Démission de Castex, annoncée par erreur par Matignon

Cinq années n’ont pas suffit aux bras cassés pour acquérir de l’expérience

Le 14 mai 2022,
alors que le premier mandat présidentiel de Macron – et donc son gouvernement – sont clos depuis le 13 mai…

Le premier jour du second mandat de Macron est marsué par une bavure grossière. Dirigé par Michael Nathan depuis 2018, le service d’information du gouvernement (SIG) qui gère le site de Matignon s’est mélangé les pinceaux. La démission du gouvernement a été annoncée par erreur samedi 14 mai au matin sur son site officiel. Le site est géré par le service d’information du gouvernement (SIG). Il s’agit d’une « erreur de manipulation côté informatique, cela n’aurait pas dû arriver« , indique le gouvernement

Dans un message publié sur le site officiel du gouvernement, que franceinfo a pu consulter, on pouvait lire « le Premier ministre Jean Castex a présenté la démission de son Gouvernement au président de la République Emmanuel Macron« .

Cette page, restée visible par le public pendant plus d’une heure samedi matin, a depuis été supprimée. Il est désormais marqué « erreur 403 – accès refusé« .

Cette page, restée visible par le public pendant plus d'une heure samedi matin, a depuis été supprimée. Il est désormais marqué "erreur 403 - accès refusé".
 (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)
Cette page, restée visible par le public pendant plus d’une heure samedi matin, a depuis été supprimée. Il est désormais marqué « erreur 403 – accès refusé ».

Depuis, le gouvernement a apporté plus de précision sur cette erreur, à franceinfo. « Le site internet gouvernement.fr dispose d’un mode ‘remaniement’ prêt à être activé en toutes circonstances« . Le gouvernement explique aussi que « la page internet trouvée sur les réseaux sociaux est la page qui s’affichera quand le mode ‘remaniement’ sera activé le jour J« . Le gouvernement confirme également que « depuis le signalement, la page a été déréférencée et dépubliée« . « Seuls les communiqués de presse de démission font foi. Il n’y a pas de remaniement prévu à notre connaissance aujourd’hui« , conclut la source gouvernementale.

Un précédent vieux de 13 ans

En 2009, un précédent a également eu lieu sous la présidence de Nicolas Sarkozy. A l’époque, le site officiel de Matignon avait brièvement annoncé en août la nomination de trois nouveaux ministres avant de retirer précipitamment l’information.

Les noms du député UMP Axel Poniatowski, du PRG (Parti radical de gauche) Paul Giacobbi et du porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre, souvent cités alors dans la presse dans le cadre d’un éventuel remaniement, étaient apparus brièvement sur la page détaillant le plan du site internet de Matignon.

Premier jour du second mandat

Près de 20 jours après le second tour de l’élection présidentielle, et alors que ce samedi 14 mai marque officiellement le premier jour du deuxième quiquennat d’Emmanuel Macron, le chef de l’Etat n’a toujours pas nommé son prochain premier ministre. Depuis sa réélection il y a trois semaines, le président fait durer le suspense sur l’annonce du nouveau gouvernement. Il affirmait lundi qu’il avait choisi son futur Premier ministre, mais sans dire qui.

Pour l’heure, le gouvernement de Jean Castex n’a toujours pas démissionné alors que le deuxième mandat d’Emmanuel Macron a officiellement commencé ce samedi. Le Premier ministre devait aller au Vatican demain dimanche, mais finalement Jean Castex restera en France : Emmanuel Macron se rend dimanche à Abou Dhabi pour rendre hommage au président des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, décédé vendredi à l’âge de 73 ans.

La page, restée en ligne plusieurs minutes samedi matin, est désormais inaccessible.

Un patron du SIG décrié

En juillet 2021, une enquête du Monde a mis en lumière les méthodes de management brutal du chef du SIG, Michaël Nathan (ci-dessus). Le cabinet du premier ministre voulait une contre-enquête et, « en même temps », lui conserver sa confiance.

Le cabinet de Jean Castex a lancé une «mission d’audit» sur le fonctionnement de son service d’information du gouvernement (SIG), dont le management mis en question par plusieurs anciens collaborateurs.

L’enquête du Monde sur les relations entre le patron du SIG, Michael Nathan, et ses collaborateurs, a sollicité 17 témoins qui ont tous demandé de rester anonymes par peur des représailles.

Le cabinet du premier ministre «a décidé de déclencher une mission d’audit qui sera confiée à un cabinet extérieur et indépendant, spécialisé dans les questions de qualité de vie au travail», avait précisé Matignon.

Le cabinet du premier ministre affirma avoir été «alerté par un article du Monde sur des allégations de relations de travail inappropriées au sein duSIG», mais qu’aucune «information ou alerte d’aucune sorte n’était remontée jusqu’alors sur le fonctionnement de ce service».

Selon Le Monde, les méthodes du directeur sont pourtant «à l’origine de la prise d’anxiolytiques, d’au moins six longs arrêts maladie et d’une dizaine de départs en lien direct avec sa gestion, depuis début 2019, d’un service qui compte entre 70 et 100 personnes».

Michaël Nathan a réfuté les accusations : «S’il y a pu avoir des discussions franches et parfois des divergences de points de vue, je démens toute méthode de management brutal».

«Les faits allégués doivent être pris très au sérieux. Le strict respect des valeurs s’attachant aux relations humaines et professionnelles doit en effet primer en toutes circonstances», souligna pour sa part le cabinet du premier ministre.

Pour autant, dans l’attente des conclusions de l’audit attendues au mois de septembre dernier, il conserva «sa confiance dans la direction du SIG, dont la qualité du travail au cours des derniers mois doit être soulignée». Appréciation ressortie avec malice depuis ce matin.

«Il y a un vrai sujet de brutalité», M. Nathan «a cassé la maison», a dénoncé, comme d’autres, un ancien collaborateur du SIG. Une ancienne collaboratrice évoque des «humiliations constantes» de la part d’un homme «fort avec les faibles et faible avec les forts».

L’actualité du jour confirme que Castex a été faible avec un homme plus fort que lui. Mauvais signal, si Macron recherche un(e) exécutant(e) pour Matignon.

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