Pénurie de soignants: Olivier Véran découvre une situation « compliquée »

Macron s’est choisi un ministre politique qu’on croyait médecin

Le ministre de la Santé avoue une hausse de près d’un tiers des postes vacants chez les paramédicaux par rapport à l’automne 2019. La surprise de Véran peut… surprendre: les institutions hospitalières ont tiré la sonnette d’alarme dès cet été.

L’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) , premier employeur d’Ile-de-France – lança une campagne de recrutement sur des métiers en tension, pour renforcer les équipes ou remplacer les départs naturels. Mais, si la crise de Covid a mis en lumière les conditions de travail difficiles, du personnel hospitalier, sans tarir le recrutement de jeunes, les hôpitaux font néanmoins face à un cruel manque de personnel. « Nous venons de donner un coup de sonde dans 16 CHU et effectivement, si on extrapole les données, on constate une hausse de près d’un tiers des postes vacants chez les paramédicaux par rapport à l’automne 2019 », a rapporté Olivier Véran dans une interview accordée à Libération mercredi. Le ministre de la Santé a refusé de voir avec « fatalisme » une situation « compliquée ». Il détourne l’attention du sujet en se retranchant derrière l’état de fait bien connu « que la problématique actuelle la plus lourde », ce sont « les conditions de travail dégradées à cause des sous-effectifs », comme s’il était exclusif.

« Un certain nombre [flou gouvernemental] d’unités dans des hôpitaux sont obligées de fermer temporairement, ou de réduire la voilure, faute de soignants, faute surtout de pouvoir en recruter », ajoute-t-il. « C’est variable d’un hôpital à l’autre, mais c’est beaucoup [défaut de transparence]. C’est à peu près [précision scientifique…] le double de lits fermés par rapport à la même époque il y a deux ans », a indiqué Rémi Salomon, président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris sur RTL.

1.300 étudiants infirmiers ont démissionné entre 2018 et 2021 avant la fin de leurs études

Olivier Véran admet aussi une augmentation de l’absentéisme « d’un peu moins d’un point sur la même période pour les personnels non médicaux », ainsi que des démissions, mais « dans des proportions modérées ». 

Par ailleurs, entre 2018 et 2021, un peu plus d’un millier d’étudiants infirmiers en formation ont « démissionné avant la fin de leurs études » et « une enquête sera lancée » pour qu’on « en comprenne les raisons ».

La Fédération hospitalière de France (FHF) avait fait état, le 20 octobre, d’« un taux d’absentéisme de l’ordre de 10 % » et de « 2 à 5 % de postes vacants de soignants » au sein des hôpitaux et des établissements médico-sociaux publics. 2 et 5%, ce n’est pas non plus la même chose…

20 % de lits fermés, selon le Conseil scientifique: Véran conteste

Dans son avis du 5 octobre, le Conseil scientifique faisait état d’« un pourcentage important de lits fermés, chiffré à environ 20 % » malgré un « recours déjà important et en augmentation aux heures supplémentaires et à l’intérim ».

Ces données recueillies « auprès des grandes structures hospitalières du pays dans les plus grandes régions françaises » mettent également en lumière « un grand nombre d’emplois vacants, avec notamment 5 professions en tension » : infirmiers, infirmiers de bloc opératoire, infirmiers anesthésistes, manipulateurs de radiologie et masseurs-kinésithérapeutes. Fin septembre, une étude de la DREES indiquait que fin décembre 2020 les hôpitaux enregistraient 5.700 lits d’hospitalisation complète fermés de plus qu’à fin décembre 2019.

Olivier Véran conteste les chiffres. « Le chiffre de 20 %, j’aurais tendance, comme ça, à le contester. Et en tous les cas, parce que j’aime profondément la science et qu’avant de m’exprimer, je vérifie de ne pas raconter n’importe quoi. J’ai demandé à avoir une étude la plus exhaustive possible sur l’état de fermeture », a commenté Olivier Véran mercredi après-midi, lors d’une audition à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finances pour 2022.

« Pour l’instant, le seul chiffre dont je dispose, c’est sur un échantillon très parcellaire de 16 CHU. Avec tous les biais qu’on peut reconnaître, sur 16 CHU, la dernière donnée qui m’est remontée, c’est 5 % de lits de médecine temporairement fermés. On serait donc assez loin de 20 % du parc hospitalier général », a-t-il ajouté. Malgré un échantillon non représentatif de 16 CHU sur 30.

Vaccination obligatoire pour tous, recommandée par la Fédération hospitalière de France

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Le passe est un révélateur d’appartenance politique

« Partout les indicateurs repartent à la hausse », alerte Fréderic Valletoux. Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) s’inquiète : « Le contexte épidémique nous montre les limites des mesures intermédiaires,» déclare-t-il dans un entretien avec le Journal du Dimanche.

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Alors que le passe sanitaire doit être étendu aux bars et restaurants, des privilégiés, le 9 août, le patron des hôpitaux publics plaide pour la vaccination obligatoire pour tous les Français. « Il est temps d’aller au-delà de l’incitation pour franchir la dernière marche », ajoute Frédéric Valletoux, également maire (Agir) de Fontainebleau.

