L’unique hôtel d’une commune des Alpes-Maritimes devient centre d’accueil et d’hébergement de migrants mineurs

Sa proximité avec la frontière-passoire fait le bonheur de la famille Arnault, mais le malheur de la population

Symphony, le yacht de Bernard Arnault en baie de Monaco, aurait pu accueillir des clandestins « mineurs » à 67 km de Grasse

A Châteauneuf-Grasse, le panneau de l’hôtel Campanile a été retiré le mardi 20 juin 2023.  Depuis le démontage de l’enseigne détenue par le Groupe du Louvre dirigé par Elisa Niel Arnault (fille de Delphine Arnault, directrice générale adjointe de Louis Vuitton, LVMH, et de Xavier Niel, également milliardaire, propriétaire du groupe de télécommunications Iliad-Free et actionnaire du quotidien Le Monde ou de Deezer), 21 ans (née à Londres le 17 août 2012), la colère des riverains est montée d’un cran. Ils redoutent qu’un centre d’accueil de migrants ne s’installe à côté de chez eux à Châteauneuf-Grasse, 3.700 habitants, dans les Alpes-Maritimes. Le maire a mis l’affaire dans les mains des avocats. Le Département a, quant à lui, signé une convention qu’il finance par plus de deux millions d’euros.

C’est le symbole d’une crise migratoire

A Châteauneuf-Grasse, le panneau de l’hôtel Campanile a été enlevé ce mardi 20 juin. Il ne s’agit pas d’une réquisition, l’hôtel a accepté de louer 21 chambres sur les 47 pour l’accueil des mineurs migrants et de deux accompagnateurs associatifs. 

Un changement en apparence anodin mais, en fait, l’hôtel serait en train de devenir un centre d’accueil trois étoiles et d’hébergement de jeunes migrants en situation irrégulière. Depuis le 15 mars, c’est déjà le cas. L’association entraide Pierre Valdo loue des chambres à l’hôtel Campanile, le seul de cette commune de 7300 habitants. 

Soutenue par un partenariat avec Leroy Merlin, cette association qui, selon ses termes « est spécialisée dans l’accueil des publics étrangers en demande d’asile et réfugiés, ainsi que dans l’accompagnement des Mineurs Non Accompagnés, » favorise l’accueil de migrants clandestins, d’origines maghrébine, subsaharienne ou est-africaine, tchétchène et orientale (pakistanienne ou afghane), comme ukrainienne, notamment en secteur rural, encore au moment où se multiplient les actes anti-blancs tragiques dans nos campagnes.

En avril, certains élus et riverains s’étaient déjà indignés de cette situation.  » Face à l’afflux de clandestins mineurs, dont 70% ne sont pas mineurs, une association loue des chambres de l’hôtel Campanile de cette commune des Alpes-Maritimes. Les structures d’accueil sont saturées, » écrivait déjà France 3 provence-alpes
côte d’azur, en avril 2023. Le nombre de mineurs isolés étrangers accueillis dans les Alpes-Maritimes ne cesse d’augmenter, observait le medium. Plus de 1.800 mineurs non accompagnés avaient alors été pris en charge par les services du conseil départemental depuis janvier 2023, en trois mois : le chiffre date du vendredi 28 avril dernier. 

Depuis le démontage de l’enseigne, la colère est montée d’un cran, car les riverains pensent que le propriétaire louera l’Hôtel Campanile de manière définitive. Ce que confirme le maire de la commune joint par téléphone, rapporte la presse.

Le cuisinier a déjà reçu sa lettre de licenciement pour motif économique, ainsi que sept salariés de l’hôtel. Aucune offre de reclassement n’avait encore été proposée à ces salariés, ce jeudi 22 juin.

Une convention signée 

Une convention a été signée entre le Département et l’association en question, à qui l’Etat délègue. Cet accord change ainsi la destination de l’établissement hôtelier en créant « une structure d’accueil pour Mineurs Non Accompagnés », dixit le document. 

Une somme de 2.396.210 euros a été octroyée par l’Etat le Département, permettant de prendre en charge les dépenses nettes de la structure d’accueil.

Ce sont ainsi précisément 26.280 journées prises en charge, selon le chiffrage prévisionnel pour l’année 2023. Soit 91,18 euros pour une journée d’hébergement.

« Business social »

Le château de Bernard Arnault à Rambouillet pourra héberger les prochains mineurs isolés sensibles à l’appel d’air français

Emmanuel Delmotte, maire sans étiquette, de cette commune réputée tranquille, est le dernier informé dans cette affaire. Il l’a appris presque par hasard, lorsque les réservations de la troupe de théâtre ont été annulées par l’hôtel Campanile. Officiellement, pour travaux. Comme l’hôtel n’a pas été mis en vente, il ne peut pas non plus le préempter.

Aujourd’hui, il constate que « sept salariés français vont être licenciés pour un centre d’hébergement censé servir de gare de triage. » Certains travaillent à l’hôtel depuis longtemps. Une réunion est prévue ce jeudi matin à l’hôtel Campanile.

