Les magnats de la presse écrite se font perfuser par les pauvres, via Macron

La presse diffuse la parole officielle mais se plaint de perdre des suiveurs

Je te tiens, tu me tiens…

Du fait de la concurrence des réseaux sociaux – plus critiques de la doxa politiquement correcte – et d’une révolution numérique non anticipée par les assistés, les ventes en kiosque de la presse quotidienne nationale dépassent à peine 150 000 exemplaires par jour, contre 1,3 million en 1990. La presse n’offre que très peu d’alternative aux éléments de langage du pouvoir et continue d’entretenir la désaffection, voire la méfiance et, au final, le rejet de ses informations partisanes, de ses analyses biaisées et de ses explications condescendantes au Français moyen qui ne comprendrait rien à rien sans ses décryptages embarrassés et foireux. Ces organes de presse se sont même dotés de services de fact-checking pour jeter le doute sur les faits et vérités qui leur échappent en dépit de leurs efforts serviles de désinformation.

CheckNews met en doute en mai 2021 la « mobilisation » de cinq milliards d’euros depuis le mois de mars 2020 «en faveur de la culture et des médias» et 666 millions d’euros d’aides débloqués pour la presse à l’issue de la crise sanitaire, pourtant annoncés par le ministère de la Culture 

Venus du BTP, de l’armement, du luxe ou de la téléphonie, une demi-douzaine de milliardaires a pris le contrôle d’une grande partie des media français. Comment TF1, BFMTV, CNews, Le Monde, Libération – organisés en grands groupes – peuvent-ils produire en toute indépendance des enquêtes sur le secteur de la téléphonie, quand leurs propriétaires sont les patrons de Free, Bouygues Telecom et SFR ? Comment les journalistes du Figaro peuvent-ils porter un regard critique sur la politique de défense de la France, quand le propriétaire de leur journal vend des avions de chasse à l’Etat français ? Les décryptages de Les Echos ou Le Parisien ďetenus par LVMH, également détenteur du Bon Marché, de La Samaritaine ou de Sephora peuvent-ils être crédibles sur les sujets de la distribution ?

Il faut « fact checker » les fact checkers de Libération. D’ailleurs, cette mesure adoptée en commission des finances devait être renouvelée par un vote à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du budget pour… 2023 prévu fin octobre.

Toujours prompt à voler au secours des milliardaires qui possèdent la presse, laquelle soutient le pouvoir en place quel qu’il soit, sans que l’alternance leur crée d’état d’âme, le gouvernement vient de débloquer 30 millions d’euros pour la presse « papier ». Les pouvoirs successifs doivent ménager les états dans l’Etat: la famille Arnault (LVMH), la famille Dassault (Le Figaro), la famille Pinault (Le Point), Patrick Drahi (SFR, groupe Altice: Libération et L’Express, et aussi BFMTV et RMC), mais aussi Xavier Niel (Free, groupe Le Monde). Sachant de surcroît que Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2 depuis 2012, est issue de la famille Saint-Cricq, l’un des deux actionnaires majoritaires du groupe Nouvelle République, épouse de Patrice Duhamel (ancien directeur général à France Télévisions) et mère du journaliste Benjamin Duhamel (BFMTV).

2 janvier 2023

Un bouclier social pour les millardaires de la presse. Bruno LE MAIRE, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, M. Gabriel ATTAL, ministre délégué chargé des Comptes publics et Mme Rima ABDUL MALAK, ministre de la Culture ont annoncé mardi 13 décembre dernier une aide de 30 millions d’euros aux éditeurs les plus touchés par l’augmentation de certains de ses coûts de production et du papier.

CheckNews de Libération cite… Mediapart, site révolutionnaire trotskiste, pour distiller le doute sur des faits.

« Ce chiffre de 666 millions a fait l’objet de plusieurs articles, et notamment un de Mediapart : «Les milliardaires qui possèdent la presse plument l’Etat. » Et leur lectorat, au même titre que les annonceurs plument le consommateur en même temps que leurs supports médiatiques. Les consommateurs de la presse comme les consommateurs de produits non culturels sont taxés deux fois par l’Etat complice des barons des media.

Double peine pour le lectorat.

C’est toujours le contribuable qui paie, lecteur ou non: qu’il paie au fisc ou qu’il paie au kiosque ou au site internet, ce n’est pas l’Etat qui aide les magnats de la presse, ni ses journalistes bénéficiaires de 7.650 euros d’abattement fiscal…

Les MLP (Messageries Lyonnaises de la Presse, société coopérative) qui distribuent les magazines et publications réclament un soutien financier à l’Etat pour le reverser aux distributeurs et aux 20 000 vendeurs de journaux.

