Une nationalisation d’EDF n’est pas exclue (Le Maire)

Juste une question de tempo, pour le candidat Macron

Si les sondeurs le dopent, Macron, en vérité, accumule les revers
avec les porte-avions non-nucléaires refusés par l’Australie,
son intercession manquée en Ukraine
et l’expulsion du Mali

Interrogé sur l’éventualité d’une nationalisation de l’énergéticien français déjà détenu à 84% par l’Etat, Le Maire a déclaré: « Si toutes les options sont sur la table, elles sont toutes sur la table. »

Alors que le président de la République a annoncé, s’il est réélu, la relance du nucléaire en France, avec la construction de 14 nouveaux réacteurs dont 8 en option, les questions ont surgi tous azimuts. En effet, alors que l’EPR de Flamanville n’en finit plus d’accumuler déboires sur déboires, et alors que la dernière mise en service d’un réacteur remonte à une vingtaine d’années, la faisabilité industrielle est une inconnue. Mais, avec une facture qui devrait atteindre plusieurs milliards d’euros, la question du financement de ce « chantier du siècle » semble encore plus incertaine. Et le groupe EDF a lui-même tiré la sonnette d’alarme sur les difficultés financières qu’il traverse.

Ce mardi, face à ces incertitudes, le ministre des Finances Bruno a mis l’accent plutôt sur l’ouverture d’esprit avec lequel l’exécutif aborde le problème, assurant que toutes les options sont sur la table concernant l’avenir d’EDF, y compris la nationalisation totale.

Sur BFM Business, Bruno Le Maire, répondant à qui l’interrogeait sur l’éventualité de  nationaliser l’entreprise de production d’électricité déjà détenue à 84% par l’Etat, déclarait: « Si toutes les options sont sur la table, elles sont toutes sur la table. »

Virage à 180 degrés

Cette position du ministre de l’Economie marque un véritable changement discours : en janvier, des sources au ministère des Finances avaient précédemment déclaré qu’il n’était pas prévu de nationaliser EDF. « Il n’y a pas de scénario de cette nature sur la table », avait déclaré une source du ministère en janvier.

S’agissant des moyens, le président Macron avait déclaré la semaine dernière que la renaissance du nucléaire français – qui constitue un virage politique majeur intégrant prolongation de la durée de vie des anciens réacteurs et construction de jusqu’à huit nouveaux réacteurs EPR2 – serait dirigée par EDF. L’énergéticien annonçant de son côté avoir commencé à embaucher plus de 15.000 personnes cette année.

Mais les actions d’EDF ont perdu près de 40% de leur valeur en tant que freins pour protéger les consommateurs français de la flambée des prix de l’électricité, ajoutée à une série de revers techniques qui ont forcé l’utilitaire à arrêter un certain nombre de ses réacteurs nucléaires.

Dans l’entretien de mardi, Le Maire a réaffirmé que le gouvernement soutiendra le géant français de l’électricité. « Nous serons là (pour EDF) et nous déciderons ensemble quelle est la meilleure option », a déclaré Le Maire.

L’action EDF s’est échangée en hausse de 2,5 % en début de séance après l’interview de Le Maire.

La relance du nucléaire soumise aux intérêts électoraux de Macron

Alors que le chef de l’Etat a annoncé hier à Belfort son programme de construction de six EPR sur le territoire français avec un premier démarrage dès 2035, auxquels s’ajoutent huit posés en option sur le plus long terme, cette promesse est-elle seulement réalisable ? Plus de vingt ans après la mise en service du dernier réacteur nucléaire dans l’Hexagone et alors que les déboires s’accumulent sur le chantier de l’EPR de Flamanville, le projet soulève en tout cas la question de sa faisabilité industrielle. Mais aussi celle de son financement, puisque la facture devrait atteindre plusieurs milliards d’euros, au moment même où le groupe EDF tire la sonnette d’alarme sur les difficultés financières qu’il traverse.

En matière de stratégie énergétique, le presque candidat Emmanuel Macron a joué cartes sur table. Et c’est un chantier industriel colossal, sans pareil depuis plus de trente ans, qu’il entend désormais lancer pour la France en cas de second mandat. Une « renaissance du nucléaire » sur le territoire, a-t-il fait valoir hier à Belfort, qui se traduirait par la construction de 14 nouveaux réacteurs EPR2, dont huit posés en option sur le plus long terme. Mais aussi par le maintien du parc actuel le plus longtemps possible, soit soixante ans au moins après la construction des centrales existantes, sous réserve d’un aval de l’autorité de sûreté.

