Eric Zemmour en Vendée pour défendre les « traditions chrétiennes »

Déboulonnage de la statue Saint-Michel aux Sables d’Olonne : le maire veut un vote des citoyens

Le candidat hors parti à l’Elysée Eric Zemmour (Reconquête!) a appelé ce samedi aux Sables d’Olonne (Vendée) à la « défense » d’une statue de Saint-Michel, « symbole des traditions chrétiennes », dont la justice a ordonné le retrait d’une place publique.

La statue de Saint-Michel fait « l’objet de la vindicte imbécile de laïcards désuets« , a lancé Eric Zemmour devant environ 250 soutiens et défenseurs du monument, appelant au « respect des traditions et de l’histoire« .

La décision du tribunal administratif de Nantes faisait suite à une requête de la fédération vendéenne de l’association de la Libre pensée, qui demandait le retrait de la statue du domaine public en tant qu' »objet religieux manifeste ».

« Nous ne nous laisserons pas éradiquer par un bras armé judiciaire ennemi des traditions chrétiennes« , a ajouté le candidat, qui se tenait aux côtés du souverainiste Philippe de Villiers et de Patrick Buisson, ancien conseiller à l’Elysée, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Dans un communiqué, le candidat avait dénoncé une « nouvelle victoire de la ‘cancel culture’ qui instrumentalise la justice (…) pour imposer son idéologie destructrice ».

Un peu plus tôt dans la matinée, Eric Zemmour a été accueilli à l’Hôtel de ville par le maire des Sables d’Olonne Yannick Moreau (ex-LR), défenseur de la statue de Saint-Michel. Celui-ci avait fait appel en décembre de la décision du tribunal administratif.

Critiques de la droite

Eric Zemmour s’est ensuite exprimé devant environ 500 personnes dans une salle municipale s’en prenant notamment à Valérie Pécresse.

Il y a défendu une « droite qui ne cherche pas à se faire accepter des bien-pensants mais qui cherche à gagner pour la France », ajoutant qu’il offrirait « une caisse de cidre à celui qui trouvera une différence de fond entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron ».

« Valérie Pécresse tente aujourd’hui de singer Nicolas Sarkozy. (…) Mais le Kärcher on nous a déjà fait le coup, il va falloir trouver mieux », a lancé le candidat. Il faisait référence à la candidate LR qui a repris une formule de Nicolas Sarkozy de 2005, appelant à « nettoyer les quartiers ».

Et selon le candidat d’extrême droite, Valérie Pécresse « refuse de débattre » avec lui car « elle a peur que les électeurs de LR découvrent son vrai visage, celui qu’elle s’efforce de dissimuler : celui d’une vraie centriste et d’une vraie conformiste ».

Longuement applaudi par une foule scandant « Zemmour président » et « On est chez nous », il y a salué le « patriotisme ardent » de la Vendée et vanté son « rayonnement culturel » ainsi que sa « réussite industrielle ».

La perte du sens du sacré, porte ouverte à l’islamisation de la France

Le concept de laïcité mènera-t-il le pays à sa perte?

Patrick Buisson exhorte la droite à ne pas « s’enrôler dans une croisade contre l’islam ».

Invité de Apolline de Malherbe, le rendez-vous, le 8 mai 2021, Patrick Buisson a fait l’éloge de l’islam et du sens du sacré qu’il reconnaît aux musulmans. Il en a profité pour adresser un avertissement à sa famille politique qui s’égare, selon lui, dans une attitude belliqueuse sur le sujet du sacré.

Ancien du Rassemblement du peuple français (RPF) du général de Gaulle, Patrick Buisson est historien, journaliste et intellectuel de droite, qui se reconnaît réactionnaire. Alors qu’il vient de publier l’essai La fin d’un monde, il exprime des idées minoritaires dans son propre camp, mais qui progressent dans l’opinion, lasse du « politiquement correct » stérile et paralysant. Invité de notre émission Apolline de Malherbe, le rendez-vous ce samedi, il a ainsi jugé que sa famille politique cultivait une attitude belliqueuse à l’égard de l’islam et le lui a reproché.

« Je dis à mes amis de droite, il m’en reste encore beaucoup: ne vous laissez pas enrôler dans une croisade contre l’Islam », a-t-il lancé en préambule. Il a poursuivi: « Vous faites fausse route; ce n’est pas le bon chemin, c’est une erreur magistrale que nous paierons. Le problème ce n’est pas tant l’Islam que l’immigration. Il ne faut pas se tromper dans l’analyse. » « Ceux qui se trompent dans l’analyse seront responsables des grands malheurs qui pourraient arriver à la France dans les années à venir », a-t-il averti.

