La ministre de Hollande met de l’huile dans les rouages
L’art et la manière d’acheter la paix sociale docilité de fonctionnaires de terrain.
L’augmentation de la prime annuelle des recteurs d’académie -10.000 euros- fait gronder les syndicats. La publication au Journal officiel -pendant les vacances de Noël- de cette copieuse augmentation de l’indemnité annuelle versée aux recteurs d’académie est mal passée auprès des personnels.
Indemnités des recteurs: un état qui soigne ses cadres, et paye de plus en plus mal ses professeurs http://t.co/sGSW8ShS2h #mépris
— morvanico (@morvanico) 28 Décembre 2014
<br>Les recteurs d’académie se sont laissé offrir un beau cadeau de Noël, un privilège inouï à une époque où les instituteurs n’ont plus l’occasion de repousser les cadeaux de parents reconnaissants. Le 23 décembre dernier, alors que les salaires sont surgelés, les relais départementaux de la ministre ont vu leur indemnité de responsabilité – prime annuelle – grassement revalorisée, chacun se prend à envier cette aumône des contribuables. Fixée jusque-là à 15.200 euros, elle est désormais de 25.620 euros. Une prime qui pourrait même être encore plus élevée.
Cette indemnité se divise en deux parts, tente de justifier la presse aux ordres qui relaie les données fournies par l’ex-porte-parole du gouvernement: la première dite « fonctionnelle » – correspondant aux 10.000 euros de revalorisation -, et la deuxième dite « variable » pouvant atteindre 45% « du montant annuelle de la part fonctionnelle ». En clair, cette fameuse prime annuelle dont le montant vient de bondir pourrait atteindre, selon le Syndicat national des lycées et collèges (SNALC), jusqu’à 37.000 euros par an, c’est-à-dire plus que doubler. Sachant cela, les Smicards ne peuvent qu’approuver !
En pleine agitation des préparatifs de Noël, l’annonce était passée inaperçue des enseignants dont les salaires sont gelés depuis maintenant quatre ans. « La prime annuelle des recteurs augmentée de 10.000 euros, ça passe mal…« , a tweeté, le 2 janvier, Christian Chevalier, secrétaire général du Syndicat des enseignants – Union nationale des syndicats autonomes (SE-UNSA), à ne pas confondre avec la FSU.
La prime annuelle des recteurs augmentée de 10.000 €. Ça passe mal qd @najatvb refuse la demande du@se_unsa de prime des précaires de 150€.
— Christian CHEVALIER (@UnsaChevalier) 2 Janvier 2015
Rectifier une anomalie
Le syndicat dominant du second degré (SNES-FSS) s’est également indigné contre cette revalorisation : « L’état porte la prime annuelle » des recteurs « à 26.400 euros, un an de salaire net d’un prof en milieu de carrière ». Selon Frédérique Rolet, secrétaire générale du syndicat interrogée par Le Monde, « personne ne conteste la qualification ou les responsabilités des recteurs, mais le rattrapage doit alors concerner tout le monde ».
L’entourage de la ministre de l’Education nationale, a tenté de justifier les faveurs de Najat Vallaud-Belkacem dans les colonnes des Echos en balançant une contre-vérité qui confirme bel et bien l’intention a contrario: « Ce n’est ni une fleur, ni un cadeau fait aux recteurs », mais qu’il s’agit simplement de « rectifier une anomalie car les recteurs gagnaient moins que leurs subordonnés – inspecteurs d’académie et secrétaires généraux. » Ils auraient été « oubliés » des revalorisations précédentes des autres personnels d’encadrement et subissaient « un énorme retard ». Gagnent-ils plus que les ministres ?
Vive la crise ! “@SNESFSU: Crise de recrutement chez les recteurs (humour), l’Etat porte leur prime annuelle à 26400€” Une paille !
— Le Mammouth déchaîné (@blogMammouth) 29 Décembre 2014
A l’heure de la réforme controversée de l’éducation prioritaire et de la réduction du nombre d’établissement classés ZEP, voici une nouvelle maladresse du gouvernement, toutefois assuré désormais du soutien de ses recteurs reconnaissants. Moins de ZEP, mais plus de recteurs heureux… <br>Une prime supérieure au salaire de nombreux enseignants Les syndicats digèrent d’autant moins cette hausse de près de 70% que « la part variable qui s’ajoute est maintenue, pouvant aller jusqu’à 45 % de cette somme, soit 37.140 euros maximum », selon l’antenne lilloise du Snes-FSU, principal syndicat d’enseignants du secondaire. Cette seule prime correspond au salaire annuel d’un professeur certifié ou d’un conseiller principal d’éducation, souligne le syndicat de la FSU.
En 2015, je m’attends à la même prime que les recteurs, après tout, c’est moi qui enseigne, pas eux pic.twitter.com/PJO0KA6a8h @SNESFSU — SNES Guadeloupe (@S3Gua) 6 Janvier 2015
Dénonçant une « provocation », un « professeur en colère » a lancé, jeudi, une pétition en ligne, signée par plus de 500 personnes en une journée.
La ministre a ainsi trouvé la parade aux mouvements de grève.
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