Marche blanche en hommage à l’agricultrice et sa fille tuées sur un barrage à Pamiers

Victimes des politiques agricole et migratoire de l’UE

Plus de 4.000 personnes ont participé à la marche blanche en hommage à Alexandra et Camille Sonac, l’agricultrice et sa fille fauchées par un automobiliste sur un barrage agricole. A Pamiers, ce 27 janvier, les commerces étaient fermés et les riverains ont été nombreux à honorer leur mémoire lors du passage du cortège.

Une foule immense, vêtue de blanc, s’est massée dans la cour du lycée horticole de Pamiers, Ariège, ce 27 janvier en début d’après-midi. Le marche blanche est organisée par la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), des Jeunes agriculteurs (JA) et de la chambre d’agriculture de l’Ariège, en souvenir d’Alexandra et Camille Sonac.

La mère de famille, agricultrice, et sa fille ont trouvé la mort, le 23 janvier, dans un accident occasionné par des Arméniens en situation irrégulière, alors qu’elles participaient à un barrage agricole pour faire entendre toute la détresse du monde agricole.

« Ce qui s’est passé à Pamiers n’aurait jamais dû exister, les gens qui ont forcé le barrage n’auraient pas dû être en France. Il faut qu’il y ait un mort pour que les choses bougent, c’est inadmissible alors que les agriculteurs défendent leurs convictions », s’indigne, sans détour, Sergio, qui travaille dans le bâtiment et partage le combat des agriculteurs : « Ils défendent leur métier, on est à 100 % derrière eux et, à force, on va faire comme eux ».

« Au moins, on peut faire ça »

Il est présent avec d’autres proches pour honorer la mémoire de l’agricultrice. « On est de Tarascon et on est venus soutenir la famille, avec une pensée pour le papa et son autre fille. Ça ne va pas être évident pour lui. Venir à la marche, ce n’est rien pour nous, mais au moins, on peut faire ça », ajoute Fernanda. 

Laurianne s’est aussi déplacée en famille, comme la plupart des participants. Elle habite Saint-Félix-de-Tournegat, le village où vivaient les deux victimes. Impensable pour elle de ne pas venir rendre un dernier hommage : « On habite à deux kilomètres, on est voisins. Mes enfants vont à la même école que sa fille. A la moindre occasion, une fête de village, on se retrouvait ensemble. Quand on m’a dit qu’ils avaient été touchés par l’accident, dont j’avais entendu parler à la radio, je n’ai pas voulu y croire ». L’heure est à l’hommage, même s’il est difficile de ne pas penser au contexte agricole : « Je suis de la ville, mais je me rends bien compte des contraintes du métier ».

Les syndicats prennent alors la parole, quelques mots en souvenir de l’éleveuse de bovins et sa fille, avant une minute de silence. Puis, le cortège part du lycée agricole vers le rond-point de la zone de la Bourriette, près de la RN20 sortie Pamiers-Sud, là où les deux victimes ont été fauchées. Les proches et la famille se sont placés derrière une banderole, où figurent les visages d’Alexandra et Camille Sonac.

La marche reste silencieuse, rassemblant toutes les générations et les corps de métier. Sur le chemin, les riverains sont sortis de chez eux pour assister au passage du cortège. Des anonymes qui, eux aussi, veulent apporter leur soutien à la famille.

Une zone commerciale vide

La foule se dirige dans l’artère principale du centre commercial, zone de la Bouriette. Tous les commerces ont baissé rideau, comme ils l’avaient annoncé. En centre-ville, la situation est identique. D’habitude si fréquenté, le quartier surprend en mode ville morte. Le personnel d’Intermarché s’est figé en un seul rang, devant deux gerbes de fleurs.

Devant les autres commerces, les vendeurs attendent la marche. « On a fermé par solidarité, par respect. Toutes les professions souffrent, on soutient les agriculteurs dans leurs revendications. Là, ça a été trop loin: deux personnes sont mortes. Dans la région, on est solidaires, on rend hommage à notre échelle », explique une vendeuse.

Près du lieu où les victimes ont été fauchées, les participants à la marche ont pu leur rendre un dernier hommage.
Participants à la marche blanche, près du lieu où les victimes ont été fauchées.

Après le rond-point de la Bouriette, les participants montent l’espace vert près des pins, où se situe la sortie, direction Foix. C’est là que la banderole hommage est installée, chacun à son tour y dépose une rose blanche. Un geste simple, mais un symbole très fort.

