L’Algérie courroucée par les ripostes françaises à sa demande de restitution

Le parti Les Républicains a réagi à une réclamation algérienne à Paris d’une liste des biens à restituer par la France.

Des pays, dont l’Algérie, refusent de reprendre leurs ressortissants
entrés ou restés illégalement en France
et sous le coup d’une OQTF. 

La liste ouverte « d’objets historiques et symboliques » qui a été présentée cette semaine par l’Algérie à la France suscite une levée de boucliers parmi les droites françaises. Malgré sa revendication, l’Algérie se déclare victime de leur « inimitié » et estime que « le parti Les Républicains ne se contente plus de faire pression sur le président Emmanuel Macron pour contrarier son rapprochement avec Alger »… Selon sa presse, « il emprunte désormais sa rhétorique véhémente à l’extrême-droite sur l’Algérie. »

La droite française s’en prend à l’Algérie

« Après avoir calqué leur programme, poursuit cette presse, Les Républicains se mettent à voler aux courants extrémistes leur violence verbale sur l’Algérie.« 

Eric Ciotti et son parti étaient aux avant-postes lors des débats sur la loi immigration, exigeant un texte plus ferme et surtout la révocation du traité de 1968, trop « favorable » à l’immigration algérienne.

Une proposition de résolution pour la révocation de l’accord a été introduite le 7 décembre 2023 par les LR, mais elle n’a pas obtenu un nombre de votes suffisant des députés de l’Assemblée nationale.

En mai 2023, lors d’un voyage au Maroc, Eric Ciotti  et Rachida Dati ont plaidé publiquement pour le « rééquilibrage » de la politique maghrébine de la France et la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental, dans le contexte d’un rapprochement avec l’Algérie et d’un froid entre Paris et Rabat qui durait depuis 2021. Rachida Dati, d’origine marocaine, est revenue au gouvernement en janvier dernier en tant que ministre de la Culture.

Il y a moins de deux semaines, elle s’est impliquée dans la polémique entre l’Algérie et le Maroc sur l’origine du Caftan, apportant sans surprise son soutien au royaume.

Dans son tweet, LR appelle Alger à reprendre également  ses « criminels » et ses « délinquants ».

Tandis que la politique algérienne de Macron prend progressivement le nom de « réconciliation » et que les relations tendent ainsi à se normaliser, le clivage entre les deux pays semble ne pas être tant mémoriel que politique. Or, l’Algérie relance précisément le sujet de la « restitution » et diabolise les droites françaises, juste après la cinquième rencontre de la commission mixte Histoire et mémoire qui s’est tenue au siège des Archives nationales à Birkhadem, Alger, les 22 et 23 mai 2024., coïncidant avec le mois de la Mémoire en Algérie .

Dans un communiqué rendu public, lundi 27 mai, le panel de la commission algéro-française d’historiens chargée du dossier de la mémoire de la colonisation a fait savoir que la partie algérienne a dressé une « liste ouverte » d’objets symboliques de la période coloniale que l’Algérie souhaite récupérer auprès de la France.

L’Algérie accuse la droite française de réagir vivement à cette nouvelle demande qui passe crème auprès de Macron. La droite est qualifiée d’extrême pour avoir lancé « une campagne d’attaques et de railleries contre l’Algérie, » dixit Alger.

La réaction de Marion Maréchal est venue en réponse à un tweet de la militante franco-palestinienne et candidate LFI aux européennes Rima Hassan qui a estimé qu’ « il est temps que la France rende tout ce qu’elle doit à l’Algérie ».

« On va plutôt leur rendre les Algériens clandestins, fichés S, criminels et chômeurs longue durée », a répondu la tête de liste du parti d’Eric Zemmour aux prochaines élections européennes.

Cette riposte s’est retrouvée, ce jeudi 30 mai, presque dans les mêmes termes, sur la page X officielle du parti Les Républicain. « Il faut tout reprendre », lit-on sur fond de photo de supporteurs de foot algériens. « Message de service à l’Algérie, il faut tout reprendre, les biens et le mal : criminels, délinquants, clandestins, OQTF … », a écrit le parti, concluant sur un « one, two, three » suivi de l’émoji d’un avion.

Le président du parti Eric Ciotti a assumé la même réponse du berger à la bergère sur son compte X personnel. « Transmettons également à l’Algérie la liste des délinquants qu’ils doivent reprendre chez eux », a tweeté Eric Ciotti, dont le parti plaide ouvertement pour une rupture des relations avec l’Algérie.

Il faut savoir que la France se situe en troisième place des investisseurs en Algérie (probablement la première hors hydrocarbures), derrière les Etats-Unis (don la société américaine Chevron, connue dans le domaine du gaz de schiste) et l’Italie. Ces investissements sont principalement concentrés dans trois secteurs : i) les activités financières et d’assurance (36 % du total), ii) l’industrie manufacturière (29 %), décomposable entre industrie automobile, pharmaceutique, alimentaire et chimique – enfin iii) les industries extractives (23 %).

Les données publiées par la Banque de France font état de flux d’IDE français vers l’Algérie de 15 M euros en 2021, retrouvant un niveau positif après deux années négatives en 2019 et 2020 (-53 M € et 108 M € respectivement). En 2022, les flux d’IDE français vers l’Algérie ont atteint 123 M €. Les échanges commerciaux franco-algériens confirment leur progression en 2023 et affichent une hausse de 5,3 %.

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