L’islam nous renvoie à l’image de notre déclin et de notre décadence.

Patrick Buisson a donné une explication mêlant psychologie et politique à ce sentiment qu’il prête à la droite. « L’islam n’est que le miroir de nos insuffisances et de nos démissions. L’islam nous renvoie à l’image de notre déclin et de notre décadence. C’est ça qui nous est insupportable », a-t-il ainsi affirmé.

Il a d’ailleurs plaidé pour laisser une plus grande latitude à la pratique religieuse dans l’espace public en France. « Nous sommes pratiquement la seule nation d’Europe où les signes religieux sont interdits dans l’espace public, pratiquement bannis. Je n’ai jamais été un laïciste forcené, je trouve qu’on pourrait manifester sa foi comme on l’entend », a-t-il développé. Met-il la charrue avant les boeufs: réintroduire le sacré religieux dans les vies n’est-il pas un préalable nécessaire avant toute libéralisation religieuse?

Il a synthétisé son point de vue en deux formules qui condamnent notre société: « J’ai plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string de 13 ans. J’ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière cinq fois par jour que pour les bobos écolos à trottinette« .

L’essayiste a alors estimé que l’islam nous indique la voie

« Je considère qu’en humanité, ils ne sont pas des êtres inférieurs, j’ai même tendance à considérer qu’ils sont des êtres supérieurs. »

« Inhabitable » séparation

C’est une louange au sens du sacré de l’ensemble des croyants. Faisant implicitement référence à la charte des principes de l’islam de France et aux propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui avait estimé qu’on ne peut discuter avec des gens « refusant de placer la loi de la République au-dessus de la loi de Dieu », l’historien a observé: « Ça ne me scandalise absolument pas qu’un croyant place la loi naturelle, la loi divine au-dessus de celles de la République, » puisqu’au nom de la laïcité et de la liberté sans entraves, vantées par les soixante-huitards libertaires et pédophiles, puis les jeunes confinés par la Covid-19 au bord de la déprime, elles sont vidées de tout sens du sacré.

Citant un propos du philosophe libéral Pierre Manent – ‘On n’habite pas une séparation’ – Patrick Buisson a déploré:

« Il y a une séparation entre les musulmans et la société française : ils sont habités d’un double sentiment explosif. Un sentiment de supériorité en terme de civilisation – ils nous regardent comme une société apostate, décadente, réduite à la consommation – et l’autre sentiment, c’est le sentiment d’infériorité lié à leur marginalité dans notre société ».

« Notre rapport à l’Islam est lié au recul du sacré dans notre société. Nous sommes une société où le sacré est étranger. Comment voulez-vous que les musulmans s’assimilent? Quelles valeurs nous leur proposons? », avait-il posé au préalable. Ont-il un autre choix que de nous soumettre pour exister? La conquête est-elle nécessaire à leur réalisation spirituelle? Elle passe par le séparatisme politique.

« Vivre-ensemble, » à une condition

Pour autant, l’historien envisage qu’un vivre-ensemble soit possible. Il soutient toutefois que « le problème du vivre-ensemble ne se pose pas seulement du côté des musulmans, il se pose du côté des Français, de la communauté nationale ». Patrick Buisson fixe une condition à ce « vivre-ensemble ».

« Ça fonctionne quand on partage le sacré, quand on ne réduit pas l’Homme à un être unidimensionnel (en référence à l’analyse du philosophe marxiste Herbert Marcuse dans un livre du même titre publié aux… Etats-Unis en 1964 et très populaire à gauche dans les années 1960), réduit à ce qu’il consomme, à sa peau« , a-t-il dit.

Selon un sondage Ipsos publié dans Le Monde le 24 janvier 2013, 74 % des Français pensent que l’islam est incompatible avec les valeurs de la société française. Selon leur enquête publiée en 2019, quelque 14 % des personnes déclarant une religion sont musulmanes, et la proportion de catholiques et musulmans est identique chez les 18−29 ans. En 2019, l’Observatoire de la laïcité estime le nombre de musulmans en France à 4,1 millions (soit environ 6 % de la population totale).

L’Observatoire de la laïcité indique en 2019 que « la proportion des Français de confession musulmane qui se déclarent « pratiquants » est relativement forte (de 1/3 à un peu plus de la moitié des musulmans selon les enquêtes et selon les items précis), bien supérieure aux Français de confession catholique, orthodoxe, juive, protestante luthérienne et réformée.

Or, en 2008, The Washington Post indique que « 60 % à 70 % des détenus français sont musulmans.»