Remise en liberté des deux Arméniens qui ont percuté l’agricultrice et sa fille tuées en Ariège

Le juge protège la famille en situation irrégulière

Une femme de 35 ans et sa fille de 12 ans ont été mortellement percutées par un véhicule sur la RN20, à Pamiers, en Ariège sur les lieux d’un point de blocage agricole, mardi 23 janvier. Deux des trois occupants du véhicule qui a percuté le barrage, tous visés par une OQTF, ont été remis en liberté ce vendredi. Cette fois, ils pourront décider librement de quitter le territoire, s’ils le souhaitent et y ont intérêt.

Sans attendre que l’hommage aux deux victimes soit rendu samedi, deux des trois ressortissants arméniens qui étaient à bord du véhicule qui a percuté un barrage annoncé par des panneaux et tenu par des agriculteurs à Pamiers, en Ariège, ce mardi, et qui a tué une éleveuse et sa fille de 12 ans, ont été libérés par la juge des libertés et de la détention, ce vendredi. Cette fonction de JLD a été instaurée par la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence voulue par la garde des Sceaux socialiste Elisabeth Guigou.

Les deux ressortissants, étrangers à l’UE et visés par des OQTF, ont été remis en liberté au motif de « la prise en compte de la situation familiale et de l’intérêt des enfants », sachant que leurs deux victimes sont une mère et sa fille.

Néanmoins, la préfecture de police a pris des mesures d‘assignation à résidence. Les deux individus sont sortis du centre de rétention administratif par leurs propres moyens.

Par ailleurs, le conducteur de la voiture reste en détention provisoire, après avoir été mis en examen mercredi. D’après un communiqué du procureur de Foix, il a été mis en examen « des chefs d’homicides involontaires aggravés, de blessures aggravées et de conduite sans assurance ». Plus tôt mercredi, « le conducteur (avait) reconnu avoir contourné le dispositif spécial de sécurité qui condamnait l’accès à la route nationale 20 » et « ne pas s’être rendu compte à temps de la présence de la bâche noire qui recouvrait le mur de paille », selon le procureur.

Cet homme et ces deux femmes de nationalité arménienne étaient sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) « prononcées en 2022 et 2023 », après avoir été déboutés de leurs demandes d’asile.

Selon le Parquet, ils ont affirmé qu’ils auraient « voulu se rendre chez une de leurs connaissances, habitant également en Ariège » et ont alors délibérément « contourné le dispositif spécial de sécurité qui condamnait l’accès à la route nationale 20 ».

Une marche blanche aura lieu ce samedi pour rendre hommage à Alexandra Sonac et sa fille Camille, à Pamiers. Une cellule psychologique a-t-elle été proposée au conducteur ?…

Législative partielle d’Ariège: la sortante Nupes sanctionnée par la socialiste dissidente,  vainqueure de la socialiste de la Nupes

Martine Froger a sorti la sortante, rassemblant 60% des voix contre 40% à sa rivale

La NUPES sanctionnée,
via Bénédicte Taurine, LFI,
dans une circonscription imprenable

C’est une claque pour la Nupes.  La dissidente socialiste Martine Froger a obtenu 60% des voix, dimanche, contre 40% pour sa rivale socialiste soutenue par la NUPES, au second tour de ces législatives partielles.

Martine Froger, soutenue par la présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga, et le numéro 2 du parti, Nicolas Mayer-Rossignol, a battu la députée sortante Bénédicte Taurine, candidate de La France Insoumise (LFI) officiellement appuyée par l’union de gauche, dimanche 2 avril, lors de l’élection législative partielle dans la 1ere circonscription de l’Ariège.

La députée socialiste Martine Froger, en Ariège,

Martine Froger a obtenu 60, 19% des voix contre 39,81% pour sa rivale. Au premier tour, Bénédicte Taurine était arrivée en tête avec 31,18% des voix tandis que Martine Froger avait pris la seconde place avec 26,42% des suffrages. Selon la préfecture, le taux de participation a atteint 37, 13%,  un niveau pratiquement égal à celui du premier tour, 38,05%. 

La première circonscription de l’Ariège était devenue  un enjeu de la guerre des gauches entre le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui soutenait l’anti-républicaine de LFI, en vertu de l’accord Nupes, et le numéro 2 Nicolas Mayer-Rossignol, défenseur de la dissidente. Elle a demandé vendredi si elle pourrait siéger avec les socialistes, mais n’a pas encore obtenu de réponse.

