Législatives 2024 : l’alliance présidentielle formera-t-elle un 3e bloc à l’Assemblée ?

Le camp Macron a annoncé ce jeudi que la coalition présidentielle pour les élections législatives anticipées – Renaissance, Horizons et le MoDem- s’appellera « Ensemble pour la République ».

Un « comité stratégique » de campagne s’est réuni jeudi au siège du parti présidentiel Renaissance en présence de Gabriel Attal et de plusieurs ministres et des chefs des partis de la majorité, Stéphane Séjourné (Renaissance), Edouard Philippe (Horizons), François Bayrou (MoDem), Nathalie Delattre (Parti radical), mais également le président de l’UDI, Hervé Marseille.

Le premier ministre est sorti de cette réunion sans faire de déclaration. Il doit se rendre dans le Pas-de-Calais pour un premier déplacement de campagne, en soutien au député Renaissance sortant Jean-Pierre Pont, élu de justesse face au Rassemblement national en 2022.

Horizons dépose ses candidats en son nom propre

Le message, martelé par le chef du gouvernement, jeudi matin sur France Inter, est : « est-ce que vous voulez Jordan Bardella ou Jean-Luc Mélenchon » à Matignon ?, a glissé une source proche du premier ministre dans l’équipe de campagne. Les quatre partis de la majorité partent à nouveau sous une même bannière, baptisée « Ensemble » lors des législatives de 2022 qui leur avaient valu la perte de la majorité absolue.

Mais les modalités divergent, Horizons, le parti d’Edouard Philippe, ayant décidé de déposer ses candidats en préfecture en son nom propre, pour ne pas partager les chances de sièges. Il n’y aura donc pas d’accord de répartition du financement entre les partis par une association commune, comme en 2022, selon une source du parti.

Les responsables et négociateurs des partis de la coalition présidentielle doivent à présent boucler les investitures, sans doute « d’ici à demain », selon une source proche, après avoir chacun de leur côté reconduit une large part de leurs députés sortants, comme annoncé.

Se pose la question de l’attitude face aux députés LR ayant refusé l’alliance avec le Rassemblement national lancée par le patron du parti Eric Ciotti . « Quiconque refuse chez les députés LR l’ignoble contrat qu’a signé Eric Ciotti (…) ne devrait pas avoir de candidat de notre famille politique contre eux », a prôné Gérald Darmanin, ex-RPR-UMP et LR, lundi dans le Nord. L’ignoble n’atteint pas le Nouveau Front populaire dans son contrat PS-NPA, pas plus qu’entre la féministe Sandrine Rousseau jusqu’à récemment verte de colère contre Adrien Quatennens, LFIste condamné pour violences conjugales. La gazelle a perdu de sa pudeur.

« Nous restons donc à ce jour ouverts et réfléchissons donc à ne pas présenter de candidat dans les circonscriptions de députés d’autres partis qui refusent comme nous les accords de leurs partis politiques avec les extrêmes », a déclaré le même jour le patron de Renaissance, Stéphane Séjourné, devant les cadres de son parti. Le Nouveau Front populaire tremble…

Quid des candidats de gauche s’étant démarqués de La France insoumise, comme par exemple le député PS sortant Jérôme Guedj ? La majorité est « en train de trancher au cas par cas », selon une source de l’équipe de campagne.

« Quand j’ai rejoint le gouvernement, je n’ai pas quitté mes convictions de droite, j’ai quitté une ligne politique qui partait à la dérive », réagit la ministre de la Culture Rachida Dati, elle aussi ex-LR.

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Ministres de Macron qui se présentent le 30 juin

S’il a tenté de dissuader Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, Gabriel Attal assure ce jeudi matin sur France inter que c’est lui « qui mène cette campagne » pour le camp présidentiel.

Le Premier ministre se représente dans sa circonscription, la 10e des Hauts-de-Seine, à Vanves, où il avait été élu avec 59,85% des voix en 2022, contre la socialiste Cécile Soubelet (40,15%).

• Gérald Darmanin

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se représente lui aussi pour « clarifier les choses » et est d’ores et déjà en campagne dans son fief électoral de la 10e circonscription du Nord.

Il a dénoncé lundi sur TF1 une « confusion » à gauche et appelé les LR à « rejoindre » la majorité car le Rassemblement national « c’est 100 milliards de dépenses, sans aucune recette en face ».

• Stanislas Guerini

Membre fondateur du parti LREM, devenu Renaissance, Stanislas Guérini est élu député de la 3e circonscription de Paris depuis les élections législatives de 2017. Selon l’AFP, le ministre de la Fonction publique, sera à nouveau candidat dans cette même circonscription.

• Thomas Cazenave

Sur ses réseaux sociaux, il s’affiche déjà en campagne dans la 1e circonscription de Gironde. Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics déclare être « à nouveau candidat pour incarner cette voie de la modération face aux extrêmes ».

• Olivia Grégoire

Ministre déléguée auprès de Bruno Le Maire et chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, l’ancienne porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire est candidate à sa réélection dans la 12e circonscription de Paris. Elle s’était imposée en 2022 avec 68,51% des voix face à une candidate de la Nupes.