Et pourtant, derrière cette image puissante d’une relance tricolore de l’atome, la filière semble plus que jamais en crise. En témoignent les difficultés rencontrées par les EPR. Autrefois considérés comme un fleuron technologique, ces réacteurs de troisième génération piétinent, notamment le seul en construction dans le pays, à Flamanville (Manche), en chantier depuis 2007. Mais aussi en Chine, à Taishan, où l’un des rares EPR mis en service dans le monde reste à l’arrêt depuis juillet, du fait d’un incident technique. Et en Finlande, l’EPR tarde encore à démarrer, après douze ans de retard.

Ce n’est pas mieux du côté des anciennes installations, puisqu’un défaut de corrosion a récemment été détecté dans plusieurs réacteurs de l’Hexagone, obligeant EDF à passer au crible l’ensemble de son parc. Et ce, alors même que le groupe anticipe des pertes majeures, après la décision du gouvernement d’augmenter le quota d’électricité qu’il devra vendre à prix cassés à ses concurrents en 2022 pour faire face à la flambée des prix de l’énergie.

Autant d’éléments qui interrogent sur la faisabilité du programme déployé hier par le chef de l’Etat, au-delà de la promesse de campagne. Car la facture sera forcément salée, et le défi industriel, majeur.

Pertes de savoir-faire

Et pour cause, le gigantesque plan Messmer de 1974, qui a donné un coup d’accélérateur en France dans le déploiement du nucléaire en France, semble bien loin : aucun nouveau réacteur n’a été mis en service depuis 1999. Une « rupture de charge » longue de plus de vingt ans qui a « beaucoup fragilisé la filière », a reconnu hier le chef de l’Etat lors de sa visite de l’usine où sont produites les fameuses turbines Arabelle de General Electric, bientôt rachetées par EDF. Et participé à la faire perdre en compétences, notamment après l’accident japonais de Fukushima.

Cette détérioration est d’ailleurs pointée du doigt par la Cour des Comptes dans ses analyses sur la construction de l’EPR de Flamanville, dont la mise en service accumule plus de dix ans de retard. Car pour couler du béton, s’adapter aux nouvelles normes, souder ou encore trouver des fournisseurs, « les difficultés n’ont pas été économiques, mais également industrielles », note la juridiction financière.

Dans ces conditions, construire six nouveaux EPR représente « un vrai défi industriel pour EDF, qui nécessitera d’embarquer ensemble la chaîne électro-nucléaire », affirme le député LREM Anthony Cellier, présent au côté de Macron hier à Belfort.

Cette détérioration est d’ailleurs pointée du doigt par la Cour des Comptes dans ses analyses sur la construction de l’EPR de Flamanville, dont la mise en service accumule plus de dix ans de retard. Car pour couler du béton, s’adapter aux nouvelles normes, souder ou encore trouver des fournisseurs, « les difficultés n’ont pas été économiques, mais également industrielles », note la juridiction financière.

Dans ces conditions, construire six nouveaux EPR représente « un vrai défi industriel pour EDF, qui nécessitera d’embarquer ensemble la chaîne électro-nucléaire », affirme le député LREM Anthony Cellier.

« Il y a un vrai sujet sur les compétences et les connaissances, dont il va falloir assurer la transmission pour les générations qui arrivent, aussi bien au niveau de la formation que de l’attractivité », précise-t-il à La Tribune.

Cartographie des compétences

Sur ce dossier épineux, le groupement des industriels du nucléaire (Gifen) se veut en tout cas rassurant. « La filière ne part pas de zéro. Il ne faut pas croire qu’elle s’est arrêtée il y a trente ans. Elle continue d’agir au quotidien dans les centrales, sur la maintenance notamment », souligne sa déléguée générale, Cécile Arbouille.

Surtout, le Gifen n’a pas attendu les annonces du président de la République pour se mettre en ordre de marche. Et a d’ores et déjà dressé un état des lieux des compétences qui seront utiles au nouveau nucléaire, dans le cadre d’un Engagement de développement de l’emploi et des compétences (EDEC) décroché auprès de l’Etat. Electriciens industriels, chaudronniers, mécaniciens spécialistes des machines tournantes ou encore soudeurs : y est explicité « le nombre de personnes qualifiées pour chacun de ces emplois et où elles se situent géographiquement, tout en prenant en compte la notion d’âge et d’expérience pour faire de la prospective », explique la déléguée générale.

