Marietta Karamanli (députée PS) ; Hervé Saulignac (député PS) ; Jean-Yves Leconte (sénateur PS) ; Laurence Rossignol (sénatrice PS) ; Sacha Houlié (député Renaissance) ; Stella Dupont (députée Renaissance et apparentés) ; Bruno Studer (député Renaissance) ; Fanta Berete (députée Renaissance) ; Cécile Rilhac (députée Renaissance) ; Benoît Bordat (député Renaissance et apparentés) ; Jean-Louis Bricout (député Liot) ; Martine Froger (députée Liot) ; Benjamin Saint-Huile (député Liot) ; Laurent Panifous (député Liot) ; David Taupiac (député Liot)

Aucun LFI…

JO 2024: la gauche incite des ouvriers sans-papiers à  assigner des géants du BTP

«La France n’est pas mieux que le Qatar», selon des Africains formatés

Banderole réalisée par des clandestins maliens ou de république démocratique du Congo ?

L’application «systématique» mais théorique des obligations de quitter le territoire français a été étendue en novembre à tous les étrangers sans titres de séjour.

L’inspection du travail et «Libération» avaient déjà constaté la présence de sans-papiers sur le chantier du village olympique. Dix d’entre eux, qui dénoncent une forme d’«exploitation», ont décidé de passer par la case justice pour faire reconnaître leurs droits.

Les mauvaises conditions de travail continuent d’entacher la préparation des Jeux olympiques 2024 de Paris. Dix travailleurs sans-papiers des chantiers des JO assignent des géants du BTP devant le conseil de prud’hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis), affirme Franceinfo ce mardi 20 juin 2023.

Originaires du Mali ou de république démocratique du Congo, ils vivent en France depuis plusieurs années et ont désormais été régularisés. Mais, sans-papiers alors qu’ils étaient salariés sur les chantiers, ces ouvriers disent avoir travaillé sur le village olympique notamment sans contrat de travail, fiche de paie, congés payés ou encore heures supplémentaires payées. Ces travailleurs dénoncent l’«exploitation» dont ils auraient  été victimes, se comparant à ceux des chantiers du Mondial au Qatar.

Libération ne dit pas autrement,: est-ce un pur hasard ?

«Sur le chantier, il n’y a presque que des étrangers»

Sont-ils venus en France pour monter des murs ou pour les tenir ? Les témoignages recueillis sont éloquents, selon Franceinfo qui les sélectionne. Certains ouvriers disent même qu’ils ont dû acheter eux-mêmes leur matériel de protection. «Tout le monde savait que je n’avais pas de papiers. Et c’est Spie Batignolles qui commande sur le chantier, explique Moussa, l’un des dix travailleurs. Un jour, j’avais mal au genou. J’ai demandé à mon patron si je pouvais prendre un ou deux jours de repos. Il m’a dit : ‘‘Si tu n’es pas là lundi, tu prends tes affaires’’. J’ai dû continuer à travailler malgré la souffrance. La France n’est pas mieux que le Qatar,» comme titre Libération…

Parce qu’il n’existe pas de données certifiées sur les décès en raison du travail sur la construction des stades dans le pays du Golfe, le Guardian estimait en 2021 que 6 751 travailleurs migrants étaient morts à cause des chantiers, ce qui n’est pas avéré, quand Amnesty International affirmait que «selon [leurs] recherches [!], près de 70 % de ces décès restent inexpliqués». Mais attribués au chantiers… Des proportions sans commune mesure avec les Jeux olympiques en France, précise toutefois notre presse.

Reste que les témoignages sur les conditions de travail recensés depuis plusieurs années sont alarmants dans un pays où le code du travail est censé protéger les employés un peu plus qu’ailleurs. Dans une enquête que publiait Libération fin 2022 sur les conditions de travail de travailleurs sans-papiers, l’un d’entre eux décrivait l’une des caractéristiques de la sortie de terre de ces JO, que l’on retrouve souvent sur les chantiers de BTP. «Les Français ne veulent pas faire ce travail. Sur le chantier, il n’y a presque que des étrangers. Des Pakistanais pour l’électricité, des Arabes pour la plomberie, des Afghans pour la maçonnerie… Les Blancs, ce sont ceux qui sont dans les bureaux.» Qui parle si bien le Français? Un Malien? Ou Libération ?

