Covid-19: non-vaccinés tapés à la poche dès le 25 octobre

Les tests PCR et antigéniques passent aux frais des réfractaires au vaccin ou sans ordonnance

Annoncée par Macron en juillet, la mesure a été confirmée la semaine dernière par le premier ministre, Jean Castex : à partir du 15 octobre, les tests de dépistage de la covid-19 ne seront plus remboursés sauf pour motif médical ou pour les personnes vaccinées. Leur coût est désormais connu, selon les informations obtenues par Le Monde auprès du ministère de la santé, jeudi 7 octobre :

  • 43,89 euros pour un test PCR ;
  • 22 euros pour un test antigénique en laboratoire, 25 euros en pharmacie (30 euros le dimanche).

Les tests continueront d’être remboursés pour raison médicale, soit sans prescription pour les personnes déjà vaccinées, soit sur prescription pour les autres. La gratuité devrait aussi être maintenue pour les mineurs.

Initialement annoncée pour pousser à la vaccination, cette décision répond aussi à des considérations économiques : « Il n’est plus légitime de payer des tests de confort à outrance aux frais des contribuables », a justifié Jean Castex. Jusqu’à présent la France était l’un des rares pays du monde à ne pas exiger de symptômes ou d’être cas contact pour rembourser intégralement les tests PCR. Une politique qui a un coût : 6,2 milliards d’euros cette année.

Depuis le début du mois de juillet, sauf pour raisons médicales, les tests étaient déjà devenus payants pour les touristes étrangers venant en France : ils doivent maintenant débourser 43,89 euros pour un test PCR, 25 euros pour un test antigénique. « La logique est de rembourser les tests liés à des motifs réellement médicaux, et de continuer à inciter à se faire vacciner », a insisté le premier ministre.

Quid des migrants?

L’aide médicale de l’Etat (AME) ouvre droit à la prise en charge – à 100 % – des soins, avec dispense d’avance de frais. Les tests PCR et antigéniques des clandestins et « réfugués » restent-ils à la charge des contribuables?

Alors que la population est, pour près des trois quarts, totalement vaccinée, il reste potentiellement 6 millions d’adultes à convaincre. Or faire payer les tests aux non-vaccinés pourrait les encourager à franchir le pas s’ils veulent bénéficier du passe sanitaire en vigueur.

Le revers de la médaille, c’est qu’il y aura « probablement moins de personnes positives qui iront se faire tester », a prévenu l’épidémiologiste Pascal Crépey. Avec un risque de rebond de l’épidémie lié à l’arrivée de l’automne, il n’est pas certain que cette politique soit « tenable »estime-t-il.

Choix entre vaccination contrainte et discrimination consentie

Les tests antigéniques coûteront au moins 22 euros à partir du 15 octobre pour les personnes non vaccinées ou sans prescription.

Avec le déremboursement annoncé, certains redoutent une inégalité d’accès aux soins : « Seuls ceux qui pourront se le payer continueront à se tester », met en garde l’infectiologue Gilles Pialoux. « Jusqu’au 15 octobre, la perspective de ce déremboursement va peut-être agir comme une légère incitation à la vaccination, juge pour sa part Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie à l’université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines. Mais ensuite, l’accès aux soins différencié entre vaccinés et non-vaccinés risque de favoriser la diffusion du virus. C’est à double tranchant. »

D’après les données du ministère, le nombre de tests réalisés est en baisse chaque semaine depuis un pic à la mi-août, passant de 5,7 millions de tests à cette date à 3,6 millions la semaine du 20 septembre.

Si l’épidémiologiste juge normal que « les tests de confort ne soient plus remboursés, car on était dans l’excès et il y a eu des abus », restreindre leur accès comporte, selon lui, des risques. « On n’arrivera plus à suivre correctement l’évolution de l’épidémie car le taux d’incidence, un des indicateurs les plus précoces, sera affecté, avance-t-il. [Mais] le risque majeur, c’est que la nécessité d’être muni d’une prescription médicale dissuade des personnes qui ont des symptômes ou qui sont des cas contacts d’aller se faire tester. Par ailleurs, le temps de se procurer une prescription laisse au virus le temps de se diffuser. »

Pour d’autres, c’est toute la politique de tests qu’il faut revoir de fond en comble : « On a gaspillé une quantité d’argent incroyable en tests tout en laissant circuler le virus car il n’y avait aucune stratégie pour ces tests », déplore ainsi l’épidémiologiste Catherine Hill. Selon elle, il n’a jamais été possible de faire remonter tous les cas de Covid-19. « [Depuis le début de l’épidémie], on a toujours testé n’importe comment », déplore-t-elle. Pour changer la donne, elle recommande de « faire des tests groupés : par exemple dans toutes les classes de France deux fois par semaine ».

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