Levée des mesures anti-covid, alors que le virus est toujours présent

Passons-nous d’un extrême à l’autre ?

La loi du 30 juillet 2022 a mis fin à l’état d’urgence sanitaire, créé au printemps 2020, et au régime de sortie de crise, instauré par la loi du 31 mai 2021, pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, deux régimes d’exception. Les mesures qu’ils autorisaient (confinement, couvre-feu, limitation des déplacements, fermeture d’établissements, obligation du port du masque, passe sanitaire…) ne pouvaient plus êtres prises, sans le vote d’une nouvelle loi. Seul restait en vigueur un dispositif de veille et de sécurité sanitaires, les fichiers de surveillance de la circulation du virus, qui permettaient d’imposer aux voyageurs un test Covid négatif aux frontières, sous certaines conditions. 

 « Il faut à un moment donné reprendre une vie normale. On constate une nette diminution du nombre de contaminations, mais aussi des symptômes liés à l’épidémie. La covid devient une maladie un peu banale » observe le sénateur médecin Alain Milon, vice-président LR de la commission des affaires sociales. De fait, la France compte aujourd’hui moins de 16.000 malades hospitalisés, contre 25.000 en décembre 2021. Selon le site Covid Tracker, 4.500 nouveaux cas quotidiens sont enregistrés, contre plus de 300.000 il y a un an.

« L’évolution du virus montre qu’on est en présence d’une virose que l’on connaît de mieux en mieux, estime Véronique Guillotin, sénatrice RDSE de la Meurthe-et-Moselle et médecin de formation. Cela ne veut pas dire que la covid-19 n’est plus dangereuse, car, comme la grippe, elle peut entraîner des conséquences graves. Mais on sait aujourd’hui comment s’en protéger ».

A partir de ce mercredi 1er février, l’isolement des personnes contaminées ne sera plus obligatoire. Les potentiels cas contacts, qui devaient s’isoler pour au moins deux jours avant de réaliser un test, pourront désormais circuler en toute liberté. C’est également la fin des arrêts de travail dérogatoires sans jour de carence pour les personnes contaminées.

« Nous devons continuer malgré tout à suivre l’évolution de l’épidémie »

Il ne faut pas pour autant baisser la garde. « La levée de toutes ces mesures est peut-être un peu rapide, » estime la sénatrice socialiste Corinne Féret. « Le virus est toujours présent, en France comme à l’étranger. Or, la délivrance d’arrêts de travail dérogatoires permettait d’identifier et de dénombrer les personnes contaminées. On se prive là d’un élément important de surveillance de l’épidémie ». Le suivi des cas contacts, jusque-là assuré par l’Assurance maladie, est également abrogé à compter de ce mercredi.

Existe-t-il un risque de perdre de vue le développement de l’épidémie dans la population ? « Nous devons continuer à surveiller ceux qui ont été touchés par la maladie, notamment les enfants. On sait qu’il peut y avoir des complications au niveau de l’œil et des poumons, il faut donc prévenir les parents des risques et leur donner la possibilité de consulter un médecin » préconise Alain Milon. Véronique Guillotin recommande quant à elle de « mettre en place ce qui se fait en matière de grippe et de bronchiolite, c’est-à-dire des cellules de veille permettant de cartographier les épidémies », afin de pouvoir prendre les mesures adaptées en fonction de la situation.

L’épidémie n’est pas derrière nous

Trois ans après le début de la pandémie, le gouvernement fait donc le choix du « vivre avec ». Corinne Féret regrette cependant l’absence de communication et de campagne d’information. « On lève les obligations certes, mais comment continuer à faire appel à la responsabilité des Français sans grande campagne de sensibilisation ? Nous devons rappeler que le vaccin est un outil indispensable de lutte contre la maladie ».

Alors que seulement 56 % des Français ont reçu leur dose de rappel, selon le site CovidTracker, les sénateurs s’accordent sur le rôle central de la vaccination. « Je suis une obstinée de la communication en la matière », martèle Véronique Guillotin. « Il faut insister sur l’importance du vaccin afin que la covid devienne progressivement un mauvais souvenir ». Pour l’heure, aucun élu ne se risque à faire des pronostics. « On ne peut pas dire que la covid est derrière nous… quand je parie, je perds toujours », sourit Alain Milon.