Des EPR2 plus standardisés

Et elle l’assure : ces travaux montrent, a priori, la faisabilité d’un programme de construction de 6 EPR en termes de savoir-faire. Quant aux huit supplémentaires posés en option, « la cartographie des compétences ne sera réalisée que plus tard », puisque cette seconde salve arriverait bien au-delà des dix prochaines années, explique Cécile Arbouille. Surtout, insiste la déléguée générale du Gifen, le défi sera alors moins difficile à relever puisque le process de construction sera largement « optimisé » grâce à un « effet de série ». Autrement dit, plus on construira de centrales, mieux on saura en construire, et plus rapidement, fait-elle valoir. Y compris, si nécessaire, au-delà des 14 EPR aujourd’hui dans les tuyaux, affirme Cécile Arbouille.

D’autant que les EPR2 commandés par l’Etat seront « plus faciles et plus rapides » à mettre sur pied que les premiers EPR, dont celui de Flamanville, affirme-t-elle.

« Il n’y a pas de step technologique par rapport à ces derniers, donc pas d’effet de tête de série, puisque les principaux systèmes sont les mêmes. Mais ils offriront un meilleur process grâce à plusieurs améliorations et aux retours d’expérience des premiers EPR », souligne la déléguée générale du Gifen.

En effet, grâce à des études menées par EDF pour simplifier la conception et développer la standardisation, ces EPR2 sont, sur le papier, censés réduire les activités et délais de montage sur site. Mais aucun d’entre eux n’existe encore dans le monde, et l’opérateur historique pourrait, une fois encore, faire face à des contretemps qui retarderaient la mise en service « dès 2035 » espérée par Macron.

A quel prix ?

Mais la tête de série est toujours plus onéreuse, défend-on chez EDF, qui affirme que la facture des six prochains EPR devrait être moins salée. Le groupe communique sur le chiffre de « 50 milliards d’euros, hors coûts de financement », soit environ 8,3 milliards d’euros par réacteur. Il n’empêche que selon un document de travail daté d’octobre publié par Contexte, l’administration a revu à la hausse le coût de construction de 6 EPR, qui irait de 52-56 milliards d’euros à 64 milliards. Soit une hausse de 13%, imputée par EDF au génie civil et à la réalisation de l’îlot nucléaire et à « l’ampleur des travaux de préparation de site ».

Des montants « à mettre en perspective avec le coût de notre dépendance aux énergies fossiles », relativise Anthony Cellier.

« Le pétrole et le gaz qu’on importe en permanence nous coûtent 40 milliards d’euros, et creusent notre balance commerciale. A cet égard, il faut voir ce projet comme un investissement dans des parcs, nucléaire et renouvelables, qui nous permettra d’acquérir une énergie qu’on maîtrise, à un prix lui aussi maîtrisé », avance le député issu de la majorité.

Mais la tête de série est toujours plus onéreuse, défend-on chez EDF, qui affirme que la facture des six prochains EPR devrait être moins salée. Le groupe communique sur le chiffre de « 50 milliards d’euros, hors coûts de financement », soit environ 8,3 milliards d’euros par réacteur. Il n’empêche que selon un document de travail daté d’octobre publié par Contexte, l’administration a revu à la hausse le coût de construction de 6 EPR, qui irait de 52-56 milliards d’euros à 64 milliards. Soit une hausse de 13%, imputée par EDF au génie civil et à la réalisation de l’îlot nucléaire et à « l’ampleur des travaux de préparation de site ».

Des montants « à mettre en perspective avec le coût de notre dépendance aux énergies fossiles », relativise Anthony Cellier.

« Le pétrole et le gaz qu’on importe en permanence nous coûtent 40 milliards d’euros, et creusent notre balance commerciale. A cet égard, il faut voir ce projet comme un investissement dans des parcs, nucléaire et renouvelables, qui nous permettra d’acquérir une énergie qu’on maîtrise, à un prix lui aussi maîtrisé », avance le député issu de la majorité.

Un portage financier encore flou

Reste qu’il faudra bien trouver l’argent, alors même qu’EDF se trouve en difficulté financière et accuse une dette de près de 40 milliards d’euros. D’autant que le timing s’avère mauvais pour l’opérateur historique : afin de faire face à l’explosion des prix de l’énergie, le gouvernement lui a récemment demandé de vendre plus d’électricité à prix bradés à ses concurrents en 2022. Ce qui devrait représenter un manque à gagner de près de 8 milliards sur les résultats nets du groupe, selon ses calculs provisoires.