• Marie Guévenoux

« C’est reparti », écrit Marie Guévenoux sur X. La ministre chargée des Outre-mer est candidates aux élections législatives dans la 9e circonscription de l’Essonne. « J’appelle au rassemblement des modérés et des véritables républicains » affirme-t-elle.

• Frédéric Valletoux

L’actuel ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention Frédéric Valletoux a lancé ce jeudi matin sa campagne pour remporter la 2e circonscription de la Seine-et-Marne. « Je souhaite continuer, comme je l’ai fait depuis deux ans, à porter une voie singulière, républicaine et humaniste dans le débat national », écrit l’ancien membre des Républicains.

• Sarah El Haïry

La ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles Sarah El Haïry est également candidate à sa réélection et représentera le camp macroniste dans la 5e circonscription de la Loire-Atlantique.

• Roland Lescure

Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie et à l’Energie, a annoncé qu’il se représenterait dans la 1e circonscription des Français de l’étranger (Amérique du Nord) appelant à un « large rassemblement libéral, démocrate et résolument social » contre le « péril » de l’extrême droite, donnée favorite.

• Prisca Thevenot

La porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a annoncé qu’elle serait de nouveau candidate dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine. « Hors de question de laisser le pays aux mains des extrêmes. Hors de question de renoncer face aux Le Pen et Mélenchon », écrit-elle sur ses réseaux sociaux.

• Fadila Khattabi

« L’élection législative à venir est à mes yeux la plus importante de la Ve République et je sais que nous sommes nombreux à le penser ». Fadila Khattabi, ministre chargée des Personnes handicapées, se représentera dans la 3e circonscription de Côte d’Or contre les « extrêmes ».

• Aurore Bergé

Élue depuis 2017 au Palais bourbon, Aurore Bergé, ministre chargée de l’Egalité, se représentera dans la 10e circonscription des Yvelines. Invitée de BFMTV ce jeudi, elle a affirmé qu’il s’agissait là aussi de « l’élection la plus importante de nos vies ».

• Franck Riester

Il a occupé plusieurs ministères depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Franck Riester, actuellement ministre délégué chargé du Commerce extérieur, sera candidat dans la 5e circonscription de Seine-et-Marne.

• Guillaume Kasbarian

Guillaume Kasbarian, ministre délégué au Logement, sera à nouveau candidat dans la 1e circonscription d’Eure-et-Loir. « Fidèle à mon territoire et aux Euréliens, j’aurai l’honneur de me soumettre une nouvelle fois à vos suffrages et vous convaincre de me renouveler votre confiance, dans la 1e circonscription d’Eure-et-Loir », a-t-il indiqué.

• Dominique Faure

« Si certains rechignent à repartir en campagne, d’autres le font avec le sourire », écrit dans une publication sur X Dominique Faure. La ministre déléguée chargée de la Ruralité se représente dans la 10e circonscription de Haute-Garonne.

• Marie Lebec

La ministre chargée des Relations avec le Parlement est à nouveau candidate dans la 4e circonscription des Yvelines. Elle a appelé sur X « toutes les bonnes volontés démocrates et républicaines » à la soutenir face aux « populistes ».

• Stéphane Séjourné

Son nom circulait pour plusieurs circonscriptions à Paris ou en proche banlieue. Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a été investi par le parti macroniste dans la 9e circonscription de la capitale.

Le chef de la diplomatie, qui n’était pas député, part en campagne dans une circonscription, détenue depuis 2022 par le député Renaissance Emmanuel Pellerin. Secrétaire général de Renaissance, il sera aussi chargé de « l’organisation » de la campagne.

• Marc Fesneau

Selon la presse, Marc Fesneau sera candidat à sa succession dans la 1e circonscription du Loir-et-Cher où il a été élu en 2022. Comme l’indique France 3, Marc Gricourt, maire PS de Blois, se porte candidat face à lui.

• Jean-Noël Barrot

Toujours selon nos confrères de l’AFP, le ministre délégué chargé de l’Europe Jean-Noël Barrot repart à l’assaut de la 2e circonscription des Yvelines, où il est élu depuis 2017 sous l’étiquette des Démocrates (MoDem).

Ceux qui ne se présentent pas (encore)

• Bruno Le Maire

Deuxième dans l’ordre protocolaire du gouvernement, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui ne s’était pas présenté en 2022, a confirmé qu’il ne serait pas candidat, lors d’une réunion de lancement de la campagne dans l’Eure. Dans ce département, son ancienne circonscription est tombée il y a deux ans dans l’escarcelle du Rassemblement national.

• Catherine Vautrin

L’ex-LR Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, ne se présentera pas mais « soutiendra pleinement » la candidate Renaissance Laure Miller élue en 2017 dans son ancienne circonscription, la 2e de la Marne, a appris la presse  auprès de l’entourage de la ministre.