Selon lui, l’hôtel gagnerait plus d’argent en hébergeant des migrants illégaux qu’avec une activité commerciale classique. Bénéficiaire, la famille Arnault devra toutefois investir dans des travaux de remise en état..

Mais, Emmanuel Delmotte a choisi de s’opposer à ce changement par la voie légale, en transmettant le dossier à des avocats. Il dénonce la gabegie d’argent public et un « business social ».

Au passage, il accuse l’association chargée d’aider les clandestins mineurs isolés : « Je pense que cette association est un marchand de sommeil (… ) ils n’ont aucun intérêt humanitaire, rien à faire des migrants et des voisins et le plus dramatique, c’est que c’est financé par l’argent public. » Et, quoi qu’en pense François Hollande, ce n’est pas l’Etat qui paie…

« Ils sont montés à 100 dans les 49 chambres »

Depuis plus de deux mois, le nombre de migrants accueillis à l’hôtel a augmenté, passant d’une vingtaine à une centaine. Selon l’élu, « cela crée des problèmes d’ordre public, ils sont montés à 100 dans les 49 chambres. »

En perdant l’hôtel, la commune perd aussi 20.000 à 30.000 euros de taxe de séjour, soit l’équivalent d’un emploi.

Si ce n’est plus un hôtel, il n’y aura pas de commission de sécurité, mais l’établissement deviendrait de fait un ERP (établissement recevant du public). Surtout, en cas de problème ou d’incendie, c’est le maire qui deviendrait responsable.

« 50 personnes qui parlent et qui crient devant la chambre »

L’une des voisines de l’hôtel est excédée. Elle habite à Châteauneuf-Grasse depuis 30 ans, une maison à crédit : « je vais vendre à perte… Pour leur laisser la place… » Elle fait partie des six co-propriétaires qui ont une petite maison derrière l’hôtel. Elle décrit les lieux, selon elle pas adaptés : « Nos maisons sont à 20 mètres de l’hôtel et comme les chambres sont avec des coursives quand vous avez 50 personnes qui parlent et qui crient devant la chambre, c’est comme si vous aviez 50 personnes qui crient dans votre jardin, depuis le mois de mars. » Elle se sent abandonnée et vit avec les fenêtres fermées malgré la chaleur estivale.

Son coeur balance entre tolérance et ras-le-bol : « Nous notre vie, elle est pourrie, nous personne ne nous aide. On vit à 20 mètres d’un centre de migrants. J’aurais été tolérante… Mais depuis le mois de mars, on est moins tolérants parce que c’est à côté de chez nous. Les gens ont peur de parler, d’être pris pour des « fachos ».

Dans l’immeuble qui jouxte l’hôtel, il y aurait une centaine de résidents. L’endroit était calme, le cadre champêtre.

En contrebas, il y a un jardin pour enfants. Depuis ce qui s’est passé à Annecy, moins d’enfants se risquent à y jouer. Même si aucun incident n’est à déplorer à ce jour, « les gens ne sortent plus parce qu’ils ont peur. » 

Enjeux politiques

Face aux nuisances sonores répétées, une autre voisine, aux arrières-pensées politiques, appelle les gendarmes tous les jours. « On est lâchés par les élus, mais pas par notre maire, le problème, c’est le Conseil départemental : ils se déchargent. »

Les riverains se réunissent fréquemment en assemblée pour parler de ces problèmes de cohabitation.

Principale question : combien de temps cela va-t-il durer ? La date un temps évoquée du 30 septembre, semble s’éloigner chaque jour. Alors un an ? Dix ans ?

Alerté dès les premiers jours, le député RN Lionel Tivoli trouve scandaleux que cette association d’accompagnement des migrants soit subventionnée par le Conseil départemental des Alpes-Maritimes.

Le député RN demande que les subventions soient annulées.

Le maire de Châteauneuf-Grasse, SE (ex-adjoint au maire UDI sortant) est bien conscient des enjeux politiques : « Le risque, c’est que tout le monde aille voter Rassemblement national. »

Seuil de tolérance

Ancien directeur-adjoint du lycée horticole d’Antibes, il plaint les jeunes clandestins déracinés : « c’est lamentable ! Ça va retomber sur ces jeunes, ça va faire monter le racisme tout ça à cause de l’incompétence de ces opérateurs. Les fautifs, ce sont ceux qui créent les situations de conflit. »

A Châteauneuf-Grasse, le seuil de tolérance de la population semble en revanche avoir été atteint. 

L’élu propose sans rire d’autres solutions de logement : « Et pourquoi pas un hôtel de luxe à Cannes ? Ou le fort de Brégançon ? » [Il s’agit de la résidence des présidents de la République dans le Var].

Surtout, il redoute en même temps que sa paisible commune, d’habitude ouverte à l’accueil des migrants en situation irrégulière, s’ajoute à la liste déjà longue des tragédies humaines.

Jusqu’ici, elle était réputée pour son panorama, ses oliviers centenaires et ses bâtisses du 16ème siècle. Et, à 12 minutes, ses parfums, à Grasse.