JO 2024 : Tony Estanguet, visé par une enquête du Parquet national financier

La ministre Amélie Oudéa-Castera devra-t-elle boire la coupe jusqu’à la lie ?

Le président du Comité d’organisation est suspecté de se verser plus qu’il ne doit à la tête du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop).

Le président Tony Estanguet fait désormais l’objet d’une enquête sur les conditions de sa rémunération, récemment ouverte par le Parquet national financier, a-t-on appris ce mardi 6 février, de source proche du dossier.

Ces investigations ont été confiées à la police judiciaire parisienne « la semaine dernière ». Elles portent sur la rémunération annuelle de l’ancien champion de canoë monoplace, qui aurait perçu des sommes bien supérieures à celles que son statut de dirigeant du Cojop, une association de type loi 1901, l’autorisait à toucher.

Selon des chiffres communiqués par le Cojop, Tony Estanguet aurait perçu 270.000 euros annuels brut jusqu’en 2020. Dans un article publié en octobre, Le Canard enchaîné révélait que l’ex-sportif aurait créé une société qui facture des « prestations non commerciales » au Cojop, s’interrogeant sur le contrôle de « la réalité et la qualité des prestations » effectuées par la société du dirigeant sportif.

Le Cojop « étonné »

Le Cojop a réagi dans la foulée à l’ouverture de cette enquête, en faisant part de son « étonnement ». « Le cadre de la rémunération du président du comité d’organisation est très strictement encadré », a fait valoir le Cojop, soulignant que la rémunération de Tony Estanguet « a été décidée et validée par le premier conseil d’administration du comité d’organisation le 2 mars 2018, qui a statué en son absence, de façon souveraine et indépendante ».

Le Cojop a également justifié « le montant de [la] rémunération » de son dirigeant, décidée sur proposition d’un « comité des rémunérations » composé « d’experts indépendants chargés de s’assurer de la pertinence de notre politique de rémunération. » Et l’instance d’ajouter : « Le montant des factures inhérentes à cette rémunération fait l’objet d’un audit annuel « par une » cellule d’audit interne indépendante de l’exécutif du comité d’organisation et d’un examen par le comité des rémunérations. »

Des questions et trois autres enquêtes

Le président Macron, Tony Estanguet, l’un des deux co-présidents du comité de candidature, et la maire de Paris, Anne Hidalgo,
le 11 juillet 2017 à Lausanne.

L’organisation des Jeux olympiques de Paris avait déjà attiré l’attention de l’Agence française anticorruption (AFA), début 2021. Des « risques d’atteintes à la probité » et de « conflits d’intérêts » avaient été signalés dans deux rapports.

L’entreprise de Tony Estanguet était évoquée dans l’un de ces documents, où l’AFA pointait un « montage atypique dans le cadre d’une association de loi 1901 », qui « n’est pas sans poser de difficultés », rappelle Le Canard enchaîné. Trois autres enquêtes financières distinctes sont en cours sur l’organisation des JO, notamment pour des soupçons de favoritisme et de détournements de fonds publics lors de l’attribution des marchés.

JO. 2024 de Paris: soupçons de prises d’intérêts et favoritisme sur le Comité olympique

Des perquisitions sur plusieurs sites, Solideo et le COJO, ce jour

Une perquisition en cours au comité d'organisation des JO-Paris 2024.

A 14 mois des Jeux olympiques de Paris 2024, une perquisition est en cours au siège du comité d’organisation (Cojo) à… Saint-Denis, commune dite défavorisée, comme la Seine-Saint-Denis, département geignard et mendiant, près de Paris, a indiqué mardi le Cojo, sans préciser sur quoi porte l’enquête.

Des perquisitions sont en cours mardi matin sur plusieurs sites, notamment au siège du Comité d’organisation (Cojo) des Jeux-2024 de Paris et à la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), a indiqué le Parquet National Financier (PNF).

Le ministère public a précisé que ces perquisitions sont réalisées dans le cadre de deux enquêtes préliminaires ouvertes respectivement en 2017 et 2022, sur des soupçons de prise illégale d’intérêts et de favoritisme. Elles concernent toutes deux des marchés attribués dans le cadre de l’organisation des Jeux olympiques.

Le Cojo fait savoir qu’il « collabore pleinement avec les enquêteurs ». Ces perquisitions sont menées par l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales) et la BRDE, brigade financière de la police judiciaire parisienne, a-t-on appris de même source.

La procédure générale relative aux achats « imprécise et incomplète »

Le Cojo est constitué sous forme d’une association loi 1901. La Cour des comptes suit de près son activité et doit publier un rapport très prochainement. En avril 2021, deux rapports de l’Agence française anti-corruption (AFA) sur l’organisation des JO, pointaient des « risques d’atteintes à la probité » et de « conflits d’intérêts », ternissant l’image des JO voulus « exemplaires » par le patron du Comité d’organisation, Tony Estanguet.

Ces deux rapports initiaux livrés début 2021, dont le Canard Enchaîné avait déjà évoqué la teneur il y a près d’un mois, sont consacrés au Comité d’organisation (Cojo) lui-même et à la Solideo, la société publique chargée de la construction (?) des différents sites pour les Jeux. Les inspecteurs de l’AFA ont estimé que la procédure générale relative aux achats est « imprécise et incomplète », et soulignent qu’il existe « parfois des situations de potentiels conflits d’intérêts non maîtrisés ».