Covid-19: renforcement officiel du contrôle aux frontières

Macron s’est décidé à imposer de premières restrictions théoriques à l’arrivée sur le sol Français.

 Le gouvernement a annoncé ce jeudi un renforcement des contrôles aux frontières pour les voyageurs arrivant en France. Tout le monde n’est pas concerné, à ce stade.

Pour tenter de contrôler l’épidémie, le gouvernement a annoncé ce jeudi un renforcement des contrôles aux frontières pour les voyageurs arrivant en France. Tout le monde n’est donc toujours pas concerné, à ce stade. 

« Ce virus n’a pas de passeport », lança Macron le 12 mars dernier, dans son adresse aux Français. Le président annonça ce soir-là la fermeture des crèches, des écoles, des collèges et des lycées. Mais il appelait à ne pas céder à tout repli nationaliste. De l’eau a coulé sous les ponts et l’épidémie a depuis frappé la planète entière. Jeudi 14 janvier soir, le premier ministre Jean Castex a annoncé un renforcement des contrôles aux frontières. Une mesure qui recèle  certaines incohérences de traitement, selon le pays de départ des voyageurs arrivant sur le sol français. Voyons cela.

Qu’a décidé le gouvernement de Macron ?

Lors de sa conférence de presse, le premier ministre n’a mis que dix minutes avant d’aborder le sujet. Son objectif est clairement de « réduire drastiquement les flux frontaliers ». Pour y parvenir, « nous allons durcir fortement les conditions d’entrée sur le territoire national et renforcer les contrôles aux frontières », a expliqué Castex.

A compter de lundi 18 janvier, « tous les voyageurs qui souhaitent venir en France en provenance d’un pays extérieur à l’Union européenne, quel qu’il soit, devront effectuer un test avant de partir et il faudra présenter un test négatif pour embarquer dans un avion ou un bateau ». Contacté, le quai d’Orsay précise, ce vendredi 15, que le résultat de ce test négatif devrait avoir été effectué dans les 72 heures avant le départ.

Cette annonce a suscité certaines inquiétudes. Auprès de Franceinfo, le président du département de Haute-Savoie a ainsi appelé le gouvernement ce vendredi à prévoir des exceptions pour « faciliter la circulation des travailleurs entre la Haute-Savoie et les cantons de Genève et de Lausanne ». Un débat qui ne semble pas vraiment exister dans l’exécutif, où l’on rappelle, de source ministérielle, que la situation des frontaliers a « toujours été prise en compte et continuera de l’être ».

Quels contrôles des voyages intérieurs à l’UE ?

Les déplacements à l’intérieur de l’UE font exception. « Les ministres concernés travailleront – c’est en projet – à l’élaboration d’un cadre de coordination en vue du prochain conseil européen du 21 janvier. Ce cadre devra prévoir des exceptions concernant les frontaliers, les transporteurs routiers ou encore les agents des compagnies de transports dans le cadre de protocoles sanitaires spécifiques. »

Lors de sa prise de parole, le Premier ministre a tout particulièrement cité les cas du Danemark et de l’Irlande, deux pays qui suscitent bien des inquiétudes, puisque l’épidémie y flambe.

Le gouvernement pourrait tout de même décider d’accélérer le calendrier. Des réunions sont prévues dans les heures qui viennent et pourraient déboucher sur des mesures toutes particulières à ces pays considérés comme étant « à risque ».

Quel était le régime jusqu’alors ?

Jusqu’à cette mi-janvier, le test PCR datant de moins de 72 heures n’était obligatoire que pour les voyageurs en provenance d’une liste bien précise de pays, à savoir l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Bahreïn, la Chine, les Emirats Arabes Unis, l’Equateur, les Etats-Unis, l’Irak, l’Iran, Israël, le Liban, le Maroc, le Panama, la République Démocratique du Congo, la Turquie, la Russie, l’Ukraine et le Zimbabwe.

A l’inverse, les voyageurs venus des pays membres de l’Union européenne, ainsi que d’Andorre, d’Islande, du Liechtenstein, Monaco, de Norvège, Saint-Marin, Saint-Siège et Suisse, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande, Rwanda, Singapour, Corée du Sud, Thaïlande, pouvaient « venir en France métropolitaine sans restriction sanitaire liée à la Covid-19 ».

Pour les autres pays, les autorités françaises recommandaient jusqu’à présent de présenter un test PCR négatif, faute de quoi celui-ci pouvait être effectué à l’arrivée sur le sol français. Les voyageurs désireux de se rendre en France devaient également présenter « une attestation de déplacement international dérogatoire vers la France métropolitaine », ainsi qu’une « déclaration sur l’honneur que vous ne présentez pas de symptômes de la Covid-19 », peut-on lire sur le site du ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni, lourdement impacté par le nouveau variant, fait quelque peu exception, avec l’obligation de réaliser un test PCR avant le départ, de présenter une attestation sur l’honneur et une attestation de déplacement. Ne sont d’ailleurs autorisés à traverser la Manche que les ressortissants de nationalité française, les ressortissants britanniques résidant en France, les personnes se déplaçant pour un motif professionnel, les élèves, étudiants et stagiaires britanniques « qui se rendent quotidiennement en France ».

Une obligation de s’isoler ?

Les annonces formulées jeudi soir par Castex ne s’en tiennent pas à ces seules considérations. A compter de lundi, les voyageurs arrivant de pays extérieurs à l’Union européenne « devront s’engager sur l’honneur à s’isoler pendant sept jours une fois arrivés en France, puis à refaire un deuxième test PCR à l’issue ».

Cet engagement sur l’honneur n’engage cependant pas juridiquement les signataires. Le premier ministre l’a d’ailleurs presque concédé jeudi. La mise à l’isolement ne sera contrainte que pour les voyageurs venant de pays dans lesquels il ne serait pas possible de réaliser un test avant le départ. « Ils se feront alors tester à leur arrivée sur le territoire Français seront ensuite contraints de se soumettre à un isolement de sept jours dans un établissement désigné par l’Etat », a précisé le Castex.

Pourquoi ce retard gouvernemental à contrôler les flux?

Le gouvernement a régulièrement été pressé ces derniers mois sur la question de la fermeture de ses frontières. Ce vendredi 16 au matin, encore, le chef de file des Républicains Christian Jacob exprimait son impatience de voir l’exécutif se mettre en marche sur ce terrain et son agacement que ses propres propositions, formulées il y a neuf mois, n’aient pas été écoutées.

Une source ministérielle concède que l’apparition des nouveaux variants a fait bouger les lignes. Avant cela, la doctrine de l’exécutif était le fameux « le virus n’a pas de passeport », qui était d’ailleurs défendu par plusieurs spécialistes. Ainsi l’épidémiologiste Pascal Crepey estimait-il dès juillet dernier que la fermeture des frontières ou la mise en place de mesures très restrictives comme la quarantaine était peut-être contre-productive. « Le virus est déjà là. Ça n’aurait même pas de sens, ce serait même peut-être une fausse bonne idée puisque ça laisserait entendre à la population que le problème vient de l’extérieur », expliquait-il.

Cerises sur le gâteau: les vaccins se vendent au marché noir et les cas de falsifications d’attestations se multiplient. Quant aux déclarations sur l’honneur, sans commentaires