Trois restaurateurs sur quatre ne contrôlent pas le passe sanitaire

Ces geignards veulent le beurre, l’argent du beurre et le sourire des contaminés.

Le contrôle du passe sanitaire
est l’exception,
dans les bars et restaurants

Pas de contrôle ou un contrôle visuel (regard furtif) Ce qui est possible et rapide (8 secondes) à l’entrée des grandes surfaces est trop compliqué pour les propriétaires de bars et restaurants, pourtant soutenus par l’argent public lors des confinements

Depuis ce lundi matin, le passe sanitaire est exigé exigible dans les bars, cafés, restaurants, en intérieur comme en terrasse. Un contrôle dans un espace non clos, c’est une spécificité du dispositif français, mais une protection complémentaire aux gestes barrière. Une exception française qui n’est pourtant pas respectée, puisque française: une semaine de tolérance est accordée aux restaurateurs, des privilégiés qui, depuis dix-huit mois, font la manche auprès de l’Elysée, mais refusent de donner de leur temps à la lutte contre l’épidémie.

Pour preuve du risque assumé par Macron, grand maître de l’hystérisation des dossiers, d’ici la rentrée de septembre, un reportage à Paris et dans un site touristique des Hautes-Alpes, aux abords des gorges du Verdon, au lac de Serre-Ponçon, dans kes Alpes-de-Haute-Provence.

Passe obligatoire ou non, le long du canal de l’Ourcq, on ne connaît pas la contrainte et, dans ce café, la question : « pouvez-vous me montrer votre passe sanitaire ? » ne soulève encore pas de refus. « Les gens jouent le jeu. Là, c’est la clientèle du matin, la plus facile à vivre », explique le serveur.

Plus loin, s’installe une quadragénaire probablement venue d’une autre planète. Elle découvre que le passe est devenu une obligation en terrasse, mais fouille dans ses affaires (pourvu que personne ne la voie !) :« Ah oui, je crois que j’ai le papier qu’il faut; il faut que je le retrouve » (Coup d’oeil inquiet alentour).

Une restauratrice refuse de demander le passe sanitaire

Le temps parisien limite ce lundi la nécessité des contrôles en terrasse, ici sur les bord de canal de l'Ourcq dans le 19e

Le  gérant au comptoir lui propose un café à emporter. Elle décline. « Cette formule de la vente à emporter est tout ce qui nous reste sans être contrôlé », explique ce gérant. « Avant même la mise en place du passe, nous avons eu quelques embrouilles, même avec des habitués qui disaient ‘si vous l’appliquez, je ne viendrai plus jamais ici’. Mais les clients doivent comprendre que nous n’avons pas le choix », se défend-il.

Dans le quartier, le respect des règles sanitaires est devenu plus que sensible, inflammable. Plusieurs restaurants ont subi des fermetures administratives pour non-respect de la jauge des 50% après la réouverture des salles en intérieur des restaurants. Thomas habite le quartier et accepte ses mesures.« Ça ou une nouvelle fermeture, je choisis sans hésitation de montrer mon pass. Ça prend cinq secondes »

Amel ne dit pas autre chose mais elle se demande combien de temps ça va durer. « Je sens qu’à un moment ça ne va plus trop m’amuser de devoir me justifier plusieurs fois par jour », explique-t-elle.

A plus de 600 kilomètres de là, au même moment, au bord du lac de Serre-Ponçon dans les Hautes-Alpes, trois gendarmes descendent la rue commerçante, sans s’arrêter pour contrôler le restaurant « Les Curieux Gourmands » dont les propriétaires ne veulent pas appliquer le passe sanitaire. L’équipe du restaurant est sereine: elle a une semaine pour se mettre au pli. 

La propriétaire assure qu’on n’arrête pas de lui demander « Quelles sont les règles sanitaires ? » au moment de réserver une table. Déjà, l’an passé, les mesures concernant le port du masque dans les restaurants n’avaient, selon elle, aucun sens. Elles ne portaient pas atteinte aux libertés, mais il était déjà rejeté: pour des raisons commerciales ou politiques? Auprès de France Inter, elle explique son choix de ne pas demander le passe :

On n’a pas signé pour être contrôleur mais pour être restaurateur. On n’est pas là pour contrôler quoi que ce soit.

Ici, les salariés vont se faire vacciner seulement s’ils le souhaitent. « On est en pleine saison, on a dépensé pas mal d’énergie déjà, et la saison va encore nous en demander pas mal », gémit la commerçante.

Un autre restaurateur : « On verra demain ou après-demain »

Retour à Paris, en retrait du canal, avenue de Flandres. Dans les cafés, on trouve une clientèle d’habitués, souvent des hommes retraités. Le propriétaire est attablé avec des clients, nous passons commande. Personne ne nous demande rien. Quand nous lui demandons s’il a besoin de notre pass, le patron lève les yeux au ciel :« On verra demain ou après-demain, là j’ai pas eu le temps de m’en occuper ». Il se rassied au milieu de ses clients, rejoint par un autre homme qui se sent « plus en sécurité ici en terrasse, à l’air libre que dans le métro ». Il tient à préciser qu’il n’est pas contre le vaccin (lui-même est vacciné, dit-il) mais il se demande bien « pourquoi les terrasses ont été maintenues dans l’extension du pass sanitaire. À part ajouter des contraintes aux contraintes, je ne vois pas », tranche-t-il.