Une élection qui fracture la gauche

« Ces résultats disent qu’il y a une alternative possible pour notre pays avec une gauche sociale, écologiste, laïque et européenne, réagit la patronne de la région Occitanie, Carole Delga, pendant que le candidat battu à la présidence du PS, Nicolas Mayer-Rossignol, interpellait sur Twitter le meneur des agitateurs anti-républicains, bien  Mélenchon, sans légitimité: battu à la présidentielle dès le premier tour, il ne peut se prévaloir d’aucun mandat électif. « Il va falloir vous y faire : en Ariège comme ailleurs, il y a des femmes et des hommes socialistes, qui portent fièrement leurs valeurs, qui ont envie que la gauche gagne et qui ne vous seront jamais… soumis », a-t-il écrit, amer.

Du côté de LFI, le député des Bouches-du-Rhône et coordinateur du parti, Manuel Bompard, a déploré sur Twitter que « l’alliance opportuniste des fossoyeurs de la gauche, des macronistes, de la droite et de l’extrême-droite aura permis d’évincer une députée du peuple à l’Assemblée nationale », et le camarade a apporté son « soutien fraternel » à Bénédicte Taurine. Elle pourra retourner endoctriner les collégiens qui seront livrés à ses partis-pris.

Et la guerre des gauches s’est même poursuivi à coups de tweets interposés. A l’annonce des résultats, la députée PS Valérie Rabault s’est ainsi fendue d’un message de félicitation sur le réseau de Elon Musk, celui qui promettait de libérer Twitter, mais n’en a rien fait. « Je souhaite que Martine rejoigne le groupe socialiste à l’Assemblée nationale [qui siège avec la Nupes] (…) elle y a toute sa place », a-t-elle écrit. Réponse sèche en ligne d’une de ses collègues extrémistes, la députée Nadège Abomangoli« félicitations pour vos félicitations à l’égard d’une nouvelle députée adulée par la droite, le RN et la macronie qui décuple de violence sociale et politique. En effet il est temps de réfléchir à une phase 2 de la Nupes ».

Du côté du gouvernement, on se réjouit de cette victoire de Martine Froger. « S’il existe bien sûr une place sur l’échiquier politique pour une gauche responsable, ce scrutin montre surtout que l’outrance et la radicalité ne paient pas », a tweeté le ministre du Travail, Olivier Dussopt. Son homologue aux Transports et en sexualité, Clément Beaune, s’est dit, lui, « heureux et soulagé »« Espérons que ce résultat montre à la gauche responsable que son avenir ne s’écrit pas avec LFI au sein de la Nupes », a ajouté le racoleur. 

La législative partielle en Ariège peut-elle faire éclater la Nupes ?

Les candidates LFI et PS se livrent un duel à risque pour la Nupes

Martine Froger,
PS canal historique

La députée LFI sortante Bénédicte Taurine, soutenue par la Nupes, est menacée au second tour de la législative partielle par une dissidente socialiste, Martine Froger, ci-dessus.

Cette circonscription de l’Ariège, autour de Foix, est un bastion séculaire de la gauche, mais c’est un duel fraternel qui oppose dimanche LFI-Nupes/PS dissident, au second tour de la législative partielle pour cause d’annulation du scrutin de juin: dans cette première circonscription, des bulletins au nom de la candidate du Rassemblement national dans la 2e circonscription de l’Ariège, ont été mêlés à ceux au nom du candidat RN de la 1ère dans la commune de Tarascon-sur-Ariège. Un mic-mac qui se solde par 9 voix d’écart.

La sortante LFI, Bénédicte Taurine fait face à une dissidente socialiste anti-Nupes, Martine Froger, en rupture de ban avec la direction nationale. Dans le sillage de Carole Delga, présidente de la région Occitanie, les socialistes de l’Ariège sont particulièrement opposés à la stratégie d’alliance avec les insoumis. En juin, un autre dissident PS, Laurent Panifous, a d’ailleurs battu le député LFI sortant de la deuxième circonscription (Pamiers), Michel Larrive.

« Une opposition extrêmement radicale »

Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, venue soutenir la députée LFI de l'Ariège Bénédicte Taurine en campagne pour la législative partielle, le 21 mars 2023.
Mélenchon, leader de la France insoumise, est venu soutenir la députée LFI de l’Ariège Bénédicte Taurine en campagne pour la législative partielle, le 21 mars 2023.