Reprise de la Covid-19, en France comme en Europe

Les campagnes électorales se succèdent et la Covid repart dans l’indifférence gouvernementale

La campagne électorale officielle du premier tour des législatives s’est ouverte le 30 mai 2022 à zéro heure et elle s’est achevée le 10 juin 2022 à minuit. Macron en est toujours à tenter de reconstituer le gouvernement Borne I, amputé de trois de ses membres et étêté de deux cadres, le président de l’Assemblée et le patron du groupe présidentiel dans la bataille électorale. Et, après un mois au ministère, Brigitte Bourguignon, la nouvelle ministre de la Santé, est au nombre des rejets. Depuis deux mois, le 20 mai et la réélection de Macron, rien ne se passe, alors que le virus reprend le dessus.

Après plusieurs semaines d’augmentation du nombre de cas de Covid, sans impact sur l’hôpital, le nombre d’admissions dans les hôpitaux commence toutefois à repartir à la hausse. Les chiffres grimpent mais cette fois-ci, il est très difficile de prédire l’intensité de cette vague car plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Il faut tout d’abord considérer la couverture vaccinale. Si 75% des adultes en France ont reçu une dose de rappel, cela ne concerne qu’un tiers des 60-79 ans, pourtant plus vulnérables face aux formes graves.

Les contaminations à la Covid-19 repartent à la hausse en France.

Selon les derniers chiffres de Santé Publique France, SPF, la Covid-19 regagne du terrain dans l’Hexagone. En moyenne, près de 50.000 nouveaux cas sont détectés chaque jour sur le territoire. Une nouvelle percée épidémique – malgré la canicule – qui pourrait susciter une nouvelle vague de vaccination obligatoire à l’automne, avant le retour du froid. Une mesure qui requiert un vote parlementaire.

« Depuis une semaine, ça flambe, il n’y a pas une journée sans cas positif ! » explique-t-on dans une officine proche de la place du Capitole à Toulouse. « Dimanche, notre pharmacie était de garde et nous avons réalisé une bonne cinquantaine de tests. Un sur cinq était positif… D’après les données des sites pharmaceutiques, sur la semaine dernière, on était à un peu plus de 60% d’augmentation ». Même son de cloche dans une pharmacie à quelques centaines de mètres, où sur 15 tests réalisés la veille, 12 se sont révélés positifs.

Les personnes infectées avec BA.2 déjà protégées ? 

Il faut ensuite s’intéresser au sous-variant d’Omicron BA.5 qui s’avère plus contagieux que BA.2. Pour autant, certains pourraient éviter une réinfection, explique Emmanuel Piednoir, infectiologue. « Comme BA.5 dérive de BA.2, on imagine que si une très grande partie de la population a été infectée par BA.2, celle-ci sera partiellement protégée contre BA.5, sauf les patients immunodéprimés et les patients fragiles. Donc, ça atténuera l’intensité de l’épidémie » 

Pas encore de formes graves

« Après, les gens n’ont pas de symptômes significatifs comme on a connu, rassure la pharmacienne. « Ils viennent car ils sont cas contacts ou qu’ils ont la gorge qui gratte un peu. La plupart sont vaccinés. Ainsi, il n’y a pas de cas graves, que ce soit des enfants, des adultes ou des personnes âgées ».

Une jeune maman vient de recevoir le résultat de sa fille, positive à la Covid-19. « Cela fait quatre jours que ma fille est un peu patraque, mais je pensais que c’était dû aux grosses chaleurs. Plusieurs de ses camarades de classe ont attrapé le virus, c’est pourquoi j’ai tout de même voulu la faire tester. Mais elle n’a presque aucun symptôme », raconte-t-elle.

« Il faut remettre en place les gestes barrières »

Les mauvaises surprises se multiplient également pour les clients venus réaliser un test PCR pour pouvoir partir en vacances. « Hier, une dame qui devait partir en vacances à La Réunion a été testée positive. Elle s’est vue contrainte d’annuler son voyage », rapporte ainsi une pharmacienne du centre-ville. « La semaine dernière, nous avons eu des Américains qui se sont retrouvés bloqués ici et qui ne pouvaient pas rentrer chez eux », raconte une autre.

En mai, selon une enquête seulement 1 français sur 2 déclare se laver les mains régulièrement. 

« Avec la chaleur, les gens ont encore plus tendance à enlever le masque, et à se regrouper dans des endroits climatisés, ce qui n’aide pas, déplore-t-on dans une autre officine toulousaine, rue Rémusat. Il est très important de continuer à se laver régulièrement les mains et à mettre un masque dans les endroits fermés ».

Un point de vue partagé par un quinqua, venu se faire tester. « Dès que j’entre dans un magasin ou que je prends les transports en commun, je mets un masque, affirme-t-il. Maintenant les élections finies, je trouve que le gouvernement devrait remettre en place les gestes barrières ».