10h, le soleil tente une poussée au  milieu des nuages. Les terrasses prennent quelques petites couleurs. Dans un grand café avec vue sur le canal, il faut scanner le QR code à l’entrée pour signaler notre passage, pour être rappelé si jamais des cas positifs devaient être signalés dans les prochains jours. C’est l’équivalent numérique du cahier où l’on peut laisser ses coordonnées. 

En revanche, surprise : la serveuse contrôle visuellement notre QR code. Son portable reste sur son plateau, elle se contente de regarder le QR code présenté. Une femme, aidée dans sa marche difficile par son chien, se pose pour profiter d’un thé. « J’ai le papier » dit-elle. La serveuse la rassure. « Je vous contrôle une seule fois, après je saurais que l’avez »

« On s’arrache les cheveux avec ce passe sanitaire », gronde la propriétaire d’un bistrot vélo à Embrun (Hautes Alpes). Elle aussi contrôle des yeux les QR codes : « Je ne sais pas si mes salariés doivent le faire sur leur téléphone, ou si je dois leur en donner un, » avoue-t-elle, affichant une hostilité de principe. Depuis ce matin, elle a refusé des clients qui n’avaient pas le sésame, assure-t-elle, dans une volonté de victimisation. « On peut se coller les uns aux autres près du lac, au Super U, mais pas en terrasse pour boire un café. » Il est vrai que laisser le client s’attarder n’est pas une tolérance répandue dans la profession: si elle ne supporte pas la moindre contrainte, elle sait imposer les siennes… Pour ce restaurant, c’est aussi une semaine test. « Si 70% de nos clients n’ont pas le passe sanitaire, on fermera, cela ne sert à rien d’ouvrir », conclut-elle: après avoir squatté les media et fait le siège de Matignon pour sortir du confinement, c’est un peut fort de café. Une de ces humanistes solidaires du Quart-monde (à vol d’oiseau, la vallée de La Roya – voie de passage des clandestins – n’est pas loin et, d’Embrun, la frontière italienne est à 20mn avec l’arrivée quotidienne de  » dizaines » de sans-papiers à Briançon (Hautes-Alpes), mais pas trop du touriste.

« Notre saison est terminée, on perd 80% de chiffre d’affaires, » assure la marchande de soupe

Devant un bar à Embrun dans les Hautes-Alpes, où le pass sanitaire est appliqué.

Il est midi, les rues d’Embrun se remplissent de touristes, mais les terrasses sont encore vides. Mais l’une d’entre elles attire l’œil: il l’a entourée de rubalises. Il n’y a qu’un seul passage pour accéder à sa terrasse. « Il n’y a pas le choix, je fais ça pour avoir la paix, c’est le seul moyen pour contrôler les entrées et les sorties », fulmine le gérant du Rhum&Bass. Il a téléchargé l’application pour contrôler les QR codes. Pour l’instant, une seule famille est attablée à sa terrasse.« Hier, c’était plein, » quand le journaliste ne pouvait témoigner…. Pitoyable, il considère que « sa saison est terminée. On perd 80% de chiffre d’affaires »30%, selon LCI… Mais le mot d’ordre n’est pas au discours de vérité: plutôt persuader que la dette laissée aux générations à venir serait juste… Et il ne pourra même pas prendre un vol pour les Antilles confinées ! Le Secours populaire va-t-il faire sa pub sur une journée de vacances offerte aux restaurateurs nécessiteux à Berck-plage Ibiza ?

Des conditions de réouverture spécifiques

Depuis le 9 juin 2021, un certain nombre de restrictions sont allégées :

  • couvre-feu décalé à 23h ;
  • télétravail assoupli
  • commerces, marchés couverts : 4 m² par client ;
  • terrasses extérieures : 100% de la capacité, tables de 6 maximum ;
  • réouverture des cafés restaurants en intérieur : jauge de 50%, tables de 6 maximum ;
  • musées : 4 m² par visiteur ;
  • cinémas, salles des fêtes, chapiteaux : 65% de l’effectif, jusqu’à 5.000 personnes par salle, avec un pass sanitaire au-delà de 1 000 personnes.

Depuis le 9 juin et sur tout le territoire national, tous les restaurants, bars et restaurants d’hôtels ont l’obligation d’apposer un QR code visible dans leur établissement et de proposer un cahier de rappel papier. C’est un outil de pérennisation de la réouverture, notamment en cas d’éventuelle reprise épidémique.

La plupart des restaurateurs ne se rodent pas au contrôle

L’accord de tolérance d’une semaine entière avec le gouvernement visait à ne pas brusquer les restaurateurs dans la mise en place du contrôle des passes. Mais les engagements de l’UMIH ne sont encore pas tenus.

L’immense majorité des restaurateurs ne joue pas encore le jeu.

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