Un proche conseiller de Macron a rencontré secrètement Marion Maréchal

Cet homme de confiance était missionné “pour la sonder” avant la présidentielle

Il est « conseiller mémoire » de l’Elysée et a invité à déjeuner la nièce de Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, laquelle est arrivée seconde au premier tour de deux élections présidentielles. On est en droit de s’interroger sur le lien entre la fonction officielle de l’individu et sa mission auprès de la famille Le Pen.

Certes, cet ex-journaliste qui passait pour illettré à l’éphémère site LePost, puis i-télé (finalement recueilli par L’Obs), où le niveau n’était guère relevé et où ses articles étaient parmi les plus mal tournés, dans un français approximatif que la longueur des phrases supportait mal, mais surtout insidieux, malveillants et de parti-pris: on peut donc envisager qu’il ait pu avoir une soudaine prise de conscience et vouloir s’inscrire à l’ISSEP-Lyon le 14 octobre dernier dans la plus stricte confidentialité. L’Institut des sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP) est une école privée d’enseignement supérieur du management type école de commerce, des sciences politiques et de la culture générale et, qui sait, d’orthographe.

Pour ceux qui ne l’ont pas reconnu, Macron appela ce socialiste sectaire à son côté, ex-conseiller politique d’Arnaud Montebourg, comme porte-parole de la présidence de la République française entre le 1er septembre 2017 et septembre 2018, soit une année, marquée par une intervention cinglante, s’exprimant tel Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, énonçant les sanctions tardives qui fondaient enfin sur Alexandre Benalla:

Son passage à l’Elysée eut pour effet la suppression du poste…

« Marianne » avait critiqué cette nomination, estimant que « l’éditorialiste Bruno Roger-Petit récolte les dividendes de ses billets très favorables à Emmanuel Macron », regrettant « un grand brouillage politico-médiatique ». Les mois précédents, la Société de journalistes (SDJ) s’était déjà inquiétée de l’importance de ses éditoriaux favorables à Emmanuel Macron dans le magazine Challenges (entre janvier et mars 2017, on comptait 19 de ses articles comme pro-Macron ou hostiles à ses adversaires). Pour Le Figaro Magazine, « depuis quelques mois, son ardeur à soutenir Emmanuel Macron n’a pas pu être prise en défaut. Sa nomination en tant que porte-parole de l’Elysée apparaît davantage comme l’officialisation d’un rôle officieux que comme une réelle surprise ». A cette occasion, Le Canard enchaîné rappelle les saillies du journaliste contre ses confrères trop proches des politiques : il avait par exemple déclaré au micro de Jean-Marc Morandini que « le problème, c’est qu’il y a toujours des journalistes politiques qui ont une vocation rentrée de conseiller du prince ». Peu avant que le tourne à l’avantage de Macron, ce journaliste écrivit aussi: « Macron est de ces nénuphars politiques qui émergent de temps à autre, portés par l’air du temps et les médias en mal de nouveaux personnages de roman, mais qui faute de racines, finissent par périr d’eux-mêmes ». Dans les pages de l’Humanité, Alain Rémond évoqua des mots un peu dures prononcés par ce journaliste, juste après la démission de Macron du gouvernement, et avant la pirouette du zélé nouveau converti.

Si vous ne donnez pas votre cou à la guillotine, ce proche sanguinaire de Macron est nommé Bruno Roger-Petit. Ancien collaborateur de France Télévisions âgé de 58 ans, avait commencé en 1998 par animer tout naturellement l’émission Langue de p… sur la radio BFM.

Bruno Roger-Petit a suscité de nombreuses critiques pour des séries de chroniques interprétées comme un acharnement, à l’exemple de Frédéric Taddeï qui, en 2014, se plaint des agressions de Roger-Petit, qu’il décrit comme un détracteur régulier : « Chaque semaine, il m’accuse d’un nouveau crime. Ces derniers mois, il me reprochait de vouloir assassiner la social-démocratie en invitant des libéraux. Cette fois, c’est d’inviter Nabe. » Aujourd’hui, au restaurant Le Dôme à Montparnasse, il déjeune avec la petite-fille de Jean-Marie Le Pen.

Lors de l’affaire Cahuzac, Bruno Roger-Petit attaque le site Mediapart et défend avec véhémence le ministre socialiste du Budget d’alors, et encore dans les premiers temps suivant sa démission. Les aveux et condamnations de Jérôme Cahuzac donneront tort au perspicace futur conseiller de Macron.

Julien Salingue, docteur en science politique, co-animateur d’Acrimed, dénonce en 2014 chez Bruno Roger-Petit de « petites manipulations » et « un journalisme pamphlétaire, certes, mais mensonger ». Au porte-parolat de l’Elysée, il ne pouvait faire que des merveilles…

Le journal Le Monde révèle le déjeuner secret

Le conseiller « Mémoire » de Macron, a organisé une rencontre avec la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal. La rencontre a eu lieu le 14 octobre dernier à Paris. Depuis, rien n’avait filtré de cette entrevue cachée. Interrogée cependant aujourd’hui par le journal, l’ancienne députée du Vaucluse n’a nullement nié la rencontre : « Bruno Roger-Petit est passé par un ami pour me proposer de me rencontrer. J’ai accepté : je ne refuse jamais de discuter par principe », avance-t-elle, surtout que j’étais assez curieuse de connaître celui qui s’amusait à me traiter de nazie toutes les deux semaines quand j’étais députée », ajoute Marion Maréchal. 

Comment un président peut-il souffrir un tel personnage dans les couloirs de l’Elysée ?

Bruno Roger-Petit a indiqué qu’il voulait savoir « à titre personnel [vieille ganache, mais trop balourd] ce qu’elle avait à dire », et si elle était « en résonnance avec l’état de l’opinion ». Visiblement, selon le conseiller de Macron, ce n’était a priori pas le cas puisque, ô surprise, il a constaté un « désaccord », comparant l’entrevue à ce qu’avait fait Xavier Bertrand avec Eric Zemmour. 

Le troupeau bêlant LREM s’agite dans la bergerie

Un tel rendez-vous, même s’il s’en défend, pourrait être une stratégie politique de Macron en vue de 2022 pour tâter le terrain à droite, connaissant la popularité de la nièce de Marine Le Pen dont elle s’est éloignée. Car si elle s’est refusée à une candidature à la prochaine présidentielle, elle pourrait bénéficier d’un fort soutien: d’où l’intérêt de tenter son instrumentalisation. Une stratégie aussi qui permet, selon Le Monde, à Bruno Roger-Petit de montrer au président l’importance de « trianguler », à savoir chercher dans toutes les sphères politiques les propositions les plus intéressantes et influentes. 

Dans tous les cas, certaines personnalités politiques se sont indignées, à l’image d’Emmanuel Grégoire, l’adjoint PS à la maire Hidalgo, à Paris, qui s’est fendu d’un tweet insultant, comparant Marion Maréchal à Maurras et Pétain qui « n’étaient pas dispo »selon lui.

Le député LREM Hugues Renson, s’est à son tour offusqué d’un tel déjeuner, puisque, selon lui, « on ne discute pas avec l’extrême droite, on ne transige pas, mais on la combat ».

De son côté, l’ancien ministre socialiste de la Culture, Aurélie Filippetti, a parlé d’un « prétendu ‘nouveau monde’ » qui était en train de « basculer vers du très très rance »

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