Déconfinement programmé: Macron rend par avance les Français responsables d’une troisième vague

Il prend des mesures sans en assurer l’application

En attendant le vaccin pour lutter contre la Covid-19, le président de la République veut empêcher que les fêtes de fin d’année provoquent un redémarrage de l’épidémie.

«Le pic de la seconde vague est passé», a assuré le président Macron mardi soir lors d’une allocution officielle depuis l’Elysée, près d’un mois après avoir reconfiné le pays face à l’épidémie de Covid-19. «Vos efforts ont payé, l’esprit civique dont vous avez fait preuve a été efficace.» L’étau du reconfinement va pouvoir se desserrer, même si le quotidien reste oppressant.

Macron a reçu le message: les vrais gens ont exprimé le besoin d’avoir un objectif pour pouvoir se projeter. Jupiter a accédé à leur demande mardi soir et fourni un calendrier de sortie progressive du reconfinement. Annoncé le 28 octobre dernier pour affronter la deuxième vague de la Covid-19, les restrictions sanitaires seront levées en trois étapes, le temps de vérifier si l’épidémie recule vraiment. Tous les indicateurs sont certes partis à la baisse, mais les chiffres restent très élevés. En témoigne la barre symbolique des 50.000 décès du Covid, franchie mardi soir en France, peu avant l’allocution du chef de l’Etat. «Nous avons devant nous plusieurs semaines avant d’atteindre les objectifs que j’avais fixés pour contrôler l’épidémie, à 5.000 cas par jour. Il nous faut poursuivre nos efforts», a d’ailleurs insisté Macron, sans faire oublier sa prédiction catastrophiste de 9.000 lits occupés par des patients-covid quand il n’y en aura environ 4.000.

D’où la prudence avec laquelle Macron entr’ouvre les portes du deuxième déconfinement.

La première phase démarre dès le samedi 28 novembre au matin avec la réouverture de tous les commerces: coiffeurs, librairies, électroménager… La reprise des cultes est également autorisée, même si le protocole sanitaire reste renforcé. Pour les particuliers, le confinement est maintenu, mais les règles sont assouplies. L’attestation de déplacement reste obligatoire mais elle sera désormais valable 3 heures et dans un rayon de 20 kilomètres autour du domicile. «Il faudra continuer à travailler chez soi, à renoncer aux déplacements non nécessaires», a précisé Macron.

Contraintes fortes

C’est ensuite le 15 décembre que la deuxième étape du déconfinement se déclenchera, à l’approche des congés de fin d’année, même s’«il ne s’agira pas de vacances de Noël comme les autres (…) Des contraintes fortes demeureront pendant cette période», a mis en garde le locataire de l’Elysée. Le confinement sera levé, mais remplacé par un couvre-feu de 21 heures à 7 heures du matin. Les théâtres, les salles de cinéma, les musées… pourront alors rouvrir leurs portes.

L’attestation de déplacement ne sera plus obligatoire et il n’y aura plus de limite de distance. Les soirs des réveillons de Noël et du Nouvel An, le couvre-feu sera exceptionnellement levé mais les rassemblements publics seront interdits. Le risque majeur est de voir les clusters se multiplier partout dans le pays avec les fêtes de fin d’année.

Le temps d’observer les éventuelles nouvelles contaminations, c’est le 20 janvier que débutera la dernière étape du déconfinement. «Nous pourrons prendre, si cela est possible, de nouvelles décisions d’ouvertures», a assuré le chef de l’État.

Mais le président ne ferme pas la porte à de nouvelles mesures strictes pour éviter un redémarrage de l’épidémie. Les personnes positives à la Covid-19 pourraient être confinées de force. «Je souhaite que le gouvernement et le Parlement prévoient les conditions d’isolement des personnes, une quarantaine, y compris de manière contraignante», a précisé Macron.

Dernier élément de sa stratégie pour lutter contre l’épidémie: le vaccin. Venu de l’étranger. Le nombre de doses a été sécurisé en concertation avec l’Union Européenne pour que tous les pays européens puissent en bénéficier en fonction de leur population. Mais il faudra aussi convaincre les anti-vaccins pour déployer la campagne massive que le président de la République appelle de ses vœux.

«Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire», a-t-il promis. Pour lever les doutes, il mise sur des «collectifs citoyens» et associer «la population dans un cadre totalement transparent en partageant à chaque étape toutes les informations».

La sortie de la crise du Covid-19 est encore lointaine mais cela démarre aujourd’hui. «Le retour à la normale ne sera pas pour demain, a reconnu le président. Mais nous pourrons maîtriser collectivement l’épidémie dans la durée. Chacun a un rôle à jouer

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