Depuis le 20 mai 2022, après Véran et Bourguignon, les Français attendent d’avoir leur troisiême ministre de la Santé en deux mois.

Face aux jeunes du Service national universel, Castex salue les « bons républicains », contaminés en Ardèche

« En même temps », un cluster est identifié dans un centre du Service National Universel, en Ardèche

Le château de Jambville, construit entre le XVème et XVIIIème siècle, se situe à 50 km de Paris

Jean Castex a rendu visite ce jeudi dans les Yvelines à une centaine de jeunes engagés dans le Service national universel (SNU), soulignant que « plus que jamais en ces temps difficiles » la France a « besoin de bons républicains ». « Nous avons plus que jamais besoin d’une République ferme et généreuse« , a insisté le premier ministre devant ces jeunes volontaires, âgés de 15 à 17 ans et réunis depuis une semaine dans le cadre cossu du château de Jambville pour un « séjour de cohésion ».

« Oui, la République française a besoin de moments où les mots cohésion, fraternité, apprentissage des droits et devoirs » sont prononcés, a insisté Jean Castex, appelant à ne pas « bouder la République » mais à « s’engager, quels que soient vos origines, vos convictions, vos idées ». « Il faut rendre à son pays ce qu’il vous donne », a encore martelé Jean Castex face aux adolescents ordonnés en rangs serrés et vêtus de l’uniforme du SNU.

Après une cérémonie de lever de drapeau puis le chant de la Marseillaise, Jean Castex a assisté avec la secrétaire d’Etat Sarah El Haïry à deux modules pédagogiques encadrés par des gendarmes: une course d’orientation en forêt, puis un atelier de sensibilisation au cyberharcèlement.

« Tout à gagner pour vous et pour la République »

Echangeant plus longuement avec une douzaine de ces jeunes volontaires, Jean Castex leur a demandé d’être des « ambassadeurs ». « On veut monter en puissance. Et il y a des jeunes qui en ont encore plus besoin », a-t-il fait valoir.

« Il va falloir convaincre celles et ceux de nos concitoyens qui sont réticents, qui disent que cela ne sert à rien. Non seulement il n’y a rien à craindre mais il y a tout à gagner pour vous et pour la République », a ajouté le Premier ministre.

Jean Castex a ensuite rendu hommage au bénévolat, dans un discours séparé prononcé à la mi-journée à Matignon à l’occasion du 120e anniversaire de la loi de 1901 sur les associations.

Vers une obligation du SNU d’ici à quelques années

Le SNU, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, a débuté cette année mi-juin pour quelque 18.000 filles et garçons, avec l’objectif de devenir obligatoire dans quelques années.

Après le « séjour de cohésion », les jeunes participants doivent s’engager auprès d’une association, d’une administration ou d’un corps en uniforme pour réaliser une mission d’intérêt général de 84 heures. Celle-ci peut être réalisée sur une période courte ou répartie sur plusieurs mois.

S’ils le souhaitent, les jeunes peuvent poursuivre l’expérience avec une période d’engagement de trois mois minimum.

Plusieurs cas de covid-19 ont été détectés parmi les adolescents effectuant leur service national universel dans un centre de Meyras.

Des participants au SNU (image d'illustration).
Des participants au SNU

Le préfet de l’Ardèche a décidé de fermer le site de manière anticipée.

Un cluster parmi de jeunes volontaires du Service National Universel (SNU), en Ardèche. Huit cas de covid-19 ont été détectés dans le centre de Meyras parmi les 94 adolescents et leurs encadrants. 28 cas contacts ont aussi été repérés, après une campagne de dépistage. 

Les malades et les cas contacts ont été isolés. Mais le préfet de l’Ardèche a décidé de fermer le centre de manière anticipée ce mercredi, avec deux jours d’avance (la session devait s’achever le 2 juillet). Les jeunes, originaires de l’Ain, de l’Isère et de la Loire, doivent s’isoler chez eux et seront suivis par les cellules de contact-tracing pour éviter tout développement de clusters familiaux. Or, on sait qu’en France, le traçage n’est pas une pratique répandue…

La cérémonie de remise des diplômes du SNU de ce vendredi 2 juillet n’aura pas lieu. 

Il ne s’agirit pas du variant delta

Les jeunes volontaires avaient entamé leur Service national universel le 21 juin. Tous avaient présenté un test PCR négatif, mais une participante était en période d’incubation. Elle n’a déclaré la covid que plus tard, assure-t-on.

A ce stade, annonce la préfecture, aucune mutation du virus n’a été identifiée. Il ne s’agit donc pas du variant delta.