Sept clandestins libérés d’un CRA, faute de téléphone fonctionnel

Décision souveraine d’un juge des libertés, avant tout, et de la détention, un peu

 2018 : la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a décidé d’installer un téléphone dans la quasi-totalité des cellules de prison. 

Globalement, au premier semestre 2017, 19.339 téléphones portables et accessoires ont été découverts (sur 70.000 détenus) dans les prisons françaises. Environ 33.000 téléphones et accessoires avaient été saisis en 2016. Un arrêt de 2009 de la cour européenne des droits de l’Homme interdit la fouille systématique des détenus. Ce qui ne facilite pas la lutte contre le trafic.


2024 : le juge ne trouve pas de téléphone disponible…

Un juge des libertés et de la détention à Lille a pris un risque mortel pour ses concitoyens. Samedi, sept clandestins – quatre Algériens, un Soudanais  un Marocain et un Georgien – visés par des mesures d’éloignement ont été relâchés, pour une raison ubuesque : ils ne pouvaient pas téléphoner à leurs avocats depuis leur centre de rétention administrative (CRA). Or, la loi veut que ces illégaux disposent d’un accès au téléphone pour cinquante.

Plusieurs cabines téléphoniques du centre de rétention où ils étaient retenus ont été détériorés volontairement, d’après les informations du Figaro, confirmées par Europe 1. Ils n’ont toutefois pas eu besoin des conseillers juridiques associatifs pour comprendre qu’en vandalisant les appareils collectifs, ils s’assurent la liberté…

Impossible donc, pour ces sept clandestins, de communiquer librement, ce qui, pour la juge des libertés, Coralie Cousty, correspond à une atteinte aux droits fondamentaux des étrangers. Mais inutile pour lui ou elle d’enquêter sur d’éventuelles dégradations: le juge (JLD) est assuré de l’impunité si l’un des sept commet une agression dans les heures suivant sa libération.

« Une situation incompréhensible »

En conséquence, les sept individus visés par une mesure d’éloignement (contrôle judiciaire et interdiction d’entrer en contact) ont été relâchés. Une aberration pour Arnaud Boutelier, porte-parole du syndicat Alliance Police Nationale. « Une grande surprise, une situation incompréhensible et surtout surprenante, les collègues sont furax », indique-t-il. « Connaissant des collègues du CRA et la direction, tous les moyens sont mis à disposition pour les rétentionnaires, à savoir des téléphones, des cabines. »

« Alors quand ils sont détériorés par eux-mêmes, malheureusement, ils peuvent accéder soit à leur téléphone portable soit acheter une puce. Donc dire qu’il n’y a pas eu de téléphone… nous restons dubitatifs. » Cela n’est jamais arrivé auparavant, conclut-il. Les deux tiers des téléphones ont été réparés depuis, se défend la préfecture qui va faire appel de la décision du juge des libertés et de la rétention.