Agression d’une adjointe au maire de Saint-Denis: prison ferme pour Mouloud Bezzouh

Oriane Filhol, PS, avait été tabassée par des hommes de main

Mouloud Bezzouh

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné ce jeudi 27 juin à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, un chef d’entreprise pour avoir commandité, pour une raison inconnue, l’agression en décembre 2023 de la première adjointe au maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin.

Entrepreneur de la ville, engagé dans le monde associatif de l’insertion et patron d’une quinzaine d’entreprises, Mouloud Bezzouh, 57 ans, a été reconnu coupable de l’envoi de jeunes en insertion, contre la promesse de rémunération, pour passer à tabac Oriane Filhol alors qu’elle rentrait chez elle. Trois jeunes hommes de Saint-Denis, âgés de 18 à 22 ans, l’avaient frappée au visage et sur le corps à coups de poing.

« J’ai perdu une partie de ma liberté, de mon indépendance »

Orianne Filhol, élue de Saint-Denis, a été tabassée en décembre 2023, suscitant une vague d’indignation.
Oriane Filhol

Le Parquet de Bobigny avait requis mardi quatre ans de prison, dont un avec sursis, à l’encontre du chef d’entreprise franco-kabyle. « Au-delà de Mme Filhol, c’est à la démocratie qu’il s’en prend. Il s’en prend à la capacité de citoyens de venir solliciter le suffrage des urnes, (…) à la capacité d’élus de pouvoir exercer librement un mandat et sans pression » , avait estimé le procureur Bertrand Gautier dans son réquisitoire.

Ce jugement « marque un moment important sur la question de l’agression des élus locaux en France, c’est vraiment un soulagement », a déclaré à Katy Bontinck, première adjointe au maire PS Mathieu Hanotin, à la sortie de l’audience. « Cette réponse ferme vient marquer cette nécessité d’ouvrir les yeux sur le fait que demain la démocratie représentative n’aura plus de représentants, notamment à l’échelon local », a-t-elle estimé.

« Je suis particulièrement soulagée que les violences envers les élu(es) soient reconnues, jugées et condamnées, je suis soulagée pour tout(es) mes collègues et pour que l’investissement de chacun(e) dans nos mandats ne soit jamais entravé. C’est un enjeu de bon fonctionnement de la démocratie », a réagi Oriane Filhol.

Oriane Filhol, légèrement blessée, mais fortement marquée psychologiquement par cette agression, était restée mardi dépourvue face à ses interrogations sur les raisons de son agression. « J’ai perdu une partie de ma liberté, de mon indépendance, auxquelles je tiens beaucoup. Je ne peux plus me déplacer après une certaine heure seule, j’ai besoin que des collègues me raccompagnent jusqu’à mon domicile », a-t-elle confié au tribunal, émue.

En janvier, les agresseurs avaient été arrêtés et condamnés. A leur procès, ils ont expliqué qu’on leur avait promis 2.500 euros chacun par un mystérieux commanditaire, dont ils ont tu le nom, pour frapper une personne qu’ils ne connaissaient pas. La victime qui est aussi conseillère départementale déléguée à la Jeunesse et à la Lutte contre les discriminations, est sixième adjointe au maire en charge des solidarités.

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