Législatives : le RN prépare un programme consensuel de droite

Un combo « Marine 2022 croisé Européennes 2024 »

Le « plan Matignon » du RN se déroule avec l’entrée en campagne pour les élections des 30 juin et 7 juillet. Une campagne éclair, réduite à seulement trois semaines… et pour laquelle le programme est encore à adapter à la necessité d’alliances pour s’assurer la majorité absolue. Le délai court pour tous ne laisse pas de temps à l’innovation : que ce soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella, les têtes d’affiche du RN mettent en avant trois points forts sur lesquels ils fonderont la campagne : le pouvoir d’achat, la sécurité et l’immigration.

Jordan Bardella a détaillé rapidement sur RTL ce mardi matin quelques mesures qui seront défendues par son parti, avec une attention particulière sur les prix de l’énergie, alors que les prix du gaz vont flamber dès le 1er juillet. Une décision de l’Etat, actionnaire principal. « Le président de la République veut augmenter au 1er juillet de 10 % [en vrai, jusqu’à 11,7%] les prix du gaz, nous souhaitons y renoncer ».

Le président du parti a également rappelé une mesure défendue depuis plusieurs années par le RN : baisser la TVA sur les prix de l’énergie (l’électricité, le gaz, le fioul), mais aussi sur le carburant.

Pouvoir d’achat, sécurité et immigration

Alors que les milieux économiques s’inquiètent de la possible arrivée de son parti au pouvoir, Jordan Bardella a voulu mettre en avant une attention particulière aux entreprises, en comptant « déverrouiller toutes les contraintes qui pèsent sur la croissance. Nous devons redevenir un pays de producteurs », a-t-il affirmé. Avant de détailler quelques pistes programmatiques : « Je pense que l’économie, ce sont quelques convictions : la simplification, le besoin de patriotisme économique, la baisse de la fiscalité sur les entreprises, les classes populaires et les classes moyennes, la sortie des règles européennes de tarification des prix de l’électricité… »

Pas question pour le RN de ne pas faire campagne pour des mesures historiques du parti : « Je ferais du rétablissement de l’ordre et de la sécurité ma priorité absolue dans les trois ans », a ainsi annoncé le président du parti. Il a également réitéré son désir de mettre en place la préférence nationale pour le versement des allocations.

Rétropédalage sur les retraites ?

Mais Jordan Bardella a semblé hésiter sur la position qu’il adopterait sur la réforme des retraites s’il devait occuper Matignon. Alors que son parti s’était fermement opposé à la réforme des retraites imposée par Elisabeth Borne à coups de 49.3 en 2023, Jordan Bardella a balayé d’un simple « nous verrons », la question d’une éventuelle abrogation de la loi, à négocier avec ses prochains alliés. « J’ai la lucidité et l’honnêteté de dire aux Français que la situation économique dont nous allons hériter […] sera compliquée. Par conséquent, nous serons, dans le cadre d’une cohabitation, amenés à faire des choix. » a-t-il justifié. « Je souhaite que tous ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans puissent voir le dispositif de carrières longues renforcé et partir avec 40 annuités. »

Une première adaptation au contexte, pour pouvoir rencontrer les demandes de potentiels alliés politiques, comme Eric Ciotti qui, lui, s’était montré largement favorable à la réforme du système de retraites ? Pourtant, Marine Le Pen, interrogée à ce sujet sur le plateau de TF1, répondait qu’en cas de victoire aux législatives, ce serait « évidemment le programme du Rassemblement national » qui servirait de base de négociation. « Nous choisirons comme feuille de route toute une série de propositions que nous avons pu faire par le passé aux Français et qui nous apparaissent essentielles, dans le domaine du pouvoir d’achat, de la sécurité, de la maîtrise de l’immigration. » a-t-elle ajouté. Mais déjà lundi soir, la désormais ex-députée des Hauts de France avait évoqué la contrainte de la « situation désastreuse budgétaire laissée par Emmanuel Macron », comme pour devancer de futures critiques…

Difficile d’en savoir plus pour l’instant sur le contenu précis du programme du parti de Marine Le Pen. Selon Jean-Philippe Tanguy, député RN sortant de la Somme interrogé par Public Sénat, ce sera « le programme de Marine 2022 croisé avec les européennes 2024, avec les ajustements que l’actualité a pu créer depuis » deux années.

La privatisation de l’audiovisuel public a elle été confirmée par l’ex-député Sébastien Chenu sur le plateau de BFMTV dès lundi, avançant qu’elle permettrait de faire 3 milliards d’euros de revenus pour faire face à la dette. Une information qui a eu un impact rapide sur le cours en bourse des chaînes privées TF1 et M6, dont les cours affichaient respectivement -6,15% et -2,97% à la Bourse de Paris ce mardi.

Des mesures comme la mise en place d’un référendum sur l’immigration, la sortie de la tarification européenne de l’électricité ou encore la défense d’une « double-frontière », devraient aussi être de la partie.  

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