S’ils sont majoritaires, ils ne représentent pas toute l’Education nationale.
Il est donc abusif et irrespectueux que l’AFP titre « le monde de l’éducation mobilisé ». D’autant que s’ils sont majoritaires (SNUipp- FSU, dans 80 départements), la question est de savoir s’ils sont représentatifs, dans la mesure où la participation aux élections professionnelles était de seulement 42,64 % en 2018 et sachant que, si le taux de syndicalisation est relativement élevé dans la profession, il ne présente néanmoins que moins de 30% des effectifs. Au final, le syndicat dominant, la FSU est loin de représenter le « monde éducatif ».
Or, selon le ministère de l’Education, le taux de grévistes des enseignants s’élevait à la mi-journée à 11%. Un sur dix d’à peine 30%, il n’y a pas vraiment de quoi pavoiser, même si l’AFP se livre à une désinformation digne des réseaux sociaux et relevant d’une « analyse » spéciale des « fact-checkers » de la presse.
Crise sanitaire, salaires des profs: des personnels de l’éducation nationale – six fédérations syndicales (FSU, FO CGT, Sud, SNCL, Snalc), ce mardi 26 janvier – , rejoints par les [des] infirmières scolaires [ça ne va pas chercher loin], mais aussi les [des] lycéens et les [des] étudiants [prêts à sécher les cours], étaient en grève mardi et se mobilisaient partout en France pour dénoncer leurs conditions de travail.
De son côté, le Snuipp-FSU, syndicat hégémonique du primaire [il co-gère les nominations, les mutations, les promotions et les contentieux], relevait un tiers de grévistes dans le premier degré. Dans le second degré, le Snes-FSU, syndicat dominant [également co-gestionnaire du destin des fonctionnaires], estimait ce taux à 40% des professeurs, CPE, PsyEN (psy de l’éducation nationale), AED (assistants d’éducation) et AESH (accompagnants d’élèves handicapés). Et ça donne 12 % de grévistes au niveau national.
A l’appel d’une intersyndicale, qui a – en partage avec la FSU – 11% de participants à cette grève – composée notamment de la FSU, de la CGT et de FO-CGT, sans oublier le SNCL (2.300 adhérents de gauche, moins idéologues) et le SNALC (qui fait le grand écart entre Debout la France et le Front de gauche en fonction des sujets), mais aussi les révolutionnaires de SUD, de nombreux défilés ont eu lieu à Paris et en régions.
Un millier de « personnes », enseignants ou non, selon les syndicats, ont manifesté dans la matinée à Clermont-Ferrand (PS) derrière une banderole « urgence pour le service public de l’éducation ». Parmi elles, Magali Gallais, 44 ans, CPE: « On brasse des élèves toute la journée, ils oublient souvent [le personnel d’encadrement a-t-il renoncé ?] de mettre leur masque correctement, on est exposé au virus en permanence« . Faire respecter les règlements serait un début de justification de traitement mensuel…
Un millier d’enseignants, animateurs, assistants d’éducation ou étudiants ont également battu le pavé à Toulouse, LR, où la gauche n’est plus majoritaire à la mairie. Nina Garnier, 43 ans et professeur des écoles, y a souligné le « manque criant de moyens, surtout depuis le début de la crise sanitaire. » « Il n’y a pas de remplaçants quand les collègues sont malades. C’est un travail que j’aime, que j’ai toujours aimé, mais aujourd’hui je suis épuisée ».
Par un froid glacial, au moins 1.000 personnes ont défilé à Rennes, PS. « On a eu une perte de pouvoir d’achat en dix ans de 275 euros mensuels par personne », a dénonçait [orthographe de l’AFP] Axel Benoist, le secrétaire national du Snuep-FSU (enseignement professionnel).
A Paris, une manifestation est partie des jardins du Luxembourg à 13h00 pour rallier le ministère rue de Grenelle. « C’est un moment crucial pour l’éducation. Il y a une vraie colère qui monte chez les enseignants qui sont très inquiets », a assuré Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, en référence notamment au « Grenelle des enseignants » lancé par le ministre Jean-Michel Blanquer, qui doit s’achever en février.
« Revalorisation très insuffisante »
Le rattrapage des arriérés et la mise à niveau avec les pays européens voisins tardent à venir. « Ce qui est entrepris par le ministère n’est absolument pas satisfaisant, c’est essentiellement de la communication avec une revalorisation de surface qui est très insuffisante« , a regretté M. Teste, sans un mot pour les retraités.
En novembre, le ministère avait annoncé des revalorisations de salaires à partir de 2021, ciblées surtout sur les plus jeunes. Mais les organisations syndicales espèrent qu’une loi pluriannuelle, promise au moment de la réforme des retraites, viendra consacrer des hausses pérennes et substantielles pour toute la profession.
Les salaires des enseignants français sont inférieurs de 7% en début de carrière à la moyenne de ceux des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Des étudiants devaient aussi se joindre à eux, six jours après s’être déjà mobilisés contre les effets dévastateurs de l’épidémie de Covid sur leur vie quotidienne et leur psychisme. « La manifestation de la semaine dernière nous a permis d’obtenir ‘des choses’, mais pas de nous faire totalement entendre, alors on poursuit la mobilisation pour que les étudiants puissent revenir en cours la moitié du temps en présentiel et l’autre en distanciel« , a expliqué la féministe Mélanie Luce, présidente de l’Unef, «maison commune de la gauche». Ce syndicat ne représente presque plus rien depuis qu’il privilégie certains étudiants: il assume en effet être «racisé», tout en réfutant les accusations de dérive indigéniste.
L’UNEF n’est plus que l’ombre d’elle-même. Avec le départ avec perte et fracas de son aile gauche proche des communistes (la Tuas), la deuxième force en interne (sur quatre), pour «options idéologiques incompatibles» et depuis avec celui de son flanc droit (la Taser), toujours liée au PS. Entre les deux, il y a Mélanie Luce, tête de gondole d’une tendance majoritaire surtout peuplée d’insoumis et de hamonistes, bien décidée à «aller de l’avant» malgré tout. «La vraie question qu’on doit se poser, c’est comment on redonne envie aux étudiants d’adhérer». Elle en est là.
Le but « est vraiment d’éviter un échec massif (…) Reconfinement ou pas, les étudiants ont besoin de voir leurs profs », a-t-elle plaidé.
Les infirmières scolaires, qui dénoncent la gestion de la crise sanitaire, ont, elles aussi, appelé à se mobiliser aux côtés des enseignants. Pour Saphia Guereschi, secrétaire générale du Syndicat national des infirmières conseillères de santé (SNICS-FSU, majoritaire), les infirmières au collège ou au lycée sont accaparées par la gestion de la crise sanitaire [une tâche subalterne ?] et doivent gérer les « phases de dépistage et de tracing », au détriment de l’accompagnement des élèves. « La grave conséquence de cela: nos jeunes, qui vont très mal, ne peuvent plus être accueillis comme il se doit lors des consultations dans les établissements car nous ne sommes pas remplacées, il faut réagir très rapidement », a-t-elle alerté. Ces infirmières-là privilégient le social et le sexuel sur le sanitaire.