Le monde de la presse est sous haute tension. Les ventes baissent globalement de 10 % par an, le prix du papier a augmenté de 40 % (le recours au bois de chauffe, suite à la casse du secteur électrique nucléaire, a fait flamber les prix). Dans l’urgence, le gouvernement s’apprête à débloquer 30 millions d’euros pour venir en aide à la distribution (? selon Marianne) des titres de presse.

Mais il y a problème ! Si les pouvoirs publics ne changent pas leur fusil d’épaule, cette aide sera, comme toujours, versée exclusivement à la presse quotidienne nationale. Ou plus exactement à France Messageries, société de messagerie qui a repris une partie des activités de Presstalis (ex-NMPP, lors de sa liquidation judiciaire) et qui appartient à la Coopérative des Quotidiens (actionnaire du groupe Presstaliss, avec la Coopérative de distribution des magazines (CDM). Le concurrent, les MLP qui représentent 550 éditeurs et distribuent près de 3.000 titres dont Marianne, ne touchera rien.

Justifier politiquement un tel choix devient de plus en plus difficile si l’on sait, d’une part, que les quotidiens nationaux sont détenus par les plus grandes fortunes de ce pays (Bernard Arnault avec Aujourd’hui en France et Les Echos, la famille Dassault avec Le Figaro, Xavier Niel avec Le Monde) et de l’autre que leurs parts de marché fondent comme neige au soleil.

Une masse variée d’aides de l’Etat:

– Aide exceptionnelle aux pigistes

– Le Fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse

– Le Fonds stratégique pour le développement de la presse (aides directes)

– Le Fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité

– Les aides à la diffusion (aides directes)

– Les aides concourant au maintien du pluralisme (aides directes)

– Les aides indirectes sur le plan fiscal

– Les aides indirectes sur le plan postal

– Les aides indirectes sur le plan social

« Distortion de la concurrence »

Les quotidiens représentent désormais 13 % du marché de la vente au numéro contre 87 % pour les magazines. En novembre 2022, derniers chiffres officiels connus, la presse quotidienne nationale d’information politique vendait chaque jour 102.600 exemplaires (Le MondeLe FigaroAujourd’hui en FranceLes EchosLa Croix) 106.000, si on y ajoute L’Opinion et L’Humanité.

Pourtant, France Messageries, dont le chiffre d’affaires était de 101 millions d’euros « seulement » a perçu en 2022, 27,5 millions d’euros d’aides publiques qu’elle a affectées à son compte d’exploitation. « Il y a là une distorsion de concurrence que pourrait sanctionner Bruxelles pour peu qu’elle soit saisie » assurent les responsables des MLP qui veulent mettre tout le dossier sur la table en incluant aussi la « péréquation », ce prélèvement obligatoire imposé à tous les magazines, dont le montant s’élève à 9,3 millions d’euros par an. Héritée de l’époque où les quotidiens drainaient un nombre considérable de lecteurs dans les maisons de la presse qui achetaient, en deuxième choix, des magazines, cette « taxation » a perdu beaucoup de sa légitimité. « C’est une ponction sur les revenus des éditeurs » considère Michel Laugier, rapporteur de la commission culture du Sénat.

En dressant leur inventaire, les MLP ont souligné que les magazines versent 2,2 millions d’euros au Monde pour lui permettre d’être distribué seul et en exclusivité le soir même dans un certain nombre de villes en France et qu’elles donnent 2,9 millions d’euros au Journal du Dimanche (50 433 ex.) pour lui assurer un service dont la messagerie lyonnaise ne bénéficie pas.

Librairies, maisons de la presse, kiosques en danger ?

Qui s’étonne que le lecteur se détourne d’une presse qui le manipule dans le sens du pouvoir, quand Macron ne doit sa réelection qu’à la volonté de faire barrage à Marine Le Pen ? Est-il décent et républicain de faire payer au peuple le soutien de la presse au pouvoir? Faut-il encore dès lors s’étonner de voir cette messagerie lyonnaise porter l’affaire devant le gouvernement, plus précisément chez Elisabeth Borne, l’invitant à se saisir du dossier ?

Les MLP veulent que le réseau de diffusion bénéficie aussi des aides publiques, histoire de maintenir les points de vente et ainsi d’assurer la vente des magazines. « A la différence de France Messageries nous ne voulons pas recevoir des subventions, explique José Ferreira, président des MLP. Si le gouvernement décidait de nous les attribuer, il faudrait qu’ils les versent aux dépositaires et aux maisons de la presse. Ce sont eux qui en ont besoin en priorité et c’est le réseau de diffusion qu’il faut aider ! ».

Librairies, maisons de la presse, kiosques, ils ne sont plus que 20 000 diffuseurs en France et leur nombre décroît chaque année. S’ils ne sont plus là – et cette perspective n’est pas une vue de l’esprit – ce sont des journaux, des publications, des livres que l’on ne vendra plus. Ce sont aussi, des lieux de vie, des liens sociaux qui disparaîtront. Avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’expression de la vie démocratique.