La ministre Amélie Oudéa-Castera devra-t-elle boire la coupe jusqu’à la lie ?
Le président du Comité d’organisation est suspecté de se verser plus qu’il ne doit à la tête du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop).
Le président Tony Estanguet fait désormais l’objet d’une enquête sur les conditions de sa rémunération, récemment ouverte par le Parquet national financier, a-t-on appris ce mardi 6 février, de source proche du dossier.
Ces investigations ont été confiées à la police judiciaire parisienne « la semaine dernière ». Elles portent sur la rémunération annuelle de l’ancien champion de canoë monoplace, qui aurait perçu des sommes bien supérieures à celles que son statut de dirigeant du Cojop, une association de type loi 1901, l’autorisait à toucher.
Selon des chiffres communiqués par le Cojop, Tony Estanguet aurait perçu 270.000 euros annuels brut jusqu’en 2020. Dans un article publié en octobre, Le Canard enchaîné révélait que l’ex-sportif aurait créé une société qui facture des « prestations non commerciales » au Cojop, s’interrogeant sur le contrôle de « la réalité et la qualité des prestations » effectuées par la société du dirigeant sportif.
Le Cojop « étonné »
Le Cojop a réagi dans la foulée à l’ouverture de cette enquête, en faisant part de son « étonnement ». « Le cadre de la rémunération du président du comité d’organisation est très strictement encadré », a fait valoir le Cojop, soulignant que la rémunération de Tony Estanguet « a été décidée et validée par le premier conseil d’administration du comité d’organisation le 2 mars 2018, qui a statué en son absence, de façon souveraine et indépendante ».
Le Cojop a également justifié « le montant de [la] rémunération » de son dirigeant, décidée sur proposition d’un « comité des rémunérations » composé « d’experts indépendants chargés de s’assurer de la pertinence de notre politique de rémunération. » Et l’instance d’ajouter : « Le montant des factures inhérentes à cette rémunération fait l’objet d’un audit annuel « par une » cellule d’audit interne indépendante de l’exécutif du comité d’organisation et d’un examen par le comité des rémunérations. »
Des questions et trois autres enquêtes
L’organisation des Jeux olympiques de Paris avait déjà attiré l’attention de l’Agence française anticorruption (AFA), début 2021. Des « risques d’atteintes à la probité » et de « conflits d’intérêts » avaient été signalés dans deux rapports.
L’entreprise de Tony Estanguet était évoquée dans l’un de ces documents, où l’AFA pointait un « montage atypique dans le cadre d’une association de loi 1901 », qui « n’est pas sans poser de difficultés », rappelle Le Canard enchaîné. Trois autres enquêtes financières distinctes sont en cours sur l’organisation des JO, notamment pour des soupçons de favoritisme et de détournements de fonds publics lors de l’attribution des marchés.