Macron ne reçoit pas les syndicats de police à l’Elysée : manque de considération?

Ils réclament une loi anti-casseurs à ses collaborateurs

Onze jours après les violences contre les forces de l’ordre qui ont marqué les défilés du 1er-Mai 2023, les syndicats de policiers étaient reçus, à leur demande, ce vendredi 12 mai à l’Elysée. Ils veulent notamment une loi anti-casseurs et l’application stricte des lois par la justice.

Plus d’une heure d’entretien avec le directeur de cabinet de Macron, Patrick Strzoda, et le responsable de la sécurité intérieure, Frédéric Rose, et des discussions sur la bonne voie, selon Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance police. « On a évoqué évidemment la loi anti-casseurs, dit-il. Ils sont fervents partisans de cette loi et ils disent qu’elle va être mise en place. On a aussi demandé que les juges expliquent parfois la sanction proposée. Le juge doit expliquer pourquoi il ne sanctionne pas fermement tel fait ou un tel autre. »

Ancien préfet de Bretagne, surnommé « Monsieur Flashball », Patrick Strzoda, 71 ans, est l’ancien directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve en avril 2016, puis son directeur de cabinet lorsqu’il est nommé premier ministre en décembre 2016. Entendu comme témoin dans l’enquête sur l’affaire Benalla en 2018 par la commission d’enquête du Sénat, il est mis en cause pour son témoignage, comme ceux d’Alexis Kohler (secrétaire général de l’Elysée) et du général Lionel Lavergne, soupçonnés d’« omissions, incohérences » et « contradictions », et le bureau du Sénat devait « saisir le ministère public ». Le 21 mars 2019, le bureau du Sénat saisit le Parquet pour suspicion de faux témoignage. Le 27 juin 2019, l’enquête préliminaire pour faux témoignage le visant est rapidement classée sans suite, en trois mois, par le Parquet de Paris.

Le préfet Frédéric Rose, 49 ans, occupa neuf mois au ministère de l’Intérieur d’octobre 2019 à août 2020, le secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR). Un poste crucial dans l’application des politiques publiques, alors que l’exécutif construit depuis 2018 sa stratégie de lutte contre le séparatisme. Il a ensuite été nommé directeur de cabinet de la nouvelle ministre déléguée à l’Intérieur, en charge de la citoyenneté, Marlène Schiappa. Il a alors été en prise directe avec le projet de loi sur les séparatismes annoncé le 15 juillet par le premier ministre Jean Castex, lors de sa déclaration de politique générale. Un poste stratégique donc qui, selon certains observateurs, traduisait également la nécessité d’avoir « un homme de confiance pour épauler une ministre atypique ». Le nom de Frédéric Rose est également associé à l’élaboration du volet sécuritaire du Plan « Quartiers d’été » destiné à anticiper les tensions estivales dans les quartiers populaires, après une longue séquence de confinement.

Vers une loi anti-casseurs ? Soutenue par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, mais pour l’instant, pas encore actée par l’Elysée, pour les syndicats, elle doit permettre d’éviter que les policiers soient pris pour cibles. 

Mettre la pression sur l’exécutif

« Le point principal, c’est de faire comprendre au casseur qu’il n’a plus le droit de venir aux manifestations, poursuit Fabien Vanhemelryck. Comment ? Tout simplement en l’assignant à résidence, tout simplement en le faisant pointer au commissariat deux, trois, quatre fois, cinq fois s’il le faut pour qu’il n’aille pas à la manifestation. Et surtout, derrière, qu’il y ait le cheminement judiciaire nécessaire. Quand vous agressez un policier aujourd’hui, vous risquez cinq ans de prison, la peine moyenne ferme prononcée, elle est de six mois, et ce ne sont pas les chiffres d’Alliance police nationale, ce sont les chiffres de la justice. »

Pour l’instant, aucun calendrier n’a été fixé, mais les policiers comptent bien utiliser les futurs grands événements, comme la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques, pour mettre la pression sur l’exécutif.

Laissez un commentaire (il sera "modéré)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.