Dans ces conditions, EDF devrait en toute logique se tourner vers son actionnaire principal, l’Etat (qui détient plus de 80% du capital), afin de prendre à sa charge le financement de son projet colossal. En janvier, la banque américaine JPMorgan conseillait ainsi une recapitalisation, étant donné le mur d’investissement auquel l’électricien va faire face. D’autant qu’une participation de l’Etat élevée permettra de réduire le taux d’emprunt auprès des institutions financières, et donc réduire la facture finale.

Mais si Macron a bien annoncé jeudi que l’Etat engagera des « plans financiers massifs de plusieurs dizaines de milliards d’euros », les contours de cet accompagnement restent flous. Selon le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, le groupe réfléchit en ce moment à « plusieurs options ». Parmi les hypothèses de travail figure une intervention publique « soit directement, soit à travers des garanties », et même la participation « d’investisseurs privés »A cet égard, l’intégration de l’atome civil dans la taxonomie verte de l’Union européenne, dont le but est de lister les activités bénéfiques au climat, devrait permettre, au moins en partie, de limiter les surcoûts.

LIEN PaSiDupes: Trop d’Etat quand tout va

EDF, une nationalisation maquillée en « recapitalisation » de …l’Etat

EDF va être renflouée par le contribuable, à hauteur de 2,1 milliards, confirme Le Maire

La pompe à fric des gouvernements s’essouffle et s’épuise. Après dix années aux manettes, à l’Elysée, au côté de Hollande, et encore à l’Elysée, en autonomie, en passant par Bercy, sous tutelle de Philippe, Macron n’avait pas prévu d’avoir à placer l’entreprise publique sous assistance respiratoire, pas plus qu’il n’a prévu des masques anti-covid pour tous. Le temps des bilans est juge-arbitre de Macron, ses pompes et ses œuvres. L’année 2022 venue, Satan doit rendre des comptes. « La Cigale, ayant chanté/
Tout l’été,/Se trouva fort dépourvue/Quand la bise fut venue:/Pas un seul petit morceau/
De mouche ou de vermisseau. »

Macron recule le moment de son exposition, optimisant – à coups de primes et de chèques, donc d’endettement public – le moment de son entrée dans l’arène et elle s’annonce à risques. Le fournisseur historique d’énergie est maintenant à plat, avec des problèmes dans la production nucléaire, puisque Macron a fermé la centrale de Fessenheim et des mesures du gouvernement en campagne pour limiter la hausse des factures d’électricité. Un chèque énergie de 100€ a été versé à certains par l’Etat la solidarité nationale des seuls contribuables, en décembre 2021.

EDF a annoncé vendredi un « plan d’actions  » avec un renflouement de l’Etat pour renforcer ses finances alors que l’année 2022 s’annonce difficile avec des problèmes dans la production nucléaire – avec des arrêts ou fermetures prématurés de réacteurs et de centrales, sous la pression des écologistes – et les mesures du gouvernement en campagne présidentielle pour limiter ponctuellement la hausse des factures d’électricité.

Le groupe, détenu à près de 84 % par l’Etat, a vu son bénéfice net multiplié par 8 l’an dernier à 5,1 milliards d’euros, profitant notamment d’une bonne production nucléaire en France.

Mais « nous rencontrons des difficultés depuis le début 2022, » ce qui nécessitera  » on plan d’action », a indiqué le PDG Jean-Bernard Lévy à des journalistes.

EDF va en effet souffrir cette année d’une production nucléaire en berne, avec notamment des problèmes de corrosion sur plusieurs réacteurs, et des mesures du gouvernement pour limiter la hausse des factures d’électricité.

« Une passe financière difficile »

EDF a donc dévoilé un projet d’augmentation de capital d’environ 2,5 milliards d’euros. L’Etat participera à hauteur de 2,1 milliards, a précisé ce vendredi matin le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, sur RTL.  Et l’Etat, c’est qui ?

💬 « L’Etat participera à la recapitalisation d’EDF à hauteur de 2,1 milliards d’euros », annonce @BrunoLeMaire dans… https://t.co/xRNiSTmGAF— RTLFrance (@RTL France)

Cette recapitalisation est destinée à « soutenir EDF, qui traverse une passe financière difficile », a admis le ministre.

« EDF rencontre des difficultés qui sont liées à l’indisponibilité de réacteurs nucléaires, elle vend moins d’électricité nucléaire, du coup les revenus sont moins importants et elle a besoin du soutien financier de l’Etat », selon Bruno Le Maire.

Le groupe propose également une option de versement en actions (et non en numéraire) des dividendes au titre des exercices 2022 et 2023. Enfin, EDF annonce des cessions d’environ 3 milliards d’euros en cumul sur les années 2022 à 2024.

