Mathilde Panot convoquée par la police de la pensée de Macron

La patronne des députés LFI doit répondre d’« apologie du terrorisme »

L’élue de Seine-Saint-Denis a annoncé elle-même cette convocation dans un communiqué de presse publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), dénonçant le « régime macroniste » et estimant que ce rebondissement s’inscrit dans une « longue liste d’autres tentatives de faire taire les voix en faveur de la paix : annulation de deux conférences de Mélenchon et de Rima Hassan, convocation pour apologie du terrorisme de Rima Hassan et de plusieurs personnalités engagées, jusqu’aux étudiants de l’EHESS, condamnation à un an de prison avec sursis du secrétaire départemental de la CGT du Nord pour un tract pour la paix ou encore la tentative d’interdire jusqu’à la dernière minute la manifestation du dimanche 21 avril contre le racisme et l’islamophobie et contre la protection de tous les enfants ».

Après la militante pro-palestinienne Rima Hassan, en septième position sur la liste LFI, au tour de la chef des députés insoumis Mathilde Panot de recevoir une convocation de la Direction de la police judiciaire de Paris, mardi 23 avril, pour « apologie du terrorisme ».

Les faits reprochés porteraient, selon la présidente de groupe, sur une conférence de presse tenue à la suite du massacre perpétré par les terroristes islamistes du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol d’Israël, carnage à l’origine du bombardement de Gaza. Le mouvement fondé par Mélenchon se voyait à cette époque reprocher de ne pas qualifier de « terroriste » le Hamas, l’un des mouvements islamistes derrière les massacres des kibboutz de Kfar Atza et Nir Oz, ainsi que celui du festival de musique Nova de Reïm. La France insoumise avait publié un communiqué qualifiant l’attaque « d’une offensive armée de forces palestiniennes » et évoquant « l’intensification de la politique d’occupation israélienne » dans les territoires palestiniens.

« Nous ne nous tairons pas. » C’est par ces mots qu’a réagi la députée LFI Mathilde Panot à sa convocation par la police judiciaire de Paris dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme. » J’ai reçu ce jour une convocation pour être entendue dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme ».

Version 1 modifiée

Le mouvement fondé par Mélenchon se voyait à cette époque reprocher de ne pas qualifier de « terroriste » le Hamas, l’un des mouvements islamistes derrière les massacres des kibboutz de Kfar Atza et Nir Oz, ainsi que celui du festival de musique Nova de Reïm.

Levée de boucliers à gauche 

Mélenchon a aussitôt dénoncé « un événement sans précédent dans l’histoire de notre démocratie ».

Beaucoup de ces signalements ont été adressés par l’Organisation juive européenne, une association qui de lutte contre l’antisémitisme. Elle est « au service du gouvernement » israélien, dénonce le coordinateur LFI, Manuel Bompard. 

Certains membres de la Nupes, les écologistes Sandrine Rousseau, Cyrielle Chatelain et Benjamin Lucas, par exemple. Mais aussi le socialiste Philippe Brun. Sur X, il rappelle qu’elle est en désaccord politique sur les termes employés le 7 octobre par les Insoumis, mais juge « fou » de les qualifier d’apologie du terrorisme. La cheffe de file des députés insoumis « pourrait refuser de se présenter à cette audition libre, mais ce n’est pas le choix qu’elle a fait. Elle se présentera devant la justice ».

Son avocate dénonce « une atteinte grave à la liberté d’expression »

Pour l’avocate de Mathilde Panot, Jade Dousselin, « cette convocation par un procureur de la République d’une présidente de groupe d’opposition pour des faits aussi graves et infamants est non seulement inédite mais constitue d’abord et avant tout une atteinte grave à la liberté d’expression dans notre pays », déclare-t-elle.

« Aujourd’hui, les juristes mais aussi les citoyens que nous sommes doivent prendre la mesure de ce qui se joue : la question n’est plus celle d’être en désaccord ou non avec les opinions de tels ou tels responsables politiques mais de la place que nous donnons au débat public et ce que nous sommes collectivement en capacité d’accepter pour le faire taire », poursuit-elle, sachant que LFI dénie à ses adversaires cette règle que Panot revendique pour elle-même.

La question n’est plus celle d’être en désaccord ou non avec les opinions de tels ou tels responsables politiques mais de la place que nous donnons au débat public. (Jade Dousselin)

Pour l’heure, Mathilde Panot attend la date de sa convocation après avoir demandé un report. « Ma cliente répondra à cette convocation et il ne peut y avoir de doute quant à l’issue judiciaire qui y sera donné tant aucun de ses propos ne peuvent être qualifiés de la sorte », conclut le conseil.

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