Il y a un peu plus d’un an, un contrôle de l’inspection du travail avait déjà constaté la présence de sans-papiers sur le chantier du village olympique. Le Parquet de Bobigny avait alors ouvert une enquête pour «emploi d’étrangers sans titre» et «exécution en bande organisée d’un travail dissimulé».

«Nous accueillons normalement les Jeux olympiques et paralympiques en France tous les cent ans, il vaut mieux, mes chers amis, être au rendez-vous du monde», déclamait pourtant en 2021 l’ex-premier ministre Jean Castex, appelant de ses vœux «des Jeux olympiques réussis, à la fois inspirateurs et illustrateurs des aspirations de notre société et des politiques publiques que nous conduisons pour y répondre et pour transformer notre pays».

«On nous avait promis des chantiers des JO exemplairesrappelle à France info Richard Bloch, de la CGT, syndicat d’extrême gauche. Finalement, c’est pire qu’ailleurs, car il y a un impératif politique : il faut que les chantiers soient livrés en temps et en heure. Donc les sociétés mettent en œuvre tous les moyens légaux ou illégaux pour livrer dans les temps.»

«On nous avait promis des chantiers des JO exemplaires»

Huit sociétés sous-traitantes sont assignées en justice par les dix ouvriers sans-papiers manipulés par la CGT, pour lesquelles ils travaillaient, ainsi que les donneurs d’ordre Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC (Bouygues). L’audience est fixée à début octobre au conseil des prud’hommes de Bobigny.

Selon la CGT, qui « défend » ou instrumentalise ces travailleurs dans cette procédure et estime qu’une centaine d’ouvriers sont dans cette situation, les entreprises donneuses d’ordre sont responsables, car le code du travail impose aux donneurs d’ordre de contrôler ce qui se passe sur le chantier. Pour la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo), moins d’une centaine de cas ont été repérés malgré 850 contrôles. Fin 2022, Jean-Albert Guidou, de la CGT,  Libération «Le gouvernement français veut des Jeux olympiques propres, on les prend au mot.»

Les mesures du gouvernement pour soutenir le BTP face à l’inflation

Bouygues, Eiffage ou Vinci, mais pas qu’eux

En réunissant la filière ce jeudi 22 septembre à Bercy, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, a annoncé une première série de mesures rapidement applicables visant à aider les entreprises à faire face à l’inflation. Ces 13 annonces s’inscrivent dans le cadre des Assises du BTP, lancées en juillet dernier pour soutenir et simplifier les opérations économiques du secteur. Il s’agit d’une première étape puisque d’autres mesures pourraient être actées d’ici la fin de l’année.

Ce 22 septembre, les 13 premières mesures issues des travaux des Assises du BTP ont été présentées par les ministres Bruno Le Maire, ministre de l’Economie), Olivia Grégoire, ministre déléguée aux PME et à l’Artisanat) et Olivier Klein, ministre de la Ville et du Logement. Elles portent sur le soutien aux opérations économiques des professionnels et à la simplification des procédures administratives.

Le gouvernement va rendre possible la révision des prix dans les marchés publics en cours ou encore pérenniser de façon « définitive » à 100.000 euros le plafond qui exempte d’appels d’offres les marchés publics. Cette batterie de dispositifs  » pourra entrer en vigueur sans délai », précise le ministère de l’Economie,

Une circulaire va préciser dans les tous prochains jours les démarches à entreprendre en la matière, et une fiche pratique est déjà mise en ligne sur le site du ministère.

Pour améliorer la prévisibilité des prix des matières premières, une mission va être confiée au Médiateur des entreprises, service national placé auprès du ministre de l’Economie français, venant en aide à toute entreprise, organisation publique ou privée qui rencontre des difficultés dans ses relations commerciales avec un partenaire.