Une mesure « simple, claire et efficace »

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« Tout le monde a voulu faire confiance », a-t-il estimé, avant de souligner que « chaque jour qui passe voit les antivaccins durcir leurs propos ». L’argumentaire reste simpliste et ce sont en fait les actions qui se multiplient et le nombre de participants, Ce samedi, les manifestations, parfois émaillées de face-à-face tendus avec les forces de l’ordre, ont rassemblé en France plus de 200.000 opposants à l’extension du passe sanitaire. Une mobilisation en hausse, en plein été, au troisième week-end de contestation. La mauvaise foi politique des extrémistes consistant à se déclarer anti-passe quand ils sont antivax, comme l’anti-raciste qui est racisé ou l’antisioniste revendiqué qui est un antisémite honteux.

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Selon le président de la FHF, sensible a l’argument de ka discrimination des anti-passe/antivax, la mise en place de la vaccination obligatoire aurait l’avantage d’être « plus lisible » que le passe sanitaire. « C’est une mesure simple, claire et efficace, quand la mise en œuvre du passe s’annonce, elle, d’une complexité rare, notamment pour les hôpitaux, pour tracer une frontière entre les patients pour lesquels il sera demandé à l’entrée et les autres », argumente Frédéric Valletoux.

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Depuis plusieurs semaines, certaines personnalités médicales et politiques se sont elles aussi prononcées en faveur d’une vaccination obligatoire pour tous et non imposées à certaines professions, si exposées soient-elles et porteuses potentielles en première ligne. Envisagée par la Haute Autorité de santé, HAS, elle est également plébiscitée par 58 % des Français, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Franceinfo et Le Figaro publié le 1er juillet.

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Vaccination des soignants : Véran cosigne un texte pour la rendre obligatoire

Le ministre ne décide de rien sans pression du secteur de la santé

Olivier Veran et plusieurs representants du secteur de la sante ont mis au point un texte en faveur de la vaccination obligatoire pour les soignants.
Olivier Véran et plusieurs représentants du secteur de la santé ont mis au point un texte en faveur de la vaccination obligatoire des soignants.

Olivier Véran a reçu plusieurs représentants du secteur. Mercredi 7 juillet, ils ont fait pression pour rendre la vaccination obligatoire aux soignants réfractaires et il s’est aligné.

Dans un texte co-signé, ces organisations professionnelles « soutiennent une obligation vaccinale des professionnels de santé, du soin et de l’accompagnement contre la Covid-19 pour lutter contre la transmission du virus et protéger les personnes en contact de ces professionnels ». Ils espèrent qu’au moins 80 % des membres du personnel soignant auront reçu au moins une dose de vaccin contre la Covid-19 d’ici le mois de septembre. Alors que certains indicateurs de suivi de l’épidémie de coronavirus repartent à la hausse, conséquence de la progression du variant Delta, plus contagieux que d’autres souches, leur notion de l’urgence est préoccupante. Développant, depuis une dizaine de jours, tour à tour des peurs et des apaisements véhiculés par des leviers proches du pouvoir, pour tâter l’opinion publique, ils créent une psychose inutile, à seule fin de recevoir une aide à leur prise de décision.

Le gouvernement indécis fait croire à une volonté de concertationet une quinzaine d’interlocuteurs – ordres des professions de santé, notamment médecins et infirmiers, fédérations d’établissements sanitaires et médico-sociaux –, dont la Croix-Rouge, Unicancer, Fédération hospitalière de France, Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France, le Syndicat national des établissements et résidences privés et services d’aide à domicile pour personnes âgées (Synerpa), notamment, sont favorables au « vote d’une loi dans les plus brefs délais [sic] si cela s’avère nécessaire ». Tout ça pour que le chef de l’Etat préside lundi un Conseil de défense sanitaire exceptionnel pour trancher notamment sur l’obligation vaccinale pour les soignants.

Les signataires se prononcent pour une loi qui concernerait « un périmètre large incluant tous les acteurs et accompagnants intervenants dans des structures de santé, du soin et de l’accompagnement comprenant les établissements, services et domicile ».

Que vont-ils inventer pour tordre le bras des enseignants, maintenant.

Une quatrième vague redoutée

La vaccination contre la Covid-19 se ferait « dans le respect des indications et contre-indications éventuelles médicales », poursuit la déclaration commune, qui évoque des « conséquences individuelles réelles en cas de non-respect de l’obligation ». Le débat sur la vaccination obligatoire des soignants contre la Covid-19 se poursuit depuis plusieurs jours, à mesure que le variant Delta semble gagner du terrain.

Comment peut-on attendre septembre quand, lundi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal estima qu’une quatrième vague de la pandémie de Covid-19 dès la fin juillet est « une possibilité ». Selon un dernier bilan de Santé publique France publié mercredi, 7.539 personnes sont hospitalisées pour cause de Covid-19, un nombre qui baisse depuis deux mois, et 997 personnes souffrant de formes graves sont à l’hôpital (contre 1.032 la veille et plus de 2.500, un mois plus tôt). Le variant Delta n’est plus si terrible? En revanche, le nombre de cas augmente, repassant mercredi au-dessus de la barre des 4.000 cas quotidiens pour la première fois depuis près d’un mois.