Téléphones portables en prison: Dupond-Moretti « envisage » des fouilles « plus systématiques »

Belloubet désavouée: elle les avait développés

L’idée d’autoriser les détenus à utiliser un téléphone portable n’a « rien d’absurde », avait estimé la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, en visite au centre pénitentiaire de La Farlède, près de Toulon, Var, en août 2017. Une petite phrase qui avait déclenché une tempête politique.

« Il faut donner aux détenus des moyens de communication… Des portables contrôlés ou des lignes fixes. Une expérience en ce sens a lieu dans la Meuse », a ajouté la garde des Sceaux  sous influence de Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

Avant de lâcher la bride, elle préconisait la fourniture aux détenus de portables « bridés » et « achetés » en prison, ainsi qu’un accès à Internet « contrôlé ». « Avant d’autoriser les téléphones bridés, il faudrait… endiguer les téléphones portables non contrôlés en prison, » avaient riposté de nombreux syndicats de surveillants pénitentiaires.

Selon la ministre, la mise à la disposition des détenus, dans leur cellule, de téléphones fixes avec lesquels ils pourront appeler quatre numéros définis par l’administration pénitentiaire ou un magistrat aura trois avantages. « Nous avons considéré qu’il y avait (…) un avantage de socialisation pour les détenus puisqu’ils pourront joindre leur famille, notamment à des heures où les enfants ou les parents sont là », a-t-elle expliqué.

Le second avantage, selon Belloubet première formule, est que cela réduira la circulation illégale en prison de téléphones portables, avait-elle avancé…

Belloubet avait également annoncé la récente signature d’un marché public pour des brouilleurs de téléphones portables adaptés à l’évolution des technologies dans les prisons. Or, on sait aujourd’hui que cet investissement a été une gabegie, puisque les brouilleurs se sont révélés un enfer pour les riverains des prisons, comme pour l’administration locale des prisons.

Dupond-Moretti pousse des coups de gueule, mais sait-il faire preuve d’autorité ?

Dupond-Moretti et Belloubet

Le second mandat de Macron défait ce que le premier avait installé.

Les vidéos prises par des détenus font régulièrement le tour des réseaux sociaux. Pour lutter contre la présence de téléphones portables, pourtant interdits, dans les cellules de prison, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a déclaré ce dimanche 2 juin sur RTL que le gouvernement Attal « envisage » de permettre des fouilles « plus systématiques » des détenus, avec d’autres mesures consécutives à l’évasion mi-mai d’un détenu, Mohamed Amra (toujours recherché !), lors d’un guet-apens ultra-violent.

Portables « interdits »,
mais ce sont 53.000 téléphones et accessoires qui ont été saisis en 2023.

Questionné lors du Grand Jury RTL, Le Figaro, Paris Première, M6, Eric Dupond-Moretti a affirmé qu’il a « acté » une « trentaine de mesures » discutées avec l’intersyndicale des gardiens de prison et les directeurs d’établissements pénitentiaires.

« Il y a notamment la question des fouilles. Les fouilles aujourd’hui ne sont pas autorisées quand elles sont systématiques, donc j’envisage une modification possible à venir (…) pour des fouilles qui soient plus systématiques », a déclaré le garde des Sceaux.

Belloubet encore responsable. Dans une note du 15 novembre 2013 relative aux moyens de contrôle des personnes détenues, la ministre rappela en effet les principes de nécessité et de proportionnalité qui s’imposent à l’administration en matière de fouilles et la « prohibition du caractère systématique des fouilles ».

« Quand un détenu récupère d’un drone un téléphone portable, il faut pouvoir le fouiller pour le trouver, la législation ne le permet pas (…) et ce depuis 2009″, a-t-il ajouté.

Cette modification, comme d’autres devant passer par le Parlement, seront « raccrochées au texte sur la grand banditisme et le narcotrafic » qui doit être présenté à l’automne.

Parmi les autres mesures « d’application immédiate » auxquelles le ministre a « fait droit immédiatement », il a cité la possibilité de « transférer des détenus sans logo de l’administration pénitentiaire » (!), le « holster de poitrine » (une arme placée sur la poitrine), le « gyrophare sur tous les véhicules ». Il n’est toujours pas fait mention du de la mise à disposition de forces de police, comme par le passé, lors de transfèrements.

Le garde des Sceaux a aussi évoqué une plus grande utilisation de la comparution via visioconférence, qui devrait être évoquée « lundi » 3 juin avec les syndicats de magistrats.

Eric Dupond-Moretti a aussi affirmé avoir, avant l’attaque, mis en place « des systèmes anti-drones », qui seront « doublés », ainsi qu’une « vingtaine » de brouilleurs, un dispositif empêchant les communications téléphoniques, un chiffre qui va « doubler d’ici 2025 ».

Il a aussi déclaré que « 6.000 agents pénitentiaires de plus » ont été embauchés grâce aux hausses budgétaires.

Toujours recherché par les services de police, en France et à l’étranger, Mohamed Amra, un détenu multirécidiviste impliqué dans le trafic de stupéfiants, s’est évadé au cours de l’attaque d’un fourgon de l’administration pénitentiaire qui le transportait au péage d’Incarville, dans Eure. L’attaque a causé la mort de deux agents et trois autres ont été blessés.

Elle a entraîné une mobilisation de la profession et un blocage des prisons pendant plusieurs jours, avant qu’un accord ne soit trouvé avec le ministère, portant notamment sur la sécurisation des missions de transfèrement.

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