Améliorer la trésorerie des entreprises

1. Rehaussement du plancher des avances dans les marchés de l’Etat passés avec des PME, de 20% à 30% de la valeur totale du marché

Cette mesure ne concerne pas directement les marchés passés par les collectivités locales, qui pèsent lourd dans la commande publique. « Nous allons ouvrir des discussions avec les collectivités pour que cette mesure serve de référence dans leurs marchés », précise Bruno Le Maire, qui reconnait cependant que « certaines d’entre elles sont confrontées à des difficultés financières ».

De son côté, la FNTP regrette que le relèvement du seuil des avances ne concerne pas, à ce stade, les collectivités locales. Un avis partagé par Olivier Salleron, président de la FFB, qui espère que « cela donnera l’exemple aux collectivités mais aussi aux bailleurs sociaux ou encore au secteur privé ».


2.  Remboursement plus progressif de ces avances

Le gouvernement étudie les modalités d’un échelonnement du remboursement de ces avances sur les marchés publics de l’Etat. « L’objectif est d’éviter le choix de trésorerie que constitue un remboursement intégral qui intervient trop souvent », précise Olivia Grégoire qui rappelle que « le remboursement intégral n’est aucunement une règle à appliquer d’office. »


3. Poursuite du gel des pénalités de retard par l’Etat

Cette mesure, déjà engagée pendant la crise sanitaire, est prolongée. Olivia Grégoire annonce la publication d’un guide bonnes pratiques sur le sujet afin « d’éviter que les PME soient injustement pénalisées » par des retards d’approvisionnement et « d’inciter les collectivités à adopter la même démarche ».

Réviser et améliorer la prévisibilité des prix des marchés

4.  Autorisation, par le Conseil d’Etat, de la modification du prix des marchés publics en cours d’exécution, compte tenu des circonstances exceptionnelles

L’avis rendu par le Conseil d’Etat le 15 septembre, à la demande de Bercy, ouvre la voie à une modification « sèche » du prix des marchés publics et concessions en coursUne fiche pratique facilitant sa mise en œuvre est déjà en ligne, et une circulaire sera publiée précisant les démarches à entreprendre, annonce Bruno Le Maire. Cette mesure paraît très simple, mais c’est compliqué en réalité, car un contrat signé est un contrat signé. C’est une avancée structurelle, d’importance majeure ». Olivier Salleron (FFB) salue la mesure, estimant que « cela permettra d’éviter des défaillances qui pourraient venir en cascade. Et c’est directement applicable, à nous maintenant d’aller négocier avec les acheteurs publics ! ». Moins d’enthousiasme du côté de la FNTP, qui considère que « seule une mesure d’ordre public législative aurait permis la révision des prix des contrats en cours à prix ferme. »


5.   Réflexion confiée au Médiateur des entreprises sur l’amélioration de la prévisibilité des prix des matières premières, avec une équipe de 16 médiateurs nationaux délégués et de 44 médiateurs régionaux placés auprès des DIRECCTE, partout en France, ainsi que sur une équipe nationale de 18 personnes..

La transparence des prix, « c’est le vrai sujet. Je ne doute pas que Pierre Pelouzet [le Médiateur] soit la bonne personne pour relever ce défi… », ponctue Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB, Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, un syndicat professionnel, qui salue cette première étape, mais en attend davantage.

Simplifier l’accès aux marchés publics

6. Pérennisation du seuil à 100.000 euros en-dessous duquel les marchés publics de travaux peuvent être passés sans formalités préalables.

Pour Bruno Le Maire, la consécration de ce seuil initialement instauré à titre temporaire dans la suite de la crise de Covid est la mesure la plus importante de ces Assises : « C’est un outil de simplification massive pour les PME, qui était soutenu par toutes les fédérations ». Ces derniers mois, ce seuil haut aurait permis d’accélérer un certain nombre de projets et d’améliorer l’accès des petites entreprises aux contrats.

