L’Italie va délocaliser en Albanie l’accueil de clandestins abandonnés par les ONG vertueuses

L’Albanie est un Etat non membre de l’UE et à 57% musulman

L’Italie va ouvrir deux centres en Albanie pour accueillir des clandestins rescapés du trafic d’êtres humains par des passeurs, en vertu d’un accord signé lundi à Rome par la première ministre Giorgia Meloni avec son homologue albanais Edi Rama.

Ce que Macron n’obtient pas des pays du Maghreb, Meloni l’accomplit avec son voisin. Ces deux centres gérés par l’Italie, opérationnels au printemps 2024, pourront accueillir jusqu’à 3.000 migrants, soit environ 39.000 par an, selon les prévisions des services du gouvernement.

Ces « deux structures d’entrée et d’accueil temporaire des immigrés sauvés en mer » permettront de « mener rapidement les procédures de traitement des demandes d’asile ou les éventuels rapatriements« .

Dans le centre de premier accueil et de triage situé au port de Shengjin (nord) auront lieu les procédures de débarquement et d’identification, tandis que le centre de Gjader, une localité située à une vingtaine de kilomètres, sera chargé des procédures ultérieures.

Les deux centres, placés sous juridiction italienne, bénéficieront de la collaboration des forces de police albanaises pour les activités de sécurité et de surveillance.

Cet accord italo-albanais « ne concerne pas les mineurs, les femmes enceintes, et les personnes vulnérables« , a précisé Mme Meloni lors de déclarations à la presse au siège du gouvernement au côté de M. Rama.

Confrontée à un afflux de migrants depuis janvier (145.000 contre 88.000 en 2022 sur la même période), l’Italie a fait appel à la solidarité de ses partenaires européens, sans grand résultat jusqu’ici.

« Si l’Italie lance un appel, l’Albanie répond présente« , a affirmé Edi Rama, s’attirant le soutien de Mme Meloni pour… entrer dans l’Union européenne.

« L’Albanie confirme qu’elle est un pays ami et, bien qu’elle ne fasse pas encore partie de l’UE, elle se comporte comme si elle était un Etat membre« , a-t-elle affirmé. « Je suis fière que l’Italie soit depuis toujours au nombre des pays soutenant l’élargissement aux Balkans occidentaux ».

L’Italie est le premier partenaire commercial de l’Albanie et les échanges entre les deux pays représentent 20% du PIB albanais.

L’opposition au gouvernement de coalition de Mme Meloni s’est élevée contre la signature de cet accord.

Elle institue « une véritable déportation en violation flagrante du droit international », selon les mots du député de l’Alliance Verts et Gauche Angelo Bonelli, visiblement atteint par un renversement des valeurs typique de la gauche que n’interpelle pas le trafic entretenu par les passeurs et les ONG.

« Le principe du non-refoulement est clair et ne peut pas être contourné. Nous ne pouvons pas tolérer que le droit d’asile soit vidé de sa substance à travers des accords prévoyant de déplacer des personnes [migrantes] dans un pays hors UE sans garanties suffisantes pour leurs droits fondamentaux« , a-t-il dénoncé, mettant ainsi en cause la République parlementaire d’Albanie, bien qu’elle soit membre associé de l’Union européenne depuis 2006.