L. Panifous, qui siège dans le groupe de députés divers gauche et divers droite Liot (Liberté, indépendants, outre-mer et territoires), fait la campagne de M. Froger et confirme : « Nous sommes un territoire en résistance, et ça porte ses fruits. A l’Assemblée, j’essaie de porter une opposition constructive, pas inféodée à LFI, avec laquelle on ne partage rien. » Le député ariégeois espère ainsi prouver qu’on peut être de gauche hors de la Nupes, et décrit LFI comme « une opposition extrêmement radicale au niveau national comme au niveau local. Ils s’opposent à tous les projets ! Nous, on veut développer le territoire, pas eux. »

Une redite de l’épisode de juin dans la deuxième circonscription de l’Ariège a de vraies chances de se produire, car tout ce que la circonscription compte d’électeurs et d’électrices moins à gauche que Bénédicte Taurine a l’occasion de « se faire LFI ». « Ça va être très serré », reconnaît, un brin inquiet, un membre de la direction de la France insoumise, voyant déjà dans le résultat du premier tour une sorte de coalition anti-LFI : Martine Froger a gagné 8 points depuis juin, quand la candidate macroniste en a perdu 9, pour tomber à 11 % seulement. La majorité relative présidentielle ne veut pas manquer l’occasion d’enfoncer un coin dans la Nupes et appelle à voter pour Martine Froger. Une stratégie qui, selon le député LFI toulousain Hadrien Clouet, causera sa perte.

« Baratin »

« Elle n’a pas gagné », assure, confiant, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Mais à la Nupes, on s’attache déjà à relativiser une éventuelle victoire de Martine Froger. « Extrapoler le résultat me paraît incongru et aléatoire : c’est l’Ariège, pas la France, explique le spécialiste des élections au PS, Pierre Jouvet. Il n’y a pas beaucoup de circonscriptions en France où la gauche peut avoir deux candidats au second tour, on ne pourra pas tirer de conclusions… » Pourtant, le PS comme la Nupes tout entière se démènent à coups de communiqués pour soutenir Bénédicte Taurine. Jean-Luc Mélenchon lui-même avait fait le déplacement avant le premier tour.

Il s’agit d’éviter à tout prix qu’une gauche hors Nupes se développe. « L’alternative à l’union de la gauche, c’est du baratin », cingle une écologiste. L’élément de langage est répété à l’envi : « Si on casse la Nupes, on casse la possibilité d’avoir 151 députés de gauche, sans qui la réforme des retraites aurait été largement votée », assure Olivier Faure. qui maintient sa stratégie de supplétif.

Parti dans le parti

Une question pourrait néanmoins créer du tumulte : où siégerait, en cas de victoire, la députée Froger ? L’opposition interne à Olivier Faure au PS rappelle qu’elle a envoyé un courrier dans lequel elle dit son intention de siéger au groupe socialiste. « Elle a opportunément envoyé ce courrier avant le Conseil national qui devait statuer sur son cas. Mais elle peut aller chez Liot », analyse le premier secrétaire du PS. « Ce sont les députés socialistes qui auront la main, de toute façon. Je ne vois pas bien la cohérence d’être contre la Nupes et de venir dans un groupe qui porte dans son nom  »membre de l’intergroupes Nupes » », élude Pierre Jouvet. « Ça n’arrivera jamais ! », a balayé Mathilde Panot mardi, marquant toute sa confiance envers Olivier Faure et Boris Vallaud, le président du groupe socialiste.

A l’issue du congrès socialiste à Marseille, fin janvier, certains chefs de La France Insoumise trouvaient qu’Olivier Faure ne tenait pas son parti et avait eu tort de composer avec les socialistes Nupes-sceptiques autour de Nicolas Mayer-Rossignol. Aujourd’hui, au moins officiellement, personne ne critique le député de Seine-et-Marne : « Il a fait le job, a pris les positions qu’il fallait, a demandé à Martine Froger de se désister… Il a fait tout ce qu’il pouvait faire », insiste Hadrien Clouet. Et puis « c’est l’Occitanie, c’est Carole Delga », entend-on ici ou là.

Carole Delga qui commence à être un parti dans le parti au PS. « C’est fort : au congrès, elle a réussi à mobiliser à elle seule plus de 10 % des militants qui ont voté dans le pays, si on regarde les résultats en Occitanie », analyse un stratège du camp Faure. « On sait tout ça », balaye Pierre Jouvet, considérant qu’une victoire de Froger ne changerait rien à la donne interne au PS. Lamia El Aaraje, une des porte-parole du courant de Nicolas Mayer-Rossignol, semble tout de même avoir déjà commandé des bouteilles de petit-lait : « C’est tout de même ubuesque que la direction du Parti socialiste demande à une socialiste de se retirer ! Mais si le groupe socialiste se croit assez fort pour se passer d’une députée de plus… »