7. Raccourcissement de 6 à 4 mois du délai prévu par le CCAG, , entre l’obtention d’un marché public et le démarrage effectif des travaux. En France, et en droit des marchés publics, les cahiers des clauses administratives générales fixent les principaux aspects contractuels des marchés qui s’y réfèrent. Il existe six CCAG en fonction de l’objet du marché: CCAG aux travaux, CCAG aux marchés industriels, CCAG aux prestations intellectuelles.

« Il s’agit, commente le ministre de l’Economie, d’accélérer les mises en chantier et de protéger les entreprises titulaires de l’explosion des prix ».

Accompagner les entreprises dans leurs obligations réglementaires et écologiques

8. Période de tolérance de 4 mois accordée aux petits acteurs lors de la mise en œuvre de la responsabilité élargie du producteur (REP) le 1er janvier 2023

Ce sont les PME qui devraient bénéficier de cette tolérance. « Quatre mois c’est court, commence Jean-Christophe Repon (Capeb). J’ai surtout demandé une clause de revoyure car je ne suis pas certain que les éco-organismes seront prêts et auront maillé le territoire en début d’année prochaine. »

9. Publication rapide des tarifs des éco-organismes agréés dans le cadre de la filière REP

« Les entreprises qui auront la responsabilité de définir les prix sont en cours de désignation aujourd’hui même », dévoile Olivier Klein.

10. Meilleur ciblage des contrôles sur les chantiers pour lutter plus efficacement contre le travail illégal

« L’accompagnement des acteurs est un sujet très lourd : il faut financer, trouver les fonds propres, les solutions techniques… pour faire en sorte que les ambitions gouvernementales ne restent pas lettre morte », pose Bruno Le Maire, pourtant entouré d’une nébuleuse d’agences, de cabinets et de directions. De son côté, Olivier Klein rentre dans le détail :  « Il s’agit d’un appel d’offres spécifique à destination des entreprises pour les inviter à s’unir pour réfléchir ensemble à des solutions qui permettent d’aller plus loin sur les résultats énergétiques. Nous devons travailler sur la massification des rénovations globales mais aussi améliorer la qualité des chantiers. » Pour Jean-Christophe Repon, il y a également un enjeu de communication : « Il faut faire comprendre aux artisans que ce marché existe et qu’il leur est ouvert. Pourquoi ne pas répondre à cet appel à projets avec un groupement d’artisans ? D’ailleurs, nous demandons également à Bercy de revoir les implications de la constitution d’un groupement momentané d’entreprises (GME). L’exigence de solidarité freine le développement des GME. Dans la mesure où chaque artisan dispose de ses polices d’assurance, cette clause de solidarité n’a pas de sens. » La Capeb souhaiterait voir ressusciter l’article de la loi Climat et résilience censuré comme cavalier législatif qui interdisait la solidarité juridique des cotraitants pour les marchés de moins de 100 000 €.

« Nous travaillerons avec les directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) de chaque territoire pour relancer les conventions existantes afin de renforcer les contrôles et augmenter les fréquences », assure Olivia Grégoire.

11. Prorogation de l’expérimentation du label RGE – « reconnu garant de l’environnement » -, « chantier par chantier » au-delà du 31 décembre 2022

Rappelons que cette expérimentation offre la possibilité aux artisans et aux petites entreprises de réaliser des travaux de rénovation énergétique sans être RGE, mais en faisant bénéficier leur client des aides publiques (habituellement conditionnées au recours à une entreprise RGE). Une nouvelle saluée par Jean-Christophe Repon, qui compte actuellement « 600 dossiers ». Le président de la Capeb relève tout de même qu’aucune date limite n’a pour le moment été communiquée.