Mais le groupe ne donne pas de prévision pour 2022 au-delà de ces indications, compte tenu des fortes incertitudes. « Il peut d’abord se passer beaucoup d’autres choses, opérationnelles, etc. Et, deuxièmement, il y a une extrême volatilité, »  avec « une très forte sensibilité à l’évolution des prix« , a expliqué le directeur financier, Xavier Girre.

Enfin, EDF annonce des cessions d’environ 3 milliards d’euros en cumul sur les années 2022-2023-2024.

Avec une dette nette de 43 milliards d’euros à la fin de l’année dernière, le groupe doit faire face à d’importants investissements.

Le président Macron vient notamment d’annoncer la construction de 6 réacteurs EPR en France, avec des études pour 8 supplémentaires.

LIEN PaSiDupes : Trop d’Etat, quand tout va

Commerce extérieur : déficit record

A défaut de relocalisation, renchérissement des importations

Le déficit de la balance commerciale a bondi à 9,7 milliards d’euros en novembre. Les importations atteignent un niveau record, gonflé par les hausses de prix. Le déficit 2021 va atteindre un sommet.

Un record. Le déficit commercial français a atteint 9 milliards d’euros en novembre en moyenne mobile sur trois mois, selon les chiffres publiés vendredi par les Douanes, soit un niveau jamais atteint. Le déficit cumulé sur douze mois s’élève désormais à 77,6 milliards d’euros, soit 2,6 milliards de plus que le déficit annuel record de 2011. Et encore, la direction du Trésor à Bercy s’attend à -87 milliards d’euros pour l’ensemble de l’année 2021.

De quoi justifier la mobilisation actuelle autour de ce sujet, de Bercy à François Bayrou, haut-commissariat au Plan, qui a publié en décembre une note intitulée « Reconquête de l’appareil productif : la bataille du commerce extérieur » .

Facture énergétique

En termes de commerce extérieur, sur le seul mois de novembre, il a été particulièrement mauvais: le déficit extérieur s’est creusé à 9,7 milliards d’euros, soit 2 milliards de plus qu’en octobre. A titre de comparaison, il n’était que de 4,5 milliards en janvier 2021.

La France subit de plein fouet le renchérissement de ses importations. Celles-ci ont atteint un niveau « historique » de 52,5 milliards en moyenne mobile sur trois mois et de 53,7 milliards en novembre. Sur onze mois, « les importations n’ont augmenté que de 2,6 % en volume, contre 20,1 % en valeur », précisent les Douanes. 

Ce phénomène est notamment visible sur la facture énergétique. L’addition a été alourdie par les tensions très fortes sur les cours du pétrole, du gaz et de l’électricité liées à la reprise mondiale. Et au fait que Bercy refuse de baisser les taxes gouvernementales: il a plombé la dette publique en faisant pleuvoir des milliards de primes et de chèques sur plusieurs catégories socio-professionnelles.

Importation d’électricité

A cela, s’est aussi ajouté un élément spécifique défavorable à l’Hexagone : du fait de la décision idéologique de mise à l’arrêt forcé de plusieurs réacteurs nucléaires – et de réouverture de 3 centrales à charbon – il a été dans l’incapacité de répondre à la demande intérieure, si bien que, traditionnellement exportatrice d’électricité, la France s’est retrouvée en position d’importatrice nette en novembre, à un moment où les cours s’envolaient. De quoi creuser considérablement les déficits sur les produits énergétiques, à 5,3 milliards contre 3,7 milliards deux mois plus tôt.

Hausses des prix, baisse du pouvoir d’achat

Franck Riester est en charge
du Commerce extérieur.

Mais, malgré le retour des exportations à leur niveau d’avril 2019 (44 milliards en novembre), la performance hexagonale n’est guère plus brillante sur les autres produits : le solde commercial sur les biens d’investissement et sur les biens de consommation s’est également détérioré. Là encore, cela s’explique par un gonflement du montant des importations lié aux hausses de prix constatées aussi bien sur les matières premières autres que l’énergie (bois, métaux, céréales etc.) que sur les biens manufacturés.

Au final, en novembre, le déficit des transactions courantes s’est aggravé, à 3,6 milliards contre 2,5 milliards le mois précédent, a indiqué la Banque de France ce vendredi. Seule bonne nouvelle, l’excédent des services s’est amélioré de 1,1 milliard, tiré par les services fournis aux entreprises (+1,4 milliard).

Le commerce extérieur français est estimé à 95 milliards d’euros pour 2022.