• Eric Dupond-Moretti

« Je serai là où le président de la République me demandera d’aller », a lancé sur BFMTV-RMC ce jeudi matin Éric Dupond-Moretti. Le garde de Sceaux a néanmoins assuré que « quelle que soit la place qui sera la (sienne), (il) se battra. « Je ne veux pas que notre pays tombe dans les mains des extrêmes », a-t-il affirmé.

• Nicole Belloubet

D’autres ministres de l’actuel gouvernement ne seront pas candidats pour ces élections anticipées et ne l’étaient déjà pas en 2022. C’est le cas de la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet, en poste depuis le 8 février 2024 en remplacement d’Amélie Oudéa-Castéra.

• Rachida Dati

La ministre de la Culture est déjà maire du 7e arrondissement de Paris et ne cherchera pas un siège à l’Assemblée nationale dans les prochaines semaines. Toutefois, la transfuge de LR Rachida Dati se dit « engagée totalement pour être au rendez-vous des aspirations des Français » dans cette campagne.

• Agnès Pannier-Runacher

Ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans le gouvernement Attal, Agnès Pannier-Runacher est une haute fonctionnaire qui n’a jamais été élue pour un mandat et n’a pas non plus cette fois annoncé être candidate aux élections législatives.

• Christophe Béchu

L’ancien maire d’Angers et aujourd’hui premier adjoint de la ville, Christophe Béchu ne se présente pas en vue de ce scrutin. Le ministre de la Transition écologique et secrétaire général d’Horizons a déjà été sénateur et député européen mais jamais député français.

• Patrice Vergriete

Patrice Vergriete a été nommé ministre lorsqu’il était maire de Dunkerque et n’avait pas donc pas été élu député dans une circonscription. Aujourd’hui ministre délégué chargé des Transports, il n’a pas annoncé être candidat.

• Sébastien Lecornu

Depuis plusieurs jours déjà, le ministre des Armées se rend sur le terrain pour soutenir les candidats du camp présidentiel mais ne se présente pas lui-même. Sébastien Lecornu est ancien sénateur de l’Eure et est toujours président du conseil départemental.

Les ex-LR que Macron a faits ministres contre un plat de lentilles a

Outre Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Rachida Dati ou encore Catherine Vautrin qui appellent à un “front républicain” après le choix courageux d’Eric Ciotti de faire barrage au Nouveau Front populaire. Citons encore Sébastien Lecornu, ministre à la triste figure, Franck Riester, Roselyne Bachelot, etc

Les élus déjà macronisés

L’un des premiers à s’être retrouvé sur la liste des candidats investis par Renaissance, samedi dernier, a été Robin Reda. Ce proche de Valérie Pécresse, âgé de 30 ans et élu député depuis 2017, est candidat à sa succession dans la 7e circonscription de l’Essonne, mais sous une nouvelle étiquette. « La situation du pays exige le dépassement, politique et humain, pour réussir les réformes difficiles mais nécessaires », a-t-il justifié sur Twitter. 

L’autre prise de Renaissance s’appelle Constance Le Grip. À 61 ans, elle sera candidate dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine. Députée depuis 2017, elle a également été eurodéputée et conseillère municipale à Neuilly-sur-Seine. Proche de Nicolas Sarkozy, elle a été sa conseillère parlementaire entre 2002 et 2010, puis sa conseillère au ministère de l’Intérieur, à celui de l’Économie, et à la présidence de la République. Difficile de ne pas y voir une conséquence du comportement ambigu de l’ex-chef de l’État, ces derniers mois, vis-à-vis d’Emmanuel Macron. Celui qui n’a jamais apporté son soutien à Valérie Pécresse à la présidentielle avait appelé à voter Macron avant le second tour, et avait lui aussi plaidé en faveur du « rassemblement »

Renaissance a également investi Emmanuelle Haziza dans la 6e circonscription du Rhône, sous la bannière Horizons. En 2017, elle avait été candidate pour Les Républicains. Quant à Alexandra Monet, elle est investie dans la 2e circonscription de la Sarthe. Mais en 2021, alors déléguée nationale des jeunes Républicains, elle s’était présentée aux élections départementales en Loire-Atlantique sous l’étiquette divers droite. La sarkozyste Laure Miller, adjointe au maire de Reims et conseillère départementale, sera la candidate de la majorité dans la 2e circonscription de la Marne en lieu et place de Aïna Kuric, élue en 2017 mais qui avait quitté En marche en 2019. Enfin, le député LR sortant Jean-Carles Grelier, qui fut porte-parole du mouvement Libres! de Valérie Pécresse, a été investi dans la Sarthe.

Une suite logique pour Eric Woerth

D’autres ont également recueilli l’investiture Renaissance sans surprise, car ralliés à Emmanuel Macron depuis plusieurs semaines déjà. C’est le cas du président de la commission des Finances de l’Assemblée nationaleEric Woerth, qui a soutenu Emmanuel Macron dès février 2022 ; et de Marine Brenier, députée de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes proche de Christian Estrosi, qui a adhéré à Horizons à la fin du mois d’avril.

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