Accélérer la transition écologique dans le secteur

12. Prévision d’une première enveloppe de 30 millions d’euros dans le cadre de France 2030 – ce grand (bien sûr) plan d’investissement d’avenir annoncé par Macron soi-même depuis l’Elysée – pour renforcer l’offre globale dans les travaux de rénovation énergétique. Ces 30 millions sont déjà prévus dans le plan d’investissement pour la France de demain : son annonce date d’octobre 2021 et fait du profit dans la communication de l’exécutif depuis douze mois… Ce sont toujours les mêmes 30 M€, mais c’est aussi L’Arlésienne…

13. Mise en place d’une concertation rapide sur le « carbon-score » – en français, « bilan carbone », tout bêtement – des matériaux et sa prise en compte à l’avenir dans les marchés publics pour une publication ciblée pour le début d’année 2024

« Avec la RE 2020, les permis de construire sont déjà concernés par ce sujet du carbone. Au-delà des mode de chauffage, qui sont importants pour passer les seuils de la RE 2020 – nouvelle norme environnementale dont l’objectif principal est de construire des bâtiments neufs plus sobres sur le plan énergétique et moins carbonés –  il faut que l’on définisse une certaine qualité de matériaux et que nous la fassions progresser », indique Olivier Klein. Alors que les comparaisons sont impossibles dans la base Iniès (lire notre enquête), Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH – depuis octobre 2002, nom de l’Union nationale des fédérations d’organismes HLM – estime que ce « carbon-score bilan carbone» est « un sujet nouveau, qui permettra aussi de travailler sur les matériaux issus du recyclage afin de garder une certaine traçabilité du produit ».

Ces mesures qui n’ont pas été retenues et qui laissent les fédérations sur leur faim

S’il y a bien une chose qui fait consensus, c’est la méthode. « Ces assises sont historiques, il n’y a jamais eu de précédent, surtout avec une durée aussi longue. La forme est excellente », souligne Olivier Salleron, heureux « d’avancer en filière ». La présidente de l’USH apprécie également le changement de ton : « Ca change… nous n’étions pas habitués à la concertation. » Et si la demande de la FFB portant sur la création d’un Conseil national de la construction n’a pas été suivie d’effet à ce stade, ces assises « constituent peut-être officieusement un tel conseil ! », glisse Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).

Pour la suite des travaux, la FFB espère notamment obtenir des avancées en matière de simplification des permis de construire,  de mise en œuvre du ZAN – un objectif de « zéro artificialisation nette » fixé par le Plan Biodiversité de juillet 2018 pour 2050 – et de coup de pouce à MaPrimeRénov’.

Le sujet de la limitation de la sous-traitance en cascade, qui n’a pas encore abouti à une mesure, est toujours en débat. « Toutes les organisations patronales sont d’accord sur le principe, mais il y a une discussion sur le nombre de rangs de sous-traitance ». La FFB penche pour deux maximum, la Capeb n’en souhaite qu’un, d’autres en veulent trois. Olivia Grégoire, elle, entend s’assurer d’abord des impacts qu’une telle limitation aurait sur les plus petites entreprises en bout de chaîne.

Autre requête : « la simplification et l’harmonisation des niveaux de TVA pour les travaux de rénovation énergétique n’a pas encore été traitée », regrette Emmanuelle Cosse qui souhaite que Bercy travaille « au renforcement du financement de ces opérations ». La présidente de l’USH juge le ministre et ses équipes bien disposés à avancer sur ce dernier sujet puisque « ils ont acté que pour accélérer sur la transition écologique et la rénovation globale, il faut des fonds propres ».

Enfin, la FNTP n’a pas obtenu gain de cause sur l’indexation de la dotation globale de fonctionnement (DGF) à l’inflation afin de « préserver les capacités d’investissement des collectivités territoriales ». Bruno Cavagné, le président de la fédération, renvoie au « contenu du projet de loi de finances pour 2023 [qui] fera office de juge de paix. Notre boussole actuellement est le niveau d’activité de nos entreprises. Si un accompagnement financier est consenti aux collectivités territoriales, de nature à préserver la capacité d’investissement local en 2023, alors nous pourrons nous féliciter du travail de concertation mené avec le gouvernement. »